Georges Brassens aurait eu 100 ans cette année. Tout au long de sa carrière, il a gardé en tête sa ville natale, Sète. Des passions, il en avait, en particulier la pêche et les copains. Il n’a cessé de mentionner la ville dans ces chansons, toujours proche de son cœur. « Que vers le sol natal, mon corps soit ramené », chantait-il dans « Supplique pour être enterré à la plage de Sète »…
D’avoir semé des fleurs dans les trous de son nez
Me poursuit d’un zèle imbécile
Alors cerné de près par les enterrements
J’ai cru bon de remettre à jour mon testament
De me payer un codicille
Trempe, trempe ta plume, ô mon vieux tabellion
Et de ta plus belle écriture
Note ce qu’il faudrait qu’il advînt de mon corps
Lorsque mon âme et lui ne seront plus d’accord
Que sur un seul point, la rupture
Vers celle de Gavroche et de Mimi Pinson
Celles des titis, des grisettes
Que vers le sol natal mon corps soit ramené
Dans un sleeping du Paris-Méditerranée
Terminus en gare de Sète
Vulgairement parlant, il est plein comme un œuf
Et d’ici que quelqu’un n’en sorte
Il risque de se faire tard et je ne peux
Dire à ces braves gens « poussez-vous donc un peu »
Place aux jeunes en quelque sorte
Creusez si c’est possible un petit trou moelleux
Une bonne petite niche
Auprès de mes amis d’enfance, les dauphins
Le long de cette grève où le sable est si fin
Sur la plage de la corniche
Neptune ne se prend jamais trop au sérieux
Où quand un bateau fait naufrage
Le capitaine crie « je suis le maître à bord »
Sauve qui peut, le vin et le pastis d’abord
Chacun sa bonbonne et courage
À l’âge où s’amuser tout seul ne suffit plus
Je connus la prime amourette
Auprès d’une sirène, une femme-poisson
Je reçus de l’amour, la première leçon
Avalais la première arête
Moi l’humble troubadour sur lui je renchéris
Le bon maître me le pardonne
Et qu’au moins si ses vers valent mieux que les miens
Mon cimetière soit plus marin que le sien
Et n’en déplaise aux autochtones
Ne donnera pas une ombre triste au tableau
Mais un charme indéfinissable
Les baigneuses s’en serviront de paravent
Pour changer de tenue et les petits enfants
Diront « chouette, un château de sable »
Plantez, je vous en prie une espèce de pin
Pin parasol de préférence
Qui saura prémunir contre l’insolation
Les bons amis venus faire sur ma concession
D’affectueuses révérence
Tous chargés de parfums, de musiques jolies
Le Mistral et la Tramontane
Sur mon dernier sommeil verseront les échos
De villanelle, un jour, un jour de fandango
De tarentelle, de sardane
Une ondine viendra gentiment sommeiller
Avec moins que rien de costume
J’en demande pardon par avance à Jésus
Si l’ombre de ma croix s’y couche un peu dessus
Pour un petit bonheur posthume
Pauvres grands disparus gisant au Panthéon
Pauvres cendres de conséquence
Vous envierez un peu l’éternel estivant
Qui fait du pédalo sur la vague en rêvant
Qui passe sa mort en vacances
Vous envierez un peu l’éternel estivant
Qui fait du pédalo sur la vague en rêvant
Qui passe sa mort en vacances »
Georges Brassens
Musique : Sète célèbre les 100 ans de Georges Brassens, l’enfant du pays
Georges Brassens, légende de la chanson française, aurait eu 100 ans en octobre 2021. Pour l’occasion, franceinfo se replonge dans la vie de cet amoureux de Sète (Hérault), sa ville natale.
Le gamin de Sète devenu une légende
Éric Fottorino, journaliste, a consacré un numéro spécial du magazine Légende à Georges Brassens. « Il n’aimait pas être en avant. Quand il arrivait sur scène, il transpirait, il ne saluait pas, il mettait juste sa jambe sur une chaise et il partait. Se voir comme ça si grand, cela l’aurait intimidé. Mais au fond de lui, il aurait été heureux de voir que le gamin de Sète soit devenu cette légende », a expliqué ce dernier. « Il tenait beaucoup à être enterré à Sète, à retrouver les siens. Il y était attaché, au lieu, aux gens. Il aimait cet esprit et sa famille, il avait un amour très fort pour elle […]. Il est partout dans la ville. La maison où il est né est un lieu incontournable », a notamment répondu Jeanne Corporon, adjointe au maire de Sète, en charge du Centenaire Georges Brassens.
La véritable histoire de la « Supplique pour être enterré à la plage de Sète » de Georges Brassens
« Je m’en fiche d’être enterré sur la plage de Sète. Ça m’est complètement égal. J’ai fait ça pour m’amuser ! »