Un footballeur iranien risque la peine de mort pour avoir manifesté…

Amir Nasr-Azadani, ancien joueur professionnel de football en Iran, est menacé d’exécution dans son pays. Le joueur de 26 ans a été arrêté lors d’une manifestation dans la ville d’Ispahan lors d’une des mobilisations déclenchées par la mort de Mahsa Amini. Il a été reconnu coupable de « rébellion armée contre l’État ou la République islamique ». Une vague de soutien s’est mise en place sur les réseaux sociaux, jusqu’au syndicat des joueurs pros de la Fifpro …

Le footballeur iranien Amir Nasr-Azadani risque la peine de mort pour avoir manifesté

Un article publié dans Le Monde du 15 décembre 2022
Une personne à Nicosie, la capitale chypriote, consulte le 13 décembre 2022 un tweet de la Fédération internationale des footballeurs professionnels (FIFPRO) concernant le risque signalé de condamnation à mort du footballeur iranien Amir Nasr-Azadani dans le cadre des manifestations qui secouent le pays depuis trois mois.

Amir Nasr-Azadani, l’ancien footballeur professionnel iranien, arrêté le 18 novembre, risque la peine de mort après avoir pris part à des manifestations déclenchées par la mort de Mahsa Amini, a-t-on appris jeudi 15 décembre. La Fédération internationale des associations de footballeurs professionnels (FIFPRO) a appelé à l’annulation de sa peine.

Selon l’agence de presse de la République islamique (IRNA). Cette accusation est passible de la peine de mort, selon un texte du code pénal iranien publié par le Centre de recherche parlementaire du pays.

La FIFPRO s’est dite « choquée et écœurée par les informations selon lesquelles le footballeur professionnel Amir Nasr-Azadani risque d’être exécuté en Iran après avoir fait campagne pour les droits des femmes et les libertés fondamentales dans son pays. Nous sommes solidaires d’Amir et appelons à la levée immédiate de sa peine », a-t-elle publié sur Twitter.

Treize condamnés à mort au total, selon Amnesty International

Amir Nasr-Azadani pourrait rejoindre plus d’une douzaine d’autres personnes qui ont été condamnées à mort jusqu’à présent pour avoir participé aux manifestations antigouvernementales.

L’autorité judiciaire avait fait état de onze condamnations à mort au total en lien avec les manifestations. Selon Amnesty International, ce sont treize personnes qui ont été condamnées à la peine capitale, et neuf autres qui sont passibles de la peine de mort.

L’Iran est le théâtre de manifestations depuis la mort de la jeune Kurde iranienne Mahsa Amini, à l’âge de 22 ans, le 16 septembre, après son arrestation par la police des mœurs à Téhéran qui lui reprochait d’avoir violé le code vestimentaire strict de la République islamique pour les femmes.

Depuis la mi-septembre, des milliers de personnes ont été arrêtées. Le plus haut organe de sécurité iranien a fait savoir, le 3 décembre, que plus de deux cents personnes avaient été tuées, y compris des membres du personnel de sécurité.

Selon l’association Iran Human Rights, basée à Oslo, au moins 458 personnes ont été tuées par les forces de sécurité au cours des troubles, dont au moins 63 enfants et 29 femmes.


L’Iran a procédé lundi 12 décembre à une deuxième exécution liée aux manifestations qui secouent le pays depuis trois mois. Hilda Deghani Schmidt, membre du collectif Iran Justice, était sur France 24 pour évoquer le sujet…


Football. Ce qu’il faut savoir sur l’Iranien Amir Nasr-Azadani, l’ancien joueur menacé d’exécution

L’information a été révélée par un site d’actualités de la diaspora iranienne. Amir Nasr-Azadani, ancien joueur professionnel de football en Iran, est menacé d’exécution dans son pays. Une vague de soutien s’est mise en place sur les réseaux sociaux, jusqu’au syndicat des joueurs pros de la Fifpro. Qui, comment, pourquoi… Voici tout ce qu’il faut savoir.

L’ancien joueur iranien de football, Amir Nasr-Azadani, est menacé d’une condamnation à mort dans son pays.
L’ancien joueur iranien de football, Amir Nasr-Azadani, est menacé d’une condamnation à mort dans son pays. | PHOTO : AFP

Il faut remonter le temps de quelques mois pour comprendre ce qui est en train d’arriver à Amir Nasr-Azadani, cet ancien footballeur iranien, aujourd’hui menacé d’exécution. Son pays connaît depuis plusieurs semaines de nombreuses manifestations contre le régime politique en place. L’origine de celle-ci, le décès de Mahsa Amini le 16 septembre dernier. Cette jeune étudiante de 22 ans avait été arrêtée trois jours plus tôt par la police des mœurs iranienne pour « port de vêtements inappropriés ».

Depuis, toute une vague de manifestations secoue le pays – et même au-delà -, brutalement réprimées par les autorités. Depuis des manifestants sont exécutés en place publique. Et comme le rapporte le site IranWire, site d’informations de la communauté iranienne, Amir Nasr-Azadani est menacé de cette sentence, même si elle n’est pas encore officielle.

Qui est Nasr-Azadani ?

Amir Nasr-Azadani est un jeune homme de 26 ans, ancien footballeur iranien. Repéré dans les équipes de jeunes de Sepahan Ispahan, pensionnaire de première division iranienne, il a ensuite rejoint le Téhéran Rah-Ahan, en 2014, avec qui il a joué pour la première fois dans l’élite nationale, avant de porter les maillots de Tractor et de Gol Rayhan.
Bien que ses performances lui aient permis d’intégrer les sections jeunes de la sélection, son parcours reste jalonné de blessures comme sa rupture du ligament croisé en 2018 ou une intervention chirurgicale en 2021.

Qu’est-ce qu’il lui est reproché ?

Toujours selon le site IranWire, l’ancien footballeur est accusé d’avoir participé aux meurtres d’un colonel, le 17 novembre, et de deux militaires iraniens. Ce que le régime de la République islamique appelle le « moharebeh » (« haine contre Dieu »), et qui est répréhensible d’une condamnation à mort. Dans les jours suivants, Amir Nasr-Azadani a été arrêté dans la ville d’Ispahan avec deux autres hommes. L’arrestation a ensuite été confirmée le 24 par l’ancien directeur des clubs de Zob Ahan et Foolad, qui a également affirmé l’arrestation d’un autre joueur : Vouria Ghafoori. Cependant, selon certaines sources de ce média, Amir Nasr-Azadani a en effet participé à plusieurs manifestations mais pas dans la zone où ont eu lieu les trois meurtres.

Des soutiens de la part du football iranien

On se rappelle que lors de leur premier match de la Coupe du monde, la sélection iranienne avait protesté contre les répressions qui avaient lieu dans leur pays en cachant leur maillot par un survêtement noir et en refusant de chanter l’hymne national. Le gardien de but de la sélection a, depuis, écrit dans une story Instagram : « Les jeunes du pays sont les futurs bâtisseurs et capitales de l’Iran. L’exécution de chacun de ces êtres chers provoque le ressentiment et le désespoir des gens. Ne pas exécuter. »

Avant lui, plusieurs anciens internationaux et joueurs du championnat, dont certains ont évolué avec Amir Nasr-Azadani, avaient, eux aussi, appelé à ne pas utiliser la peine de mort. Parfois en citant le nom du joueur, parfois avec sa photo, ou tout simplement de manière générale.

Dernièrement, le syndicat de la FIFPro, qui représente près de 56 000 joueurs de football professionnel dans le monde, a aussi réagi sur son compte Twitter.