Ces poulets bretons destinés au marché saoudien …

L’association de défense des animaux L214 vient de rendre publique une enquête filmée sur les conditions désastreuses d’un élevage de 33 000 poulets bretons. Entassés à plus de 26 par mètre carré dans un bâtiment insalubre et nourris au soja OGM importé du Brésil. ils sont ensuite abattus, congelés puis exportés par porte-conteneurs dans les pays du Golfe, notamment l’Arabie saoudite …Une vidéo de 2’17«  réalisée par l’association L214 qui suggère à ceux qui souhaitent agir d’interpeller l’entreprise par mail et de signer la pétition …

L214 dénonce les conditions d’élevage des poulets exportés vers le Moyen-Orient 

Écrit par Séverine Breton publié par France 3 Bretagne le

L’association L214 a déniché une publicité du groupe Doux diffusée au Moyen-Orient. On y voit des poulets danser dans l’herbe, faire du yoga et même se faire masser. Un dessin animé qui contraste avec la réalité de l’autre vidéo que L214 rend publique ce 24 avril : dans un élevage du Finistère, des poulets entassés, en mauvaise santé affirme l’association qui porte plainte et demande que cesse l’élevage industriel.

« Cet élevage, c’est un non-sens total », commence, Léo Le Ster, chargé de campagnes agroalimentaires de l’association de protection animale L214. « Rien ne va… Ni les conditions de vie de ces poulets, ni le modèle commercial du poulet export. » 

« Des marées de poulets »

Sur la vidéo mise en ligne, « des animaux entassés à plus de 26 par m2 dans un bâtiment insalubre, décrit L214 dans un communiqué. Ils ne sont âgés que d’un mois et montrent déjà des signes de mauvaise santé. »
« Ce sont des volailles qui pourraient avoir une espérance de vie de 10 ans, et qui sont abattues au bout de 37 jours, alors qu’elles ne sont encore que des bébés « , s’indigne Léo Le Ster. « Sur les images que nous montrons, on voit des marées de poulets. »

L 214 demande au groupe volailler LDC de s’engager à respecter les critères de l’European Chicken Commitment (ECC) pour limiter la densité d’animaux dans les élevages à 30 kg/m² au maximum (contre plus de 35 kg/m² aujourd’hui).

Du soja OGM au menu des poulets

Sur son site, l’association publie une facture d’aliments de l’élevage. Les poulets seraient nourris au blé et au soja génétiquement modifié. « Les papiers de l’élevage montrent des dizaines de tonnes d’aliment livrées chaque semaine. Les tourteaux de soja génétiquement modifié arrivent en seconde position dans la liste des ingrédients. Le soja OGM est interdit à la culture depuis 2008 en France et pourtant, la France continue d’importer massivement du soja, et principalement du Brésil où 95 % de la culture de soja est OGM. »
« Ces importations sont légales, concède Léo Le Ster, mais c’est n’importe quoi. On abat des arbres en Amérique du Sud, on déforeste des hectares pour faire pousser du soja OGM. Et ce soja, on l’achemine en France pour nourrir des poulets bretons qui seront vendus au Moyen-Orient. Bonjour, le bilan carbone du poulet rôti ! « 

La filière export montrée du doigt

Les volailles sont en effet des poulets export. C’était jusqu’en 2018, la spécialité du groupe Doux. Depuis la liquidation judiciaire de Doux, la filière a été reprise par la coopérative Yer Breizh. Société dont les actionnaires principaux sont le groupe LDC, leader européen de la volaille en Europe, la Région Bretagne, Almunajem et des coopératives bretonnes.
Après 37 jours, les poulets sont abattus à Châteaulin (Finistère) puis congelés pour partir notamment vers l’Arabie Saoudite. « Les produits Doux sont exportés dans une centaine de pays dans le monde. 90 % de la production de l’abattoir France Poultry de Châteaulin est destinée aux pays de la Péninsule Arabique, et 78 % vers l’Arabie Saoudite », indique le communiqué de presse de L214.
Le groupe agroalimentaire saoudien Almunajem commercialise les poulets dans le Golfe Persique sous la marque historique Doux.

Dans ses publicités, sous la forme de dessins animés, des poulets dansent, sautent dans des prairies bien vertes. Ils font du yoga et fréquentent des salons de massage. « Le savoir-faire français », ironise L214. Le poulet qui prend la parole dans la pub l’assure : « Dans les fermes Doux, nous offrons les meilleures conditions d’élevage.  »
L’association L 214 se rendra ce 25 avril devant l’abattoir de Châteaulin et devant le Parlement de Bretagne pour demander à Yer Breizh et aux élus d’agir. Contactés, l’éleveur et le groupe LDC n’ont pas répondu. Ils n’ont pas donné sute à nos demandes d’explications.

Elle annonce qu’elle va porter plainte contre l’élevage, le responsable de l’élevage, la coopérative Yer Breizh auprès du procureur de Brest.


À l’abattoir France Poultry de Châteaulin, fin de non-recevoir pour les membres de L214

Un article signé Julie Creignou dans Le Télégramme du 25 avril 2023 …

 

Une dizaine de membres de l’association L214 étaient réunis dans la zone industrielle de Lospars, à Châteaulin, devant l’abattoir de France Poultry, pour demander à rencontrer la direction.
Une dizaine de membres de l’association L214 étaient réunis dans la zone industrielle de Lospars, à Châteaulin, devant l’abattoir de France Poultry, pour demander à rencontrer la direction. (Le Télégramme/Julie Creignou)

Réunis sur le site de l’abattoir France Poultry, à Châteaulin, dans la zone industrielle de Lospars, des membres de l’association L214 ont voulu rencontrer la direction, ce mardi 25 avril, suite à leur enquête filmée sur les poulets bretons. Sans succès.

On les repérait de loin dans la zone industrielle de Lospars, ce mardi 25 avril 2023, à Châteaulin. Vêtus de vestes orange, une dizaine de membres de l’association L214 étaient réunis en matinée sur le site de la société France Poultry, créée en 2018, lors du rachat de l’abattoir de poulet « export » de Doux et de son siège social.

Des conditions « abominables » d’élevage

Suite à la récente publication de son enquête filmée sur les poulets bretons destinés au marché saoudien, dans un élevage de poulets à Sizun (29), L214 avait pour objectif de rencontrer la direction de France Poultry, propriétaire des marques Doux et Suprême pour les pays de la péninsule arabique. L’Arabie saoudite représente aujourd’hui 72 % des exportations.

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L’association de défense des animaux dénonce les conditions d’élevage des poulets abattus en Bretagne pour être exportés dans les pays de la péninsule arabique. (Le Télégramme/Julie Creignou)

Alors qu’elle était en liquidation judiciaire, la marque Doux a été rachetée, en 2018, par le groupe LDC (Le Gaulois, Maître Coq, Marie, Loué). Les produits de la marque ont, depuis « disparu des rayons en France », affirme L214 dans son enquête, publiée lundi 24 avril.
L’association de défense des animaux pointe les conditions « abominables » d’élevage intensif des poulets : « On assiste à une densité extrême dans les élevages, nourris au soja OGM importé du Brésil qui contribue à la déforestation, accable Léo Le Ster, chargé de campagnes agroalimentaires à L214. On élève davantage de poussins pour amortir les décès liés à leur souffrance ».

« Il ne souhaite pas vous recevoir »

L’association avait envoyé un courriel à France Poultry, le matin même, pour demander à être reçu par la direction. En l’absence de réponse, Léo Le Ster s’est rendu au siège, dans l’espoir d’établir un contact avec le directeur, François Le Fort. « Il ne souhaite pas vous recevoir », lui a-t-on répondu à l’interphone. Même son de cloche du côté de la coopérative Yer Breizh, sous contrat avec l’élevage filmé à Sizun : « Je n’ai personne pour vous recevoir ».

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Alors qu’elle était en liquidation judiciaire, la marque Doux a été rachetée, en 2018, par le groupe LDC. Les produits de la marque ont depuis « disparu des rayons en France », indique L214. (Le Télégramme/Julie Creignou)

« Je ne peux pas les forcer à discuter, soupire le chargé de campagnes agroalimentaires, qui glisse un tract dans la porte d’entrée. Depuis 2021 et la diffusion de nos enquêtes, l’entreprise refuse de nous rencontrer ».
À l’approche des quelques salariés qui quittent le site, la vitre des voitures ne se baisse pas pour discuter. Et lorsque Léo Le Ster parvient à croiser une salariée de l’abattoir, sa réponse est unanime : « Je ne peux rien dire ».

Contacté dans l’après-midi, François Le Fort confirme n’avoir pas souhaité recevoir les membres de L214. « Je ne vois pas l’intérêt de leurs déclarations, qui sont à charge?. Leurs procédures et leurs méthodes ne sont pas les bonnes, ils sont entrés par effraction dans un lieu privé », soutient le directeur de France Poultry, qui ajoute que la société « se réserve le droit de les poursuivre en justice » …

A suivre …

 

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