De Pierre Prévost :
« Smooz est mort et le monde de la rue est, à juste titre, endeuillé. Et aurait envie de hurler comme une vieille bête blessée. C’est brutal. C’est injuste. Parce que, si on regarde bien, on est une palanquée de plus vieux que lui qui avons passé ce cap que lui n’a pas franchi.

Maintenant qu’il est de l’autre côté, il fait partie pour l’éternité de nos personnalités tutélaires. C’est réjouissant ces chagrins qui s’érigent pour lui qui n’était pas artiste  ni programmateur mais qui fut longtemps et surtout ce complice essentiel: régisseur. Fondateur du off de Chalon, certes, la belle affaire, mais bouffeur de vache enragée beaucoup et surtout.

C’était un des plus connus de nos « tékos », une éminence emblématique de toutes celles et ceux qui nous permettent bon an mal an, par leur savoir et leur disponibilité,  de mener nos projets, dérouler nos productions, investir nos rues, jamais en haut de l’affiche mais toujours à nos côtés. On ne les connaît pas toujours, on ne les reconnaît pas souvent et rares sont ceux qui ont consacré comme Smooz quasi toute leur vie à notre secteur. Mais il y en a. Cette disparition subite et douloureuse de notre ami, c’est aussi une occasion pour penser à eux et les célébrer de leur vivant.

Merci à eux et une gratitude éternelle (tu vas avoir le temps d’en profiter) à toi, Smooz, notre frangin des rues. » 

De Chtou :
« Je n’ai pas les mots, j’ai le cœur au bord des lèvres parce que je suis beaucoup trop triste. Mais je me force.
Parce qu’ici, sur cette liste, on se doit de te saluer, Smooz, particulièrement ici, parce que c’est chez toi.
 
Si tu savais l’hommage qu’on te rend, ça te ferait bien marrer, avec ton grand sourire, là… le Lion. Ça tord les tripes, de se demander pourquoi on n’a pas fait pas ça de ton vivant, pourquoi c’est trop tard maintenant, pour que ça te fasse une dernière fois plaisir, avant que tu te barres, comme ça…

Tout ce qu’il nous reste, c’est les souvenirs. Putain, on en a.
C’est fou ce que tu as aidé de gens, en fait… Les gens qui ne t’ont pas connu pourraient se dire que bon, c’était ton métier, normal, mais franchement, y’en a combien qui le font comme toi? Dans le monde des régisseurs, tu ressortais en couleur, Smooz, parce que toi, t’étais de la rue. Un putain de rock’n’roll, un foutu fêtard, un furax de première avec sa grande gueule, la clope au bec et le talkie à la main, ouais, mais en chemise à fleurs, goguenard, aimant, fraternel, provoque et souriant. En fait, on n’avait pas l’impression que tu taffais. La rue c’était toi.

Tes yeux, mec, tes yeux ont toujours dit qui tu étais. Regarde, on te salue Smooz, on t’aime, on te pleure, tous. Ton souvenir est tatoué sur nos cœurs à vif, et dans nos rues, la lumière de ton regard laisse une couleur qu’on va protéger.
On va essayer de préserver ça, de le faire durer, ton esprit. Cette rue là, aventurière, punk, novatrice, tribale, créatrice et altruiste, celle dans laquelle on t’as vu donner toute ton énergie, putain t’étais jeune, alors t’imagines nous? Cette rue-là c’est la nôtre pour toujours, c’est une rue qui dit fuck et qui dit love, qui dit tous ensemble dans le désordre, qui dit : on le fait?

Merci, Smooz, merci du fond du cœur pour tout ce que tu as fait. On ne t’oubliera jamais. Jamais. On se retrouve en enfer, l’ami. »

De Jean Luc Prévost :
« … Nous n’avons jamais lu et vu autant d’hommages et de témoignages pour un « ouvrier revendiqué très spécialisé des arts de la rue ». Tout le contraire d’un carriériste, le Smooz aura été présent dans beaucoup de festivals, aura aidé un nombre incalculable de personnes et de compagnies, aura été un passeur incroyable et formidable. A sa crémation, nous étions plus de 350 personnes. Rare sera le cas d’un type même pas artiste qui aura eu ce charisme, et cet amour qui lui est rendu aujourd’hui ! Il préfigure aussi du départ de beaucoup d’entre nous sur la prochaine décennie. Avec lui, meurt une idée et une pensée libertaire des arts de la rue … »