« Travailler encore » et … occuper les théâtres !

« Travailler encore,  et … occuper les théâtres ! » Voilà maintenant un an que la France est bridée, contrariée, confinée et endormie de force par la pandémie et sa cohorte de règles sanitaires. Avons nous pour autant renoncé à chanter, à danser et à contester ? « Danser Encore », c’est le titre d’une chanson écrite par l’artiste roubaisien HK  en réaction aux annonces gouvernementales de décembre 2020 …

Et ce « danser encore » de HK n’est pas sans résonner, en d’autres lieux et autres circonstances, avec le « travailler encore«  de Bernard Lavilliers …Une vidéo de 5’43 » d’acier rouge et de mains d’or ...

En quelques jours, la vidéo de HK appelant les artistes à danser, chanter et jouer encore a été vue 1,5 million de fois .. . Voir ce montage vidéo de G. Bouillon sur le clip officiel de HK. d’une durée de 6’04 » …

Et cette chanson est devenue virale, comme en témoigne ce flashmob organisé le 4 mars 2021 à la gare du Nord … Une vidéo de 3’13 »

Quelques jours plus tard, HK vient l’interpréter sur les grilles du Théâtre occupé de l’Odéon  …  Une vidéo de 2’02 »

 Les paroles de la chanson Danser encore par HK

Nous on veut continuer à danser encore
Voir nos pensées enlacer nos corps
Passer nos vies sur une grille d’accords
Oh, non non non non non non

Nous sommes des oiseaux de passage
Jamais dociles ni vraiment sages
Nous ne faisons pas allégeance
À l’aube en toutes circonstances
Nous venons briser le silence
Et quand le soir à la télé
Monsieur le bon roi a parlé

Venu annoncer la sentence
Nous faisons preuve d’irrévérence
Mais toujours avec éléganceNous on veut continuer à danser encore
Voir nos pensées enlacer nos corps
Passer nos vies sur une grille d’accords
Oh, non non non non non non
Nous on veut continuer à danser encore
Voir nos pensées enlacer nos corps
Passer nos vies sur une grille d’accords
Auto-métro-boulot-conso
Auto attestation qu’on signe
Absurdité sur ordonnance
Et malheur à celui qui pense
Et malheur à celui qui danse
Chaque mesure autoritaire
Chaque relent sécuritaire
Voit s’envoler notre confiance
Ils font preuve de tant d’insistance
Pour confiner notre conscience
Nous on veut continuer à danser encore
Voir nos pensées enlacer nos corps
Passer nos vies sur une grille d’accords
Oh, non non non non non non
Nous on veut continuer à danser encore
Voir nos pensées enlacer nos corps
Passer nos vies sur une grille d’accords
Ne soyons pas impressionnables
Par tous ces gens déraisonnables
Vendeurs de peur en abondance
Angoissants, jusqu’à l’indécence
Sachons les tenir à distance
Pour notre santé mentale
Sociale et environnementale
Nos sourires, notre intelligence
Ne soyons pas sans résistance
Les instruments de leur démence
Nous on veut continuer à danser encore
Voir nos pensées enlacer nos corps
Passer nos vies sur une grille d’accords
Oh, non non non non non non
Nous on veut continuer à danser encore
Voir nos pensées enlacer nos corps
Passer nos vies sur une grille d’accords. »
Un article de Frédérique Guiziou paru dans l‘Ouest France de Brest du 12 03 2021

Et le mouvement d’occupation des théâtres s’étendit à Brest …

Un article de Frédérique Guiziou paru dans l’Ouest France de Brest du 13 03 2021

… comme un peu partout en France !
Les occupations de théâtres s’intensifient

A travers toute la France, une vingtaine de théâtres, opéras et scènes musicales ont rejoint le mouvement d’occupation des lieux culturels. Cette mobilisation a pour but de faire pression sur le gouvernement afin d’obtenir, notamment, la réouverture des lieux de culture, fermés depuis le 30 octobre pour cause de pandémie. Reportage au théâtre de l’Odéon d’où est parti le mouvement.


Occupé !

Depuis le 4 mars, des intermittents du spectacle et professionnels de la culture occupent des théâtres pour protester contre la fermeture des lieux culturels. De Lille à Toulouse, le mouvement prend une ampleur nationale.

Un article publié par franceinfo Culture
Plusieurs centaines d'intermittents du spectacle occupent depuis jeudi 12 mars la scène nationale du Théâtre de la Cité à Toulouse. Une occupation qui intervient après celle du Théâtre de l'Odéon à Paris pour réclamer la réouverture des lieux culturels. (LILIAN CAZABET / HANS LUCAS)

La contestation des intermittents et artistes face à l’absence de perspectives, née au Théâtre de l’Odéon le 4 mars, s’étend aujourd’hui à une dizaine d’établissements malgré les dernières annonces de Roselyne Bachelot. Après le Théâtre de la Colline, dans l’Est parisien, le Théâtre national de Strasbourg (TNS), le Théâtre Graslin à Nantes… Le Théâtre du Nord à Lille et le Théâtre de la Cité à Toulouse viennent de rejoindre le mouvement.

« On ne s’attendait pas à être si nombreux »

Quelque 200 personnes réunies jeudi au théâtre toulousain de la Cité ont voté l’occupation immédiate de cette scène nationale. « On ne s’attendait pas à être si nombreux », a déclaré, ravie, une manifestante qui a ouvert l’assemblée génerale.

De nombreuses pancartes et banderoles sur lesquelles on pouvait lire « nous ne sommes pas une variable d’ajustement » ou encore « nous avons des propositions » ont été accrochées à l’extérieur du bâtiment ou dans le grand hall où se tenait la réunion. Outre la réouverture des lieux culturels, les manifestants réclament le retrait de la réforme du chômage, ainsi que la prolongation de l’année blanche pour les intermittents du spectacle ou son élargissement à tous les travailleurs précaires et saisonniers.

« Moi j’arrive encore à nourrir mes enfants. Et il y a des tas de gens qui n’y arrivent plus dans ce pays. Parce que nous ne travaillons pas dans des structures suffisamment solides pour assurer de l’activité partielle. Il y a besoin d’une prolongation des droits pour ces gens-là mais surtout pour l’ensemble des précaires de ce pays » réclame Benjamin Nakkach, comédien intermittent.

Malgré cette occupation, le Théâtre de la Cité continue de fonctionner. Répétitions, ateliers et captations se poursuivent. Un soulagement pour Stéphane Gil, le directeur de ce centre dramatique, qui soutient d’ailleurs le mouvement. « Il y a la nécessité d’être solidaire, d’être tous ensemble. Nous pointons les mêmes revendications, nous sommes face à la même inertie, à la même incompréhension« .

A Lille, des apprentis comédiens lancent la mobilisation

Jeudi soir, le Théâtre du Nord, centre dramatique national situé sur la Grand place de Lille, a rejoint le mouvement, cette fois à l’initiative d’apprentis comédiens. « Mercredi, il y a eu une prise de position de la part de nos élèves de l’École du Nord (école professionnelle supérieure d’art dramatique) pour rejoindre le mouvement engagé dans plusieurs théâtres en France. Jeudi, des intermittents ont demandé à occuper le théâtre et ont été accueillis par notre directeur », a expliqué une porte-parole de la direction.

David Bobée, nouveau directeur du Théâtre du Nord a affirmé son soutien plein et entier à cette nouvelle mobilisation : « Nous partageons un objectif commun: que revive au plus vite le spectacle vivant ». 

Une vingtaine de personnes ont ainsi pénétré les lieux, « une quinzaine restant dormir sur place », ce nombre étant « limité pour des raisons sanitaires », a précisé la porte-parole. Les manifestants sont pour la plupart membres de la SFA-CGT (Syndicat français des artistes interprètes) ou des InterLuttants du Nord. Le mouvement doit se poursuivre jusqu’à dimanche soir, un important concours de recrutement étant prévu lundi.


Le Théâtre de l’Odéon, là où les occupations ont commencé dès le jeudi 4 mars …

Cette nuit Roselyne Bachelot nous a rendu visite à #OdéonOccupé.
Pour la recevoir j’avais mis mon plus beau costume, et comme nous sommes tou.tes masqué.es je tenais à ce qu’elle sache qui je ne suis pas.
Rdv à 14h pour une AG devant le théâtre Place de l’Odéon.

On lâche rien !

 

Occupation de l’Odéon par les intermittents du spectacles : «On est tous en train de crever»

Une cinquantaine de personnes occupent le théâtre du VIe arrondissement de Paris. Elles demandent, notamment, la prolongation de « l’année blanche », le retrait de la réforme de l’assurance-chômage et des négociations sur les conditions de réouverture des lieux culturels.

5 mars 2021

« Culture sacrifiée », « gouvernement disqualifié », « Six chômeurs sur dix non indemnisés, scandale !!! », peut-on lire depuis la place sur les banderoles déployées sur le fronton du théâtre de l’Odéon (Paris VI). Depuis jeudi 4 mars, une cinquantaine de personnes, intermittents du spectacle, travailleurs des secteurs de l’hôtellerie, de l’événementiel, du tourisme et de la culture, occupent ce lieu symbolique de la culture. Une action menée pour manifester leur ras-le-bol de la situation. Tous souhaitent interpeller le gouvernement sur leur situation et réclament, notamment, la prolongation de l’année blanche pour les intermittents.

« On est sinistré, de nombreux artistes ne survivent pas », résume Clément, musicien affilié à la CGT. Chez les guides conférenciers, intermittents en contrat court du tourisme et d’événementiel, Christelle connaît des collègues obligés « de vendre leur maison », à 50 ans de « retourner vivre chez leurs parents », ou encore tentés « de se reconvertir mais sans parvenir à trouver un emploi ». Tous décrivent « une mort à petit feu de la culture » et attendent « un sursaut rapide » du gouvernement.

LIRE AUSSI > Fermeture des lieux culturels : au théâtre de l’Odéon, l’occupation continue

Sacs de couchage, nourriture : les occupants disent vouloir s’installer « durablement ». « C’est-à-dire passer les jours qu’il faut pour être entendus par un gouvernement qui fait la sourde oreille dès qu’on aborde ces points », ajoute Clément. « En cas d’occupation nocturne, nos équipes resteront sur place et assureront la sécurité du théâtre que nous ne laisserons pas vide », assure de son côté l’administratrice de l’Odéon.


Occupation du théâtre de l’Odéon à Paris, Roselyne Bachelot s’est rendue sur place

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Par Rizhlaine F. · Publié le 7 mars 2021
À Paris, le théâtre de l’Odéon est occupé depuis ce jeudi 4 mars par des acteurs de la culture. Ces derniers réclament la réouverture des lieux culturels dont les musées, théâtre et cinémas ainsi que davantage d’aides financières. La ministre de la culture Roselyne Bachelot s’est rendue sur les lieux ce samedi soir.

En France, le deuxième confinement a entraîné la fermeture des lieux culturels dont font partie les musées, les théâtres ou encore les cinémas. Depuis, ces derniers sont toujours en attente d’une date de réouverture. À l’origine, on devait voir leur retour en janvier 2021. Mais le nombre de quotidien de contaminations étant encore trop élevé, ces lieux n’ont que trop peu de visibilité sur la reprise de leur activité. L’épidémie de coronavirus aura également donné un coup dur à l’univers de la musique, compliquant le maintien de festivals et la programmation de concerts.

À Paris, cette situation aura amené des acteurs de la culture à occuper le théâtre de l’Odéon depuis le jeudi 4 mars. Depuis plusieurs jours, ils manifestent, réclamant la réouverture des lieux culturels ainsi que davantage d’aides financières. Les intermittents du spectacle s’inquiètent des suites de « L’Année Blanche« , un dispositif mis en place en mai 2020 qui permet de prolonger la durée de leur indemnisation jusqu’à fin août 2021. Ils revendiquent une prolongation jusqu’en août 2022.

Ce samedi 6 mars au soir, la ministre de la Culture, Roselyne Bachelot, s’est rendue sur les lieux pour échanger avec les différents acteurs qui occupent le site. Après avoir confié leurs revendications, ces derniers ont indiqué que « Des paroles, on attend des actes » précisant que l’occupation du théâtre se poursuivra jusqu’à ce que des réponses concrètes soient données. Aucune date de réouverture n’est évoquée jusque là. Cependant l’organisation des concerts-tests pourrait permettre de donner davantage d’horizons et des réflexions sont en cours au ministère de la culture concernant la suite de « L’Année Blanche ».


A suivre …

Culture confinée, métros bondés : en finir avec la politique bipolaire

Des protocoles validés scientifiquement existent pour permettre de visiter sans risque un musée, assister à un spectacle ou à une séance de cinéma, rappellent des acteurs du monde de la culture et des médecins. Qu’attend le gouvernement pour soutenir ces dispositifs ?

En évacuant les flâneurs des berges de Seine le week-end dernier à Paris, le gouvernement a parachevé sa stratégie qui, dans l’espoir sans doute vain d’éviter un confinement généralisé, privilégie l’écrasement de la culture, de la socialisation, du plaisir et de la décompression. Ce faisant, il signe un double échec annoncé : celui de faire suffisamment baisser la circulation du virus et celui de sortir les Françaises et les Français, en particulier les plus jeunes, de la léthargie qui les mène tout droit à une crise psychiatrique sans précédent. La France est un pays de science et de culture. Pourtant elle mène depuis des mois une politique qui étouffe la seconde en faisant fi de la première.

Nous voulons rappeler ici que des protocoles validés scientifiquement existent pourtant qui permettraient sans risque de visiter un musée, d’assister à un spectacle ou à une séance de cinéma, et de profiter d’événements extérieurs. Dire aussi qu’un certain nombre d’innovations simples (généralisations des QR codes, interfaçage des billetteries électroniques, des résultats de tests et de #TousAntiCovid, etc.) permettraient de sécuriser ces protocoles si le gouvernement en avait la volonté et s’en donnait les moyens. Et enfin affirmer que si des événements-tests complémentaires devaient être organisés (notamment pour les événements debout), c’est à l’Etat de les soutenir de toute urgence.

Depuis le 1er novembre dernier, la fermeture totale des établissements culturels et le couvre-feu privent les Français de culture et de lien social et rien n’indique que cette politique soit amenée à évoluer dans les semaines ou les mois à venir. Tout se passe comme si l’apparente «maîtrise» de l’épidémie (en réalité un niveau de contaminations constant mais supérieur à tous les grands pays d’Europe) était considérée comme satisfaisante par le gouvernement du moment qu’elle permet d’éviter ce qu’il considère comme le mal absolu : un nouveau confinement généralisé. Aujourd’hui, nous, scientifiques, élus, acteurs et actrices de la culture et de la fête, demandons de remettre en question la doxa utilitariste qui forge ce statu quo qu’il ne sera pas possible de maintenir pendant le printemps et l’été. Et pour ce faire, de réinterroger la science qui peut guider celui ou celle qui sait l’écouter.

Activités de plein air

Nous ne sommes pas des apprentis sorciers mais celles et ceux d’entre nous dont ce n’est pas le métier ont eu le temps d’apprendre à lire les données épidémiologiques et les études médicales sur les sujets qui nous concernent au premier chef. Or, dans la littérature scientifique, rien ne dit qu’il est plus dangereux d’assister à un spectacle assis que de prendre un métro bondé à l’heure du couvre-feu. A l’inverse, il existe des myriades d’articles démontrant que les contaminations en plein air sont drastiquement moins probables qu’en milieu confiné et qu’il faut donc privilégier les activités de plein air dès que cela est possible.

Pourtant, les annonces de Roselyne Bachelot au sujet des festivals de l’été sont venues doucher les derniers espoirs de bol d’air estival au mépris de leur importance culturelle, sociale et économique, mais au mépris également de ce que disent les spécialistes de la santé mentale qui alertent depuis des mois sur une possible troisième vague psychiatrique, notamment chez les adolescents et les jeunes adultes. Non, on ne répondra pas au besoin impérieux de rencontres des jeunes adultes en proposant des concerts assis avec deux mètres d’intervalle entre chaque chaise.

Ce que nous demandons, c’est juste d’adosser les politiques publiques aux recommandations scientifiques de la manière la plus fine, la plus précise, la plus dynamique mais aussi la plus généralisée possible. Pour organiser toutes les activités humaines quand les conditions le permettent, de la manière dont elles le permettent. Et d’arrêter de trier ces activités par le prisme de considérations autoritaires, approximatives et, de toute évidence, inefficientes sur leur caractère essentiel ou non-essentiel. Nous sommes, toutes et tous, prêts à arrêter nos activités quand il n’est plus possible de les mener mais nous demandons qu’a contrario, des protocoles nous permettent de les relancer progressivement dès que les indicateurs épidémiologiques sont compatibles avec leur exercice.

Politique bipolaire

Depuis la fin du second confinement de novembre-décembre, le gouvernement français a choisi d’emprunter une voie beaucoup plus drastique et atypique qu’il ne voudrait nous le faire croire. Cela fait maintenant trois mois que la vie des Français est partagée entre deux réalités que tout oppose. D’un côté, des journées quasi ordinaires où chacun travaille (et télétravaille de moins en moins), prend les transports en commun, va à l’école (à l’exception notable des universités), se rend dans les commerces bondés, bref, produit et consomme quasiment normalement. Et, d’autre part, des soirées et des week-ends inexistants sans musées, sans expositions, sans amis, sans rencontres, sans restaurants, sans spectacles, sans cinémas, sans concerts, bref sans culture, sans lien social et sans décompression psychologique. Aucun pays d’Europe n’a opté pour une telle politique bipolaire sur une si longue période.

En Grande-Bretagne ou en Allemagne, des confinements beaucoup plus stricts avec fermeture des écoles ont fait baisser la pression épidémiologique de manière nette. Il est donc possible qu’ils puissent envisager une reprise de leurs activités (essentielles ou non) plus vite que la France.

La France stagne sur un plateau haut depuis bientôt trois mois, ce qui lui interdirait tout «relâchement», selon le mot préféré des cabinets ministériels depuis des semaines. Et donc d’envisager toute reprise de l’activité culturelle. La France, championne traditionnelle de la politique culturelle en Europe, s’impose aujourd’hui comme le pays qui affirme le plus haut et le plus fort son caractère non essentiel. Tout se passe comme si le gouvernement avait mésinterprété l’expression «vivre avec le virus». Vivre avec, c’est vivre entièrement avec, ce n’est pas demi-vivre avec en choisissant ce qui est utile ou non, c’est faire en sorte que dans toutes les situations sociales, les consignes de prévention, de distanciation et de gestes barrières édictées par la science et les niveaux épidémiques soient prises en compte. Sans faire de tri entre des transports ou des supermarchés où 20 cm de distanciation seraient suffisants et des musées où une jauge d’une personne pour 10 m2 proposée par les professionnels n’est pas jugée suffisante pour permettre leur réouverture. Vivre avec, c’est travailler avec, aller à l’école avec mais aussi aller au spectacle avec et créer du lien social avec.

Des protocoles existants ou proposés par les professionnels sont pourtant aujourd’hui validés par les experts scientifiques : dans les musées, pour le spectacle assis ou les événements extérieurs. Des innovations ont même été proposées qui demanderaient un minimum d’investissement de la part de l’Etat pour parfaire la sécurité du public de ces événements. Notamment en généralisant l’obligation de présenter un test négatif pour participer à une séance, une représentation ou un festival. Comment croire qu’il ne serait pas possible d’interfacer des résultats de tests de moins de quarante-huit heures et l’application #TousAntiCovid avec les systèmes de billetteries électroniques ? Qui peut croire qu’avec un public entièrement testé, des masques, du gel, des jauges réduites, un encadrement renforcé et un contact tracing complet, il ne serait pas possible de faire des événements extérieurs debout en toute sécurité ? Si des événements tests complémentaires doivent être opérés, c’est à l’Etat français de déployer les moyens nécessaires pour les réaliser en urgence de manière proactive plutôt que de laisser les acteurs exsangues de ces secteurs s’en débrouiller.

A l’approche du printemps et de l’été, moment crucial où les activités de plein air beaucoup moins risquées d’un point de vue épidémiologique redeviennent possibles, les annonces sur les festivals, par une ministre de la Culture qui exhorte les professionnels de la musique à se «réinventer», donnent le signal que le gouvernement entend contraindre les activités culturelles sans limites. Non, il n’est pas question de se réinventer quand on parle d’écouter de la musique électro, du hip-hop ou du heavy metal assis seul sur une chaise de jardin sans la possibilité de se lever ou de boire un verre. Ce n’est pas se réinventer que d’accepter une telle injonction, c’est renier la nature même de ces événements qui sont sociaux autant que culturels. Et de la part du gouvernement, c’est organiser sans le dire l’abandon des événements officiels et sécurisés au profit d’événements sauvages qui ne seront pas forcément dénués de considérations sanitaires mais qui se feront dans tous les cas, en dehors de tout contrôle extérieur.

Nous, scientifiques, artistes, acteurs et actrices de la culture ou élus demandons solennellement au gouvernement français de sortir de l’impasse dans laquelle il nous a menés, de rouvrir tout ce qui peut l’être en respectant des protocoles stricts et de tout faire pour que les activités extérieures nous offrent un bol d’air salvateur durant l’été. Nos villes, nos structures, les artistes mais aussi le public, et le jeune public en particulier, ne survivront pas à un printemps et un été sans culture.

Signataires : Adrien de Van, directeur du théâtre Paris-Villette ; Bruno Blanckaert, directeur du Grand Rex ; Carine Rolland, maire adjointe de Paris en charge de la culture et de la ville du quart d’heure ; Constance Delaugerre, professeur de virologie, hôpital Saint-Louis, université de Paris ; Eric Labbé, cofondateur de Maison Message, spécialiste de la nuit et des pratiques festives ; Frédéric Hocquard, maire adjoint de Paris en charge du tourisme et de la nuit ; Laurence De Magalhaes et Stéphane Ricordel, codirecteurs du Monfort Théâtre ; Malika Seguineau, directrice générale du Prodiss, syndicat national du spectacle musical et de variété ; Renaud Barillet, président du réseau MAP – Musiques actuelles à Paris ; Serge Hefez, responsable de l’unité de thérapie familiale dans le service de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière de Paris ; Tommy Vaudecrane, président de Technopol ; Ulysse Guttmann-Faure, représentant des étudiants au sein du comité consultatif Covid de Paris.

Nantes, 14 mars 2021. Occupation du Théâtre Graslin.Filmé pour Mediapart par Antoine Perraud


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