Campagne électorale au Chili dans un contexte politique chargé …

A un mois des Présidentielles chiliennes, Gabriel Boric, 35 ans, député de gauche et ancien leader des mouvements étudiants de 2011 est en tête des intentions de vote avec 8 points d’avance sur Sebastián Sichel, le candidat de la droite sortante de Sebastián Piñera. Dans le même temps, une Assemblée constituante rédige la nouvelle Constitution. Revue des principaux candidats à travers la Presse écrite  …

Election présidentielle au Chili : une campagne ouverte avec de nombreux électeurs indécis

Un article de Flora Genoux (Buenos Aires, correspondante) publiée par Le Monde du 29 septembre 2021

Les Chiliens doivent également choisir leurs députés et une partie des sénateurs, le 21 novembre. Alors qu’une Assemblée constituante, élue au mois de mai, travaille à l’élaboration d’une nouvelle loi fondamentale, les Chiliens se trouvent de nouveau face au choix de modèle.

Un montage photo (avec de gauche à droite) Sebastian Sichel, candidat de la coalition de droite, le 16 octobre 2018, le député de gauche Gabriel Boric, le 10 décembre 2019, et Yasna Provoste, l’ex-présidente du Sénat, le 22 juillet 2021.

La campagne présidentielle chilienne a officiellement démarré le 22 septembre, avec le premier débat entre les candidats, dans un contexte marqué à la fois par une demande de renouveau politique et une forte indécision. Les électeurs doivent désigner le 21 novembre la ou le successeur du chahuté Sebastian Piñera (droite), qui ne peut pas se présenter de nouveau, en tant que chef d’Etat sortant.

En tête des sondages, avec près de 20 % des intentions de votes selon l’institut Activa : Gabriel Boric, 35 ans, député de gauche et ancien leader des mouvements étudiants de 2011 réclamant une « éducation publique de qualité ». Le plus jeune prétendant à l’élection présidentielle de l’histoire chilienne a créé la surprise lors des primaires du mois de juillet en devançant le candidat attendu, un maire communiste du nord de la capitale.

Parmi les sept candidats en lice, c’est notamment Gabriel Boric qui se fait davantage l’écho des demandes portées par l’Assemblée constituante. Élue au mois de mai, cette assemblée a, elle aussi, suscité la surprise, avec une majorité de constituants indépendants et marqués à gauche, véhiculant les grandes exigences de l’historique mouvement social d’octobre 2019, en faveur des droits sociaux. Le regard que portera le futur président sur cette assemblée est ainsi une pièce maîtresse des discussions.

En deuxième place dans les sondages, la coalition de droite emmenée par Sebastián Sichel, avocat de 44 ans, crédité de près de 12 % d’intentions de vote. Candidat de la continuité, il s’efforce de mettre à distance la figure de Sebastián Piñera – il a été son ministre du développement social de 2019 à 2020 – dont l’image est profondément écorchée par la pandémie et la gestion du soulèvement social de 2019 …


Campagne électorale au Chili dans un contexte politique chargé

Manifestation du 18 octobre 2021 pour défendre les mêmes revendications qu'en 2019.
Manifestation du 18 octobre 2021 pour défendre les mêmes revendications qu’en 2019. Martín Bernetti AFP

Ce lundi 18 octobre, à Santiago des dizaines de milliers de personnes ont commémoré le deuxième anniversaire du mouvement social d’octobre 2019. Andrea Briceño, la quarantaine, est venue avec toute sa famille protester contre les inégalités profondes qui persistent dans le pays. Elle reprend des slogans contre le président actuel, le milliardaire de droite Sebastián Piñera, mis en examen pour corruption après avoir été cité dans le scandale des Pandora Papers : « Un voleur et un assassin ne peut pas rester au pouvoir. Il est comme Pinochet, c’est un assassin ». Car sous son gouvernement, explique-t-elle, le mouvement social a été durement réprimé. Aujourd’hui, elle n’est convaincue par aucun des candidats à l’élection présidentielle.

L’ancien leader étudiant Gabriel Boric, favori du scrutin

Evelyn, une autre manifestante, votera, elle, pour Gabriel Boric, un ancien leader étudiant de gauche. Car ce jeune député est le plus favorable aux mouvements sociaux et au travail de l’Assemblée constituante, dit-elle : « Je pense que parmi les candidats il est celui qui a le plus de conscience sociale et répond le mieux à ces dynamiques ».

Plus au centre, une sénatrice démocrate-chrétienne, Yasna Provoste, espère bénéficier des difficultés d’un troisième candidat, Sebastián Sichel, soutenu lui par la coalition de droite au pouvoir. Antoine Maillet est chercheur en sciences politiques. Il enseigne à l’université du Chili : « Sebastián Sichel, le candidat de l’actuel président Sebastián Piñera, même s’il essaie de ne pas se montrer trop proche de lui, car il a une popularité très basse encore plus basse avec les Pandora Papers qui l’ont directement mentionné, a une campagne en chute libre actuellement ».

José Antonio Kast, ultra-nationaliste et défenseur de la dictature Pinochet

Celui qui semble profiter le plus de cette situation est le candidat d’extrême droite José Antonio Kast, qui participait à une conférence ce mardi dans la très conservatrice université des Andes, où il a été reçu chaleureusement. « Il est très populaire [dans cette université] », et la majorité des étudiants sur le campus vont voter pour lui, explique Isabela Sepulveda, 21 ans.

Ancien sénateur, José Antonio Kast avait fait 8% à la présidentielle de 2017. Et pendant sa campagne, il avait déclaré « Si Pinochet était encore vie, il voterait pour moi ». Une phrase qui ne dérange pas Juan Andrés Rosales, rencontré sur le campus. Il soutient aussi l’idée du candidat de creuser une tranchée à la frontière nord du Chili pour empêcher l’arrivée de migrants latino-américains : « Je trouve que ce serait une bonne chose, car le Chili est en train de se remplir de beaucoup de gens qui viennent d’autres pays et qui nous prennent notre travail. Donc cette proposition est importante pour le Chili. »

► À lire également : Chili: la campagne présidentielle démarre avec un premier débat

José Antonio Kast joue aussi sur la peur concernant les réformes économiques et sociales proposées par la gauche. Voici ce qu’en pense Juan Andrés : « Gabriel Boric veut qu’on ressemble au Venezuela, c’est ce que laisse penser sa campagne ».

Pour le chercheur Antoine Maillet, deux principaux défis attendent le ou la future présidente : l’immense défiance des Chiliens envers la classe politique. Et puis la transition annoncée vers une nouvelle Constitution. Un président de droite ou d’extrême droite pourrait mettre des bâtons dans les roues de l’Assemblée constituante. Un ou une présidente de gauche au contraire tenterait probablement de favoriser l’adoption de la nouvelle Constitution, qui s’annonce plus proche d’un modèle social-démocrate.

Le second tour de l’élection présidentielle est prévu le 19 décembre. L’Assemblée constituante, majoritairement de gauche, a encore près de huit mois pour rédiger une nouvelle Constitution, qui sera ensuite soumise à référendum.


Dérapage. L’orage gronde sur l’économie chilienne

Un article de Rocío Montes publié dans Le Courrier International du
Devant un bureau de change de Santiago du Chili, en mars 2021.  PHOTO / IVAN ALVARADO / REUTERS

Devant un bureau de change de Santiago du Chili, en mars 2021.  PHOTO / IVAN ALVARADO / REUTERS

Si la crise due au Covid-19 semble passée, l’inflation menace, en raison notamment de l’autorisation donnée aux Chiliens de puiser dans leurs fonds d’épargne retraite privés. La Banque centrale a dû prendre des mesures d’urgence qui divisent sur fond de campagne électorale.

La pandémie n’est plus le principal danger pour l’économie chilienne, qui, au cours des trois dernières décennies, a été l’une des plus stables de la région.

Des économistes de tous bords politiques s’accordent à dire que le problème tient à une sortie désordonnée de la crise. En effet, les Chiliens ont été autorisés à puiser dans leur épargne retraite [privée], ce qui a des répercussions considérables sur le système financier.

En cette année électorale où le Congrès débat d’un quatrième retrait de 10 % des fonds de pension [approuvé le 28 septembre], contre l’avis du gouvernement de Sebastián Piñera, la Banque centrale a pris ces dernières semaines des mesures inédites pour enrayer l’inflation, qui a atteint 4,7 % durant les derniers mois. L’institut monétaire a décidé une hausse du [principal] taux d’intérêt de 75 points de base, la plus élevée en vingt-trois ans, pour le porter à 1,5 %.

“Une forte instabilité”

“Le plus grave, c’est qu’une grande partie de nos problèmes sont auto-infligés, et c’est alarmant”, s’inquiète l’économiste Rodrigo Valdés, ancien ministre des Finances du deuxième gouvernement socialiste [2014-2018] de Michelle Bachelet. L’économie chilienne, qui, par le passé, a connu des crises provoquées par des chocs externes, subit aujourd’hui une sorte de séisme local, et “ressemble à celle de pays émergents à forte instabilité”, assure-t-il.

En mars 2020, quand la région a été frappée par la crise du coronavirus, le Chili sortait à peine des révoltes sociales d’octobre 2019. La crise politique et sociale a fait vaciller l’économie, qui a été ensuite ébranlée une deuxième fois par la pandémie.

Durant cette période de presque deux ans, l’exécutif n’est pas parvenu à reprendre la situation en main, et le Congrès – où même les partis politiques traditionnels ont perdu toute autorité – a voté des mesures très contestables. Dans le cadre de la crise du Covid-19, le Parlement a autorisé trois [désormais quatre] retraits des fonds de pension, permettant aux Chiliens de récupérer à chaque fois jusqu’à 10 % de leur épargne.

Suite de l’article de Rocío Montes en espagnol dans El Pais par ici …


Le Chili également à l’aube d’une nouvelle ère, sur le plan politique ?

À quelques semaines d’une nouvelle ronde d’élections, au Chili , Vijay Prashad, qui œuvre notamment pour le compte du site du « People’s Dispatch », a interviewé différents acteurs de premier plan, à gauche, dans ce pays, dont Barbara Sepulveda, qui est une des 155 personnes siégeant au sein de la nouvelle Assemblée constituante du pays, chargée d’élaborer une nouvelle constitution pour celui-ci et qui est en même temps membre du Parti communiste du Chili (PCC). Il a aussi parlé avec Giorgio Jackson qui est un proche conseilleur d’un des candidats de gauche se présentant pour ces élections présidentielles, soit Gabriel Boric, de même qu’avec le leader communiste bien connu là-bas, soit Daniel JadueCi-joint des extraits de ce que Vijay Prashad écrivait ensuite sur la base de ces entrevues.

« On a l’impression d’être à la fin d’une époque », me disait Barbara Sepulveda, le 12 octobre 202, lors de mon entrevue avec elle.  Barbara Sepulveda est en même temps membre de la toute nouvelle Assemblée constituante du Chili, ainsi que du Parti communiste du Chili.

L’époque à laquelle Sepulveda fait référence est celle du général Augusto Pinochet, qui a dirigé le coup d’État soutenu par les États-Unis en 1973 et qui a alors renversé le gouvernement élu par le peuple du président Salvador Allende.

Pendant l’ère Pinochet, les militaires ont agi en toute impunité et la gauche a été assassinée et envoyée en exil, tandis que les grandes entreprises (chiliennes et étrangères) ont reçu toutes les bénédictions de la dictature. C’est l’ère qui s’est lentement arrêtée depuis la destitution de Pinochet en 1990 et depuis que le peuple chilien a voté pour rejeter la constitution de la dictature de 1980 et en rédiger une nouvelle.

Le néolibéralisme est né au Chili, comme le dit le slogan populaire, et il mourra au Chili. Ce slogan semble s’être réalisé avec la fin de l’ère Pinochet.

Mais Sepulveda (sur la photo ci-jointe) ne peut être sûre pour autant de la suite.  C’est comme cela. « Tout le monde sait que tout est incertain », dit-elle franchement. « C’est l’occasion de commencer une nouvelle ère. »

La première décennie et demie après la destitution de Pinochet semblait sombre. Puis, en 2006, un premier cycle de manifestations étudiantes a secoué le pays. Celles-ci étaient dirigées par de jeunes étudiants, dont les uniformes scolaires en noir et blanc ont finalement aussi donné un nom aux manifestations; c’était l’époque de la « la Revolución Pingüina », ou la « Révolution des pingouins. »

Les jeunes réclamaient un nouveau programme pour toute la nation, ainsi qu’une réduction des tarifs des transports publics et des frais d’examen. Lorsque le gouvernement n’a pas répondu à ces demandes, un deuxième cycle de protestations s’est ensuite enclenché, soit de 2011 à 2013, avec les mêmes demandes.

Leurs dirigeants, dont Camila Vallejo, du Parti communiste, et Giorgio Jackson, du mouvement de la « Révolution démocratique », sont désormais des figures importantes du projet de gauche au Chili. Tout comme Barbara Sepulveda aussi.  De 2011 à 2013, les étudiants se sont retrouvés une fois de plus dans une impasse, la constitution de 1980 étant une barricade à leurs ambitions.

Un troisième cycle de manifestations étudiantes a ensuite commencé, début octobre 2019, toute de suite après une nouvelle hausse des tarifs des transports en commun. Les « pingouins » ont alors mené une campagne d’évasion tarifaire (sous le slogan « Évadez-vous ! »).

Les manifestants furent cette fois confrontés à une très dure campagne de répression par la police chilienne. Le 18 octobre de la même année, le gouvernement de droite, dirigé par le président Sebastián Piñera, alla jusqu’à décréter l’état d’urgence pendant deux semaines, autorisant même le déploiement de l’armée chilienne contre les manifestations. La violence utilisée, pour réprimer les manifestations, entraîna alors l’émergence du slogan « Piñera Asesino » (Piñera l’assassin) parmi les manifestants et leurs partisans.

Sepulveda dit à propos de la mobilisation de 2019 que le point de rupture du « 18 octobre aura finalement déplacé l’axe [de la politique chilienne] plus à gauche ».

Bien que le troisième cycle de protestations se voulait au départ une réponse à la hausse des tarifs des transports, la réaction du gouvernement montra clairement que le pays était confronté à des problèmes structurels sous-jacents beaucoup plus profonds, avec  des inégalités écrasantes, ainsi qu’un problème de corruption également majeur.

Sepulveda, qui est une avocate, avait déjà cofondé l’association chilienne des avocats féministes (ABOFEM) en 2018 et en était la directrice exécutive, lors des manifestations de 2019.  C’était déjà visible, à l’époque, que changer ces problèmes structurels ne pouvait pas se faire à partir du système existant ; à tout le moins, le pays avait besoin d’une nouvelle constitution et d’un gouvernement plus progressiste.

>Les protestations s’élargirent par la suite pour aussi inclure des revendications du mouvement féministe, ainsi du mouvement autochtone, poussant à des changements économiques et sociaux encore plus larges, pour justement plus s’attaquer à la racine même de toutes les différentes formes d’inégalités

Deux enjeux de luttesLa recherche de la nouvelle ère au Chili passe désormais par deux axes importants : la rédaction de la nouvelle constitution, ce que font les 155 membres de la nouvelle Assemblée constituante, dont fait partie Sepulveda, et l’élection présidentielle, qui se tiendra le 21 novembre 2021.

La convention a commencé ses travaux en juillet 2021; deux des toutes premières décisions furent de voter en faveur d’Elisa Loncon et de Jaime Bassa, en tant que présidente et vice-président, respectivement.

Tant Loncon que Bassa penchent vers la gauche. L’Assemblée constituante a d’ores et déjà statué sur comment elle fonctionnera, ce qui, selon Sepulveda, représentait au départ plus de la moitié du travail.

Les discussions sur les différents enjeux plus de fond ont ensuite pu commencé.  Cela s’est amorcé le 18 octobre 2021, un geste très conscient, puisque cela correspondait en même tant au 2e anniversaire du début de la troisième vague de protestations, dont il était fait mention plus haut.

Sepulveda est convaincu que des accords sur les droits sociaux – pour la parité des sexes et pour l’environnement – seront conclus. Elle dit que « les changements sociaux [à ces niveaux] seront inévitables » – même s’il y aura un combat avec ceux qui représentent plus les courants de droite et qui seraient de plus en plus calcifiés.

Les plus importants combat, au sein de cette assemblée constituante, se feront surtout autour des contours du futur modèle de développement économique et social à suivre. La nouvelle constitution fera-t-elle reculer le programme d’austérité structurelle que la période post-Pinochet n’a pas réussi jusqu’à présent à remettre en cause ?  Ce sera aussi à voir.

Le 14 octobre, j’ai également passé plusieurs heures avec Giorgio Jackson, l’un des leaders étudiants des manifestations de 2011-2013, un membre de la Chambre des députés du Chili, ainsi qu’un proche conseiller de Gabriel Boric, pour sa campagne présidentielle.

Gabriel Boric est le principal leader du parti « Frente Amplio » (Front large), ainsi  et de la coalition « Apruebo Dignidad » (Approuver la dignité).  C’est également le candidat de la gauche, à l’élection présidentielle de novembre (ndlr : le maire communiste très connu, Daniel Jadue, qui est en même temps aussi membre du Comité Central du Parti communiste du Chili, avait également tenté de jouer ce rôle ; il était même, au début le candidat le plus pressenti pour cela, dans les sondages, mais c’est finalement Gabriel Boric qui gagna les primaires à gauche).

Jackson a partagé certains éléments d’un nouveau modèle de développement qu’une administration, dirigée par Gabriel Boric, pourrait défendre, advenant que ce dernier l’emporterait effectivement lors des élections à venir.

Au cours de la première année de la prochaine présidence, le budget de Piñera devra encore être suivi, de sorte que seuls de petits changements pourront réalistement être apportés.

Mais dès le début, m’a dit Jackson, une priorité pour le gouvernement de Gabriel Boric serait de pousser en faveur d’une réforme des systèmes de santé et de retraite, deux arènes de grande détresse pour le peuple chilien.

La mise en place de nouveaux systèmes de santé publique et de retraite, plus solides et plus en ligne avec les besoins du peuple, nécessitera des fonds, qu’un gouvernement de gauche collecterait à partir des redevances sur l’extraction du cuivre et en assurant une meilleure prévention de l’évasion fiscale. Un tel programme approfondirait un débat sur un nouveau modèle de développement, m’a aussi déclaré Jackson.

Mais, admet Jackson, bien des gens auraient en même temps encore certains malaises face à l’idée d’étendre de manière massive la propriété d’État, d’où le fait que Boric pourrait y aller, en définitive, de manière plus prudente à ce niveau.

Daniel Jadue, le leader communiste et maire de Recoleta, également sur la photo ci-jointe, convient également que le vrai et plus important différend portera sur la politique économique et sociale. J’ai également parlé avec lui et il m’a dit que les réponses aux différents problèmes du Chili pourraient tout autant commencer à émerger d’une coopération plus étroite entre les municipalités.

Si les gens ont une expérience positive de la fourniture publique locale de biens sociaux, cela pourrait changer le sentiment général de suspicion entourant l’expansion des systèmes de santé publique et de retraite dans le pays, pense-t-il en même temps.

La poursuite du travail de maires comme Jadue serait donc également crucial, dans une perspective de construction d’un nouveau modèle de développement économique et social.

En ce qui concerne la prochaine élection présidentielle, Piñera ne pourra pas lui-même se présenter et en plus, il est profondément impopulaire.

José Antonio Kast, qui, est de son côté un fasciste déclaré, peut encore compter sur un certain niveau de popularité dans les milieux plus de droite,  mais il est en même temps contesté, au niveau de ce type d’électorat, par le candidat de centre-droit, Yasna Provoste.

Pendant ce temps, certains capitaux ont aussi commencé à fuir le Chili, en prévision de l’introduction d’une constitution plus progressiste et donc en même temps moins favorable à la droite politique.  Cette droite politique a également peur de ce qui pourrait éventuellement arrivé lors des élections du 21 novembre.

De retour à Barbara Sepulveda, dans son salon, se trouve sa propre collection personnelle de « Rubik’s Cubes », avec différents niveaux de difficultés.  C’est une fan assumée de ce genre de jeux. Sepulveda en ramasse un et joue avec. « Celui-ci est plus facile à faire » », dit-elle à propos d’un cube qui me semblait pourtant presque impossible à démêler.

Le cube, dit-elle est un grand symbole pour le Chili. Si des gens comme Sepulveda, Jadue, Jackson et Boric peuvent trouver un moyen de résoudre les énigmes qui pourraient encore les attendent, alors peut-être que la nouvelle ère du Chili sera plus claire.

Source : Cet article fut produit à l’origine pour le compte du site  » Globetrotter « . Vijay Prashad ,historien, éditeur et journaliste indien.

(1) : Voir le site de « People’s Dispatch ».