Stade Brestois ou Stade Bourgeois ?

Après ses précédentes notes « Grand stade : le compte n’est pas bon du tout ! «  et « Grand stade : Un projet dépassé, un projet du passé « , Thierry Fayret, ex 1er adjoint et vice-président de la ville et la métropole de Brest, revient sur les questions en suspens concernant l’éventuel Grand Stade de foot au Froutven. A ce jour, demeurent 4 axes de questionnements essentiels …

Grand Stade au Froutven :  4 axes de questionnements cruciaux selon Thierry Fayret 

Question financement grand stade

« Axe 1 : L’énigme du financement du Grand Stade au Froutven

Malgré les annonces médiatiques et le coût final qui pourrait dépasser les 130 millions d’euros, le financement du Grand Stade au Froutven reste un mystère. Avant de prendre position, les élus de la Métropole de Brest et des collectivités territoriales impliquées doivent avoir une présentation détaillée du financement global, y compris les contributions des collectivités pour les aménagements de l’espace public indispensables au projet. Une décision éclairée ne peut être prise que dans la plus grande transparence. Actons qu’aujourd’hui, c’est plutôt l’opacité qui est organisée.

Axe 2 : Les implications du financement de l’emprunt

Un deuxième point majeur d’interrogation porte sur le financement de l’emprunt de 39 millions d’euros, qui couvrira 37 % du coût du stade et sera garanti à 50 % par les deniers publics de la métropole.

Depuis l’été dernier et les annonces dans la presse sur l’opération de « naming » du Grand Stade, nous savons qu’il portera le nom d’Arkéa (lire ici et ). Cette annonce laisse planer un (petit) doute sur le nom de la banque qui va prêter les 39 millions d’euros [1].

Cette situation soulève clairement des questions éthiques. Y aura-t-il une mise en concurrence de plusieurs banques, pour déterminer si le prêt accordé est réellement le mieux disant, comme c’est une obligation pour les emprunts publics ? Nous pouvons en douter, puisque le projet est dit « privé » (alors que le public apporte plus de subventions et assume le risque, voir précédentes notes).

Cette question est très préoccupante, car si le remboursement de l’emprunt ne vient pas à proprement parler de l’argent public (sauf en cas de mise en faillite de la holding privée et l’activation de la garantie d’emprunt, dans 10 ou 20 ans), ce remboursement viendra des usagers du Grand Stade. C’est bien sur ces recettes qu’est prévu le remboursement de cet emprunt. Il intéresse donc directement les futurs usagers de ce stade. (…)

Axe 3 : Impacts sur les usagers

Le troisième axe d’interrogation porte donc sur les usagers de ce stade et c’est bien normal, c’est un peu le sens d’un stade, non ?

Au début du projet, les Frères Le Saint avaient promis des billets à 5 €, car l’accessibilité à tous d’un sport populaire est essentielle (ici). Bizarrement, dans le discours avant l’été, les éoliennes et les places à 5 € avaient sauté, mais pas les loges VIP !

Les places accessibles sont-elles toujours envisageables avec un stade aussi coûteux ? En quelle proportion ? Le Stade Arkéa est-il l’annonce d’une forme de gentrification du foot ? Les ultras pourront-ils encore se permettre d’acheter leurs billets ? Un foot, plus pour faire du business que pour illuminer le regard des vrais supporters, avec un rejet des classes populaires derrière leurs écrans de télé ? Nous aimerions bien entendre le maire/président et les promoteurs de ce projet nous dire leur vision aujourd’hui, maintenant que les coûts ont explosé. Parce qu’un beau stade de Ligue 1, c’est bien. Mais un stade où chacun peut aller, c’est mieux !

La même question se pose pour les billets aujourd’hui réservés aux associations ou aux quartiers de la ville de Brest et qui font le bonheur de nos jeunes et apaisent une part de la tension sociale qui monte. Ces quotas de billets seront-ils encore gratuits pour la ville de Brest, propriétaire du stade Francis Le Blé, comme c’est le cas aujourd’hui ?

Toutes ces interrogations essentielles nécessitent des réponses que nous n’avons pas encore, dans le discours flou qui nous est servi. Ces questions sont d’une grande importance pour l’avenir des supporters du Stade Brestois, si on ne veut pas qu’il devienne simplement le Stade Bourgeois !

Axe 4 : L’ Avenir du Stade Francis Le Blé

Le quatrième et dernier point d’interrogation concerne le Stade Francis Le Blé. On nous affirme qu’il ne peut être rénové et que de toute façon, il est impossible d’atteindre une capacité de 15 000 places sur le site actuel. Rappelons que le projet initial des Frères Le Saint ne comportait que 13 000 places. Pourquoi a-t-on ajouté ces 2 000 places, qui semblent désormais compromettre la rénovation du Stade Francis Le Blé ?

Les dirigeants des Merlus ont annoncé une jolie rénovation à coûts maîtrisés (42 millions d’euros, ce n’est pas 130, c’est plus de 3 fois moins !) du stade de Moustoir (ici). Pour en arriver là, ils ont lancé un vrai concours de projets, comme cela se fait pour tous les projets urbains d’envergure réussis et non du rapiéçage à la petite semaine, comme cela le fut depuis des années, à fond perdu, sur le stade Francis Le Blé, à grand renfort d’argent public.

Le projet de rénovation « impossible » et son financement détaillé n’ont jamais réellement été publiquement présentés. Là encore, il faudrait croire des dirigeants qui ont déjà fait leur choix, en mobilisant majoritairement l’argent des autres, mais sans partager les vrais enjeux. Il est difficile de simplement accepter les affirmations ou promesses, sans une volonté de transparence complète.

Pour finir, il faut vraiment insister sur la nécessité d’une clarification du projet et de ses coûts. Y compris l’annonce de cet été, avec des engagements financiers d’Arkéa, nous aurons laissé dans le plus grand flou. Ont-ils parlé de financements pour le stade ou pour l’équipe ?

La gouvernance future d’un stade financé en grande partie par les usagers et de l’argent public mérite aussi la plus grande attention de nos élus. Elle soulève des questions essentielles lorsque l’on sait que la holding qui contrôlera l’ensemble sera majoritairement privée … pour 30 ou 40 ans.

De tels engagements financiers, sur de si longues durées et avec une récupération du patrimoine à la fin par la collectivité, ne peuvent se faire sans le plus grand sérieux et sans transparence, comme c’est le cas aujourd’hui à Brest. »

Texte intégral de ce post à retrouver sur le site internet de Thierry Fayret par ici …

Lire en complément

– Grand stade : le compte n’est pas bon … du tout ! « 
– « 
Grand stade : Un projet dépassé, un projet du passé « »


Lire par ailleurs sur PrendreParti à propos du Grand Stade à Brest …

Nouveau stade de foot à Brest : un bateau ivre budgétaire ?

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