« Nous sommes les survivants » par Christophe Miossec …

« Nous sommes les survivants
Nous sommes les rescapés
Nous sommes de ceux qui ne sont pas passés de loin à côté … »
Christophe Miossec chante le temps que nous n’avons plus :  celui « de regarder comme ça le niveau de l’eau monter », celui « d’attendre que l’orage soit passé ». « Même si sous la pluie on sait danser »… A Brest comme ailleurs, « On n’a plus le temps ! »

 

« Nous sommes »… Un titre court, aux contours lapidaires, l’art de la concision dans lequel Miossec excelle toujours, avec cette adresse à la fois collective et autobiographique, qui fait de lui le porteur décisif des états d’âme de sa génération, mais qui sait pertinemment toucher le cœur des hommes dans ce qu’il a de plus universel. ( Extrait France inter / 8 juin 2018 )

« On n’a plus le temps de regarder comme ça le niveau de l’eau monter
On n’a plus le temps car on est déjà tout éclaboussé
On n’a plus le temps d’attendre que l’orage soit passé
On n’a plus le temps même si sous la pluie on sait danser
Nous sommes les survivants
Nous sommes les rescapés
Nous sommes de ceux qui ne sont pas passés de loin à côté
Nous sommes les survivants
Nous sommes les rescapés
Nous sommes de ceux qui l’ont un jour, un jour effleuré
On n’a plus le temps
On n’a plus le temps
On n’a plus le temps
On n’a plus le temps car ce n’est plus possible de freiner
On n’a plus le temps car c’est comme ci les jeux étaient déjà faits
On n’a plus le temps mais on fait comme si de rien n’était
On n’a plus le temps même si sous la pluie on sait danser
Nous sommes les survivants
Nous sommes les rescapés
Nous sommes de ceux qui ne sont pas passés de loin à côté
Nous sommes les survivants
Nous somme les rescapés
Nous sommes de ceux qui l’ont un jour, un jour effleuré
On n’a plus le temps
On n’a plus le temps
On n’a plus le temps
On n’a plus le temps
On n’a plus le temps
On n’a plus le temps « 

Un petit tour à Brest ? Miossec – Brest en live dans le Grand Studio RTL …


Miossec à la Fête de l’Humanité 2019 : « Cette conscience transmise par mes parents »

C’est le grand retour du chanteur brestois à la Fête de l’Humanité. Il y revisitera son dernier album, les Rescapés. L’artiste, lucide et émouvant, évoque son histoire personnelle et le constat qu’il dresse de notre société.

Un entretien réalisé par Fara C. paru dans L’Humanité du 30 août 2019

Écouter Miossec avec la proximité que permet la scène Zebrock, c’est un cadeau que nous offrent cette association (dévouée à l’accompagnement artistique et à la transmission), la Fête de l’Humanité et, bien sûr, Miossec. Le chanteur, auteur et compositeur brestois revisitera des titres de son dernier album, les Rescapés. Au refrain de la première chanson (Nous sommes), tandis que Miossec, bientôt rejoint par Jeanne Added, fredonne « Nous sommes les survivants / Nous sommes les rescapés », s’élève le chant doux et pénétrant d’un cor. Nulle complaisance, ni pleurnicherie, mais juste la lucidité qui habite le tendre Miossec et qui le fait danser sur le fil, avec une bouleversante fragilité.

Quel souvenir gardez-vous de votre concert de 1995 ?

Formidable. C’était à l’occasion de mon premier disque. Je m’y étais déjà rendu auparavant avec des copains, pour l’ambiance. Venant de Brest, j’avais visité le stand du Finistère. Puis, au stand du Lot-et-Garonne, on avait dégusté des mets inoubliables. À la Fête, il y a la musique, la bonne bouffe, les débats, les rencontres… Et un grand brassage. C’est ce qui la distingue des festivals officiels. La Fête de l’Humanité est un rassemblement qui a du sens.

Comment vous touche la synergie des solidarités qui s’opère à la Fête de l’Humanité ?

Je me sens très concerné. Quand, jeune, j’ai travaillé à désamianter des bateaux dans une boîte sous-traitante, à l’arsenal de Brest, afin de payer mes études. Un boulot difficile. S’il n’y avait pas eu la CGT… Je veux dire que ce syndicat véhiculait une dimension de solidarité et a joué un rôle important dans l’avancée des droits sociaux. Mon père était militant cégétiste chez les pompiers professionnels. Il m’a transmis la notion de persévérance et de solidarité.

L’énergie musicale qu’épanche votre dernier disque, les Rescapés, ressemble à l’eau vive venant rafraîchir un visage soucieux…

J’avais envie de faire un album qui communique de l’énergie mais mon côté désespéré n’a pu s’empêcher de ressurgir. Le constat de la situation prévalant dans le monde me désespère, de même que la façon dont l’État se comporte envers les citoyens. La devise « Liberté Égalité Fraternité » est mise aux oubliettes. Quand on voit comment des forces de l’ordre répriment les manifestants, jusqu’à en éborgner un certain nombre, ça fait froid dans le dos. En réalité, la France est toujours aux mains d’un monarque, tout dépend d’une seule personne. C’est l’unique pays européen dans ce cas et qui, en plus, donne des leçons aux autres. Avec le mouvement des gilets jaunes, on a vu des gens se politiser, c’était émouvant. Ils se sont battus et, malgré le mépris de pas mal de médias, ont tenu le coup pendant des mois.

Enfant, vous avez connu, avec vos parents, des fins de mois difficiles ?

Nous étions de condition modeste. Par exemple, je portais les vêtements de mon frère aîné. Mon père était pompier professionnel, et ma mère couturière. Mais ils ont toujours fait en sorte que la vie soit jolie. Nous partions en caravane à travers l’Europe. J’ai tôt découvert des cultures et des modes de vie différents. Ces voyages ont aiguisé en moi une curiosité et ont provoqué, non de la peur, mais une excitation positive devant la différence, devant celui ou celle qui ne nous ressemble pas.

Votre mère a été pupille de la nation…

Oui. À 18 ans, elle a dû bosser à l’arsenal de Brest. Encore une inconséquence de l’État français… Mon grand-père est mort pour la France, pendant la guerre, après le torpillage du bateau où il officiait. Il a été englouti par la mer. Le corps de son mari n’ayant pas été retrouvé, ma grand-mère n’a pas touché la pension et a dû prendre un emploi de femme de ménage. C’est ma mère qui a élevé son frère et sa sœur.

Est-ce du fait de votre histoire familiale que le show-business ne vous a pas illusionné ?

C’est la conscience que m’ont transmise mes parents au sujet des choses de la vie. Le tourbillon du showbiz ne m’intéresse pas. Je suis allé chanter mon disque précédent, Mammifères, dans de petits endroits, des guinguettes, des coopératives… Être en contact direct avec des gens simples, des personnes vraies, a été pour moi une source de joie profonde. C’est cette même simplicité, ce sens non pollué de la réalité, que je vais retrouver avec plaisir à la Fête de l’Humanité.

Vendredi 13 septembre 2019 à 21 h 45, scène Zebrock.
CD les Rescapés (Columbia/Sony), www.christophemiossec.com

Entretien réalisé par Fara C. paru dans L’Humanité du 30 août 2019

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