Johnny Clegg, le Zoulou blanc

Les chansons qui font l’histoire sont rares. « Asimbonanga » en fait partie. Elle a propulsé Savuka, le groupe du chanteur et danseur Johnny Clegg, en tête des ventes de disques en 1987, avant de s’imposer en hymne de la lutte contre l’apartheid en Afrique du Sud. Dédiée au leader de l’ANC Nelson Mandela, à l’époque emprisonné depuis vingt-quatre ans, la chanson du « Zoulou blanc » marque un jalon dans la trajectoire d’un artiste qui a passé sa jeunesse à braver la censure …

À Francfort en 1997, Nelson Mandela avait fait la surprise à Johnny Clegg lors de son concert. Il était monté sur scène au moment de la chanson « Asimbonanga » qui lui rend hommage.

Johnny Clegg, le Zoulou blanc

Alors qu’il avait jusqu’ici refusé tout projet de documentaire sur sa vie, Johnny Clegg a accepté de se laisser filmer par Amine Mestari, chez lui à Johannesburg. Âgé de 65 ans et se sachant condamné à brève échéance par un cancer incurable, la star a souhaité revenir sur son enfance, sa jeunesse et sa carrière.  Arte 53 min

Particulièrement émouvant, ce portrait entremêle confessions intimes d’un homme affaibli mais au regard toujours pétillant, témoignages de ses compagnons de route, à l’instar de Sipho Mchunu, avec lequel il fonda son premier groupe, Juluka, images de la vie quotidienne sous l’apartheid et extraits de concerts d’un artiste engagé, dont on sait moins qu’il est aussi anthropologue et grand spécialiste… des Zoulous.


Rencontre inédite au Port de commerce de Brest

En ce Jeudi du Port du 25 juillet 2002, l’occasion unique de raconter à Johnny Clegg ,« Jo’ Burg’s Dolls 99 »,  l’aventure sud africaine exceptionnelle vécue en 1999 avec la Compagnie Oposito, notamment dans les townships d’Alexandra et de Soweto

Osiyeza
La traversée

 A travers les jours qui me rongent
A chaque souffle que je prends
A travers toutes les nuits où j’ai été seul
Dans le rêve de quelqu’un d’autre, éveillé
Tous les mots de vérité que nous avons dits
Que le vent avait soufflé
Il n’y a que toi qui reste près de moi
Claire, telle la lumière du jour
 
Refrain: O Siyeza, o siyeza, sizofika webaba noma
O siyeza, o siyeza, siyagudle lomhlaba
 
Nous arrivons, nous arrivons, nous arriverons bientôt
Nous arrivons, nous arrivons, nous nous dirigeons vers cette terre
Nous avons traversé ces montagnes sombres
Là où nous allons déposer nos ennuis
Un homme ivre battu dans un bar du centre-ville
Prend une raclée, sans faire de bruit
A travers ses yeux gonflés, il titube et sourit
Parce que personne ne peut le réprimer
Dans son for intérieur un garçon lève les yeux vers son père
 
O Siyeza, o siyeza, sizofika webaba noma
D’un signe ou un regard approbateur
O siyeza, o siyeza, siyagudle lomhlaba
Oh, comme c’est curieux comment ceux qui nous sont proches et maintenant disparus
Peuvent si affecter nos vies
Prends-moi maintenant, tiens moi à proximité
Ne me lâche pas, j’arrive à la maison
 
O Siyeza, o siyeza, sizofika webaba noma
O siyeza, o siyeza, siyagudle lomhlaba …

Johnny Clegg : un peu plus rock qu'avant, mais sa fameuse « world music » n'a...
Johnny Clegg : un peu plus rock qu’avant, mais sa fameuse « world music » n’a pas disparu. (Photo S.L.R.)

BREST (29). Le Zoulou blanc est de retour et il est toujours aussi content. Toujours aussi content de se produire sur scène, toujours aussi content d’interpréter ses chansons estampillées « world music ». Toujours aussi content de revenir en Bretagne, une région qu’il tient en particulière affection.

Il n’a presque pas changé. Le regard bleu et pétillant de malice est bien le même, celui qui avait fait vibrer les foules quand «Scatterlings of Africa» et «Asimbonanga» déferlaient en tubes gigantesques sur les ondes et les scènes. Seuls quelques cheveux en moins sur le dessus de la tête témoignent que le temps passe, en Afrique du Sud comme ailleurs. Ce satané chronomètre qui lui rappelle qu’au début de sa carrière internationale, «le combat que nous menions en Afrique du Sud était très simple» et qu’aujourd’hui, mine de rien, le pays ne vit «pas mieux. Un nouvel espace politique et culturel s’est créé, mais la compétition est âpre entre tous les groupes de population pour s’approprier ce bloc de démocratie. La xénophobie est toujours à la mode, hélas, même entre les différentes ethnies noires».

Un nouvel album dans la veine pop-rock
Johnny Clegg, lui, continue à chanter. Avec Juluka, et bientôt tout seul, pour un nouvel album qui sortira dans trois mois en France. «J’en interpréterai quatre morceaux ce soir (hier, ndlr) à Brest. Ce sera la première fois à l’extérieur de frontières sud-africaines», confie-t-il en dévorant un plateau de fromages. «Ce nouvel album est beaucoup plus pop-rock que les autres. J’ai délaissé un peu la world music cette fois-ci». Mais à quelques heures de sa prestation aux «Jeudis du port», le Zoulou blanc ne jouait pas les stars : le show, ce serait « un mix entre le neuf et le vieux». Pas de raison donc de faire l’impasse sur les bons vieux standards.

La Bretagne une place à part
Le Saint-Nectaire avalé, Johnny Clegg s’excuse presque. Il doit aller faire la balance pour le concert, il n’a plus beaucoup le temps pour répondre aux questions. «Sorry, then». Mais il ne partira pas sans dire sa joie de revenir en Bretagne, lui qui a déjà joué à plusieurs reprises avec le bagad Kemper. Pourquoi ? «Pour le temps», pouffe-t-il en lorgnant la bruine poisseuse qui colle en cette fin d’après-midi. Puis, redevenant sérieux, il avoue aimer «cette sensibilité que l’on trouve ici» et que le Zoulou blanc attribue «au combat pour la recherche des racines culturelles et politiques. Cette histoire qui vous est propre fait, qu’à mon avis, il existe en Bretagne une très grande ouverture d’esprit sur toutes les autres cultures». Celui qui a, dans son subconscient, «toujours une petite base celtique» sait parfaitement de quoi il parle en citant l’ouverture. N’est-ce pas lui qui, il y a 14 ans, a enflammé le public avec ses rythmes zoulous ? Sacré Johnny, c’est si bon de vous revoir.

© Le Télégramme


Johnny CLEGG  interviewé en 1989

Lunettes noires pour nuits blanches
|Antenne 2 | 25/11/1989

Dans la discothèque parisienne Le Palace, le chanteur Johnny CLEGG répond à une interview « express » (en anglais sous titré français). Il explique qu’il aurait aimé être de culture noire, que, petit, il voulait ressembler à son beau-père et que son premier « héros » était un voisin zoulou qui lui a appris à danser et à jouer de la guitare, il fait part de sa première conscience de l’Apartheid alors qu’il avait 7 ans, évoque sa première rencontre avec Sipho MCHUNU, la situation de l’Afrique du Sud, revient sur l’affaire Winnie MANDELA, Les questions auxquelles il répond apparaissent en incrustation à l’image.
Images d’archive INA