Horreur dans un élevage porcin qui fournissait E.Leclerc …

Cadavres à la pelle, fosse à lisier qui déborde dans des installations délabrées … Dans une vidéo, l’association L214 révèle « l’horreur » dans un élevage de porcs du Morbihan. L’association de défense animale demande la fermeture en urgence de cette exploitation qui travaillait avec le groupe E.Leclerc, via son abattoir de Kermené. L’enseigne de la grande distribution annonce avoir cessé sa collaboration depuis fin janvier …

Selon L214, la préfecture était au courant de la situation depuis mai 2022. L’association appelle l’enseigne Leclerc à tourner le dos aux pires pratiques d’élevage en s’engageant sur le Pig Minimum Standards …  Une vidéo de 1’11 » .

« C’est un mouroir ». L214 porte plainte contre un éleveur de porcs qui fournissait les magasins Leclerc. L’enseigne met fin à sa collaboration avec l’élevage

Un article écrit par Carole Collinet-Appéré publié par FR3 Bretagne le

Sur les images diffusées ce 7 mars 2024 par L214, des cochons pataugeant et agonisant dans leur propre lisier, des cadavres abandonnés « aux quatre coins de l’élevage« , selon l’association de défense animale, « plusieurs sont carrément momifiés. C’est l’horreur, c’est un mouroir » dénonce-t-elle.

Enquête ouverte

Ces images ont été filmées sur deux sites d’une exploitation porcine à Malansac et Trédion, dans le Morbihan. « L’état catastrophique de l’exploitation laisse imaginer qu’elle est à l’abandon, souligne L214. Les animaux vivent dans des bâtiments en ruine, dans une atmosphère viciée et un environnement insalubre : murs qui s’effondrent, fuites d’eau, auges encrassées, poussière massive ».

L’association parle de surmortalité des cochons mais aussi de pollution de l’environnement, car, note-elle, « le lisier s’écoule dans le milieu environnant ». Elle affirme que la préfecture du Morbihan « était au courant depuis mai 2022 », citant les contrôles sanitaires effectués par la direction départementale de la protection des populations (DDPP). Un arrêté de mise en demeure a été pris en juillet 2023 à l’encontre de l’éleveur que nous avons vainement tenté de joindre. « L214 demande la fermeture en urgence de cet élevage » indique l’association. Cette dernière a déposé plainte pour « mauvais traitements » et « atteinte à l’environnement ».
Le parquet de Vannes annonce avoir ouvert une enquête suite à cette plainte.

Le groupe E.Leclerc ne travaille plus avec l’élevage

La viande produite dans cet élevage morbihannais fournissait le groupe E.Leclerc à raison de 200 porcs par semaine, via son abattoir de Kermené dans les Côtes-d’Armor, lequel déclare qu’il a mis fin à sa « collaboration avec l’éleveur identifié par L214 dès le 31 janvier dernier. Il n’est plus référencé, est-il mentionné dans un communiqué. L’abattoir a construit sa démarche dans le sens du respect du bien-être animal ». Et de rappeler que « 34 responsables de la protection animale, formés par des vétérinaires, veillent au respect des bonnes pratiques envers les animaux. Ce sont d’ailleurs eux qui ont donné l’alerte sur cet élevage ». 

L214 demande au géant breton de la grande distribution « d’exclure de ses approvisionnements les exploitations qui exercent les pires pratiques d’élevage et de signer le Pig minimum standard, charte qui interdit certaines pratiques encore légales mais reconnues préjudiciables aux cochons ». L’association évoque notamment la coupe des queues, le meulage des dents ou encore les cages de gestation et de maternité pour les truies.

En savoir plus sur le dépôt de plainte et les actions de sensibilisation initiées par l’association de défense des animaux via le site internet de L214 …


Cette nouvelle affaire intervient alors que ce 1er mars 2024, deux des plus gros élevages de porcs du Finistère viennent d’être condamnés chacun à 60.000 euros d’amende, après une plainte de L214 pour maltraitance animale.

Maltraitance animale. Les deux plus gros élevages porcins du Finistère condamnés chacun à 60 000 euros d’amende

L’action de l’association L214 n’aura pas été vaine. Après une plainte déposée pour maltraitance animale, en 2019 contre deux des plus gros élevages porcins bretons, le tribunal correctionnel de Brest a rendu sa décision ce vendredi 1er mars 2024 et condamné les élevages à de lourdes amendes.

8.934, c’est le nombre d’infractions qu’avait constatées l’association L214 en novembre 2019. En plus de sa plainte, elle avait, comme à son habitude, diffusé des images filmées dans ces élevages.

Des porcelets morts écrasés

On y voit des truies enfermées dans leurs cages, des porcelets morts écrasés sous le poids de leur mère, des truies aux plaies nécrosées. Des manquements qui ont rapidement été confirmés par les enquêtes de la gendarmerie et les quatre contrôles inopinés effectués en 2019, 2020 et 2021 par la Direction départementale de la Protection des populations (DDPP).

De lourdes amendes

Les deux sociétés, la Sarl Kerdoncuff et la Scea de Trébeolin, toutes deux gérées par Dominique Kerdoncuff, 57 ans, viennent donc d’être condamnées.

« La Sarl Kerdoncuff est condamnée pour le délit de mauvais traitements commis sur les animaux ainsi que pour d’autres infractions, à 64 500 € d’amende (dont 20 000 € avec sursis). La Scea de Trébeolin est condamnée dans des proportions similaires (60 000 € d’amende dont 20 000 € avec sursis) pour les mêmes infractions » explique l’association dans son communiqué. « Le tribunal a également, fait rare, prononcé la peine complémentaire d’interdiction de détenir des animaux pendant le délai d’un an, soulignant ainsi l’importance des manquements et des graves non-conformités au préjudice des animaux. Les deux exploitations devront en outre verser 6 000 € d’indemnités à l’association L214″ tient à souligner l’association de défense animale.
Avec cette décision, le tribunal a suivi les réquisitions du parquet lors de l’audience de début février 2024.

Quatre années de procédure judiciaire

Les deux sites, affiliés au groupe Eureden (ex-Triskalia) sont situés au sud de Brest. Ils peuvent abriter plus de 18.000 animaux simultanément et emploient une vingtaine de salariés.

Brigitte Gothière, cofondatrice et directrice de L214 a tout de suite réagit : « Nous nous réjouissons de voir que le nombre des infractions commises, près de 9 000, leur gravité et surtout leur persistance, ont été prises au sérieux par le tribunal correctionnel de Brest. Nous constatons d’ailleurs que nos plaintes, qui ont aujourd’hui la réputation dans le monde judiciaire d’être le fruit d’enquêtes rigoureuses et bien documentées, aboutissent de plus en plus à faire condamner ceux qui ne respectent pas la réglementation applicable aux animaux ».

« Pour autant, il a fallu tellement de temps pour que la situation bouge ! » poursuit-elle, « En l’occurrence, plus de 4 ans se sont passés entre le dépôt de la plainte et la décision du tribunal. Pendant ce temps, la DDPP a effectué pas moins de 4 inspections sans que cela permette de régulariser la situation. Pourquoi ? Les deux élevages concernés détiennent 18.000 animaux élevés selon un modèle d’agriculture intensive qui ne respecte déjà pas leurs besoins éthologiques et leur provoque ainsi de grandes souffrances. Imaginez l’enfer qu’ils ont dû vivre ! Cette situation est inacceptable et pourtant, c’est un schéma qui se répète encore et encore. »

L’une des deux sociétés (SARL Kerdoncuff) est également condamnée à 4.500 euros d’amende pour des contraventions liées à l’inexécution de mises en demeure.  Ni le gérant Dominique Kerdoncuff, ni son avocat, n’ont souhaité réagir à l’issue du délibéré. Lors de l’audience de février, le gérant avait dénoncé un acharnement et un complot.


Lire par ailleurs sur PrendreParti à propos de l’association de défense des animaux L214 …

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