Le rappeur brestois Reynz tourne un clip au Stade Francis-Le Blé …

Sa doudoune noire entrouverte fait ressortir le rouge de son maillot : celui du Stade Brestois. Le seul qui compte à ses yeux. En cette fin d’après-midi, il l’arbore fièrement en pénétrant sur la pelouse de Francis-Le Blé, face à des tribunes désertes. Le rappeur Reynz a réussi à réaliser l’un l’un de ses rêves de gosse :  se faire ouvrir le stade de son club fétiche pour tourner son dernier clip intitulé « 292 »

Un clip de 4’39 » réalisé par Pierre-Alphonse Hamann, produit par Rita et Marcel avec les Ultras du Stade Brestois 29 …!

Qui est Reynz, ce rappeur de Brest qui a tourné un clip avec les ultras à Francis-Le Blé?

Posé dans la surface, il enchaîne les couplets devant la tribune Quimper, garnie par les ultras. Pogo, fumigènes et mains levées. Lorsqu’il les a sollicités, par l’intermédiaire d’un de leurs leaders, les Ultras Brestois 1990 et les Celtic Ultras 2001 ont tout de suite répondu présent. « Ils ont kiffé le concept. Ça a été accueilli de manière super positive, même par les anciens », savoure le rappeur de 24 ans.

« Marcher sur la pelouse, ça m’a donné des frissons »

Plusieurs membres le connaissaient déjà, de plus ou moins loin. Certains étaient venus lui acheter en mains propres son projet précédent. D’autres avaient validé son morceau « 30-1 » (en référence au numéro de département du Finistère, le 29). Au départ, l’idée était de faire un cortège dans les rues de la ville. Mais la possibilité d’investir le stade a rapidement pris le dessus. Avec l’appui des supporters, les portes se sont déverrouillées sans difficulté.

« Quand les ultras veulent faire quelque chose, le club est souvent partant. Il y a de très bons rapports entre eux. Au final, ça a été beaucoup plus simple que ce que je pensais, témoigne Reynz, lui même abonné en tribune Arkéa depuis quelques années. C’était un truc de ouf. Arriver dans le stade vide et pouvoir marcher sur la pelouse, ça fait trop plaisir. Ça rend fier. Laisse tomber, ça m’a donné des frissons. »

Reynz
Reynz © Julien Garnier

« Gaëtan Charbonnier baigne dans la surface »

Avant d’allumer la caméra, il a tout de même fallu se mettre d’accord avec les responsables des associations. Pour que tout soit bien carré. « On a discuté en amont avec eux, explique l’artiste breton. Le monde ultra est très codifié donc on ne voulait pas faire des trucs qui n’allaient pas leur plaire. On leur a tout de suite proposer de chanter dans le clip, ça les a mis trop bien. Ils ont vu qu’on était à l’écoute et qu’on voulait faire quelque chose de sincère, ils étaient super chauds. »

Sous les yeux du chef de la sécurité de Francis-Le Blé, Reynz a alors déroulé ses punchlines ciselées, enveloppé dans la fumée rouge des torches. Avec quelques reférences de circonstances: « Gaëtan Charbonnier baigne dans la surface ». Mais l’euphorie générale a un peu compliqué les premiers rushs. « Quand ils se sont mis à chanter, je n’entendais plus mon son. Je ne pouvais pas faire mon playback, les prises étaient foirées (sourire). Du coup, on a mis l’enceinte directement dans ma poche pour que je puisse mieux gérer. »

Reynz
Reynz © Julien Garnier

Des premières années au soleil

Quelques heures plus tôt, la joyeuse bande avait arpenté la rue de Quimper, devant le stade, en partant de l’immeuble d’un ami, situé dans le quartier adjaçant. L’occasion d’un gros craquage de fumis dans l’avenue, privatisée avec l’accord de la mairie. Un tournage inoubliable pour Reynz, qui a toujours vécu à Brest. Enfin presque…

Natif de Toulon, dans le Var, ce fils de militaire a d’abord suivi les déplacements de son père (sympathisant de l’OL), engagé dans la marine nationale. Après un court passage par Tahiti (où est né son frère, de deux ans son cadet), il a débarqué tout jeune à la pointe de la Bretagne. C’est dans le quartier Saint-Marc, en centre-ville, qu’il a passé son enfance. Entre les églises, les murs gris et les falaises surplombant la mère d’Iroise, en bordure de l’Océan Atlantique.

« J’ai pris une grosse tarte avec Orelsan »

« C’est un petit village dans la ville où il y a beaucoup de vieux. On y foutait pas mal le bordel avec ma bande de potes », se souvient Reynz, qui a développé très tôt le goût de l’écriture: « J’écrivais des histoires avec ma grand-mère. Elle tapait ce que je disais et elle faisait les illustrations. » Attiré par les mots, il a obtenu son bac L, avant de venir à Paris pour suivre des études de lettres modernes à la Sorbonne. Mais il est vite revenu dans son fief pluvieux, où il a finalement lâché les cours pour devenir surveillant dans des lycées du secteur.

En parallèle, il a développé son amour du son. Après avoir découvert le rap à travers Skyrock et certains artistes comme Booba, il a élargi son horizon avec l’éclosion d’Orelsan, originaire de Caen: « Je me suis pris une grosse tarte en l’écoutant. Je me suis dit que n’importe qui pouvait faire du son, du moment que tu as des trucs à dire. Il n’y a pas forcément besoin de venir de banlieue ou d’avoir vécu des trucs de ouf. Juste l’ennui et les coins un peu pourris, ça suffit pour raconte de belles histoires. »

La première partie d’Alkpote en 2017

Sur ce plan-là, Brest représente un réservoir inépuisable, avec son mauvais temps et son architecture austère. Une matière mélancolique dont Reynz s’est servi pour affiner son style et son identité. Après avoir gratté ses premiers textes au collège, il s’est peu à peu rapproché de la scène underground locale. Jusqu’à rencontrer le groupe 187, les tauliers du coin, ou BFG (dont l’un des membres « Shanti Vibes » est devenu son ingénieur du son en tournée).

Mais tout a décollé pour lui en 2017, lorsqu’il s’est retrouvé sur scène en première partie d’Alkpote, puis de Cabaellero et Jeanjass. Un déclic pour le vainqueur 2020 du concours Bretagne de Buzz Booster (un événement visant à repérer les futurs talents de la scène rap), qui a enchaîné les concerts dans la région grâce au large réseau de son manager. Jusqu’à obtenir, il y a trois mois, son statut d’intermittent du spectacle. A quelques semaines de la sortie de son projet « Pluie volume 2 » (le 11 mars), il vit désormais de son art. Sans oublier sa passion pour le ballon rond.

Reynz
Reynz © Julien Garnier

Fan de Bruno Grougi

« Je viens de la ville de Gonazlo Higuain », rappelle-t-il dans l’un de ses textes (l’attaquant argentin est né à Brest en 1987, à l’époque où son père footballeur portait les couleurs du club). Reynz, lui, a usé ses premiers crampons à Plougastel-Daoulas. Une presqu’île située à 15km de Brest, réputée pour la qualité de ses fraises, où sa mère résidait. « Je suis un stoppeur plutôt rugueux, qui aime le duel. Une sorte de Brendan Chardonnet (l’actuel capitaine du Stade Brestois, ndlr) », s’amuse-t-il.

Aujourd’hui, il préfère donner de la voix pour soutenir son équipe favorite, dirigée par Michel Der Zakarian. Avec le souvenir ému de la montée en Ligue 1 en avril 2010, au terme d’une victoire 2-0 contre Tours. Sans oublier les frappes de Bruno Grougi ou les inspirations de Nolan Roux. S’il pouvait recruter le joueur de son choix pour la fin de saison? « Je dirais Kylian Mbappé, parce qu’il est trop fort ces derniers temps. Mais sinon, un retour de Franck Ribéry (qui est passé par Brest en 2003-2004, ndlr), ça me ferait trop kiffer! »

Alexandre Jaquin , Journaliste RMC Sport


Brest. Le rappeur Reynz tourne un clip au stade Francis-Le Blé

Pour son nouveau titre « 292 », le rappeur brestois a tourné une partie du clip vidéo dans l’antre du Stade Brestois. La vidéo a été publiée ce vendredi 18 février, à midi, sur YouTube.

Le rappeur brestois Reynz devant les Ultras du Stade Brestois, à Francis-Le Blé.
Le rappeur brestois Reynz devant les Ultras du Stade Brestois, à Francis-Le Blé. | OUEST-FRANCE

Maillot du SB29 sur le dos, le rappeur Reynz a tourné un clip à Francis-Le Blé, accompagné des Celtic Ultras 2001 et Ultras brestois 1990 en tribune. De Brest-même, l’artiste a traversé la pelouse du stade pour les besoins de son nouveau clip 292, en référence à 29 200, code postal de la ville. Ce titre est le deuxième single de son futur EP, Pluie volume 2, qui est annoncé pour le 11 mars prochain.

« Un rêve de gosse »

Le clip, en noir et blanc, isole la couleur rouge du maillot domicile et des fumigènes pour créer le contraste. À la fin du morceau, le rappeur se tourne face aux ultras brestois pour chanter avec eux. J’étais avec eux en tribune Quimper au dernier match, où l’on bat 5-1 Troyes, souligne le rappeur.

Avant de poursuivre : Je suis un fidèle supporter, je vais au stade avec mon père depuis que je suis petit. Ça ne m’aurait pas intéressé de faire ce clip simplement pour la posture. J’essaye, dans ma démarche artistique, de faire les choses sincèrement sinon ça n’a aucun sens.

Le rappeur Reynz face aux ultras brestois, pour le clip du titre « 292 ». | KARINE REYNAUD

Arrivé dans la ville du Finistère à l’âge de 6-7 ans, Reynz raconte avoir réalisé un rêve de gosse, lui qui, comme de nombreux autres jeunes brestois, rêvait plus jeune de fouler la pelouse de Francis-Le Blé.

Il a fallu s’organiser en amont. Nous avons d’abord contacté les ultras, j’en connais quelques-uns. Ensuite quand ils ont validé le projet et qu’ils étaient partants, ils nous ont donné le contact du chef de la sécurité, explique l’interprète de 30-1. Le club a très vite donné son accord et la boîte de production a dû régler les derniers détails, pour les fumigènes et l’éclairage du stade, avec la mairie.

Dans ce titre, le rappeur rend hommage à sa ville, la maison mère de l’orage, à l’ancien brestois Gaétan Charbonnier, mais également à sa météo pluvieuse, thème utilisé pour le nom de sa série d’EP.


 

Le rappeur Reynz met Brest et ses soirées arrosées à l’honneur dans ses textes

L’artiste Reynz aime sa ville. Ses textes de rap sont une ode à Brest, comme les images de ses clips. Il a sorti son deuxième EP et prépare déjà le prochain. Interview.

Reynz est en finale du Buzz Booster.
Reynz est en finale du Buzz Booster. (©Benjamin Lecomte)

Mercredi 18 novembre 2020, Reynz, rappeur de Brest, participera à la finale Buzz Booster, dispositif national de détection et de diffusion des musiques hip-hop, dont il avait remporté le concours régional. L’occasion de revenir sur le parcours du jeune homme de 23 ans, Pluie vol 1, disponible depuis le 29 septembre dernier sur toutes les plateformes de streaming.

Actu : Pouvez-vous revenir sur votre parcours dans le rap.

Reynz : J’ai commencé à écrire très tôt, vers 13-14 ans c’est devenu ma passion. J’ai commencé à dévoiler mon rap à Saint-Marc, je rappais derrière l’église.
Au début, je kiffais le rap new-yorkais, avec des groupes comme Mobb Deep. Après, j’ai apprécié le rap français, avec quelqu’un comme Orelsan. Il m’a donné un petit déclic et m’a fait prendre conscience que cette musique était accessible à tous, y compris aux classes moyennes. J’écoutais aussi Booba.

Actu : De quoi parliez-vous dans vos textes ?

Reynz : Un peu de la même chose que maintenant : de la rue, de la pluie, de l’amour, des femmes, des étoiles… J’abordais ces thèmes avec moins de percussions qu’aujourd’hui. J’essaie de faire ressortir l’atmosphère de la ville de façon poétique.
Du rap mélodique ? J’aime le rap qui rappe vraiment, mais aussi avoir des mélodies qui n’ont rien à voir avec le rap : j’écoute beaucoup Feu! Chatterton par exemple.

Actu : Le titre 30-1 de votre dernier EP est une ode à la ville de Brest.

Reynz : Oui, ainsi qu’aux nuits brestoises qui me manquent beaucoup en ce moment. J’avais envie de retranscrire ces fêtes d’ici qu’on ne voit pas ailleurs : ces soirées dans des appartements pourris, trop petits, ou dans les bars, ces traversées de la nuit où l’on est mouillés par la pluie, la tise dans des bouteilles d’eau…

Actu : Le clip de 30-1 a été tourné à différents endroits de la ville.

Reynz : Oui, il y a le centre, le centre socioculturel Horizons, le Vauban, la rive droite… Le but est que le clip parle aux Brestois et que les gens de l’extérieur puissent découvrir l’atmosphère de Brest. C’est une ville que j’aime profondément. J’y suis arrivé à l’âge de 6 ans.

Le Buzz Booster peut être un tremplin pour votre carrière.

Reynz : Après avoir remporté l’édition régionale, j’avais une dizaine de dates de prévues, tout a sauté. Le 30 octobre, veille des annonces du confinement, je devais jouer à La Carène, j’avais bien les boules.
La finale du Buzz Booster a été repoussée plein de fois. Là, les finalistes doivent jouer pas trop loin de chez eux pour un concert en vidéo. Le jury déterminera le vainqueur. C’est frustrant, je me demande ce qui se serait passé s’il n’y avait pas eu le Covid. Mais je ne m’arrête pas de travailler de toute façon. Pluie volume 2 est en préparation.