Les chansons qui font l’histoire sont rares. « Asimbonanga » en fait partie. Elle a propulsé Savuka, le groupe du chanteur et danseur Johnny Clegg, en tête des ventes de disques en 1987, avant de s’imposer en hymne de la lutte contre l’apartheid en Afrique du Sud. Dédiée au leader de l’ANC Nelson Mandela, à l’époque emprisonné depuis vingt-quatre ans, la chanson du « Zoulou blanc » marque un jalon dans la trajectoire d’un artiste qui a passé sa jeunesse à braver la censure …
À Francfort en 1997, Nelson Mandela avait fait la surprise à Johnny Clegg lors de son concert. Il était monté sur scène au moment de la chanson « Asimbonanga » qui lui rend hommage.
Johnny Clegg, le Zoulou blanc
Alors qu’il avait jusqu’ici refusé tout projet de documentaire sur sa vie, Johnny Clegg a accepté de se laisser filmer par Amine Mestari, chez lui à Johannesburg. Âgé de 65 ans et se sachant condamné à brève échéance par un cancer incurable, la star a souhaité revenir sur son enfance, sa jeunesse et sa carrière. Arte 53 min
Osiyeza
La traversée

BREST (29). Le Zoulou blanc est de retour et il est toujours aussi content. Toujours aussi content de se produire sur scène, toujours aussi content d’interpréter ses chansons estampillées « world music ». Toujours aussi content de revenir en Bretagne, une région qu’il tient en particulière affection.
Il n’a presque pas changé. Le regard bleu et pétillant de malice est bien le même, celui qui avait fait vibrer les foules quand «Scatterlings of Africa» et «Asimbonanga» déferlaient en tubes gigantesques sur les ondes et les scènes. Seuls quelques cheveux en moins sur le dessus de la tête témoignent que le temps passe, en Afrique du Sud comme ailleurs. Ce satané chronomètre qui lui rappelle qu’au début de sa carrière internationale, «le combat que nous menions en Afrique du Sud était très simple» et qu’aujourd’hui, mine de rien, le pays ne vit «pas mieux. Un nouvel espace politique et culturel s’est créé, mais la compétition est âpre entre tous les groupes de population pour s’approprier ce bloc de démocratie. La xénophobie est toujours à la mode, hélas, même entre les différentes ethnies noires».
Un nouvel album dans la veine pop-rock
Johnny Clegg, lui, continue à chanter. Avec Juluka, et bientôt tout seul, pour un nouvel album qui sortira dans trois mois en France. «J’en interpréterai quatre morceaux ce soir (hier, ndlr) à Brest. Ce sera la première fois à l’extérieur de frontières sud-africaines», confie-t-il en dévorant un plateau de fromages. «Ce nouvel album est beaucoup plus pop-rock que les autres. J’ai délaissé un peu la world music cette fois-ci». Mais à quelques heures de sa prestation aux «Jeudis du port», le Zoulou blanc ne jouait pas les stars : le show, ce serait « un mix entre le neuf et le vieux». Pas de raison donc de faire l’impasse sur les bons vieux standards.
La Bretagne une place à part
Le Saint-Nectaire avalé, Johnny Clegg s’excuse presque. Il doit aller faire la balance pour le concert, il n’a plus beaucoup le temps pour répondre aux questions. «Sorry, then». Mais il ne partira pas sans dire sa joie de revenir en Bretagne, lui qui a déjà joué à plusieurs reprises avec le bagad Kemper. Pourquoi ? «Pour le temps», pouffe-t-il en lorgnant la bruine poisseuse qui colle en cette fin d’après-midi. Puis, redevenant sérieux, il avoue aimer «cette sensibilité que l’on trouve ici» et que le Zoulou blanc attribue «au combat pour la recherche des racines culturelles et politiques. Cette histoire qui vous est propre fait, qu’à mon avis, il existe en Bretagne une très grande ouverture d’esprit sur toutes les autres cultures». Celui qui a, dans son subconscient, «toujours une petite base celtique» sait parfaitement de quoi il parle en citant l’ouverture. N’est-ce pas lui qui, il y a 14 ans, a enflammé le public avec ses rythmes zoulous ? Sacré Johnny, c’est si bon de vous revoir.
© Le Télégramme
Johnny CLEGG interviewé en 1989
Lunettes noires pour nuits blanches
|Antenne 2 | 25/11/1989
Dans la discothèque parisienne Le Palace, le chanteur Johnny CLEGG répond à une interview « express » (en anglais sous titré français). Il explique qu’il aurait aimé être de culture noire, que, petit, il voulait ressembler à son beau-père et que son premier « héros » était un voisin zoulou qui lui a appris à danser et à jouer de la guitare, il fait part de sa première conscience de l’Apartheid alors qu’il avait 7 ans, évoque sa première rencontre avec Sipho MCHUNU, la situation de l’Afrique du Sud, revient sur l’affaire Winnie MANDELA, Les questions auxquelles il répond apparaissent en incrustation à l’image.
Images d’archive INA
Le Sud-Africain Johnny Clegg est mort d’un cancer, à l’âge de 66 ans. Sa chanson “Asimbonanga”, dédiée à Nelson Mandela, avait fait le tour du monde en 1987 et était devenu un hymne anti-apartheid #CulturePrime pic.twitter.com/pweNOxzKJY
— France Culture (@franceculture) July 17, 2019