Manifestation le 10 juin à Douarnenez contre le mal logement en Bretagne …

Hausse des loyers, explosion du phénomène Airbnb, concentration des résidences secondaires :on ressent comme jamais auparavant en Bretagne les conséquences désastreuses pour la majorité des habitants de la spéculation foncière et immobilière. Une quinzaine de collectifs du Grand Ouest appellent à manifester  à Douarnenez le samedi 10 juin 2023 contre le mal-logement .,.

À Douarnenez, une mobilisation qui se veut historique contre le mal-logement, le 10 juin

Un article paru dans Le Télégramme du 1er juin 2023

Une quinzaine de collectifs de l’Ouest de la France appellent à se réunir à Douarnenez, samedi 10 juin, pour le droit au logement.
Une quinzaine de collectifs de l’Ouest de la France appellent à se réunir à Douarnenez, samedi 10 juin, pour le droit au logement. (Le Télégramme/Rodolphe Pochet)

« Ni volets fermés ni ghetto doré » : samedi 10 juin, à Douarnenez (29), une quinzaine de collectifs de l’Ouest de la France appellent à se mobiliser pour le droit au logement. La manifestation, initiée par l’association Tut Lorient et les collectifs Droit à la ville Douarnenez et DouarnVendez, démarrera à 12 h par un pique-nique sur le port du Rosmeur suivi, à 15 h, d’un défilé dans les rues de la cité Penn Sardin.

Quand se loger devient mission impossible

« En trois ans, la Bretagne a vu le nombre de ses résidences secondaires augmenter de 12 %. En parallèle, le nombre de personnes en attente d’un logement social a crû de 28 %, résume Maxime Sorin, du collectif Droit à la ville Douarnenez. Concrètement, accéder à un logement devient de plus en plus difficile pour les personnes bénéficiant de revenus modestes. Sans parler du fait que quand elles y accèdent, c’est encore trop souvent dans des habitats indignes qu’elles doivent parfois quitter le temps de la saison estivale. »

Il faut des mesures fortes, voire coercitives, afin qu’il devienne plus avantageux de louer à l’année que sur de courtes périodes.

Un projet de loi dans les tuyaux

Si d’ici quelques mois, une proposition de loi doit être étudiée pour remédier aux déséquilibres du marché locatif dans les zones touristiques, les militants des collectifs bretons pour le logement estiment qu’il faut aller plus loin : « Ce projet de loi contient plusieurs propositions majeures comme la suppression des niches fiscales pour les locations saisonnières ou la création d’une police du logement pour veiller à l’application de la loi, note Aodren Trehin, de Tut Lorient. Malgré tout, elle ne fait que supprimer des choses qui n’auraient jamais dû exister. Il faut des mesures plus fortes, voire coercitives, afin qu’il devienne plus avantageux de louer à l’année que sur de courtes périodes. »

Vers l’instauration de quotas ?

Outre la mise en œuvre de politiques publiques fortes pour limiter la marge de manœuvre des promoteurs spécialisés dans l’immobilier de luxe, les collectifs réfléchissent, notamment, à la création de quotas, comme instaurés à Saint-Malo : « Aujourd’hui, c’est ce qu’il y a de plus efficace pour limiter à la fois les résidences secondaires et les Airbnb qui sont l’un des plus gros facteurs du mal-logement. À l’inverse, la taxation des résidences secondaires fait presque office de mesure symbolique : à Saint-Nazaire, elle ne rapporte que 800 000 € par an, soit 300 € en plus sur le budget d’un ménage… C’est très insuffisant ! », dénonce Aodren Trehin.

Aujourd’hui, vu l’urgence de la situation, on ne peut plus se permettre d’attendre. La crise du logement, longtemps restreinte aux territoires touristiques, gagne du terrain.

Cette manifestation sera-t-elle un tournant dans la lutte pour le droit au logement ? Tous l’espèrent : « Aujourd’hui, vu l’urgence de la situation, on ne peut plus se permettre d’attendre, affirme Maxime Sorin. La crise du logement, longtemps restreinte aux territoires touristiques, gagne du terrain. Rééquilibrer le marché immobilier ne se fera pas du jour au lendemain : alors n’attendons pas et modifions la loi ! »

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Le 10 juin, Douarnenez sera l’épicentre de la lutte contre le mal logement en Bretagne

Une dizaine de collectifs bretons convergeront vers cette commune finistérienne, pour dénoncer les problèmes de logement rencontrés par la population, dans les zones touristiques mais pas seulement.

Le 10 juin Douarnenez sera l’épicentre de la lutte contre le mal logement en Bretagne

« Depuis 2019, en Bretagne, les résidences secondaires sont en hausse de 12 %, 91 000 personnes sont en attentes de HLM (+ 28 % en 3 ans), 63 000 logements sont potentiellement indignes et 224 000 ménages se trouvent en précarité énergétique », dénonce Maxime Sorin, membre du collectif Droit à la ville, à Douarnenez.


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Une crise aux multiples facettes

Le précédent rassemblement, le 10 septembre 2022, avait eu lieu dans plusieurs villes bretonnes en simultané. Cette fois-ci, Douarnenez sera donc l’épicentre de la mobilisation, « à une époque où des locataires précarisés sont contraints de quitter leur logement, transformé pour l’été en meublé de vacances ».
Le 10 septembre 2022, un rassemblement sur le même sujet était organisé dans plus villes bretonnes, notamment, déjà, à Douarnenez, où 500 personnes avaient manifesté. | ARCHIVES OUEST-FRANCE

Cette ville montre, selon Maxime Sorin, que la crise du logement ne touche pas que les secteurs très touristiques comme Saint-Malo ou en tension sur le parc social comme Brest ou Lorient.

« À une situation de mal logement ancienne lié à la désindustrialisation de la ville, avec des propriétaires pauvres n’ayant pas de quoi rénover, vient s’ajouter la question du foncier touristique. » Depuis le Covid, Douarnenez serait devenue « un eldorado pour les promoteurs de luxe », en raison d’un niveau de prix encore bas, accentuant encore la problématique.

Toute la Bretagne en zone tendue ?

Pour sortir de la crise, des pistes ont été avancées ces derniers temps, comme la possibilité de faire passer toute la Bretagne en zone tendue, offrant aux collectivités des outils tels l’encadrement des loyers et la surtaxe des résidences secondaires. Une pétition en ligne, recueillant plus de 10 000 signatures, sera prochainement remise au président de Région.

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Mais les différents collectifs veulent aller « plus loin ». Tut (Tous.tes Un Toit) Lorient cite les quotas mis en place, quartier par quartier, à Saint-Malo. « On pourrait définir à partir de quel seuil les meublés de tourisme et résidences secondaires déséquilibrent le territoire localement. »

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Samedi 10 juin, à partir de midi, au port du Rosmeur, avec pique-nique, prise de paroles, manifestation et plateau radio.


Douarnenez « ce n’est pas la côte d’Azur » : DouarnVendez s’oppose à un projet immobilier

Le collectif s’oppose au projet de Ker Cachou, à Douarnenez (Finistère) et dénonce la crise du logement dans la ville. Ses membres ont manifesté, vendredi 12 mai 2023, contre le projet de Ker Cachou.

Opposés à la résidence Ker Cachou, des membres du collectif DouarnVendez et des citoyens étaient présents vendredi.
Opposés à la résidence Ker Cachou, des membres du collectif DouarnVendez et des citoyens étaient présents vendredi. | OUEST-FRANCE

« Notre maire a bien choisi ses termes quand elle dit qu’elle veut faire venir des gens aisés. Nous ne sommes pas d’accord avec cette politique. D’ailleurs, même des enfants de gens aisés ont désormais du mal à se loger ici, il y a un problème. Respecter le pourcentage de logement social dans la commune, ça ne suffit pas », explique Jean-Luc, qui manifeste son opposition au projet de Ker Cachou, ce vendredi 12 mai 2023, avec des membres du collectif DouarnVendez et des citoyens.

« Là nous parlons de plus de 4 000 € le mètre carré, c’est-à-dire le double du prix moyen aujourd’hui dans la ville. Et le revenu médian des Douarnenistes est de 20 000 €. Ici, ce n’est pas la Côte d’Azur, poursuit Jean-Luc. Ils plantent leur arbre, nous plantons le nôtre, la réplique populaire, l’arbre de la spéculation ».

« Je délivrerai des permis »

« Mes détracteurs ne voient les choses que par le logement social. Ce n’est pas comme ça qu’il faut prendre le problème, il faut une mixité sociale. Nous essayons d’avoir une ville équilibrée, avec des gens qui ont moins de moyens, des gens qui ont des moyens et des gens qui ont de l’argent, car c’est la vie. Et certains ont du mal à l’assimiler. Je suis un maire qui veut tirer la ville vers le haut, pas vers le bas. Cette ville a du potentiel », argumente Jocelyne Poitevin.

« Et non, je ne m’arrêterai pas car je veux que la ville se développe. Et oui, je délivrerai des permis, même à des gens qui ne sont pas dans la catégorie que mes opposants souhaitent. Je m’en fiche, je veux que la ville avance », poursuit la maire de Douarnenez.


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