Deux ans après la mort de Mahsa Amini, la chanteuse iranienne Parastoo Ahmadi a diffusé le 11 décembre 2024 sur YouTube un concert dans lequel elle apparaît sans le hidjab imposé par la loi . Ce geste de défi intervient au moment où une nouvelle loi durcissant les sanctions à l’encontre des femmes non voilées doit entrer en vigueur. Le pouvoir iranien a immédiatement ouvert des poursuites judiciaires …
En Iran, le concert sans voile et sans public de la chanteuse underground Parastoo Ahmadi …
La vidéo de la prestation de la jeune femme, diffusée en direct sur Youtube, depuis un endroit tenu secret, a été visionné un million de fois. Un geste de défi à l’encontre du pouvoir qui a immédiatement ouvert des poursuites judiciaires. Un article signé
C’est ainsi que mercredi 11 décembre, à 21 heures locales, la chanteuse underground iranienne Parastoo Ahmadi a lancé son concert « imaginaire », sans public, retransmis en direct sur sa chaîne YouTube, un site bloqué en Iran comme tous les autres réseaux sociaux, mais accessibles par le biais de logiciels de contournement. Son concert s’est déroulé dans un caravansérail, situé dans un endroit tenu secret, en Iran. La chanteuse de 27 ans, accompagnée de trois musiciens, arbore ses longs cheveux lâchés sur ses épaules. Maquillée avec soin, elle porte une robe noire qui dévoile ses épaules et ses bras. Autour de son cou, un collier en forme de carte de l’Iran.
Pendant vingt-sept minutes, Paratsoo Ahmadi enchaîne des morceaux folkloriques, un chant révolutionnaire et quelques compositions de son propre groupe en persan avec une grande maîtrise. Aucun détail, de la lumière à la mise en scène, en passant par le son et la vidéographie, n’a été laissé au hasard. La jeune femme chante avec une aisance déroutante, comme si ce concert était un fait banal. En Iran, le chant solo des femmes est pourtant interdit …
« Une arme contre la tyrannie » : cette chanteuse iranienne a donné un concert sans porter le hijab
La chanteuse iranienne Parastoo Ahmadi a posté une vidéo mercredi 11 décembre dans laquelle elle chante sans public mais surtout sans voile, défiant ainsi les mollahs et la loi islamique qui impose un strict code vestimentaire en Iran. Un article paru dans l’Ouest France du …
L’artiste iranienne Parastoo Ahmadi a affolé la toile en chantant sans voile. Dans une vidéo d’une trentaine de minutes postée sur Youtube, mercredi 11 décembre 2024, elle donne un concert sans public en plein désert, cheveux bruns détachés, épaules dénudées et longue robe noire. Cette performance sans hijab, obligatoire pour les femmes en Iran, lui a valu le soutien de nombreux partisans mais aussi des poursuites judiciaires. Depuis la révolution islamique de 1979, la loi impose aux Iraniennes de se couvrir leurs cheveux et ne peut chanter seules en public.
La date de la prestation n’a pas été précisée mais elle semble avoir été tournée en Iran. La chanteuse est accompagnée des membres de son groupe, quatre hommes, dans la lumière tamisée du patio d’un caravansérail traditionnel.
Connue pour avoir posté des chansons pendant le mouvement « Femme, vie, liberté »
Parastoo Ahmadi a conquis un large public en postant ses chansons sur Instagram, où elle compte désormais plus de 450 000 abonnés. Elle avait notamment publié des balades en 2022-2023 en soutien aux manifestations de masse qui avaient alors secoué le pays après la mort de Mahsa Amini, le 16 septembre 2022 à Téhéran. L’étudiante kurde iranienne de 22 ans était décédée en prison après avoir été arrêtée par la police des mœurs pour ne pas avoir respecté le strict code vestimentaire islamique. Les mobilisations qui ont suivi se sont transformées en révolte, un mouvement baptisé « Femme, vie, liberté ».
« Je suis Parastoo, la fille qui ne peut garder le silence et refuse d’arrêter de chanter pour le pays qu’elle aime, écrit Parastoo Ahmadi sur Youtube. Écoutez ma voix dans ce concert imaginaire et rêvez d’une Nation libre et belle. »
Un concert « historique », « une arme contre la tyrannie »
Sans la nommer, l’agence de presse de la justice iranienne dénonce un « groupe dirigé par une chanteuse » ayant enregistré « de la musique sans respecter les règles légales et religieuses ». Les autorités sont « intervenues et ont pris les mesures appropriées, ouvrant des poursuites contre la chanteuse et la production », précise l’agence Mizan.
La journaliste et dissidente Masih Alinejad a salué un concert « historique » dans un message posté sur X. Exilée aux États-Unis, elle a affirmé que « sa voix [était] une arme contre la tyrannie, son courage une ode à la défiance ».
Karim Sadjadpour, expert du think tank Carnegie Endowment, a pour sa part reconnu un « acte de courage extraordinaire » qui creuse « une nouvelle faille dans les fondations de la théocratie en décomposition de l’Iran ». « Les Iraniennes continuent de nous bluffer par leur courage », note de son côté Farid Vahid, de la Fondation Jean-Jaurès à Paris, évoquant un « magnifique acte de résistance ».
La diffusion du concert survient alors qu’une nouvelle loi pourrait entrer en vigueur ce vendredi 13 décembre, qui prévoit de durcir encore les peines réservées à celles qui ne respectent pas le strict code vestimentaire imposé aux Iraniennes. Selon l’ONG Amnesty International, ces dernières pourraient encourir la peine de mort si elles enfreignaient ce texte sur « la promotion de la culture de la chasteté et du hijab ».
« Cette loi honteuse intensifie la persécution des femmes et des filles qui osent se battre pour leurs droits », a fustigé Diana Eltahawy, directrice adjointe Moyen-Orient et Afrique du Nord pour Amnesty.
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Loi sur le voile en Iran : « Le régime renforce les contraintes pour mieux réprimer la société »
Une nouvelle loi durcissant les sanctions à l’encontre des femmes non voilées doit entrer en vigueur, ce vendredi 13 décembre, en Iran. Flagellation, amendes exorbitantes, lourdes peines de prison… Ce texte, qui comprend 74 articles, suscite la polémique deux ans après la mort de Mahsa Amini et le mouvement Femme, Vie, Liberté . Un article signé
Deux ans après la mort de Mahsa Amini, une Iranienne de 22 ans arrêtée en septembre 2022 pour ne pas avoir respecté le strict code vestimentaire islamique, la répression envers les femmes franchit une nouvelle étape en Iran. Alors que depuis la Révolution islamique de 1979, les femmes iraniennes ont l’obligation de dissimuler leurs cheveux dans les lieux publics, ce vendredi 13 décembre, une nouvelle loi appelée « protection de la famille par la promotion de la culture de la chasteté et du hijab », doit entrer en vigueur dans le pays.
Flagellation, amendes exorbitantes, lourdes peines de prison, interdictions de voyager et restrictions en matière d’éducation et d’emploi pour les femmes et les filles… Le texte comprend 74 articles et cinq chapitres.
Ainsi, des amendes – pouvant représenter en cas de récidive jusqu’à 20 mois de salaire moyen – seront infligées aux femmes mal ou non voilées en public ou sur les réseaux sociaux. Ces amendes devront être payées sous dix jours, faute de quoi les contrevenantes pourront faire l’objet d’une interdiction de sortie de territoire et être privées de certains services publics, dont la délivrance d’un permis de conduire.
Dans un communiqué, publié mercredi 10 décembre, Amnesty International dénonce une loi « honteuse », pénalisant « également les entités privées qui ne font pas respecter le port obligatoire du voile, tout en garantissant l’impunité aux fonctionnaires et aux groupes d’autodéfense qui s’en prennent violemment aux femmes qui défient cette loi ».
L’ONG alerte sur une « escalade dangereuse » de la répression alors que cette nouvelle législation « autorise la peine de mort pour tout activisme pacifique » contre les lois sur le port obligatoire du voile.
« Polariser » et « contrôler » la société
L’entrée en vigueur de ce texte fait notamment figure de réponse à la désobéissance civile née du vaste mouvement de protestation Femme, Vie, Liberté, qui incarne en Iran la lutte pour la liberté et contre les inégalités. « Depuis, de plus en plus de femmes, notamment dans les grandes villes, refusent de porter le voile obligatoire, explique Azadeh Kian, directrice du département de sciences sociales et du Cedref à l’université de Paris. Or, les tenants du régime veulent faire respecter leurs préceptes à tout prix. »
Ils veulent « renforcer les contraintes pour mieux réprimer la société », note de son côté la sociologue Mahnaz Shirali. « La République islamique a toujours procédé comme cela, ça fait partie de son ADN », ajoute-t-elle.
Les inégalités homme et femme se trouvent au fondement idéologique, politique, structurel et institutionnel de ce régime— Azadeh Kian, sociologue
Réprimer pour mieux « contrôler » la population face à un régime de plus en plus « fragilisé » en interne mais aussi sur la scène régionale après la perte de son « axe de résistance » avec l’affaiblissement du Hamas et du Hezbollah, et la chute dimanche de Bachar al-Assad en Syrie.
« Le régime est contesté par la majorité écrasante de la société iranienne mais une minorité continuait à le soutenir », rappelle Azadeh Kian. « Cependant, même les soutiens de la République islamique commencent à se poser la question de savoir si ça valait le coup de mobiliser autant de vie humaine et autant d’argent pendant toutes ces années pour soutenir Bachar al-Assad », explique la professeure de sociologie politique.
« Néanmoins cette minorité est conservatrice, donc pour la contenter, que reste-t-il à ce régime de genre, dont les inégalités homme et femme se trouvent au fondement idéologique, politique, structurel et institutionnel ? Lui donner des gages de la sauvegarde des valeurs conservatrices », analyse Azadeh Kian.
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