Morlaix commence à regretter son festival international de théâtre de rue …

Dessin de Tramber (Télégramme du 7 août 2010)

Dès son élection en 2008 à la tête de la Mairie de Morlaix, Mme Agnès Le Brun avait amputé de façon drastique le budget du Festival des Arts dans la Rue et préfiguré la rupture entre Le Fourneau – Centre National des Arts de la Rue  et Morlaix Communauté d’Agglo. Les conditions n’étant plus réunies, l’association Le Fourneau décidait 3 ans plus tard, la cessation de son engagement sur le territoire du Pays de Morlaix.
7 ans après la fin du FAR, la ville de Morlaix commencerait- elle à regretter son festival international de théâtre de rue ?

Tant bien que mal, La Ville avait en 2012 repris à son compte l’organisation des arts dans la rue avec « Le Bel Été » qui se déroulait chaque mercredi sur la Place Allende . Mais au début de cette année 2018, les élus Morlaisiens ont annoncé la suppression du « Bel Été » et ses arts de la rue. La raison principale  invoquée : les coûts de la sécurité !
Pour remplacer cette tradition estivale morlaisienne née il y a plus de 30 ans, Agnès Le Brun a voulu lancer un nouveau rituel « L’Estival Festival »,  à base de guinguette, d’activités de jeux géants, de soirées contées et de concerts. Mais pour sa première édition, ce festival ne semble pas avoir remporté un vif succès …
En témoigne cet article signé Chloé Richard publié dans L’Ouest France Morlaix du

Morlaix. L’Estival Festival, un été pas si beau ?

Ils étaient une cinquantaine, pour beaucoup des retraités, à profiter du concert hier après-midi, aux alentours de 15 heures, place des Otages.
Ils étaient une cinquantaine, pour beaucoup des retraités, à profiter du concert hier après-midi, aux alentours de 15 heures, place des Otages … 

La première édition laisse des impressions mitigées, beaucoup regrettent les arts dans la rue. Mais la ville de Morlaix (Finistère) compte « apporter des améliorations » en vue d’une seconde édition, l’été prochain.

Mercredi 22 août, c’était la dernière journée de l’Estival Festival. Tout au long de l’été, ce remplaçant des arts dans la rue a proposé des activités et concerts, entre autres, les mercredis après-midi et soirs devant la mairie et au Tiers-lieu, rue de Paris.

Les critiques étaient nombreuses lorsque la ville de Morlaix avait annoncé stopper « Bel Été ». La raison principale qui avait été invoquée à cette fin d’une tradition estivale morlaisienne de plus de 30 ans : les coûts de la sécurité.

Des activités pour les familles

À la place, les Morlaisiens ont pu assister, s’ils le souhaitaient, à bal de guinguette pour le 14 juillet, juste après le feu d’artifice, ou encore à des activités de jeux géants, à des soirées contées, à des concerts. Ils ont aussi pu profiter des transats installés près du kiosque. Mais le festival ne semble pas avoir remporté un vif succès.

« Il ne s’agit pas d’être en concurrence avec d’autres festivals dans d’autres villes » précise la maire de Morlaix, Agnès Le Brun. « Le festival doit être rodé, c’est la première édition, c’est différent. On recherche quelque chose de plus familial ». Pour Marie, mère de trois enfants, les activités proposées les mercredis après-midi étaient en effet adaptées aux enfants, « un critère important. C’était agréable de venir ici, même si je ne suis pas venue toutes les semaines. » Mais pour les soirées, Marie ne s’est pas dite attirée par la programmation, « les intitulés faisaient trop touristiques, comme « Fête bretonne ». Après je ne peux pas juger si c’était bien ou pas comme je n’y suis pas allée. »

« Depuis 5-6 ans, cela a changé »

Pour d’autres, ils se disent clairement déçus et un vent de nostalgie se fait ressentir chez les Morlaisiens. Ils regrettent « Bel Été » mais aussi et surtout le FAR du Pays de Morlaix, le festival international de théâtre de rue. À plusieurs reprises, on a pu entendre que « depuis 5-6 ans, cela a changé », soit quand le partenariat entre Morlaix Communauté et la Ville de Morlaix pour l’organisation du FAR a pris fin. La Ville a alors repris les arts dans la rue qui se sont déroulés, jusqu’à l’an passé, sur la place Allende.

« Les commerçants qui disent regretter les arts dans la rue sont les mêmes qui se plaignaient il y a quelques années que les arts dans la rue bloquaient les commerces » déclare Agnès Le Brun. Michèle Rojinsky, du magasin de bijoux Tourmaline, trouve surtout « dommage » de ne plus avoir ces événements place Allende, « Morlaix est mort pour le soir. » Ce sur quoi s’accorde Mathilde Rolland, du magasin Po Rouge, « Il n’y a rien au niveau de la vie à Morlaix. Même les touristes nous le disent ».

Pour ce couple venu de Clisson, « On voit la différence d’années en années, on vient ici tous les étés. On est allé ce mercredi au concert de l’Estival Festival parce qu’on avait un rendez-vous en ville, sinon on se dirige vers les villes balnéaires maintenant ». Et le beau temps de cet été n’a d’ailleurs pas dû aider l’Estival Festival à attirer davantage de monde.

Un sondage auprès des Morlaisiens

Malgré tout, l’Estival Festival sera reconduit l’été prochain, « avec des améliorations notamment en termes de communication. Nous allons faire des sondages auprès des Morlaisiens mais les premiers retours nous montrent que la thématique autour du livre et de la lecture plaît beaucoup. » souligne Agnès Le Brun. Elle précise aussi que « toutes les décisions qui seront prises seront respectueuses de la configuration particulière de la ville pour maintenir au maximum l’accès totalement libre à la ville. C’est une demande des commerçants que nous trouvons légitime. » La ligne directrice du festival restant de « respecter un mélange de culture festive et de distractions accessibles à tous. »

Chloé Richard  Ouest-france Morlaix du

 

En savoir plus en consultant « le Grand Livre internet 1997-2010 du Théâtre de Rue en Pays de Morlaix »

« Les Arts dans la rue de Morlaix » ont été initiés dès 1987 par le directeur du théâtre Yvon Diraison et les élus de la ville de Morlaix sous la forme d’un rituel de 9 mercredis d’été. C’est en 97, que Marylise Le Branchu, Maire de Morlaix et Jean Guisnel, Président de l’Association des Arts dans la rue font appel à l’équipe du « Fourneau de Brest et de l’Ouest » pour prendre la direction d’un projet devenu au fil des ans exangue et déficitaire .

Passé de 9 à 5 mercredis, le « Festival des Arts dans la Rue » prend son essor sous le nom de « FAR de Morlaix » sous la direction du Fourneau. Il s’enrichit dès 2001 d’un rituel propre aux 28 communes de la Communauté d’Agglomération : « Le Mai des Arts« . Cet événement reçoit en novembre 2001 le « Prix Territoria » des mains du Président du Sénat. A partir de 2002 des résidences d’artistes ponctuées de « Sorties de fabrique » intensifient la présence artistique aux 4 coins du territoire. C’est en 2007 que « le FAR de Morlaix » affiche clairement sa dimension de « Festival international de créations de théâtre de rue en Bretagne« , concentré sur la première semaine d’août.

Dès son élection en 2008 à la tête de la Mairie de Morlaix, Agnès le Brun ampute de façon drastique le budget du FAR. En 2009, le Festival est sauvé par Yvon Hervé, Président de Morlaix Communauté qui compense le désengagement de la ville Centre. Le chantier passionnant de la construction d’une « Saison de théâtre de rue communautaire » débute, le « FAR du Pays de Morlaix » est en marche.

Mais à l’automne 2010, Morlaix Communauté réduit ses financements et se désolidarise peu à peu des objectifs affichés par le Fourneau. La Vice Présidente Annie Loneux rature les documents déjà signés et paraphés, provoquant ainsi l’invalidation de la convention pluriannuelle 2010-2011-2012-2013 du Centre National des Arts de la Rue.

C’est au regard de ces désengagements moraux et financiers successifs que le Conseil d’Administration de l’Association le Fourneau vote à l’unanimité le 30 janvier 2011 la cessation de son engagement sur le territoire du Pays de Morlaix.

Aujourd’hui, l’équipe du Fourneau développe son travail sous d’autres longitudes et d’autres latitudes avec une inaltérable passion pour les rencontres entre artistes et habitants.

Restait à inscrire dans les mémoires ces 14 années d’émotions artistiques et humaines en Pays de Morlaix. Ce tapuscrit illustré s’est fabriqué au jour le jour à plusieurs mains dans l’espace public d’internet. Nous le dédions avec fierté aux habitants et aux artistes d’ici et d’ailleurs.

Michèle Bosseur et Claude Morizur,
Chevaliers dans l’ordre des Arts et des Lettres, Co-fondateurs du Centre National des Arts de la Rue Le Fourneau
Yannick Besnier,
Vice Président du Fourneau et Président de l’Association
des Mordus des Arts de la Rue du Pays de Morlaix

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