Le 11 novembre 1994, c’était l’allumage sur les quais du Port de Commerce de Brest,du Fourneau, premier « Lieu de Fabrique de spectacles de rue « officiellement reconnu par le Ministère de la Culture. Belle reconnaissance pour toutes et tous ces citoyens et artistes passionnés d’ici et d’ailleurs qui ont entrepris au milieu des années 80, de bouleverser le quotidien de « la Commune Berceau » du Relecq-Kerhuon ! Une histoire qui, à l’origine, ne coulait pas de source …
Tout débute donc au Relecq-Kerhuon, au milieu des années 1970 au sein de l’ association du « Patronage Laïque du Relecq-Kerhuon ».
Cette commune, comme ses voisines de l’agglomération, est peu active d’un point de vue culturel, souffrant de sa trop grande proximité avec Brest. A cette époque, le PLRK vivote, disposant de peu de moyens financiers pour animer la commune. Cependant, un groupe de jeunes emplis d’énergie est décidé à faire bouger les choses en intégrant le Conseil d’Administration de l’association. Ils mettent en œuvre toutes sortes d’initiatives pour rendre la ville agréable en matière de services et de loisirs.
A la fin des années 70, la conjoncture politique locale devient favorable à l’action sociale et culturelle et dès 1982, l’équipe du PLRK souhaite se démarquer de cette tradition de grandes kermesses en créant un événement plus ambitieux, correspondant à ses attentes. Le PLRK organise alors au printemps une grande rencontre d’artisanat d’art très originale pour l’époque, appelée « La Tête et les Mains ». Le principe consiste à accueillir des artisans qui devront démontrer leurs talents tout au long de la journée. La notion de performance et de spectacle vivant est donc déjà importante, un prix récompensant l’artisan le plus coté par le public.
En 1983, les organisateurs suivent déjà d’une œil passionné ce qui se passe en France dans le domaine des Arts de la Rue. Ils ont notamment découvert la compagnie Royal de Luxe et ses interventions dans l’espace urbain. L’équipe comprend rapidement que ce qui correspond le plus à son état d’esprit se trouve dans cette forme d’expression artistique. La Tête et les Mains s’ouvre alors aux compagnies d’arts de la rue, donnant à la manifestation une ambiance plus festive. On voit apparaître, entre les stands d’artisans, des jongleurs, des cracheurs de feu, des clowns et des marionnettistes dont le nombre croît d’années en années. En 1987, la fête accueille 50 000 visiteurs et se diversifie de plus en plus. Installée sur un terrain de camping, la manifestation accueille un espace cinéma et l’Anse de Camfout abrite de vieux gréements kerhorres. Les écoles du Relecq-Kerhuon et de la région brestoise sont associées au projet. Parmi les compagnies participant à l’évènement, il y a notamment Les Noctambules, le Théâtre de l’Eclair et ses marionnettes, le Cirque Français de Gervais Klisling et Charli Encor.
En 1988, lors de la 7e édition, l’équipe de La Tête et les Mains rencontre la compagnie Oposito, ce qui marquera un tournant essentiel dans son engagement aux côtés des arts de la rue. Elle nouera par la suite des liens très forts avec cette compagnie pionnière, déterminants pour la suite du festival et de ses co-organisateurs. De plus, le concept de la fête ne séduit plus l’équipe de la Tête et les Mains, voyant celle-ci comme une manifestation lourde à organiser, avec un public plutôt passif et des artisans de plus en plus exigeants. Au gré des rencontres avec Oposito, elle établit alors une stratégie de communication à travers une série de spectacles vivants, se déroulant en amont et pendant la fête. Durant cette édition qui se démarque davantage des précédentes, la compagnie Oposito initie une « Rumeur non annoncée « en amont du festival. Ainsi, pendant les deux jours précédant l’inauguration de cette édition, cinq comédiens équipés de motos et huit comédiens piétons (les Schteumits) sillonnent les lieux publics de Brest aux heures d’affluence et annoncent à leur façon ce qui se trame au Relecq-Kerhuon. Réalisant des parades, des minis spectacles, des interventions spectaculaires et insolites, la troupe ne manque pas d’intriguer les passants en faisant circuler la rumeur d’un événement incontournable.
La compagnie présente également un spectacle explosif : Toro del Fuego. Ces mêmes Schteumits paradent autour « del señor » Alfonso, un taureau cracheur de feu. Dans cette corrida urbaine, cette bête de métal et de carton affronte ses toréadors dans l’arène (symbolisée par un cercle de spectateurs), le tout dans un déluge d’effets pyrotechniques. Ce spectacle se termine comme dans la réalité par l’effondrement du « toro » métallique.
Enfin, les spectateurs ont droit également à « L’enfer des Phalènes », spectacle faisant partie de La Saga. Ce spectacle, modulable en fonction du lieu et des évènements, utilise des personnages déjà rencontrés lors des 22 épisodes précédents, en des temps des lieux et des humeurs différentes. Ce spectacle, explosion de sons et d’images qui transfigure le port de Camfrout, est une révélation pour l’équipe de La Tête et les Mains. Après ce spectacle, elle ressent alors la nécessité d’une « pause » et décide que la prochaine manifestation sera entièrement dédiée aux arts de la rue.
Cette renconcontre déterminante avec la Compagnie Oposito lors de « La Tête et les Mains 88 » donne naissance à la création le 14 mai 89, de la Première édition de « Grains de Folie « …
La deuxième édition de Grains de folie se déroule le 3 juin 1990 dans l’ancienne gare de la commune et le centre-bourg du Relecq-Kerhuon. La cérémonie d’ouverture a lieu dans l’espace de la gare, autrefois sans cachet apparent mais qui est pour l’occasion complètement transformée, maquillée en Gare du Bout du Temps, salon de la Dame Blanche . Pierre Berthelot , co fondateur avec Caty Avram de Générik Vapeur raconte …
Puis ce fut …
– Grains de Folie 90 à La Gare du Bout des temps du Relecq-Kerhuon
– Grains de Folie 91 à La Coopérative de fraises de Plougastel
– Grains de Folie 92 au Fort de Questel de Brest …
– Grains de Folie 93 et son Arène Foraine …
Avant l’allumage le 11 novembre 94 à 6h du matin , du « Vieux Fourneau de la rue de Bassam » !
11 novembre 1994 – 11 novembre 2024 : clin d’oeil au moment présent, à une histoire qui prend sa source au Relecq Kerhuon au milieu des années 70 et aux projets des générations futures …
Une réponse sur “Le Fourneau du Port de Brest ne s’est pas fabriqué en un jour …”
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