Du 8 au 10 novembre, le Port de Brest a fêté avec éclat les 30 ans de son Lieu de fabrique d’imaginaire. Allumé le 11 novembre 1994 à 6 heures du mat du côté de la Rue de Bassam, le Fourneau avait migré en 98 dans le Hangar actuel du 11 Quai de la Douane. Dans un an, il rejoindra le Plateau des Capucins . En attendant » l’heure de savourer l’ailleurs », retour en texte et photos sur ces 3 jours de célébration …
Brest : au lendemain des festivités qui ont marqué « les 30 ans », du Fourneau du Portde », une balade dominicale le long des Murs Bleus du Fourneau du Portde …
Traces de 3 décennies d’un « Lieu de Fabrique d’imaginaire » allumé le 11 novembre 1994 et devenu au fil du temps « Le Fourneau – Centre National des Arts de la Rue et de l’Espace Public« . Clin d’oeil aux 7 éditions de Grains de Folie qui précédèrent et aux origines de cette « fabrique citoyenne et poétique » qui prit sa source au Relecq-Kerhuon, au milieu des années 1970 …
Les « 30 ans du Fourneau du Port de Brest » racontés « de l’intérieur » par Gildas Puget …
« Au moment où le gars des Carabosse est monté sur le fût, j’ai su que j’étais emporté dans un moment historique, un truc vital, où tu sens que tu cours sur la crête du possible, c’est comme si des arcs de magma électrique se croisaient sous le sol et chargeaient l’atmosphère de griserie, j’étais plus petit que le tout et brûlant de lui, comme un brasillon rougi, élevé par la chaleur du feu, qui tourbillonne d’ivresse, tu vois ? Quel pied !
C’était rare, tout se bouscule, c’est presque impossible à raconter, attends j’essaye. « Viens on arrête le temps, viens on est des poètes ! » lançait Brice sur son échelle, et nous, comme un seul corps, on jubilait, on jappait, et on le rejoignait en bondissant telle une tribu de korrigans, mais je me mélange, ça c’était avant. Là, ma sœur, mon frère, je te raconte les 30 ans du Fourneau, si ça t’intéresse, des petits bouts comme ça entortillés, parce que si je te le faisais avec la froideur chronologique, ou juste rationnellement, ça ne serait pas la réalité, parce que c’était dingue, je te jure, c’était dingue.
Déjà, un bon signe, c’est que je ne m’en rappelle pas dans l’ordre. Tu sais, il y a un tabac-bar-resto populaire à côté, La Presqu’île, là on est vraiment sur le Port de Commerce, tu y croises des bons brestois de chez brestois, des grandes gueules et quelques pochtrons, on est là à manger la nuit, tous les artistes, sur une enfilade de tables, donc pas loin d’une trentaine, on est heureux, on a joué tous ensemble et à la fin les gens nous applaudissaient avec de l’émotion plein les mains, c’était poignant, alors nous on boit par carafes, on discute à bâtons rompus, c’est plus seulement la fête, c’est notre fête ! Et Maud grimpe sur la table, elle se met à danser, traverse toute la rangée, et nous on bat une mesure de sauvages, et puis un autre monte, et encore une autre, on se retrouve tous à danser sur notre rangée de tables, et puis comme une volée d’étourneaux, on s’évaille et on file tous dans les cuisines, chanter une chanson aux cuistots ébahis, quand on ressort, ça danse sur le comptoir, on se défoule, il faut un exutoire à toute la pression qu’on s’est mise, on déboite tout !
Au passage, je peux t’avouer que je n’en ai pas mené large. Balancé en solo au milieu de trente artistes qui se connaissaient par grappe, avec ma désespérante envie qu’on m’aime qui me colle au sol… devoir à l’arrache, dans une course contre la montre, monter un entresort pour 150 personnes à jouer six fois de suite, avec tous les possibles tellement ouverts que tu restes hébété devant le choix des portes, se trouver foncièrement nul, recevoir des marques de gentillesse constamment, dans ce lieu mythique avec lequel toute ma vie d’artiste s’est tressée, il ne fallait pas se poser trop de questions !
Et là, tu vois, en fin de compte le temps peut s’arrêter.
Tu sais comme moi, que les mots, les images ou les vidéos, tout cela est incapable de retranscrire l’intensité folle de certains moments, mais je veux juste te le partager, parce que je crois que cela te fera plaisir. Si tu aimes la vie, les arts de la rue, la furie libre, la liesse populaire, si les étoiles sont tes amies, alors tu seras heureux de savoir que ces quelques jours, nous leur avons rendu grâce. » Gildas Puget .
Les festivités des « 30 ans du Fourneau du Port de Brest » racontés par Caroline Raffin ,
par Ray Flex …
par Pierre Berthelot …
par Thierry Richard …
par Karelle Hermenier …
par Les Rustines de l’Ange …
Les « 30 ans du Fourneau du Port de Brest » vus par Ouest- France …
« Le Fourneau, un toit pour les arts de la rue ! » Trente ans de créations à Brest
Depuis vendredi 8 novembre et jusqu’à ce dimanche soir, le Centre national des arts de la rue de Brest (Finistère) fête ses trois décennies. L’occasion de (re) découvrir un lieu unique, où l’humour et la poésie se côtoient avec plaisir.
Beaucoup de monde pour les 30 ans du Fourneau, le Centre national des arts de la rue et de l’espace public, au port de commerce de Brest, ce week-end. Adrien est venu de Vendée avec sa femme et ses deux filles âgées de 4 et 2 ans, ce samedi. « C’est accessible pour tous publics, et c’est gratuit ! Ça devient rare dans notre société. »
C comme chaudron
Caroline Raffin, directrice du Fourneau depuis 2017, décrit le centre d’arts de la rue comme un « chaudron » ou une « marmite » extraordinaire, un lieu atypique mais bienveillant pour les artistes, un « toit pour les arts de la rue », qui a permis l’éclosion de 550 créations. Sans oublier le millier de spectacles soutenus, les 10 000 artistes et techniciens accompagnés, et près d’un million de spectateurs. La directrice a aussi remercié la Ville de Brest ainsi que la Direction régionale des affaires culturelles (Drac) pour leur « soutien indéfectible ».
Un spectateur a été choisi dans la foule… et la magie opère entre l’artiste et l’heureux anonyme. | OUEST-FRANCE
C comme climat
Forcément, quand on joue dans la rue avec le ciel comme toit, il faut savoir faire face aux éléments climatiques locaux. Manon est comédienne au cirque Puéril Péril. Cette habitante du Trégor a joué aux Rias de Quimperlé et aux Jeudis du Port de Brest. Elle se souvient : « Il n’y avait pas de pluie, mais il y avait du vent, évidemment. Mais, on nous l’avait prédit, le temps s’est dégagé avec la fin de la marée. »
E comme engagement
Michèle Bosseur et Claude Morizur, les deux anciens codirecteurs et cofondateurs, ont rappelé que le Fourneau représentait 40 ans d’engagement, voire de militantisme, pour eux et pour les nombreux compagnons de route (théâtre Oposito, Grains de folie au Relecq-Kerhuon, etc.). Ces anciens instituteurs avaient même démissionné de la fonction publique pour devenir d’heureux « saltimbanques » ! La reconnaissance des arts de la rue et celle du Fourneau ont été un « combat ».
Sans musique pas de spectacle… Pour capter l’attention et créer toute une ambiance. | OUEST-FRANCE
M comme musique
L’air de rien, pour retenir l’attention des spectateurs, pour les capter, leur donner envie de s’arrêter et d’écouter… rien de tel qu’un peu de musique. Et en plus, cela crée une ambiance. Madeg, musicien au Galapiat cirque, fait partie des trente artistes complices. « C’est une histoire qui dure entre le Fourneau et nous », apprécie le jeune homme. « Le Fourneau nous a amenés à faire du cirque dans la rue. Il nous stimule, nous aide et nous soutient ! Pourvu que ça dure ! ajoute sa collègue, Marine, chargée de production. On a besoin d’endroits comme celui-ci qui réunissent les gens et soutiennent la création artistique. Le Fourneau, c’est magique ! »
P comme poésie
Béatrice est bénévole depuis sa retraite, il y a trois ans : « J’adore l’état d’esprit des spectacles de rue. Et l’équipe du Fourneau est exceptionnelle. C’est beaucoup de poésie et de rêve. Ça permet de déconnecter. On en a bien besoin dans le monde chahuté d’aujourd’hui. »
C’est anticonformiste, brouillon, drôle, mais créatif… On sort de « notre zone de confort », et on se marre… | OUEST-FRANCE
R comme ruche
« Nous sommes une ruche toujours en réflexions et inventons en permanence », souligne Michèle Bosseur. Le Fourneau s’apprête à emménager d’ici l’hiver 2025 dans un immense et magnifique écrin aux Ateliers des Capucins. Un projet à 16 millions d’euros.
À Brest, le coup d’envoi de l’anniversaire du Fourneau tout feu tout flamme vu par …
À Brest, pour fêter ses 30 ans d’existence, Le Fourneau a rallumé les étoiles, ce vendredi 8 novembre 2024 au soir. Une marche aux flambeaux est descendue du cours Dajot jusqu’au hangar bleu du port de commerce, accompagnée d’une fanfare et suivie par plusieurs centaines de spectateurs. Le lieu a dévoilé sa fresque et son décor illuminé. Sous les incantations du public concentré, ses portes se sont ouvertes pour dévoiler un décor aérien. Au programme de la soirée : retrouvailles entre acteurs et actrices importants de l’histoire du Centre national des arts de la rue et de l’espace public, rires, DJ et piste de danse… Le Fourneau « a mis les petits plats dans les grands ! », s’exclame un spectateur.
Jusqu’à dimanche soir
Les festivités et spectacles continuent tout le week-end au port de commerce, entre récits d’aventures, apéro livres, huîtres et compagnies… Les habitués, les curieux, les petits, les grands, sont invités à passer au Fourneau jusqu’à ce dimanche soir.
Au programme ce dimanche 10 novembre : « La Brise de la Pastille » à 11 h 33 par Galapat Cirque, dédicace de l’affiche des 30 ans par l’artiste Wen2, diverses représentations d’« Entresorts insolites et insolents », un apéro bal, une bamboche …
Les « 30 ans du Fourneau du Port de Brest » à travers les remerciements des administrateurs et de l’équipe du Fourneau …
Vivement la crise de la quarantaine !«
Lire par ailleurs sur PrendreParti , le discours prononcé à cette occasion par Michèle Bosseur et Claude Morizur …
Discours prononcé pour « les 30 ans du Fourneau du Port de Brest « …