Brest Métropole débloque 10 M€ pour le nouveau stade sans présenter son montage financier !

Ce 2 février 2024, le projet de nouveau stade à Brest, a franchi une nouvelle étape avec le vote en conseil de Brest Métropole d’une subvention de 10 M€. Les élus écologistes rejoints par les communistes et un divers gauche de Plougastel ont voté contre. « Sans même une présentation par la métropole du montage financier », a notamment plaidé Glen Dissaux, Vice-président (EELV) en charge du plan climat …

Brest Métropole débloque 10 M€ pour le nouveau stade du SB29

Un article signé Jean Luc Padellec dans Le Télégramme du 2 février 2024 …
Les porteurs de projet tablent sur un lancement du chantier en 2025 pour une mise en service courant 2027.
Les porteurs de projet tablent sur un lancement du chantier en 2025 pour une mise en service courant 2027. (Document : François de la Serre, architecte DPLG)

Le projet de nouvelle enceinte du Stade Brestois avait déjà un terrain au Froutven face à Ikea, un nom (l’Arkea Park), et un partenaire titre (le Crédit Mutuel Arkea) engagé pour huit ans. Depuis ce vendredi soir, il tient aussi son premier financement public : réunis en conseil, les élus de Brest Métropole ont voté l’octroi de 10 M€ au projet porté par les frères Le Saint, propriétaires du club, avec des fonds publics et privés.

Les élus écologistes ont voté contre. « Avant d’engager de l’argent public dans ce projet, nous demandons que soit diffusée publiquement l’étude de faisabilité de rénovation de Francis-Le Blé. Nous demandons aussi une présentation par la métropole du montage financier », avait plaidé leur représentant Glen Dissaux. Ils ont été rejoints par les élus communistes et un élu divers gauche de Plougastel. Mais avec le vote favorable de tous les maires des sept autres communes de la métropole et de leurs majorités respectives, ainsi que des groupes minoritaires à Brest, cela restait notoirement insuffisant pour contrecarrer la délibération.

106,50 M€ sans les aménagements extérieurs

François Cuillandre, le président de Brest Métropole, s’est bien gardé de dévoiler la copie financière finale, alors que le tour de table est en cours de négociation finale entre les partenaires privés et publics. Le coût de ce nouvel équipement porté par les frères Le Saint, propriétaires du Stade Brestois 29, était évalué en juin 2023 à 106,5 M€. Un montant qui, toutefois, n’inclut pas les aménagements extérieurs, intégralement à la charge de la métropole brestoise.

Le permis de construire doit être déposé en avril prochain en mairie de Guipavas, où se trouve la parcelle. Le club table sur un lancement du chantier en 2025 pour une mise en service courant 2027. Une société de projet doit voir le jour prochainement. Les partenaires privés, au travers de Holdisport, y seront majoritaires, à 54,5 %. Mais l’actionnariat sera aussi porté à hauteur de 41,5 % par des sociétés d’économie mixte (Brest Métropole aménagement, Brest’aim, la Sempi, société d’économie mixte de portage immobilier) dont les capitaux sont en majorité publics, plus un partenariat bancaire pour 4 %.

Un quart de subventions publiques

Dans le détail, 24 M€ viendraient de cette société de projet, 39 M€ de prêts bancaires (garantis pour moitié par la Métropole), 15 M€ d’avances de loyers payées par le club, 1,50 M€ d’un financement participatif et 27 M€ de subventions publiques, soit un quart du total.
Outre les 10 M€ de Brest Métropole, la Région et le Département ont déjà assuré de leur participation mais les montants restent en cours de négociation. Selon nos informations, des communautés de communes voisines, du pays de Brest et peut-être aussi du pays de Morlaix pourraient aussi s’engager, pour un montant total de 2,50 M€.
Jean Luc Padellec


Nouveau stade à Brest : « Ça va coûter beaucoup d’argent public », redoute l’élu écologiste Glen Dissaux

Un article de Nicolas Olivier pour France Bleu Breizh Izel du 16 janvier 2023

Le président du Stade Brestois 29 a affiché son optimisme dimanche dans le dossier Arkéa Park. Le permis de construire du nouveau stade pourrait être déposé au printemps. Mais le projet a toujours ses détracteurs, comme Glen Dissaux, vice-président (EELV) de Brest Métropole en charge du plan climat.

La parcelle du Froutven où doit être érigé l'Arkéa Park, un stade de 15.000 places.La parcelle du Froutven où doit être érigé l'Arkéa Park, un stade de 15.000 places.
La parcelle du Froutven où doit être érigé l’Arkéa Park, un stade de 15.000 places. © Radio France – Nicolas Olivier

France Bleu Breizh Izel : Quand vous entendez Denis Le Saint dire que c’est quasiment bouclé, que le permis de construire devrait être déposé dans quelques mois, vous vous dites quoi ? Ça y est, c’est fait ?

Glen Dissaux : Non, je trouve qu’il va un peu vite en besogne. D’ailleurs on voit bien parce qu’ils ont un peu de mal à annoncer les chiffres, la vraie copie financière, quelle sera la part d’argent public dans le projet. Moi je continue de penser que la part de l’argent public sera extrêmement importante dans ce projet-là, contrairement à ce qui avait été annoncé il y a quelques années. On n’est plus du tout sur un modèle 100% privé. Et on voit bien que dans la conjoncture d’aujourd’hui, avec tous les besoins qu’il y a sur le territoire, les différents acteurs publics ont de plus en plus de mal à financer ce genre de projets, c’est pour ça qu’il y a du retard.

Sur les 106,5 millions d’euros du projet, ça pourrait coûter combien à la collectivité ?

Là encore j’attends de voir ce que les porteurs du projet vont nous présenter. J’ai peur justement que les collectivités territoriales soient sollicitées de façon beaucoup trop importante alors qu’on a de véritables urgences sur le territoire. A la métropole, on va voter le budget 2024 le 2 février. Je vois la première contribution, la première subvention qui est sollicitée est à hauteur de 10 millions d’euros. 10 millions d’euros c’est la rénovation thermique de cinq écoles donc à un moment donné il va falloir questionner les priorités. Et ce n’est que le début, le ticket d’entrée d’un projet qui coûtera beaucoup, beaucoup plus d’argent public

Il y a eu pas mal de communication ces derniers temps autour du nom Arkéa Park, est-ce que vous avez l’impression qu’on essaye de passer en force, ou en tout cas d’imprimer dans l’opinion que tout est déjà fait ?

Exactement, je crois que c’est une stratégie de communication que je trouve extrêmement malheureuse. Il aurait été un peu plus élégant de boucler la copie financière et surtout de permettre un débat démocratique. Moi j’aurais été jusqu’à plébisciter un référendum pour la rénovation de Francis Le Blé ou pour ce nouveau stade, étant donné qu’encore une fois énormément d’argent public va être mobilisé. Donc oui j’ai assez peu goûté, j’avoue, dimanche dernier pour le Brest-Montpellier de voir sur les affiches « Arkéa Park ». Non non, on a encore Francis Le Blé qui est un stade municipal et on y tient pour l’instant donc chaque chose en son temps.

Quand on voit Brest troisième de Ligue 1, est-ce que ça ne montre pas que le club a besoin de ce nouveau stade ?

C’est exactement l’inverse. Je pense que le Stade Brestois n’a pas besoin d’un nouvel outil de travail. Ils arrivent à avoir des performances exceptionnelles, c’est dû à la qualité du staff sportif. Je n’ai absolument aucun problème avec leur gestion sportive, bien au contraire, je suis le premier fan du Stade Brestois. Mais je crois que c’est aussi parce qu’on est à Francis Le Blé, ce stade il est assez unique et tout le monde le reconnaît. On a une ambiance « chaudron » exceptionnelle, et l’identité du club c’est aussi Francis Le Blé, ce stade au centre-ville. Je crois que si on est aussi haut, c’est évidemment la qualité sportive des joueurs mais c’est aussi parce qu’on a cette identité et ce stade avec nous.

Le site du Froutven n’a pas une très haute valeur environnementale à première vue, ce sont des champs agricoles adossés à une route nationale et une zone commerciale. Est-ce que c’est encore pour vous un obstacle ?

On est quand même sur une zone naturelle, à vocation agricole donc il faut faire les choses bien. Il y a certainement des espèces, faune et flore, remarquables donc il faut faire les études, prendre le temps. Regarder comment on peut éviter d’avoir un impact négatif sur l’environnement, ensuite la façon dont on peut réduire l’empreinte sur la nature et en dernier recours la façon dont on compense, donc effectivement y’a toute une séquence, c’est juste la loi. Le site en tant que tel il est identifié depuis 25, 30 ans. La ligne de tram a même été plus ou moins imaginée avec un futur stade ici donc beaucoup de gens se sont projetés. Moi je crois quand même que les choses ont changé, qu’il y a un certain nombre de problématiques nouvelles et y compris sur la mobilité. Le stade au centre-ville ça permettrait de développer encore plus une vraie vision du territoire, de dire on garde cette activité en centre-ville et on y vient à pied, en transports en commun, en vélo. Ici dans la zone c’est plus compliqué, c’est le modèle qui veut ça : on est sur du tout voiture avec de grands parkings et une zone déjà très congestionnée le soir et les week-ends, ça va encore en rajouter. Donc la parcelle en tant que telle, effectivement il n’y a pas d’objection majeure à ce qu’on puisse construire ici dans l’absolu. Si tant est qu’on fait les choses à peu près correctement et qu’on réfléchisse vraiment à ce qu’on veut pour le territoire. Est-ce qu’on veut qu’une activité économique aussi importante soit dans cette zone, je pense que ça mérite vraiment d’être réinterrogé.

« Le calendrier peut paraître un peu ambitieux »

S’il y a des recours de riverains par exemple, est-ce que le calendrier annoncé par Denis Le Saint (début des travaux en 2024, livraison en 2027) vous paraît tenable ?

Maintenant, n’importe quel projet d’urbanisme est susceptible de recours et est très régulièrement attaqué donc il est assez possible effectivement qu’un projet comme celui-ci souffre de recours qu’il va falloir purger. Oui le calendrier annoncé est assez ambitieux. Encore une fois, je pense qu’il y a un dialogue territorial qui n’est pas abouti, il y a une transparence démocratique à avoir vis-à-vis des Brestoises et des Brestois et de tous les habitants de la métropole déjà en premier lieu pour expliquer la façon dont l’argent va être utilisé. Est-ce que c’est vraiment de l’intérêt général, est-ce que c’est vraiment un besoin pour le territoire ? Chaque chose en son temps, le calendrier effectivement peut paraître un peu ambitieux. Certains diront qu’on n’est plus à quelques mois près car c’est un vrai serpent de mer cette question du stade mais si on avait anticipé… Si jamais le Stade Brestois est en Coupe d’Europe l’année prochaine, je sais qu’il ne faut pas en parler mais on a le droit de le souhaiter dans un coin de sa tête, il faut aussi regarder comment et où on pourra jouer. Si jamais y’a une rénovation de Le Blé qui revient sur le tapis, on a une étude qui existe, on sait que c’est possible. Moi je souhaite vraiment qu’on retravaille cette hypothèse-là.

Le vote du budget le 2 février sera-t-il décisif ?

Décisif peut-être pas mais c’est la première concrétisation de la volonté ou non de la métropole de s’investir et de mettre de l’argent public dans ce projet-là. Les véritables délibérations arriveront dans les semaines ou les mois qui viennent pour vraiment comprendre le montage financier, le foncier, l’urbanisme, la participation à la société de projet, les éventuelles subventions imaginées par tous les acteurs. Là, ce sera décisif. Mais il va falloir que les porteurs du projet communiquent en amont. Combien eux mettent d’argent ? Sur un projet estimé à 106,5 millions -et là on prend pas tous les aménagements publics, c’est plutôt un projet à 130, 140 millions. Et je ne parle pas de l’inflation, de la hausse des coûts dans le BTP. Moi j’ai peur qu’on arrive à un projet un peu plus cher que ça. Combien mettent les porteurs de projet là-dedans, combien il y aura d’argent public ? C’est ça qu’il faut d’abord élucider.


L’attitude déplorable du Maire de Guipavas .

Quelques mots sur l’intervention autoritaire du maire de Guipavas qui a interdit le samedi  27 janvier le déroulement d’une réunion publique qui questionnait le financement du stade. Un témoignage signé Thierry Fayret

 

Nouveau stade – Obstruction à la démocratie citoyenne à Guipavas !

Samedi dernier, j’avais l’intention d’assister à une réunion organisée par un collectif de citoyens qui s’opposent à la construction du nouveau stade au Froutven. Ayant été informé par un membre du collectif qui m’avait interrogé sur mes notes concernant le financement du stade (ici), j’avais décidé d’aller écouter leurs arguments.

À ma grande surprise, la maison de quartier de Coataudon à Guipavas était fermée lorsque je suis arrivé pour la réunion. Deux jours plus tôt, le maire avait retiré le droit d’utiliser ce lieu public pour la réunion. Le Collectif devait se suffire du parking pour expliquer l’annulation de la réunion.

La raison invoquée par l’édile de Guipavasien était de ne pas avoir été mis au courant de la nature de la réunion et de supputer qu’elle allait être une source de désinformation. Il avait également justifié l’annulation de la réservation par la nécessité de maintenir l’ordre public.

L’ordre public à Guipavas semblait-il être en danger, par ce froid samedi matin de janvier ? Si une trentaine de personnes calmes, principalement des retraités, se réunissant pour discuter peuvent perturber l’ordre public, je me demande comment le maire qualifie les blocages des agriculteurs ayant cours en ce moment… Une troisième Guerre mondiale, probablement !

Idem, au-delà de cet Armageddon tant redouté à la maison de quartier de Coataudon, que penser d’un maire refusant que des citoyens organisent une réunion, sous le prétexte qu’il la juge comme de la désinformation, avant même la réunion. Va-t-il interdire toutes réunions politiques qui ne seraient pas en ligne avec sa pensée ?! Cela en dit long sur la nature du régime politique à Guipavas dans la période !

Il est clair que derrière ces arguments fallacieux et déplacés, se cachent des enjeux financiers importants autour du projet de stade. A l’instar du président de la métropole, le maire de Guipavas semble vouloir protéger à tout prix le grand stade LE SAINT / ARKEA, au Froutven, et les intérêts moins footballistiques qu’économiques et financiers qui se cachent derrière.

Avant la réunion, le collectif avait publié et distribué aux habitants de Guipavas un tract d’invitation contenant les questions auxquelles ils souhaitaient apporter des réponses (voir ci-après). La réunion semblait d’ailleurs moins relever d’un débat que d’une information publique aux habitants.

J’avais lu le tract et les 14 questions posées, avant la réunion. A part une ou deux auxquelles je ne connaissais pas la réponse, toutes les autres apportaient des éléments factuels, conformes à ce que les porteurs du projet et la métropole avaient eux-mêmes annoncés lors des différentes conférences de presse données depuis un an. Rien de nouveau, rien d’explosif, juste des interrogations et une mise en perspective, au regard d’autres enjeux que les seuls exprimés par les porteurs du projet.

Le but de ce Collectif est de questionner la pertinence de la construction d’un nouveau stade, préférant une rénovation du stade Francis Le Blé (comme cela se fait dans d’autres villes). Une option tout à fait possible, mais aussi et surtout beaucoup moins chère. Une étude de 40 000 € a été réalisée par la métropole sur le sujet. Elle semble estimer cette rénovation tout à fait faisable pour un coût de 50 millions d’euros. Cependant, malgré le caractère public du document, puisqu’il a été payé avec nos impôts, le président de la Métropole refuse de le rendre public, sans aucune raison objective à cela (si ce n’est risquer de montrer qu’un nouveau stade est une gabegie d’argent public). Il y a donc bien quelque chose qui cloche. « Quand c’est flou, c’est qu’il y a un loup », nous disait bien une certaine Martine Aubry !

Museler une réunion publique de citoyens qui ont simplement un avis différent et cacher des documents d’analyse publics qui permettraient à chacun de se forger sa propre opinion témoignent clairement d’une dérive autoritaire dans la gouvernance de la métropole autour du projet d’un nouveau stade.

Ce projet, prétendument privé, mais financé en majeure partie par des fonds publics, coûtera le double d’une rénovation de Francis Le Blé (130 M€ contre 50 M€, soit 160 % de plus). Par ailleurs, il continuera à grignoter inutilement des terres agricoles. Ce projet au Froutven n’a pas de sens tant pour la bonne utilisation de l’argent public que pour les enjeux écologiques. Le seul intérêt (non-dit) est d’offrir un cadeau à des acteurs privés du territoire, pour plusieurs décennies. De l’argent qui pourrait être bien mieux utilisé pour d’autres rénovations publiques dont notre territoire a grand besoin : gymnases, écoles, maisons de quartier, maison de santé, sécurité, etc…[1]

Ci-dessous, le tract annonçant la réunion publique et les questions fort légitimes mises au débat.

[1] Je vois déjà des élus s’esclaffer en répondant qu’il s’agit là de politiques municipales, quand le nouveau stade doit être financé par la métropole. La belle histoire ! C’est oublier un peu le transfert de 15 M€ que la ville de Brest a annoncé faire à la métropole, soi-disant pour le couteux tramway, mais qui correspond quasi exactement au montant que la métropole compte mettre dans le nouveau stade. L’adjoint et le vice-président aux Finances que je fus sais pertinemment que le budget de ma métropole est fongible, c’est-à-dire que les rentrées ne sont jamais associées à des dépenses, l’argent est liquide.

Alors, un nouveau stade réellement financé par la Métropole … ou la Ville de Brest ?

Tract Collectif contre le nouveau stade 29_1 sur 2

Tract Collectif contre le nouveau stade 29_2 sur 2


Lire par ailleurs sur PrendreParti à propos du projet du nouveau stade …

Il faut sauver le stade Francis Le Blé !

Nouveau stade de foot à Brest : un bateau ivre budgétaire ?

Stade Brestois ou Stade Bourgeois ?