Le Chili veut nationaliser l’industrie de son lithium …

Le président chilien Gabriel Boric a annoncé, le 20 avril, vouloir nationaliser son industrie du lithium. Deuxième producteur mondial, le Chili, face à la croissance de la demande mondiale, pourrait ainsi « renforcer son économie » et « protéger l’environnement ». Une position stratégique dans le secteur très concurrentiel des métaux essentiels à la transition énergétique …

Une vue aérienne des bassins d'une mine de lithium dans le désert d'Atacama dans le nord du Chili
Une vue aérienne des bassins d’une mine de lithium dans le désert d’Atacama dans le nord du Chili ©REUTERS/Ivan Alvarado

C’est dans le désert d’Atacama que se trouvent les ressources de lithium du Chili, dans le sous-sol de ce paysage de carte postale. Le Chili représente 26% de la production mondiale, juste derrière l’Australie.

Pour l’heure, ce sont deux sociétés privées qui contrôlent l’essentiel de l’exploitation. La socièté SQM – la principale entreprise du secteur minier et chimique au Chili – et la société Albemarle, qui, elle, est américaine. En échange, elles reversaient jusqu’à présent 40 % de leur revenu à l’État.

La position du président Gabriel Boric n’est pas bien accueillie par l’industrie, d’autant que le gouvernement de gauche a dans les tuyaux un projet de loi plus large qui imposerait une redevance aux entreprises qui extraient du cuivre, une autre ressource convoitée.

Dans la région, le Mexique a, lui aussi, récemment nationalisé son lithium, le Zimbabwe, qui a les plus grosses réserves du continent africain, a aussi légiféré sur les exportations. Le métal est présenté comme indispensable à la transition énergétique. On le surnomme « le pétrole du XXIe siècle ».

Mais, paradoxalement, son exploitation détruit le milieu dans lequel elle est implantée et menace directement l’accès à l’eau des habitants. Reste à voir comment la nationalisation pourrait permettre d’éviter un accaparement des ressources et profiter à la population.


Pourquoi le Chili veut nationaliser son lithium, or blanc de la transition énergétique

Le président chilien Gabriel Boric a annoncé, jeudi, qu’une entreprise nationale du lithium allait être créée pour contrôler les exploitations et la répartition des richesses. La décision doit encore être approuvée par le congrès. Un article signé Antoine Beau publié dans L’Express du

Vue aérienne des bassins de saumure et des zones de traitement de la mine de lithium de la société chilienne SQM, le 12 septembre 2022 à Calama, dans le désert d'Atacama, au Chili

Vue aérienne des bassins de saumure et des zones de traitement de la mine de lithium de la société chilienne SQM, le 12 septembre 2022 à Calama, dans le désert d’Atacama, au Chili. afp.com/Martin BERNETTI

C’est une décision clef pour les secteurs de la transition énergétique et des hautes technologies. Jeudi 20 avril, le président du Chili, Gabriel Boric, a annoncé à la télévision sa volonté de nationaliser une partie de la production de lithium, un minéral indispensable à la construction des batteries d’appareils électriques. Le Chili en est le deuxième producteur mondial et l’industrie est en plein boom.

Objectif affiché : « Que notre pays devienne le premier producteur mondial de lithium, pour augmenter sa richesse, en la distribuant de façon équitable », a déclaré Gabriel Boric. Une partie des 39 000 tonnes produites chaque année sera donc confiée à l’Entreprise nationale du lithium, après des négociations avec les acteurs privés. En 2022, les ventes de lithium ont augmenté de 777 % dans le pays, dont le territoire serait l’un des plus riches de la planète en la matière.

Le lithium est essentiel à la production de batteries électriques, une composante clef pour en finir avec les voitures thermiques, et déjà indispensable pour nos téléphones et ordinateurs portables. La nationalisation « est la meilleure chance que nous ayons de passer à une économie durable et développée. Nous ne pouvons pas nous permettre de la gâcher », a développé Gabriel Boric, qui espère rattraper l’Australie, pays roi du lithium avec ses 61 000 tonnes à l’export.
Le président chilien a par ailleurs promis une extraction et une conservation relativement respectueuses de l’environnement, ainsi qu’un nouveau modèle de participation publique, y compris un dialogue direct avec les représentants des communautés autochtones.

« Un partenariat public-privé »

Avant d’entrer en vigueur, la nationalisation doit être approuvée par le congrès. Les débats s’annoncent mouvementés. Les producteurs privés sont influents dans le pays. Si la loi passe, les géants du lithium, le chilien SQM et l’américain Albemarle, devront transférer le contrôle des opérations minières à l’Entreprise nationale du lithium. Le gouvernement ne résiliera pas les contrats qui courent respectivement jusqu’en 2030 et 2043, mais les futurs accords seront conclus sous le contrôle de l’État.

Une manière d’adoucir la prise de contrôle étatique, après la brutale nationalisation du cuivre menée dans les années 1970. « Ce n’est pas une expropriation classique ; il s’agira plutôt d’un partenariat public-privé dans lequel l’entreprise publique collabore avec le capital », a résumé ce vendredi la politologue Thea Riofrancos, spécialiste du sujet, sur Twitter. Ainsi l’entreprise publique acceptera par exemple des capitaux privés, tout en restant sous l’entier contrôle de l’Etat.

La répartition des ressources nécessaires à la transition énergétique représente un des défis de la crise climatique en cours. Le Mexique a nationalisé ses gisements de lithium l’année dernière et l’Indonésie a interdit les exportations de minerai de nickel, un matériau essentiel pour les batteries, en 2020. La France a annoncé récemment l’ouverture d’une mine de lithium dans l’Allier, une première sur le territoire.


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