Grains de folie 93 : Arène Foraine au Fort du Questel !

Photo Jean Pierre Estournet

Dim 30 mai 1993. il y a 26 ans, jour pour jour, Le festival Grains de Folie investit une seconde fois le Fort du Questel à Brest . En complicité avec les festivals des Eclanovas et Eclat , la rencontre du Jour et de la Nuit célèbre  l’univers de la fête foraineRetour sur « Mirage Forain »,  préfiguration de L’Arène Foraine  programmée la même année à Villeurbanne et Aurillac .

  L’Arène foraine au Festival d’Aurillac

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Source : https://fresques.ina.fr/en-scenes/fiche-media/Scenes00638/festival-d-aurillac-l-arene-foraine.html

1993 apparaît comme une année charnière.

Le ministère de la Culture reconnaît les arts de la rue comme secteur artistique à part entière et élabore en sa faveur un plan d’intervention (publiquement annoncé par Jacques Toubon en 1994 lors de Chalon dans la rue) incluant des aides au projet et à l’écriture, la reconnaissance de compagnies et de festivals et la structuration de lieux de fabrique. Lieux publics est défini comme Centre national de création, l’édition, la documentation et l’organisation de rencontres professionnelles désormais confiées à Hors les Murs, nouveau centre de ressources sous la responsabilité de Jean-Luc Baillet. La huitième édition d’Éclat, à Aurillac, est la dernière que dirige Michel Crespin avant de passer le témoin à son adjoint, Jean-Marie Songy (voir ce document).

Née de la collaboration entre trois festivals, Éclat, Grains de folie et Éclanova, L’Arène foraine est un hommage contemporain à la fête traditionnelle et aux théâtres de foire des XVIIIe et XIXe siècles. Elle rassemble dans un enclos scénographié attractions, loteries, baraques, entresorts et « bagatelles de la porte » (numéros et boniments qui incitent le passant à entrer). L’humour et le second degré sont la règle. Michel Crespin présente Roger et Lucie avec Annick Hémon, dite Puce, Burattini, associé avec le groupe Douze balles dans la Peau, rénove le roman populaire avec L’Extraordinaire Histoire de Jack le manchot et de son tragique amour pour la belle Dolly, la Compagnie Off questionne la notion de monstruosité dans une visite du Palais des découvertes menée par le minuscule Jean-Claude Grenier, Oposito orchestre un redoutable Massacre de famille, le collectif Turbulence anime une Chenille fantastique…Décors et accessoires sont pour l’essentiel fabriqués à Marseille, dans les ateliers de Lieux Publics.

Documentation – Dir. Jean-Luc Baillet, Jean-Marie Songy, Catherine Laulhère-Vigneau : Le Théâtre de rue. 10ans d’ Éclat à Aurillac, éditions Plume, 1995.

Sylvie Clidière

Grains de folie 93, Brest Fort du Questel

En 1993, le festival investit une seconde fois le fort du Questel à Brest mais marque une rupture dans sa formule. Le schéma initial de la fête n’est pas repris, notamment le thème de la rencontre du Jour et de la Nuit qui est abandonné pour faire place à celui de la fête foraine. Les Grains de Folie 93 s’intitulent d’ailleurs Mirage Forain.

Déroulement de la journée

La journée commence par le rituel petit déjeuner, pris sous le chapiteau et animé par la compagnie Les Pires. A la place du réveil de Solenis, c’est donc un autre réveil qui s’offre aux spectateurs, celui de la fête foraine : Les forains allument progressivement leurs manèges dans une mise en scène du « réveil », où des enfants sont endormis dans des lits. Sur sa licorne, une cavalière escortée de deux échassiers les réveille en douceur pour qu’ils rejoignent le monde des manèges. Tous les personnages du matin prennent place dans les « casse-gueules » et les autres manèges, puis bien sûr tous les spectateurs sont invités à participer à la fête foraine. Entre deux manèges, les spectateurs s’arrêtent au « repas forain », un gigantesque cochon grillé dégusté au son des Pires.

La fête foraine se poursuit ensuite jusqu’à 18h et le succès est au rendez-vous, tant chez les spectateurs que chez les forains qui ont apprécié cette mise en valeur de leur univers. La formule est différente car l’habituel après-midi arts de la rue est réservée à cette occasion aux manèges. Les Grains de Folie se distinguent des autres festivals de rue en accordant une large place à la fête foraine, démontrant ainsi son appartenance au monde des arts de la rue.

A partir de 18 h, les compagnies de rues proposent des créations inspirées de l’imaginaire forain et quatre grandes compagnies se partagent l’espace en continu. Tout d’abord Oposito, qui propose sa baraque foraine Massacre à l’intérieur de laquelle le spectateur assiste et prend part à un conflit familial. Mais également les Burattini et leur Baraque Foraine, où Gérard Burattini raconte l’histoire dramatique de Jack Le Manchot qui fut tour à tour artiste de music-hall, aviateur, amoureux transi de la « belle Dolly » mais qui finit sa vie manchot, réduit à se produire chez Burattini.

La compagnie Off, quant à elle, renoue avec la tradition foraine de l’exposition de monstres dans Le Palais des Découvertes : Le spectateur est convié par un nain à rejoindre sa famille, où il est accueilli par une imposante caissière et des sœurs siamoises. A l’intérieur, il est invité à suivre « la honte de la famille », une femme ne présentant aucun signe de monstruosité. Le spectateur curieux se trouve être un monstre, regardé par les autres visiteurs et cela suscite un questionnement sur la normalité.

Enfin, la compagnie Turbulence présente deux manèges, La Chenille et Manège Elixir. La Chenille « a guéri de grands alcooliques, des boulimiques et retardé la mort. Elle procure sensations et vertiges inoffensifs et légaux ». Pour ce faire, il suffit d’introduire un jeton. Jean George, le présentateur TV de l’Agence Tartare est de nouveau là, pour la 3e année consécutive …

Ces textes de ce site sont extraits du mémoire de Mélanie Tanneau,


Grains de Folie 93 au Fort du Questel vu par …

Jean Pierre Estournet