Dans la rue contre la Loi dite « Sécurité Globale »…

A Paris le 17 novembre 2020, la loi n’était pas votée que la police déjà l’appliquait … Le lendemain, le Ministre Darmanin invitait les journalistes à « se rapprocher » des autorités pour couvrir les manifs. 3 jours plus tard, l’Assemblée nationale votait la mesure la plus controversée de la proposition de loi « sécurité globale ». Ce samedi 21, plusieurs milliers de personnes manifestaient dans un climat tendu …

C’est quoi l’interdiction de filmer ? Une démonstration dans une vidéo de 2’23 » présentée par Valentine Oberti dans l’émission « A l’air libre » de  Médiapart , au lendemain de la manifestation parisienne du 17 novembre 2020 …

Darmanin invite les journalistes à « se rapprocher » des autorités pour couvrir les manifs

Lors d’un point presse place Beauvau, le ministre de l’Intérieur a fait une déclaration qui n’est pas passée inaperçue

Un article de Paul Guyonnet paru dans Le Huffingtonpost du 18 novembre 2020

LOI “SÉCURITÉ GLOBALE” – Gérald Darmanin vient de se mettre (encore un peu plus) une profession à dos. Ce mercredi 18 novembre, et alors que les dispositions contenues dans la proposition de loi “sécurité globale” font déjà hurler de nombreux journalistes, le ministre de l’Intérieur a effectivement commis une sortie qui pose question quant aux principes de la liberté de la presse.

À l’occasion du point presse mensuel qu’il donne désormais pour présenter l’action de son ministère, l’ancien maire de Tourcoing a évidemment été interrogé sur les événements de la veille et notamment les interpellations de plusieurs journalistes qui couvraient un rassemblement d’opposants au texte de loi porté par les députés LREM Alice Thourot et Jean-Michel Fauvergue.

Après qu’il lui a été rappelé qu’il avait été demandé aux reporters de se disperser en fin de manifestation, Gérald Darmanin a défendu l’action des forces de l’ordre et nié toute entrave au droit à l’information.

Et d’en arriver à la fameuse séquence polémique: ”Il y a un journaliste qui a fait savoir publiquement qu’il aurait été menacé d’être interpellé. Ce journaliste ne s’est pas rapproché de la préfecture de police de Paris pour couvrir cette manifestation contrairement à certains de ses collègues. Je rappelle donc que si des journalistes couvrent des manifestations, conformément au schéma de maintien de l’ordre, ils doivent se rapprocher des autorités -en l’occurrence ici le préfet de police de Paris- pour se signaler, pour être protégé par les forces de l’ordre, pour pouvoir être distingués (des manifestants, ndlr) et pour pouvoir rendre compte dans le cadre de son travail de journaliste.”


« Nous n’accréditerons pas nos journalistes pour couvrir les manifestations »

Une manifestation de Gilets jaunes à Paris le 12 septembre.
Une manifestation de Gilets jaunes à Paris le 12 septembre. (Sipa)

« Responsables de rédaction, nous nous inquiétons de la volonté du ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, de porter atteinte à la liberté de la presse dans le cadre des manifestations. La volonté exprimée d’assurer la protection des journalistes revient à encadrer et contrôler leur travail. Ce dispositif s’inscrit dans un contexte particulièrement inquiétant avec la proposition de loi sur la « sécurité globale » qui prévoit la restriction de la diffusion des images de policiers et de gendarmes.

Les journalistes n’ont pas à se rapprocher de la préfecture de police pour couvrir une manifestation. Il n’y a pas d’accréditation à avoir pour exercer librement notre métier sur la voie publique.

Nous refuserons, pour cette raison, d’accréditer nos journalistes pour couvrir les manifestations.

Nous réaffirmons notre attachement à la loi de 1881 sur la liberté de la presse et serons vigilants pour qu’elle soit préservée. »

* Les signataires : 20 Minutes, AFP, BFMTV, Le Canard enchaîné, Charlie Hebdo, CNews, Courrier international, Europe 1, les rédactions de France Télévisions, le HuffPost, La Croix, La Croix Hebdo, La Vie, LCI, Le JDD, Le Pèlerin, Les Echos, L’Express, Le Figaro, Le Figaro Magazine, Le Point, Le Monde, Le Parisien/Aujourd’hui en France, Libération, L’Obs, M6, Marianne, Mediapart, Paris Match, Politis, Slate, Télérama, les rédactions des antennes de Radio France, RMC, RTL, TF1, L’Alsace, Le Bien public, Le Dauphiné libéré, Les Dernières Nouvelles d’Alsace, L’Est républicain, Le Journal de Saône-et-Loire, Le Progrès, Le Républicain lorrain, Vosges Matin, la Nouvelle République du Centre-Ouest, Centre-Presse,  La Montagne, La République du Centre, L’Eveil de la Haute-Loire, L’Echo républicain, L’Yonne républicaine, Le Berry républicain, Le Populaire du Centre, Le Journal du Centre, Le Pays roannais, La Ruche, Le Régional de Cosne, La Gazette de Thiers, La Voix du Sancerrois, Le Courrier du Loiret, L’Eclaireur du Gâtinais, Le Journal de Gien, L’Eveil Hebdo, le Journal de la Haute-Marne, la Provence, la Marseillaise, Sud Ouest, La République des Pyrénées, L’Eclair, Charente libre, Dordogne libre.


Plusieurs milliers de personnes rassemblées en France contre la proposition de loi « sécurité globale »

L’article 24 du texte, adopté par l’Assemblée vendredi, concentre de très vives critiques, notamment de la part des journalistes, qui y voient de potentielles atteintes à la liberté d’informer.
Par

Manifestation contre la loi « sécurité globale » près du Trocadéro à Paris samedi 21 novembre.

« Même pas drone », « floutage de gueule ». Plusieurs rassemblements ont lieu, samedi 21 novembre, en France contre la proposition de loi dite de « sécurité globale » dont l’un des articles concentre de très vives critiques de la part des journalistes français, qui y voient un risque d’entrave à la liberté d’informer …


1 500 manifestants à Brest contre la loi « sécurité globale »

Environ 1 500 personnes ont répondu à l’appel de la Ligue des Droits de l’Homme et divers partis politiques, ce samedi 21 novembre après-midi, place de la Liberté à Brest.

La loi « Sécurité globale », votée vendredi soir, même amendée, était l’objet de leur mobilisation. Ils lui reprochent l’impossibilité de filmer les interventions policières et d’être ainsi liberticide. Bien que l’autorisation de la préfecture ne concernait qu’un rassemblement, comme rappelé au micro, la foule, quelques minutes après les discours, est allée défiler dans le centre-ville de Brest.

D’autres photos de la manif brestoise proposées sur leur facebook par :

Sylvie Beekandt  par ici …


 

 

 

et  Thierry Richard par là …

 


REPORTAGE. A Brest, succès de la manif « pour la liberté d’informer et de manifester »

Contre la loi Sécurité globale, les organisateurs s’attendaient à 300 personnes. Elles étaient plus d’un millier ce samedi 21 novembre 2020 à Brest, dont de nombreux jeunes ! Beaucoup s’inquiètent d’une dérive totalitaire du pouvoir et d’une menace pour la démocratie.

Ce samedi 21 novembre 2020, place de la Liberté, ils étaient 1 500 selon les organisateurs, 600 selon la police.
Ce samedi 21 novembre 2020, place de la Liberté, ils étaient 1 500 selon les organisateurs, 600 selon la police. | OUEST-FRANCE
 « C’est un succès ! sourit Olivier Cuzon, de la Ligue des droits de l’Homme. On ne s’attendait pas à voir autant de monde, et autant de jeunes. C’est un grand bol d’air démocratique ! » Le collectif d’associations, partis et syndicats à l’origine du rassemblement contre le projet de loi « Sécurité globale » escomptait 300 personnes. Mais, ce samedi 21 novembre 2020, place de la Liberté, ils étaient beaucoup plus nombreux : 1 500 selon les organisateurs, 600 selon la police.« On ne se laissera pas taire »

« On ne se laissera pas taire », « Pas vu pas pris », « Floutage de gueule »… est-il écrit sur les écriteaux… Après la prise de parole, le rassemblement s’est rapidement transformé en une manifestation improvisée dans les rues du centre-ville. Un cortège improbable en cette période de confinement et de Covid-19.

Mais un défilé bon enfant, emmenée par une irrésistible fanfare Invisible. Des chants de lutte ont résonné. Certains n’ont pas pu résister à quelques pas de danse.

Après la prise de parole, le rassemblement s’est rapidement transformé en une manifestation improvisée dans les rues du centre-ville. | OUEST-FRANCE

Les gestes barrières n’ont pas tous été respectés et les masques ne sont pas restés sur tous les visages… Mais la musique adoucit les mœurs et l’esprit est resté pacifique.

Policiers à distance

Même en passant devant la sous-préfecture ou devant le commissariat. Beaucoup scandaient « tout le monde déteste la police » mais il n’y a pas eu de débordements. La police est restée à distance, ne se montrant pas.

Un seul mot d’ordre : « Liberté ! » La défense de la liberté d’expression et de manifester qui seraient menacées par le projet de loi sur la Sécurité globale – adoptée par les députés vendredi 20 novembre – suscite beaucoup d’inquiétude.

Notamment il y a l’article 24 qui pénaliserait le fait de filmer des forces de l’ordre avec une intention malveillante, ce qui paraît « flou » aux manifestants. | OUEST-FRANCE

Notamment il y a l’article 24 qui pénaliserait le fait de filmer des forces de l’ordre avec une intention malveillante, qui paraît « flou » aux manifestants. Même l’amendement du gouvernement qui doit garantir la liberté de la presse, ne convainc pas.

« Le seul effet d’une telle disposition sera d’accroître le sentiment d’impunité des policiers violents et ainsi, de multiplier les violences commises illégalement contre les manifestants », estime la Ligue des droits de l’Homme.

« Menaces pour la démocratie »

« On a cette chance de vivre dans un pays où les gens peuvent encore manifester librement et les journalistes, faire leur travail d’informer. Avec cette loi, ça ne sera plus possible, assure Gurvan, 25 ans, diplômé en école de commerce, au chômage. C’est une menace pour la démocratie. Les gens auront peur d’aller manifester ».

Pour Gurvan, « C’est une menace pour la démocratie. Les gens auront peur d’aller manifester ». | OUEST-FRANCE

« On est inquiets. On craint une dérive totalitaire comme en Hongrie ou en Chine, avec une surveillance de masse de citoyens », expliquent Valentin et Manuel, 28 ans. « Avec l’épidémie de Covid et le terrorisme, les libertés fondamentales sont restreintes, ajoute Clarisse, 28 ans. On a peur que ces mesures d’exception deviennent la règle. »


En savoir plus sur la proposition de loi dite de « Sécurité globale » …

Filmer la police, un droit qui doit le rester…

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