Landunvez et ses 26 000 cochons …

À Landunvez dans le Nord Finistère, Avel vor produit plus de 26.000 porcs par an, représentant 22.000 tonnes de lisier et 38 tonnes d’ammoniac. Malgré des jugements contraires et une enquête publique contestable, l’exploitation d’un des patrons du lobby porcin prend le chemin d’une régularisation par le préfet. Une enquête réalisée par Inès Léraud et Kristen Falc’hon pour Splann ! …

À Landunvez, la porcherie géante s’approche d’une régularisation douteuse .
Un dossier de La Rédaction de Splann ! daté du 26 07 2022

Un dossier aussi sensible que symbolique revient sur le bureau du préfet du Finistère. Philippe Mahé demandera dans le courant de l’été l’avis du conseil départemental de l’environnement (Coderst) sur le dossier de la SARL Avel vor, à Landunvez. L’une des plus grandes porcheries de France, détenue par le président du comité régional porcin, pourrait franchir une étape décisive vers la régularisation de son agrandissement. Problème, après sept ans de péripéties judiciaires, les conclusions de l’enquête publique censées guider le choix des autorités apparaissent largement biaisées.

  • Malgré des avis défavorables, des jugements contraires et même un accident mortel sur son exploitation, Philippe Bizien, président du comité régional porcin, a pu agrandir sa porcherie pour en faire l’une des plus grandes de France, sur la commune littorale de Landunvez, dans le Finistère.
  • Le rapport d’enquête publique commandé par le préfet en vue d’une régularisation de l’élevage est entaché d’erreurs factuelles et de commentaires fallacieux.
  • Cette politique du fait accompli en matière agro-industrielle se met en place avec la complicité de l’État, en dépit des préconisations environnementales. Nous avons identifié 25 situations similaires en France.

Sur la pointe nord du Finistère, à Landunvez, commune côtière de 1.500 habitants, quatre immenses silos bleu sombre en imposent plus que le clocher de l’église. Ce sont les installations industrielles d’un des élevages porcins français les plus importants avec près de 27.000 porcs charcutiers produits chaque année. L’infrastructure est située à moins de 300 m du bourg. Baptisée Avel vor, « Le vent de la mer » en breton, elle diffuse pourtant des effluves potentiellement toxiques et parfois malodorantes dans un périmètre où se trouvent école, crèche, commerces, salle de sport, aire de jeux pour enfants, et quartier résidentiel. Son propriétaire déclare émettre chaque année 33,3 à 41,9 tonnes d’ammoniac, un gaz irritant à l’origine de la formation de particules fines.

La porcherie est située à moins de 300 m du bourg, où se trouvent école, crèche, commerces, salle de sport, aire de jeux pour enfants, et quartier résidentiel. Crédits Kristen Falc’hon pour « Splann ! »

Deux décisions de justice ont établi que l’exploitation n’aurait pas dû être agrandie. Mais loin de réclamer une diminution du cheptel, le préfet a accordé une autorisation provisoire à Avel vor et ouvert une nouvelle enquête publique, étape nécessaire avant la régularisation du mastodonte. Contre toute attente, le commissaire-enquêteur s’est prononcé en faveur du projet.

Rembobinons le fil des événements.

Une figure de proue de la filière porcine

Philippe Bizien prend la direction de l’exploitation familiale en 2007. Il agrandit peu à peu son élevage, grâce à des autorisations préfectorales ainsi que des permis de construire accordés par la municipalité, dirigée pendant deux décennies, jusqu’en 2014, par son père, Jean-Michel Bizien.

En parallèle, celui qui a fait ses armes au sein de la section finistérienne de la FNSEA, réalise une ascension personnelle spectaculaire. À 42 ans, en 2011, il devient administrateur (puis trésorier) de l’UGPVB, puissante Union des groupements de producteurs de viande de Bretagne. L’année suivante, il se hisse à la tête du comité régional porcin, association qui fédère l’UGPVB, la FRSEA Bretagne, les chambres d’agriculture et le marché au cadran de Plérin. En 2013, il est élu président du groupement de producteurs Aveltis. Il en garde les rênes après la fusion qui donne naissance à Evel’up en 2018, deuxième coopérative française de porcs, revendiquant 1.000 adhérents et 3,6 millions de porcs produits en 2021. Cumulant trois postes stratégiques, Philippe Bizien est l’un des protagonistes principaux du lobby porcin.

En 2015, il demande une autorisation préfectorale pour porter son cheptel de 8.965 à 12.090 animaux, soit près de 27.000 porcs charcutiers produits par an et 60 tonnes de lisier par jour. C’est plus de quatre fois et demie la taille d’une porcherie hexagonale moyenne.

Au moment de l'enquête publique du printemps 2022, l'exploitant a distribué un tract dans les boîtes aux lettres des Landuvéziens intitulé « Philippe Bizien relève le défi ». Il y proposait aux habitants de venir échanger et visiter l'élevage. Il a refusé la demande de rencontre de « Splann ! » et n'a pas répondu à nos questions.

Au moment de l’enquête publique du printemps 2022, l’exploitant a distribué un tract dans les boîtes aux lettres des Landuvéziens intitulé « Philippe Bizien relève le défi ». Il y proposait aux habitants de venir échanger et visiter l’élevage. Il a refusé la demande de rencontre de « Splann ! » et n’a pas répondu à nos questions.

L’exploitant fait ainsi figure d’exemple pour une filière qui se concentre très rapidement. Entre 2000 et 2019, le nombre de porcheries s’est réduit d’un tiers en Bretagne, tandis que le cheptel ne baissait que de 6 %.

Un environnement dégradé

Habitant d’une commune voisine, Laurent Le Berre, professeur de technologie en collège, a passé son adolescence à faire du surf à Penfoul, plage située sur la commune de Landunvez. Le site au sable fin blanc et aux eaux turquoises est digne des Caraïbes quand il fait beau « mais devient marron quand il pleut ». Dans les années 2010, Laurent commence à « remonter les ruisseaux pour comprendre d’où vient la pollution ». Il constate que les terres alentours, où sont épandus les lisiers, sont lessivées par les pluies, et que les rivières charrient des cocktails de terre, nitrates, pesticides et bactéries fécales dans la mer.

Aujourd’hui, la plage du Château à Landunvez est interdite à la baignade de façon permanente pour raison sanitaire. Celles de Gwisselier et de Penfoul ont fait l’objet d’un arrêté d’interdiction en juin 2022. À cette période, la concentration en bactéries fécales Escherichia Coli dans les eaux de cette dernière était 15 fois plus élevée que la valeur limite bon/moyen, selon les analyses de l’agence régionale de santé (ARS Bretagne). Or ces trois plages sont alimentées par des rivières qui traversent, entre autres exploitations, les terres d’épandage de lisier de la porcherie Avel vor. Laurent Le Berre, devenu président de l’association pour la protection et la promotion de la côte des Légendes (APPCL), comme d’autres militants pour l’environnement, pointe du doigt la responsabilité de l’élevage intensif.

Un ruisseau marron se jette sur la plage de la Penfoul, en décembre 2021. Crédits APPCL

L’éleveur, qui rejette les accusations et se dit ouvert au dialogue a refusé de répondre à nos questions. « Si vous souhaitez plus de renseignements sur la filière je vous conseille de vous rapprocher de la chambre d’agriculture », nous a-t-il rétorqué lorsque nous l’avons sollicité en avril dernier pour une rencontre. Depuis, nous lui avons envoyé par courriel à plusieurs reprises une liste de questions, qui sont restées lettre morte.

Des autorités environnementales peu écoutées

La MRAE (mission régionale de l’autorité environnementale), dès 2015, critique vivement le projet d’extension porté par Philippe Bizien, dont les conséquences sur les ruisseaux, les zones humides, et la qualité de l’air sont à ses yeux « insuffisamment étayé[es] ». L’année suivante, un rapport d’enquête publique se conclut par un avis défavorable au projet pour les mêmes raisons. Il précise que, déjà dans sa dimension actuelle, les installations de la SARL Avel vor produisent « des gênes relatives à de nombreuses nuisances ».

La porcherie Avel vor et ses zones humides, en novembre 2019. Crédits APPCL

L’enquête publique est une procédure déclenchée par le préfet lorsqu’une installation industrielle est susceptible d’affecter l’environnement. « Ça s’appelle la démocratie participative. C’est la dernière chance pour les citoyens de faire entendre la raison face à une technocratie trop sûre d’elle », défend Dominique Rémy, magistrat délégué aux enquêtes publiques au tribunal administratif de Rennes.

Quelques mois plus tard, le 29 mars 2016, Michel T., un salarié expérimenté, meurt au sein d’Avel vor, broyé par la machine servant à fabriquer l’aliment des porcs. En avril 2022, la société sera reconnue coupable d’homicide involontaire et Philippe Bizien de négligence concernant la sécurité des salariés. L’exploitant n’a pas fait appel. La famille est en procédure auprès du pôle social du tribunal judiciaire de Brest en vue d’obtenir la reconnaissance de la faute inexcusable de l’employeur.

Malgré l’avis défavorable du commissaire-enquêteur, et malgré l’accident tragique survenu trois jours plus tôt, le préfet du Finistère Jean-Luc Videlaine accorde le 1er avril 2016, son autorisation au projet d’agrandissement d’Avel vor. Interrogée par courriel, puis par téléphone, depuis le 1er juillet 2022, la préfecture du Finistère n’a pas répondu à nos questions et n’a pas souhaité expliquer les raisons de son silence. Interrogée sur ces points, la préfecture du Finistère, dont la réponse a pris trois semaines, est laconique : « Nous ne communiquons pas sur des dossiers qui font l’objet de procédures devant la justice. »

L’ancien commissaire non renouvelé

Contacté par Splann !, Alain Gérault, le commissaire-enquêteur de 2016, réagit à l’autorisation accordée au projet d’agrandissement : « Notre avis n’est que consultatif, la préfecture a le droit de ne pas le suivre. Mais après dix ans de carrière, c’est la première fois que ça m’arrivait. » En sus, il explique ne pas avoir été renouvelé dans sa fonction de commissaire-enquêteur, l’année qui a suivi cette enquête.

Aucune explication ne lui a été fournie par la commission départementale d’aptitude. Il se souvient avoir ressenti « une forte tension lors de l’enquête publique ». « Des élus municipaux se prononçaient contre le projet et des riverains déclaraient qu’ils allaient engager des recours, raconte-t-il. Quant au maire [Jean Helies, ex-premier adjoint de Jean-Michel Bizien ayant pris sa succession en 2014], il n’est jamais venu me saluer. Durant mes précédentes enquêtes, j’ai pourtant toujours été accueilli par le représentant de l’autorité municipale. J’ai compris que j’avais affaire à un dossier hautement politique, le porteur de projet étant le président du comité régional porcin, et aussi l’un des plus gros employeurs du village. »

Jean Helies, contacté par téléphone, reconnaît ne pas être venu voir le commissaire-enquêteur. Selon lui, il n’a simplement pas « été informé par ses services des horaires de venue en mairie du commissaire ». Favorable au projet d’extension, il raconte avoir convié le sous-préfet à visiter Avel vor, ce qui leur a permis de constater ensemble que « l’usine est très bien équipée et ne rejette rien dans la rivière ».

Alain Gérault disparaît donc du paysage des commissaires-enquêteurs bretons en 2016, tandis que l’extension d’Avel vor est réalisée la même année.

Des jugements sans effet

Eau et rivières de Bretagne et l’association Avenir et environnement en pays d’Iroise (AEPI) rédigent aussitôt un recours contre l’arrêté préfectoral d’autorisation. Elles sont rejointes par l’APPCL de Laurent Le Berre.

Le tribunal administratif de Rennes, en 2019, tranche en leur faveur. Étant données « les omissions affectant l’étude d’impact » du dossier proposé par la SARL Avel vor, l’arrêté du préfet est annulé. La cour d’appel de Nantes confirme ce jugement en 2021.

190411 - Splann ! TA Rennes AAEPI et Eau et Rivières contre Avel Vor Landunvez stylisé

Le préfet Philippe Mahé accorde malgré tout une autorisation provisoire à Avel vor, assortie de conditions dont la soumission d’une nouvelle demande d’autorisation. Une deuxième enquête publique, étape nécessaire à la régularisation de la porcherie, est donc organisée début 2022.

« Vous avez vu qui est le pétitionnaire [Philippe Bizien, NDLR] ? Il a tout de même une superficie politico-sociale importante », réagit Dominique Rémy, qui avait appelé le tribunal administratif à annuler l’arrêté, en tant que rapporteur public. « De toute façon, en matière d’ICPE agricoles [installations classées pour l’environnement], les préfets ont du mal à rendre des avis défavorables, car derrière il y a l’économie agricole », glisse-t-il.

Le vendredi 1er avril 2022, masques sur le nez, regards tournés vers l’écran, une soixantaine de Landunvéziens sont réunis dans la salle municipale du Triskell. Les associations environnementales sorties victorieuses des recours administratifs, ont pris l’initiative de cette réunion. Elles déclarent craindre un avis partial du commissaire-enquêteur, Jacques Soubigou, officier de gendarmerie à la retraite, chargé de mener la seconde enquête publique.

En 2012, à l’issue de son enquête sur le projet de centre de formation du Stade brestois, il n’a pas mentionné la présence d’une espèce protégée sur le site. Quelques années plus tard, il contribue à un rapport d’enquête publique donnant un avis favorable au très contesté projet de centrale à gaz de Landivisiau, en ignorant des avis critiques selon Mediapart. Plus récemment, Jacques Soubigou a également approuvé l’extension d’une porcherie membre du groupement de producteurs dirigée par Philippe Bizien, à Plouarzel, malgré un avis défavorable du parc naturel marin d’Iroise.

Pourquoi a-t-il été choisi pour mener l’enquête publique sur le dossier Avel vor ? Le magistrat Dominique Rémy explique qu’il n’y a aucune raison précise : « On a un vivier de commissaires-enquêteurs dans lequel on puise de façon aléatoire, afin que tout le monde fasse deux ou trois enquêtes par an. On prend aussi en compte la proximité géographique. » Concernant le dossier de Jacques Soubigou, « je ne dirai pas ce que j’en ai pensé » commente-t-il, confiant toutefois vouloir faire « la chasse aux anciens gendarmes et aux anciens de la DDE [Direction départementale de l’équipement]. Ils n’ont pas assez l’esprit critique, ils ont trop de difficultés à rompre avec leur administration d’origine. » Pourtant, contrairement à Alain Gérault, Jacques Soubigou est renouvelé dans ses fonctions de commissaire-enquêteur depuis plus de 10 ans.

La dimension politique du dossier, absente

C’est le 28 mai 2022 que Jacques Soubigou, le commissaire-enquêteur, remet ses conclusions sur l’extension d’Avel vor, au préfet Philippe Mahé. Son rapport montre que la fréquentation du public est allée crescendo au fil des cinq demi-journées de sa permanence. Le dernier jour, quatre personnes ont même dû être reçues simultanément. D’après les associations, d’autres ont quitté la file, « lasses d’attendre dans une ambiance tendue, debout devant le sas ».

Pourtant, Jacques Soubigou estime qu’avec 31 visites, 259 courriels et une pétition de 3.298 signatures, « la population locale s’est moyennement intéressée au projet soumis à l’enquête ». Dominique Rémy, délégué aux enquêtes publiques depuis 2011 au tribunal administratif de Rennes, donne un tout autre aperçu de la réalité : « Dans la grande majorité des enquêtes publiques en Bretagne, il y a très peu d’observations du public, même pas dix par dossier. »

Le commissaire-enquêteur omet de mentionner la réunion publique du 1er avril, qui a réuni 60 personnes, ainsi que les avis déposés par deux élues. Nous avons pu vérifier que la conseillère communautaire du pays d’Iroise Armelle Jaouen et la maire de Lanrivoaré, Pascale André, ont chacune signé une contribution en précisant leur fonction. La première contre la régularisation et la seconde en sa faveur. Pourtant, Jacques Soubigou indique dans ses conclusions qu’« aucun élu ou groupe politique » n’a pris part à la consultation.

Simple oubli ou volonté de minimiser la portée politique du dossier ? Contacté par téléphone, le rédacteur du rapport fait valoir son devoir de réserve et s’abstient de répondre à nos questions.

Les algues vertes, c’est les autres…

Sur le fond du dossier, la remise en cause du consensus scientifique sur l’origine agricole des marées vertes jette le trouble sur les intentions ou les connaissances du commissaire. « Les problèmes de pollution (algues vertes) qui sont constatées sur le littoral immédiat peuvent être rapprochés également des problèmes du traitement des eaux usées de l’habitant… Problème en cours de résolution, signifié par les élus », écrit-il. Or ce discours est exactement celui tenu jusque dans les années 2010 par les services de communication du secteur agro-industriel pour semer le doute sur la responsabilité écrasante de l’élevage intensif ; discours vivement critiqué dans un rapport interministériel en 2012.

220522 - Splann ! Avel Vor Conclusions et avis du commissaire enquêteur 2022 algues vertes stylisé

Ces propos font rire jaune Laurent Le Berre. Le président de l’APPCL souligne que la plupart des eaux de Landunvez sont traitées par une station d’épuration située à Porspoder dont l’éventuel trop-plein ne s’écoule pas dans le bassin versant atteignant les plages de Landunvez.

Le commissaire-enquêteur a au moins le mérite de la constance. Son commentaire laconique et peu renseigné est un copier-coller de la conclusion de son enquête sur l’extension du GAEC de Kerascot, à Plouarzel. Interrogé sur ces points par Splann !, le commissaire-enquêteur n’a pas souhaité livrer son point de vue.

Les effets de cumuls, l’élément-clé balayé

D’autres carences pointées par l’Autorité environnementale souffrent d’un manque flagrant de réponse. Au sujet des émissions d’ammoniac, la MRAE relève en 2021 que « le risque d’effet cumulé avec les élevages voisins ne peut raisonnablement pas être évalué comme faible, contrairement à ce qui est indiqué dans le dossier [produit par l’éleveur] ».

210202 - Splann ! MRAe Avel Vor Avis régularisation élevage porcin Landunvez stylisé

Tout porteur de projet doit en effet prendre en compte la densité d’élevages sur son territoire. C’est une obligation prévue par le Code de l’environnement pour prévenir les dégâts éventuels sur la santé. Les retombées ammoniacales autour des bâtiments et des lieux d’épandage participent à l’eutrophisation des milieux naturels. Elles augmentent le risque de maladies respiratoires chez ceux qui les respirent. Gaz précurseur de particules très fines (PM 2.5), l’ammoniac émis par les élevages bretons se combine aussi avec des poussières pour former des particules fines, responsables de 48.000 morts prématurées dans l’Hexagone, chaque année, selon Santé publique France.

Or, la porcherie de Philippe Bizien trône au cœur d’une véritable ceinture du cochon. Landunvez et les trois communes limitrophes comptent à elles seules 22 élevages pour plus de 56.000 animaux équivalents, au sein d’un territoire, le Finistère, dont la concentration d’élevages porcins est l’une des plus importantes d’Europe. Un état de fait préoccupant balayé en trois lignes par Jacques Soubigou. « Il n’y a pas de projet en cours dans le rayon d’affichage, écrit le commissaire-enquêteur. Le projet […] n’a pas d’impact cumulé avec d’autres projets et les éléments nécessaires à déterminer d’éventuels effets cumulés avec les élevages environnants déjà existants ne sont pas communiqués ou communicables… ».

Une affirmation étonnante puisque les émissions d’ammoniac déclarés par les grands élevages de porcs sont en accès libre sur internet, comme l’avait montré l’enquête de Splann ! publiée en juin 2021. Impossible d’obtenir des explications auprès de Jacques Soubigou, qui, par téléphone, nous a simplement dit « écrivez ce que vous voulez ! » avant de raccrocher.

Finalement, le commissaire émet une réserve. Il demande le rehaussement d’un talus, afin d’éviter tout risque d’accident en cas d’écoulement des cuves à lisier. Travaux que le porteur de projet s’est engagé à réaliser « au plus tard avant la fin de l’année 2022 ».

Déni de démocratie environnementale

Malgré ces différents biais, l’avis favorable de Jacques Soubigou, prépare le terrain à la régularisation du projet.

Avant d’atterrir sur le bureau du préfet du Finistère, le dossier sera présenté dans une instance peu connue : le Coderst, Comité départemental de l’environnement et des risques sanitaires et technologiques. Il comprend 26 membres, dont sept représentants des services de l’État, trois représentants des filières concernées (on y trouve par exemple Dominique Ciccone, directeur général du géant de l’agro-alimentaire Eureden), cinq élus, et seulement trois associations.

Parmi les élus, Splann ! a pu constater qu’au moins la moitié travaillaient pour le secteur agro-industriel. Gilles Mounier, vice-président du conseil départemental du Finistère, était cadre à Evel Up (poste qu’il a quitté récemment), la coopérative porcine présidée par Philippe Bizien. Sa déclaration à la Haute autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP) nous apprend en outre que son épouse y est aujourd’hui salariée, en charge de la communication. Son remplaçant n’est autre que le maire de Landunvez, Christophe Colin, lui aussi cadre de l’agro-alimentaire chez Tromelin nutrition. Enfin, Marie-Christine Lainez est conseillère départementale et gérante d’exploitation porcine sur la commune de Plourin, limitrophe de Landunvez.

Avec un tel casting, peu de doutes subsistent sur le vote favorable du Coderst au projet d’extension d’Avel vor, qui ouvrira la voie au sésame délivré par le préfet. Ultime étape achevant de mettre en évidence l’impuissance des contre-pouvoir légaux et de la démocratie environnementale locale dans ce dossier. La justice condamne, l’enquête publique est fallacieuse, mais la préfecture peut malgré tout régulariser. « C’est un parcours kafkaïen pour les défenseurs l’environnement », se désole le juriste Brieuc Le Roch, qui se prépare à déposer un nouveau recours en cas de régularisation au nom d’Eau et rivières de Bretagne. Même s’il sait qu’en cas de jugement en faveur des associations, rien n’empêchera le préfet de prendre un énième arrêté préfectoral d’autorisation.

Le cas de Landunvez n’apparaît pas isolé, comme le montre notre carte interactive, pourtant loin d’être exhaustive. Bien d’autres grands projets agricoles et agro-alimentaires finissent par obtenir les autorisations nécessaires, en dépit d’enquêtes bâclées, d’avis défavorables et même d’annulations devant les tribunaux.

Aux yeux d’Antoine Gatet, enseignant-chercheur en droit de l’environnement à l’université de Limoges et vice-président de France nature environnement, si des projets biocides ou climaticides ont pu être annulés c’est uniquement quand, en parallèle des recours formés par des associations, des citoyens se mobilisent, signent des pétitions, organisent des réunions publiques, voire entravent les travaux.

« Les recours en justice sont importants car ils légitiment le combat du côté de la légalité, mais la mobilisation est décisive, appuie l’universitaire. Les projets ne se font pas quand les banques ne suivent plus le porteur de projet. Cela arrive quand les travaux sont ralentis, et qu’il risque de ne pas pouvoir lancer son plan d’exploitation comme prévu. Il faut un croisement des luttes. La lutte juridique n’est complète que si localement il y a un engagement des populations, et qu’elles disent “on ne laissera pas faire ». »

Boîte noire

Au cours de notre enquête, nous avons contacté tous les acteurs clés de ce dossier. Malgré nos relances, l’éleveur Philippe Bizien, le commissaire-enquêteur Jacques Soubigou, le maire Landunvez Christophe Colin et la préfecture du Finistère ont refusé de répondre à nos questions. Manifestement, certains protagonistes choisissent leurs médias ou préfèrent se taire, au mépris du droit de savoir consubstantiel de la démocratie.

Vous pourrez télécharger ci-dessous les questions que nous leur avons envoyées.

Avis d’élues passés à la trappe

Armelle Jaouen, conseillère communautaire du pais d’Iroise (défavorable au projet), et Pascale André, maire de Lanrivoaré (favorable), ont chacune déposé un avis en faisant valoir leur qualité d’élue lors de l’enquête publique sur la régularisation de l’élevage Avel vor, en 2022. Pourtant, Jacques Soubigou indique dans ses conclusions « qu’« aucun élu ou groupe politique » n’a pris part à la consultation.

« J’ai été très étonnée et énervée quand j’ai vu qu’il mentionnait qu’il n’y avait aucune contribution d’élu », réagit Armelle Jaouen, autrice d’un argumentaire d’une dizaine de pages. Interrogée également par Splann ! la première édile de Lanrivoaré admet découvrir la situation. Celle qui est aussi vice-présidente communautaire en charge de l’économie compte bien « poser des questions, pour essayer de comprendre la raison de cette absence ».

La Rédaction de Splann !



En savoir plus sur l’association de défense « Avenir et environnement en Pays d’Iroise » via son site internet

Landunvez et l’élevage porcin : la lune de miel continue : Courageusement, à bulletin secret et à huis clos, le conseil municipal de Landunvez vote pour le projet Avel Vor !

On connaît la proximité traditionnelle du conseil municipal de Landunvez avec l’élevage industriel. Dirigée pendant plus de 20 ans par Jean-Michel Bizien (à la fois maire et dirigeant de la Porcherie Avel Vor), la commune l’est encore aujourd’hui par un représentant de ce secteur (Christophe Colin, cadre d’une entreprise qui produit de la nourriture animale), et le conseil municipal compte une forte proportion de sympathisants de l’élevage intensif. Le porc et Landunvez, c’est une grande histoire d’amour, et on n’aurait donc pas compris que ce conseil municipal puisse voter contre Avel Vor, projet emblématique pour l’élevage industriel porcin sur le Finistère.

Projet emblématique par sa taille ; mais aussi emblématique pour le secteur car il symbolise « le progrès » (grossir toujours plus en absorbant les petites exploitations) ; emblématique parce que Philippe Bizien n’est pas seulement l’héritier d’une dynastie familiale d’agriculteurs locaux devenus industriels, mais aussi le dirigeant d’Evel Up, une des principales coopératives porcines de Bretagne ; emblématique enfin, car ce projet qui s’assoit sur deux décisions de justice successives symbolise bien la soumission de l’Etat à un secteur économique tout-puissant sur notre territoire.

Même si par hasard elle l’avait voulu, on comprend bien aussi qu’il aurait été difficile à Landunvez, petite commune ultra minoritaire au conseil communautaire, de s’opposer à un projet soutenu par les poids lourds de la CCPI (Giles Mounier, maire de St Renan et vice-président du conseil départemental, et naguère encore employé de Philippe Bizien ; Marguerite Lamour, maire de Ploudalmézeau, vice-présidente de la CCPI … et précieuse alliée du secteur porcin depuis plusieurs décennies, etc.) au risque sinon de perdre l’accès à des ressources financières que la communauté de communes contrôle complètement.

Cette menace devrait suffire à garantir que les autres communes concernées vont aussi soutenir un projet auquel aucune voix locale ne doit manquer, celles qui sont déjà acquises à l’élevage intensif (Ploudalmézeau, Plourin ou Brélès), comme celles qui n’ont pas trop le choix (Porspoder).
A côté de cela, on comprend bien enfin que les avis exprimés par les citoyens de Landunvez (pourtant essentiellement défavorables à la porcherie, à part ceux des proches de Philippe Bizien) ne comptent pas beaucoup, d’autant qu’il s’agit pour l’essentiel d’avis de privilégiés qui devraient être bien contents qu’on les autorise à profiter des beautés du territoire (même s’ils doivent un peu se boucher le nez, mais c’est la campagne, n’est-ce pas ?) et à payer leurs impôts locaux, seule ressource de leur commune, sans pour autant être invité à se mêler des affaires locales, restons prudents !

Le cœur et le portefeuille étant du même côté, le vote du conseil municipal ne faisait donc aucun doute ; mais c’est la manière que l’on peut quand même admirer.
C’est en effet toujours ennuyeux, devant des concitoyens donc majoritairement réservés ou défavorables, mais qui sont hélas aussi de temps à autre des électeurs, de devoir assumer une décision dont on sait qu’elle risque de ne pas être très consensuelle… Mais comment faire pour qu’un vote soit quasiment unanime sans qu’on sache qui a voté pour ?

Eh bien il y a une vieille recette qui marche toujours : votons à bulletin secret… à l’unanimité, mais moins une voix ! Aucun risque d’être attaqué personnellement sur ce vote, puisqu’on peut toujours prétendre être celui qui a voté contre…

L’anonymat, c’est apparemment la recette courageusement choisie par le maire de Landunvez.
En tant qu’électeurs, nous aimerions pourtant bien que les élus qui ont voté pour ce projet le fassent savoir : que risquent-ils, puisqu’ils représentent légitimement les citoyens et qu’ils sont issus d’une liste unique ?
Et ça nous aiderait bien lors des prochains votes …

Le Conseil d’administration de l’AEPI … à huis clos !
Landunvez le 7 mai 2022


Porcherie de Landunvez : le commissaire-enquêteur favorable à la régularisation

Un article signé David Cormier dans Le Télégramme du 15 juillet 2022

L’extension de la porcherie Avel Vor, à Landunvez, est soumise à autorisation préfectorale. Le commissaire-enquêteur a rendu un avis favorable, avec une réserve et une recommandation.
L’extension de la porcherie Avel Vor, à Landunvez, est soumise à autorisation préfectorale. Le commissaire-enquêteur a rendu un avis favorable, avec une réserve et une recommandation. (Photo d’archives, Le Télégramme/David Cormier)

Une enquête publique a eu lieu au printemps 2022 pour régulariser l’extension de la porcherie Avel Vor à Landunvez. Le commissaire enquêteur y est favorable, ajoutant une réserve et une recommandation. Le préfet va sans doute embrayer.

Cette fois, c’est oui. Le commissaire enquêteur chargé d’évaluer le dossier d’extension de l’activité (de 675 à 850 truies) de la porcherie Avel Vor, à Landunvez, a rendu son rapport le 28 mai 2022. Il est consultable sur internet. Il est favorable, contrairement à son prédécesseur, en 2016. Le préfet de l’époque l’avait pourtant validé. Il était alors question de produire 12 000 porcs deux fois l’an.

Attaquée devant le tribunal administratif par des associations de défense de l’environnement, l’autorisation préfectorale d’extension avait été annulée, en mai 2019, pour insuffisance de l’étude d’impact soumise à l’enquête publique. Même chose en appel, en novembre 2021. Le préfet avait alors accordé une dérogation provisoire, et enjoint l’exploitant, Philippe Bizien, à demander une nouvelle autorisation, soulignant que « l’extension réalisée a permis d’améliorer la sécurisation du site s’agissant des risques de pollution au lisier et de limiter les dégagements gazeux grâce à la couverture de trois fosses extérieures ». Une nouvelle enquête publique a donc eu lieu pour régulariser les travaux déjà réalisés.

Il manque un talus de protection

Au terme des 28 pages qui égrènent les différents aspects et points de vue, le commissaire-enquêteur émet « un avis favorable à la poursuite de la procédure de demande d’autorisation environnementale ». Avec toutefois une réserve : la visite du site lui a permis de « constater, à hauteur du pont-bascule, une insuffisance de talus de protection des risques d’écoulement des eaux pluviales (pouvant être polluées) ou d’un accident d’écoulement des cuves à lisiers sises à proximité vers la lagune en contrebas ».

« Le porteur de projet », poursuit-il, « reconnaît qu’un risque éventuel persiste au niveau du pont-bascule. Le talus est en projet et il s’engage à être réalisé dans les meilleurs délais et au plus tard avant la fin de l’année 2022 ». Nous avons sollicité cette semaine Philippe Bizien. Il indique que les travaux ont commencé et vont se terminer dans quelques semaines. « Nous l’avions déjà prévu après un diagnostic de risques, il y a quelques mois ».

Il est conseillé de communiquer

Par ailleurs, le commissaire-enquêteur formule une recommandation. « Dans la population, des interrogations demeurent, sur les suivis qui seront menés en cours d’exploitation, pour la sécurité, la protection de l’environnement et de la population (analyse d’ammoniac rejeté, taux de phosphore dans le captage d’eau potable d’alimentation de l’élevage, qualité des eaux du ruisseau bordant l’élevage, communication publique des résultats des analyses, fréquence des analyses). Il appartient au porteur de projet de mettre en place un moyen de communication au public des résultats des mesures et analyses réalisées, en particulier sur les taux de phosphore dans le captage d’eau potable d’alimentation des animaux », conclut-il.

Sollicité, l’exploitant indique que « des choses existent déjà de la part de l’administration » mais qu’il va voir avec elle ce qui pourrait être mis en place.

En complément : Des associations outrées de l’avis favorable pour la grande porcherie de Landunvez

Plusieurs associations estiment que l’enquête publique concernant la régularisation de l’extension de la porcherie Avel Vor à Landunvez n’est pas équitable.

« Une enquête publique qui viole la justice et la démocratie ». Les mots sont forts. Les associations qui s’opposent à ce qu’ils appellent « l’usine à cochons » sont en colère. Le commissaire-enquêteur en charge de l’enquête publique du printemps 2022 a émis un avis favorable à la régularisation de l’extension de la porcherie Avel Vor, à Landunvez.

Constatant des manques importants dans l’information du public sur l’impact du projet, la justice avait annulé (et confirmé en appel) l’extension accordée par l’ancien préfet du Finistère, en 2016, malgré l’avis défavorable du commissaire-enquêteur de l’époque.? Le préfet actuel va sans doute suivre cet avis positif, après la nouvelle enquête publique et accepter la régularisation, les travaux ayant déjà été effectués depuis et des améliorations ayant été apportées.

Les associations attirent « l’attention sur les insuffisances de cette enquête publique manifestement conduite avec l’objectif de ne retenir que les éléments et les rares avis favorables au projet. Les associations saisissent la justice, la justice condamne, l’État régularise, les installations polluantes perdurent », fustigent-elles. Elles estiment que le commissaire-enquêteur a balayé d’un revers de main plus de 3 000 avis négatifs déposés sur une pétition en ligne, qui lui ont été transmis.

De nouveau devant la justice ?

Les associations (notamment AEPI, Avenir et environnement en Pays d’Iroise et APPCL, Association pour la protection et la promotion de la Côte-des-Légendes et Eau et Rivières de Bretagne) jugent que ces enquêtes publiques ne servent à rien d’autre qu’à valider les projets. Elles réfléchissent à porter de nouveau l’affaire devant la justice.

« Vu les antécédents judiciaires, c’est un dossier sensible et c’est sans doute un commissaire-enquêteur expérimenté qui a été nommé », estime un observateur avisé de ces procédures. De fait, l’ancien officier de gendarmerie Jacques Soubigou a déjà œuvré, entre autres, sur la centrale au gaz de Landivisiau. Il fait d’ailleurs mention rapide à plusieurs reprises, dans son rapport, des milliers d’avis négatifs observés, fait part des inquiétudes et demande à l’exploitant, Philippe Bizien, de mieux informer le public.

L’exploitant y voit du harcèlement

Contacté, l’exploitant voit dans le comportement des associations « un harcèlement. C’est très pénible, surtout pour les salariés qui pensent, comme moi, qu’on fait bien notre métier ! Personne n’avait compris l’avis négatif du premier commissaire-enquêteur », assure-t-il. « Je préférerais qu’il y ait du dialogue ».

L’ exploitant assure que la porcherie ne polluera pas plus, grâce à sa station de traitement du lisier. Une vidéo de 1’07 » signée David Cormier …


Porcherie Avel Vor à Landunvez : une association apporte des précisions

Publié dans Le Télégramme du 22 juillet 2022

AEPI tient à préciser sa réaction à l’avis favorable du commissaire-enquêteur concernant la porcherie Avel Vor, à Landunvez, parue dans nos colonnes.
AEPI tient à préciser sa réaction à l’avis favorable du commissaire-enquêteur concernant la porcherie Avel Vor, à Landunvez, parue dans nos colonnes. (Photo Le Télégramme/David Cormier)

L’association Avenir et Environnement en Pays d’Iroise tient à apporter des précisions suite à notre article récent sur l’enquête publique concernant la porcherie Avel Vor, à Landunvez.

En réponse à notre article du 16 juillet 2022 concernant la demande de régularisation de l’extension de la porcherie Avel Vor, à Landunvez, donnant la réaction des associations à l’avis favorable donné par le commissaire-enquêteur, l’association AEPI (Avenir et environnement en Pays d’Iroise) tient à apporter cette réponse.

« Concernant les pétitions, AEPI tient à signaler que ce sont toutes les contributions des associations locales (soit des dizaines de pages argumentées et étayées) et non seulement les pétitions signées par des centaines d’internautes, qui ont été « omises » par le commissaire-enquêteur, lequel n’a retenu que la centaine d’avis favorables, peu argumentés et essentiellement issus du milieu agroalimentaire, et à ce jour aucune réponse n’a été apportée aux multiples questions posées lors des contributions des associations ou particuliers ».

« Nous soulignons aussi que nos associations, qui sont, elles, respectueuses de la loi, ne remettent absolument pas en cause le principe des enquêtes publiques, qui sont pour les citoyens quasiment la seule occasion d’intervenir dans les projets qui menacent l’environnement : c’est cette enquête publique en particulier que nous contestons, et ses multiples insuffisances et pratiques qui ont d’ailleurs été signalées au président du Tribunal administratif de Nantes, garant de l’indépendance du commissaire-enquêteur et des avis du public ».

Enfin, « en réponse à M. Bizien, auquel Le Télégramme donne le dernier mot, nous récusons l’accusation de « harcèlement », et nous considérons qu’il s’agit plutôt d’acharnement de sa part, s’agissant d’un projet dont l’autorisation a été annulée deux fois par la justice et dont l’écrasante majorité des avis exprimés lors de l’enquête publique demandait l’annulation ».


Dans le cadre du mouvement contre l’extension de la porcherie de Kerviel, Eric Lefin de Landunvez, expose les dangers d’une extension de la porcherie Sarl Avel Vor à Landunvez pour une production de 28 000 porcs par an.


A suivre …

Landunvez. Extension de la porcherie Avel Vor : les opposants ne baissent pas les bras

Un article publié dans l’Ouest France du
Mercredi 10 août 2022, à l’unanimité et avec beaucoup de ferveur, les membres de l’association Avenir et environnement en Pays d’Iroise (AEPI) ont voté l’introduction d’un recours, en cas de décision favorable du préfet, concernant le projet de mégaporcherie.

Les cent chaises prévues n’ont pas suffi pour accueillir le public nombreux.
Les cent chaises prévues n’ont pas suffi pour accueillir le public nombreux. | OUEST-FRANCE

Préoccupées par la qualité de leur environnement, près de deux cents personnes ont écouté, durant deux heures, les membres du conseil d’administration leur exposer l’avancement des différents dossiers.

Pollution à l’ammoniac

L’AEPI a fait part de son inquiétude à la mairie et de son souhait que des mesures soient prises. Selon eux, « à Landunvez, 33 tonnes d’ammoniac sont émises par an vers l’atmosphère, de façon non maîtrisable ». Or rajoutent-ils « s’il y a beaucoup de mesures urbaines, il y en a très peu en campagne ».

Gestion de l’eau potable, forages
Qualité, prix, rareté (fermeture de captages publics mais création de forages par des professionnels), gestion contestable par le SAGE (schéma d’aménagement et de gestion de l’eau) du Bas-Léon… « Ce sont là autant de sujets qui mériteraient un traitement encore plus complet », a souligné le trésorier, Nicolas d’Allens.

Refus d’extension de la porcherie Avel Vor
Acte fondateur de l’association, le sujet est plus que jamais d’actualité. « Alors que la cour administrative d’appel de Nantes avait confirmé l’annulation de l’autorisation d’extension de la porcherie industrielle, une nouvelle enquête publique a rendu un avis favorable », s’insurge Jacqueline Rolland, présidente de l’association. À l’unanimité, les adhérents décident, « en cas d’avis favorable du Préfet, d’introduire un nouveau recours devant le tribunal administratif ».

De nombreuses personnes ont pris le micro pour témoigner ou encore proposer leur aide. Parmi elles, Armelle Jaouen, conseillère communautaire et municipale (opposition) à Saint-Renan, qui estime que « plutôt que d’aller au tribunal pour un énième recours, ne vaudrait-il pas mieux réagir dès à présent, avant que le préfet ne prenne sa décision ».

Mais aussi …
Eaux de baignade, algues vertes, agriculture en Pays d’Iroise, rejet des eaux de la station d’épuration de Saint-Dénec à Porspoder sont autant de sujets qui ont eux aussi captivé l’assemblée.

Pour ceux qui n’ont pu assister à la réunion, tous les dossiers évoqués sont en ligne sur le site internet de l’association : avenirenvironnementpaysdiroise.com