Un cri d’amour pour « Mains d’œuvres »

Photo Jeanne Frank

Mains d’Œuvres, structure culturelle historique de la ville de Saint-Ouen est en conflit depuis plusieurs années avec le maire UDI de la ville, William Delannoy. Alors que la bataille juridique s’enlise, ce mardi 8 octobre à 8h du matin, des cordons de CRS ont expulsé salariés et artistes résidents de la friche. Un lieu « occupé sans droit ni titre » donc illégalement selon le communiqué de la mairie … 

Pour en savoir plus sur Mains d’Œuvres,
un clip vidéo de 1’35 » …

Mains d’Œuvres : que se passe-t-il réellement à Saint-Ouen ?

Difficile de parler de l’expulsion de Mains d’Œuvres sans raconter ce qu’il a réellement apporté à la ville et à ses habitants depuis sa création en 2001. « Lieu de création et de diffusion, de recherche et d’expérience destiné à accueillir des artistes de toutes disciplines, des démarches associatives et citoyennes« , Mains d’Œuvres est, avant tout, un espace de dialogue entre artistes, une friche aux Portes de Paris entièrement tournée vers son territoire. 

Un lieu de promotion du spectacle vivant qui ne ment pas sur ses engagements. Alors que de trop nombreux espaces culturels subventionnés évitent soigneusement de s’adresser à leur public, Mains d’Œuvres s’est engagé tout au long de son existence à promouvoir la culture à Saint-Ouen tout en créant de l’emploi. Selon les chiffres donnés par l’association, l’espace offrirait 25 emplois permanents et accueillerait 120 intermittents,  250 résidents, soit plus de  15 000 artistes depuis ses débuts.

Reste que la friche est nichée depuis 20 ans dans l’ancien centre sportif des usines Valeo… propriété d’une ville qui souhaite la reprendre pour construire un conservatoire municipal.

Pourquoi expulser Mains d’Œuvres après 20 ans ?

Mains d'oeuvres
© DR

Outre les divergences politiques, c’est un impayé qui est venu cristalliser les tensions entre le maire et l’association. « 237 000 euros » selon le communiqué de la mairie qui évoque un espace culturel déjà en redressement judiciaire en 2015. Il faut dire qu’en 2010, un incendie a détruit une partie du bâtiment du centre. Privée d’une partie de son espace, l’association a entamé des discussions pour réduire le coup du loyer ne correspondant plus aux termes du contrat de location. Bail que la mairie a décidé de ne plus renouveler à compter du 31 décembre 2017.

Depuis cette date, l’association multiplie les recours judiciaires  et les demandes de médiation afin d’éviter une expulsion. Alors que l’équipe de Mains d’Œuvres attendait un jugement en appel à venir en décembre prochain, le maire a décidé manu militari de l’expulsion de l’espace, le 8 octobre, sous une pluie battante. « Nous ne cherchons pas à nous opposer à une décision de justice, mais nous demandons le droit à être respecté.e.s, le droit à attendre la décision finale de la justice avec le résultat de l’appel ainsi que, dans le cas d’une décision en notre défaveur, le droit d’un temps nécessaire pour déménager et libérer les lieux dignement  » explique Juliette Bompoint, directrice de Mains d’Œuvres dans son communiqué.

Le 10 octobre, le ministre de la Culture, Frank Riester s’émouvait du sort de l’espace culturel. Dans un communiqué se voulant rassurant, il propose aux deux parties de réaliser une nouvelle médiation (oui, encore une) mais cette fois-ci sous l’égide du ministère de la Culture. On croise les doigts !

Source :   pour « A nous Paris.fr « 


Mains d’Œuvres, l’œuvre niée d’un «tiers lieux»

Par Michel Duffour et Fabrice Lextrait
Paru dans le Quotidien Libération du
Expulsion de Mains d’Œuvres par les forces de l’ordre à Saint-Ouen, mardi. Photo Stéphane Lagoutte. Myop pour Libération

Respectivement initiateur et rédacteur du «rapport Lextrait» sur les friches artistiques publié en 2001, Michel Duffour et Fabrice Lextrait s’inquiètent aujourd’hui des menaces qui pèseraient sur ces lieux alternatifs, après l’expulsion de l’association audonienne mardi par les forces de l’ordre.

Mardi, Julien Denormandie, ministre de la Cohésion des territoires et Franck Riester, ministre de la Culture, avaient promis de prendre soin et d’appuyer la consolidation et l’émergence des tiers-lieux et des nouvelles pratiques culturelles urbaines dans les territoires. Ne seraient-ce que des mots ? A quelles orientations gouvernementales a pu se référer le préfet de Seine-Saint-Denis en envoyant vers 8h30, les forces de l’ordre expulser les résidents du site artistique, Mains d’œuvres.

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Ouvert en 2001, sur le principe «d’un lieu de culture et d’innovation sociale», Mains d’Œuvres a démontré que l’on pouvait inventer de nouveaux territoires de l’art en cultivant une exigence artistique qui dépassait les principes de l’autonomie de l’art, en inventant d’autres rapports entre l’art et la société et en proposant que le travail des artistes s’inscrive dans des lieux ouverts associant les publics et croisant les disciplines.

«Bien commun»

Comment comprendre et comment accepter que fort de l’actif de Mains d’œuvres (350 événements par an, 250 artistes résidents, 40 000 usagers… et de multiples découvertes artistiques), l’Etat n’ait pas attendu que l’audience du jugement d’appel prévu pour le 3 décembre ait lieu ? Le maire de Saint-Ouen, William Delannoy, aurait-il promis l’installation d’une micro-folie associée à un conservatoire qu’il annonce sans aucune programmation budgétaire ? Sans plaisanterie, Mains d’Œuvres est l’un de ces lieux singuliers qui travaillent les nouvelles formes de production artistique et qui explorent les nouvelles économies.

Mains d’Œuvres est depuis vingt ans «un bien commun entretenu par et avec un collectif dans un cadre de confiance où des individus hétérogènes se réunissent pour travailler et explorer», en générant «un langage commun et réappropriable entre des mondes différents et parfois contradictoires». Mains d’œuvres est l’une de ces friches culturelles ou une approche intelligente de la gouvernance permet de cultiver le produit intérieur doux qui assure la reconnaissance de la valeur de différentes formes de richesses, culturelles, écologiques et sociales et ne peut être victime de la décision inique d’un élu.

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Mains d’Œuvres est l’un des tiers-lieux qui incarne en France la «culture du quotidien» d’André Gorz, avec des projets ou «les relations sociales favorisent le respect et l’entretien du bien commun». Malgré des conditions qui ont souvent été précaires, les fondateurs de Mains d’Œuvres, Fazette Bordage et Christophe Pasquet, et l’équipe actuelle dirigée par Juliette Bonpoint prouvent qu’il est possible que les tiers-lieux culturels soient fondés sur l’émergence, la créativité mais surtout sur la permanence artistique.

Aujourd’hui, notre responsabilité est bien sûr de s’élever contre cette expulsion mais elle est aussi de mesurer combien, partout en France, d’autres expériences sont affaiblies et menacées par une absence de reconnaissance et de moyens. L’instrumentalisation des occupations artistiques à tous les registres (de la sécurité au rayonnement) est la négation du rôle des artistes dans nos sociétés et le renoncement à l’importance de l’espace public dans notre époque. Mains d’Œuvres est l’une des expériences singulières qui doit être consolidée à Saint-Ouen afin qu’avec ses déploiements à Nanterre ou à Saint-Denis, nous puissions permettre une profonde évolution de la place de la culture dans nos sociétés.

Signataires :
Michel Duffour, secrétaire d’Etat de 2000 à 2002 au Patrimoine et à la Décentralisation culturelle, initiateur du rapport sur les nouveaux territoires de l’art
Fabrice Lextrait, auteur de «Friches, Fabriques… Une nouvelle époque de l’action culturelle» – La documentation française, 2001 et de «la Friche, terre de culture » – Sens & Tonka, 2017


En Live : la mobilisation s’organise pour sauver Mains d’œuvres.

Les salariés et les artistes de l’association culturelle Mains d’œuvres à Saint-Ouen ont eu la surprise, tôt le matin, d’être accueillis par des policiers et de trouver portes closes. La préfecture a fait appliquer un arrêté d’expulsion à la demande du maire UDI, William Delannoy, qui a aussi supprimé la fête des associations de la ville.


Saint-Ouen : forte mobilisation de soutien à Mains d’œuvres ce samedi 12 octobre …

La manifestation de soutien après l’évacuation mardi dernier du centre culturel Mains d’œuvres, a rassemblé ce samedi matin près de 400 personnes devant l’Hôtel de ville.

 Ce samedi, à Saint-Ouen. La manifestation de soutien après l’évacuation du centre culturel Mains d’œuvres, a très rapidement rassemblé près de 400 personnes devant la mairie.
Ce samedi, à Saint-Ouen. La manifestation de soutien après l’évacuation du centre culturel Mains d’œuvres, a très rapidement rassemblé près de 400 personnes devant la mairie. LP/M.Fr.

publié le 12 octobre 2019 à 12h59 dans Le Parisien.fr

Après l’expulsion, la mobilisation! La « grande fête de soutien à Mains d’œuvres » a démarré très fort, ce samedi matin. Près de 400 personnes se sont rassemblées devant la mairie de Saint-Ouen pour protester contre l’expulsion, mardi dernier, de ce centre culturel historique — « et ils sont plus de 6 000, dont de nombreux artistes, à avoir répondu à l’invitation sur l’événement Facebook », prévient la directrice du lieu, Juliette Bompoint…

Suite de l’article en ligne par ici …


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