À Lampaul-Plouarzel où il habite dans le Finistère, tous les soirs depuis la mi-janvier. Eric Hervé, comédien, enfile son costume de gendarme. Il enfourche son vélo et claironne dans son mégaphone: « il va faire tout noir« pour annoncer le début du couvre-feu. Et les riverains qui connaissent la réplique culte du film « RRRrrrr !!! », réalisé en 2004 par Alain Chabat, lui répondent …
En cette période de crise sanitaire, la Compagnie Une de plus avec laquelle Eric Hervé joue ses spectacles est réduite au silence. Alors il s’est trouvé un défi original. Pratiquement tous les soirs, vers 17 h 30, il devient Jean-Luc la Police. Il revêt sa tenue de garde champêtre, se transforme en crieur public et parcourt sa commune à vélo, pour annoncer le couvre-feu. Et les médias se sont passé le mot ! En témoigne ce vidéo reportage de 4′ diffusé le 23 février 2021 par France Info …
« Ça va être tout noir… »: en Bretagne, un faux gendarme annonce le couvre-feu en citant une réplique de film …
Un article signé Benjamin Illy publié par Radio France
![Eric Hervé, comédien professionnel, à Lampaul-Plouarzel (Finistère), le 22 février 2021 (BENJAMIN ILLY / FRANCE-INFO)](https://www.francetvinfo.fr/pictures/VRFOoTji_Na_Rbv0EV0ECkiYSk8/752x423/2021/02/23/phpAUqa8Q.jpg)
C’est devenu une habitude : tous les jours depuis le début du couvre-feu imposé à cause de la crise sanitaire du Covid-19, à 17h30 pétantes, Éric Hervé enfourche son vélo déguisé en « Jean-Luc la police ». Pendant une demi-heure, il fait le tour des rues de Lampaul-Plouarzel, dans le Finistère, en criant dans son mégaphone « Ça va être tout noir ! » Ce à quoi ceux qui le souhaitent peuvent lui répondre « Ta gueule ! »
« J’ai un personnage de gendarme-crieur, explique ce comédien professionnel de 46 ans. Cela vient du film RRRrrr!!! d’Alain Chabat où un personnage annonce la nuit et les gens lui répondent ‘Ta gueule !’. »
Cette idée de la tournée dans cette petite commune de 2 143 habitants est venue « d’un énervement », poursuit Éric Hervé. « Le couvre-feu ici, vu la densité de population qu’on a dans notre petit village, on trouve qu’il n’a pas lieu d’être, soupire-t-il. Il y a très peu de cas de Covid ici. C’est absurde de prendre des mesures comme ça. C’est à se demander si les gens qui prennent des décisions ont étudié le terrain. »
« Le couvre-feu, c’est pas pour moi »
Une dizaine de personnes le suivent à vélo dans sa tournée et répondent volontiers « Ta gueule ! » en souriant au faux gendarme. Comme « un exutoire » à ce qu’ils considèrent comme une mesure disproportionnée. « J’en ai rien à faire du couvre-feu. C’est pas pour moi ça, c’est pour les Parisiens », lance Gégé, tout en s’excusant dans un sourire. Maryvonne, 63 ans, trouve, elle, que le couvre-feu est « un peu triste et un peu ridicule surtout ». Elle regrette d« être obligée de se cloîtrer » alors qu’il fait encore jour à 18 heures.
Le maire Michel Jourden estime que ce rituel « met une bonne ambiance dans la commune ». « Il n’en reste pas moins, temporise l’édile, que c’est le Covid et qu’il faut être sérieux. C’est vrai que 18 heures c’est très très tôt. Dans l’absolu, je serais favorable à ce qu’on le décale à 20 heures. » Dans le Finistère, l’un des départements français où le Covid-19 circule le moins, le taux d’incidence est près de quatre fois inférieur à la moyenne nationale.
Finistère : un comédien se déguise en gendarme pour dénoncer le couvre-feu
Depuis un mois, un comédien d’une compagnie bretonne se transforme en garde champêtre, chaque soir, afin d’annoncer avec humour, le couvre-feu dans son village.
Depuis mi-janvier 2020, Eric Hervé, alias «Jean-Luc lapolice» déambule en gendarme presque chaque soir, dans le village de Lampaul-Plouarzel. Grimé en gendarme, il enfourche sa bicyclette afin d’annoncer l’imminence du couvre-feu aux habitants. Vers 17h30, le trublion breton, képi sur la tête, chemise bleu et épaulettes, se transforme en crieur public. «Ça va être tout noir !», répète-t-il dans son mégaphone. Les passants lui répondent «Ta gueule!». Ces répliques sont tirées de la scène culte du film RRRrrrr !!!, réalisé en 2004 par Alain Chabat.«Au début, les passants étaient interloqués et n’avaient pas forcément la référence du film.», témoigne en riant le comédien. Mais progressivement, tout le village côtier de 2100 habitants, s’est enthousiasmé autour de ce petit rituel. «Les premiers jours, une ou deux personnes m’ont répondu. Il y a eu de plus en plus de fidèles au rendez-vous, même par temps maussade. C’est que du bonheur, et ça fait du bien.», ajoute Eric Hervé.Désormais, chaque soir, le comédien est suivi à bicyclette par de nombreux enfants et adolescents, et même par des adultes. Sur sa page Facebook «Eric Amishes», il diffuse régulièrement des vidéos de ses tournées en gendarme. Il écrit notamment : «Soyons désinvoltes, n’ayons l’air de rien.»
« C’est une aberration ce couvre-feu au fin fond du Finistère. »Eric Hervé
Mardi 16 février, à l’occasion de Mardi gras, Eric Hervé a annoncé un «vélo tour en costumes carnaval.» dans sa commune. Il a également installé à Lampaul-Plouarze, «une boîte de crieur», où chacun peut déposer des messages. Toujours déguisé en gendarme, jeudi 18 février au matin, il ouvrira la boîte pour lire à haute voix les messages, lors du marché du village.«Cette initiative est un message politique : c’est une aberration ce couvre-feu. Depuis un an, on nous impose ici des mesures absurdes.» Pour le comédien, c’est aussi un exutoire. «Ce sont aussi des moments de bonheur. Ici les gens aiment se rencontrer. Il y a une énergie incroyable. Normalement, ici, les familles entières se rencontrent dans les bars. Mais avec ce couvre-feu, les gens sont isolés et lassés», affirme le comédien.
Une volonté de continuer son métier
Comédien de la compagnie lampaulaise Une de Plus, Éric Hervé a dû annuler tous ses spectacles prévus dans toute la France mais également à l’étranger (Russie, en Allemagne…). «C’est une période difficile. J’ai quelques petits contrats, mais qui ne permettent pas de gagner ma vie. On est mis au placard, nous, les artistes de théâtre.» Après avoir traversé une période de découragement, son nouveau rôle lui a redonné le goût de jouer. «J’ai toujours fait du spectacle pour fédérer», précise Eric Hervé.