Salvatore Adamo sur les lèvres du monde entier …

Il se raconte qu’à Santiago du Chili, le public de Salvatore Adamo a porté à bout de bras la voiture qui l’attendait au pied de son avion.  Si au Japon, Tombe la neige est considéré comme faisant partie du répertoire traditionnel national, au Chili ses chansons sont sur toutes les  lèvres. Arte.tv donne actuellement l’occasion de (re)découvrir cet artiste grâce à un documentaire d’Hadja Lahbib et Jean-Marc Panis …

Depuis des décennies, Adamo sait s’y prendre pour charmer le public chilien.  Comme en témoigne ce « Tombe la neige » en plein été au Festival de Vina del Mar 2012, tout un programme … Il partageait l’affiche avec des chanteurs venus de tous les horizons, cela allait de Juan Luis Guerra à Marc Anthony en passant par Morrissey, l’ancien chanteur des Smiths …


« Salvatore Adamo. Quand je chante », sur Arte : l’universalité revendiquée de l’émotion

De la Sicile, où il naquit voilà soixante-dix-huit ans, à sa patrie d’adoption, la Belgique, retour sur six décennies de carrière et d’amour… toujours. Par Jean-Pierre Stroobants( Bruxelles, Correspondant) publié par Le Monde du 4 février 2022

Salvatore Adamo dans le documentaire « Quand je chante », d’Hadja Lahbib et Jean-Marc Panis.

ARTE –  PORTRAIT

Jacques Brel l’avait adoubé, Annie Cordy fut sa marraine, Johnny Hallyday lui réclamait des chansons, Arno lui a rendu hommage en transformant en tableau expressionniste sa ballade Les Filles du bord de mer… Le gentil, le discret, le sentimental Salvatore Adamo est, à 78 ans, toujours bien là, inscrit depuis longtemps au panthéon de la chanson française. Pardon : belge, car le fils d’Antonino Adamo, le puisatier sicilien arrivé dans les mines du Hainaut en 1947, quand la Belgique promettait à l’Italie une tonne de charbon par ouvrier recruté, est jalousement revendiqué par sa patrie d’adoption. Les Belges aiment d’amour, depuis six décennies, ce chanteur qui a toujours su parler à son public.

Sensible et émouvant

« C’est peut-être difficile à imaginer, mais Adamo fut un peu le Justin Timberlake de son époque », raconte l’un des témoins du joli film réalisé par Hadja Lahbib et Jean-Marc Panis. Un récit à l’image de leur personnage, sensible et émouvant ; léger aussi, comme les chansons des débuts, mais grave quand le chanteur évoque, par exemple, cet Inch’Allah applaudi durant vingt minutes à Berlin, en 1967. Un texte évoquant un « requiem pour six millions d’âmes qui n’ont pas leur mausolée de marbre et qui, malgré le sable infâme, ont fait pousser 6 millions d’arbres », qu’Adamo allait corriger plus tard car, disait-il, il manquait d’empathie pour les Palestiniens.

A Santiago du Chili, son public a porté à bout de bras la voiture qui attendait le chanteur au pied de son avion. Au Japon, Tombe la neige est considéré comme faisant partie du répertoire traditionnel national. En France, Adamo se produisait deux à trois fois par jour : le petit Rital à la voix cassée a livré quelque 500 titres et vendu plus de 100 millions de disques dans le monde. « J’ai cherché l’universalité, celle du sentiment et de l’émotion », dit celui qui a aussi chanté en allemand, en coréen, en arménien ou en turc.
Proche de son père, mort trop jeune mais qui, dit-il, l’a « maintenu les pieds sur terre » ; toujours accompagné de Nicole, discrète épouse qui témoigne en voix off, le septuagénaire continue, chaque matin, d’imaginer textes et mélodies. « Quand je chante, je suis ; quand je chante, je vis », dit l’un de ses plus beaux textes.

Sa philosophie : toujours faire un pied de nez au malheur. Une larme, discrète, coule cependant quand, filmé en gros plan, il écoute Laetitia Mampaka, aperçue dans « Le Grand Oral » 2020 de France 2, réciter des paroles extraites de T’aimer quelque part et Mourir dans tes bras et disant : « J’aimerais ne pas savoir comment tout va se terminer. »

Cette biographie filmée donne décidément raison à Charles Aznavour, qui, saluant les débuts d’Adamo, lui dit un jour : « Votre succès prouve que les chanteurs sans voix comme vous et moi ont encore un avenir. »

Salvatore Adamo. Quand je chante, documentaire d’Hadja Lahbib et Jean-Marc Panis (Fr.-Bel., 2021, 55 min). Disponible sur Arte.tv jusqu’au 5 mars 2022.


Sur les scènes chiliennes …

01 – Es Mi Vida
02 – Tu Nombre
03 – Nada Que Hacer
04 – Era una Linda Flor
05 – Sortir de l’Ordinaire
06 – Ella
07 – Creo en Los Angeles
08 – Dulce Paula
09 – Historia del Clavo
10 – Le Monde a Mal
11 – Manana en La Luna
12 – Marie La Mer
13 – En Mi Canasta
14 – Cae La Nieve
15 – Te Tengo y Te Guardo
16 – El Anuncio
17 – Medley: El Amor Se Te Parece/Nuestra Novela
18 – Cantare
19 – Un Mechon de Tus Cabellos
20 – Luisa
21 – Te Dare
22 – Mis Manos en Tu Cintura
23 – Arroyo de Mi Infancia
24 – Mama si me Pudieras ver
25 – En Bandolera
26 – Pequena Felicidad
27 – Quiero
28 – Inch’allah
29 – Porque Yo Quiero
30 – Noche
31 – Mi Gran Noche


01 – Es Mi Vida
02 – Tu Nombre
03 – Un Mechon de Tus Cabellos
04 – Porque Yo Quiero
05 – Era una linda flor
06 – Ella
07 – Cantaré
08 – Quiero
09 – Te Tengo y Te Guardo
10 – Inch Allah
11 – En Bandolera
12 – Mis Manos en Tu Cintura
13 – La noche
14 – Mi gran noche

Premiación a Salvatore Adamo por parte del Teatro Caupolicán ( 29.04.2016 )


Adamo casse son image dans son 25e album « Si vous saviez »

A 74 ans , Salvatore Adamo sort un nouvel album : « Si vous saviez ». Ce 25e opus d’une carrière d’un demi-siècle apparaît comme un clin d’oeil voire un pied-de-nez à ceux qui l’ont toujours considéré comme un chanteur « gentil ». Il n’est pas devenu méchant pour autant mais il faut savoir écouter ses textes loin d’être candides. Un album où perce la belle émotion d’un duo inattendu avec Camille.
Salvatore Adamo (Frank Loriou)

Je vais être franc avec vous, il y a bien longtemps que je n’avais pas écouté un album de Salvatore Adamo. Ce qui me restait du plus français des chanteurs belges c’était une sorte de grand écart entre l’Adamo romantique des « Filles du bord de mer », de « Tombe la neige » ou de « Mes mains sur tes hanches » et le Salvatore Adamo engagé qui dénonçait le franquisme dans « Manuel » ou fataliste du magnifique « Inch’Allah » écrit justre avant la Guerre des 6 jours. Je ne fais donc pas partie des fans qui l’ont suivi tout au long d’une carrière internationale qui l’a conduit près de quarante fois au Japon mais aussi au Chili.

C’est pour cela que ce nouvel opus « Si vous saviez » apparaît comme une piqure de rappel. Le rappel qu’à 74 ans Salvatore Adamo peut casser cette image de chanteur candide voire lisse qui lui colle à la peau. Il suffit de regarder la pochette de l’album mélange de fantaisie et de sérénité pour s’en convaincre.

 (Frank Loriou)

« Je te chanterai une chanson » qui ouvre l’album ne dit pas non plus autre chose : « C’est trop facile dis-tu, de tout peindre en bleu !
Que du pipeau pour endormir les braves gens
Mais si tu trouves que mes dires sont futiles ….
Si tu veux que je muscle mes couplets
Je te chanterai la chanson de la vérité sans voile
Nue, sans fard et sans illusions
Pathétique et banale. »

Chanter l’espoir

Adamo le dit clairement il préfère chanter l’espoir qui se réveille… face aux dictatures dans ces pays où la liberté se chuchote. Il préfère demander « Un rêve »  comme celui de John (Lennon) de Teresa ou de l’Abbé Pierre pour soulever le monde. « Le rêve de ne pas tout gâcher pour ne pas que la terre redevienne un désert. »

Avec « Sans toucher terre »  on croit voir revenir l’Adamo romantique mais il est question d’une femme « qui vient de là où la terre a pleuré éclaboussant de terre et de sang son coeur d’enfant, traversé les pays en guerre. Elle a changé ma vie puisque je l’aime depuis. »

Avec Camille, quel duo !

On savait Adamo amateur de duos depuis son album « Le bal des gens bien » en 2008. sa voix s’unissait parfaitement à des chanteuses aussi différentes que Maurane, Adrienne Pauly, Olivia Ruiz ou Jeanne Cherhal. Et que dire de ce moment de grâce absolue à Orange en 2012 quand Julie Fuchs s’était muée en Callas pour interpréter avec lui la superbe « Pourquoi tu chantes? » sur la relation de la diva avec Onassis.

Et bien Salvatore récidive sur son nouvel album cette fois avec Camille. Leur alliance dans ce « Juste un je t’aime » a tout du défi un peu fou tant ils sont différents mais le résultat embelli par un orchestre symphonique fait frissonner.

On aime aussi le regard teinté d’inquiétude qu’Adamo porte sur notre monde à l’ère numérique. « Nu » lui a été inspirée par le livre de Marc Dugain et Christophe Labbé  « L’homme nu, la dictature invisible du numérique » : « Tu te retrouveras nu sans que plus rien ne soit su ». « Tes petits plaisirs ni vu ni connu seront au bout de leurs longues vues ».

On est ému par la chanson hommage « Ma mère disait » qui nous ramène tous en enfance.

Un album à 74 ans c’est aussi le temps d’un retour sur le chemin parcouru. Avec « Racines » Adamo revient chez lui « dans l’anonymat d’une berline » pour se rendre compte que ceux qu’il a laissés pour prendre sa route parlent encore « des senteurs de l’été, des fleurs de leurs pommiers, des choses les plus simples » et qu’il les envie lui qui « s’est perdu dans l’ennui de l’Olympe ». Un voyage nostalgique tout en humilité à l’image inaltérable de ce grand monsieur de la chanson française qu’est Adamo.