Elisa Loncón élue présidente de l’assemblée constituante chilienne !

Elisa Loncón a été élue ce dimanche 4 juillet 2021, présidente de l’Assemblée constituante chilienne. C’est en mapudungun, la langue du peuple indigène mapuche qu’elle a lancé  le processus de rédaction de la nouvelle loi fondamentale avant de faire référence au rêve partagé par toutes les communautés du Chili dans leur diversité : « le rêve de prendre soin de la Terre Mère, d’accéder aux droits sociaux et au droit à l’eau … »

Le Chili lance le processus de rédaction de sa nouvelle Constitution

Le Monde du 4 juillet 2021 avec AFP

 

L’universitaire mapuche Elisa Loncon a été élue présidente de l’Assemblée constituante chilienne, dimanche 4 juillet, à Santiago.

« Cette Constituante va transformer le Chili. » C’est par ces mots et après avoir salué en mapudungun, la langue du peuple indigène mapuche, que l’universitaire Elisa Loncón, tout juste élue présidente de l’Assemblée constituante chilienne, a lancé dimanche 4 juillet le processus de rédaction de la nouvelle loi fondamentale.

Élue au deuxième tour avec 96 voix sur 155, cette professeure de linguistique, originaire de la région de l’Araucanie (sud), qui occupe l’un des dix-sept sièges réservés aux peuples originaires, a souligné que c’était là un rêve partagé par toutes les communautés du Chili dans leur diversité : le rêve de prendre soin de la Terre Mère, d’accéder aux droits sociaux et au droit à l’eau.

Remerciant les « différentes coalitions » ayant permis l’élection d’une « personne mapuche, une femme, pour changer l’histoire de ce pays », Mme Loncon – également titulaire de deux doctorats, en sciences sociales de l’Université de Leiden (Pays-Bas) et en littérature de l’Université catholique du Chili – a étendu sa gratitude « à la diversité sexuelle, aux femmes qui ont marché contre tout le système de domination », permettant aujourd’hui une nouvelle « manière d’être plurielle, démocratique et participative ».

L’Assemblée, composée de 78 citoyens et 77 citoyennes élues en mai à l’issue d’un processus démocratique inédit, après des mois d’une vive contestation sociale, va plancher sur la nouvelle Constitution pendant neuf mois minimum, douze maximum.

La journée de dimanche a été marquée par une suspension de près de trois heures de la séance, en raison des tensions et des affrontements à l’extérieur de l’ancien Parlement où étaient réunis les élus.

Une partie des 155 constituants était sortie pour exiger le retrait des forces spéciales du centre de la capitale, alors que plusieurs affrontements avaient lieu entre des forces anti-émeutes et une poignée de civils. « Nous ne pouvons pas être sereins s’il y a une répression à l’extérieur », avait dit Mme Loncon, justifiant la suspension de la séance.

Dans l’histoire du Chili, « c’est la première fois que les citoyens ont pu élire un corps pour écrire » une Constitution, souligne auprès de l’Agence France-Presse (AFP) Claudio Fuentes, professeur à l’université Diego-Portales. A l’issue du vote des 15 et 16 mai, les nouveaux constituants sont apparus comme très hétérogènes. Les candidats indépendants représentent 40 % des élus, au détriment des listes montées par les partis traditionnels.

Pour de nombreux analystes, cette Assemblée constituante « ressemble au Chili réel », avec des militants écologistes, des dirigeants communautaires, des avocats, des professeurs, des journalistes, des économistes, mais aussi des femmes au foyer. Les représentants des partis politiques traditionnels sont minoritaires et aucune force politique ne dispose du tiers nécessaire pour mettre son veto, les délibérations devant être approuvées aux deux tiers.

Un nouveau référendum en 2022

Parmi les membres de l’Assemblée constituante, une vingtaine d’individus faisaient partie des Chiliens descendus dans la rue pour exprimer leur ras-le-bol lors de la fronde sociale qui a éclaté le 18 octobre 2019. Ciblant d’abord une hausse du prix du ticket de métro à Santiago, la contestation s’est vite transformée en un mouvement sans précédent contre les inégalités sociales.

Face à l’ampleur des manifestations, qui ont culminé le 25 octobre avec 1,2 million de manifestants, les partis politiques avaient conclu un accord pour un référendum sur un changement de Constitution (plébiscité à 79 %). De nombreux manifestants accusaient le texte, voté en 1980, d’être le pivot du système économique ultralibéral mis en place sous Augusto Pinochet (1973-1990) et un frein à toute réforme sociale de fond.

A l’issue de leurs travaux, la nouvelle Constitution sera soumise à un référendum en 2022. En cas de rejet, le texte actuel restera en vigueur.

Le Monde avec AFP


Emotivo discurso de Elisa Loncon, elegida presidenta de la Convención Constitucional


Chili: une aborigène Mapuche élue présidente de l’assemblée constituante

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Chili

La session inaugurale a dû être suspendue momentanément, dimanche, en raison d’affrontements avec la police devant l’ancien parlement. L’assemblée va plancher sur la nouvelle Loi fondamentale pendant neuf mois minimum

Elisa Loncon, une linguiste, a été élue à Santiago, dimanche 4 juillet 2021. — © AFP /JAVIER TORRES

Le processus de rédaction de la nouvelle constitution chilienne a démarré sous tension dimanche mais aussi avec la détermination de changer l’histoire du pays en élisant une aborigène Mapuche comme présidente de l’assemblée constituante.

«Cette Constituante va transformer le Chili», a lancé l’universitaire mapuche Elisa Loncón, en tenue traditionnelle, après être montée sur l’estrade et salué en mapudungun, la langue du peuple mapuche. Elle a souligné que c’était là un rêve partagé par toutes les communautés du Chili dans leur diversité, le rêve de prendre soin de la Terre Mère, d’accéder aux droits sociaux et au droit à l’eau.

Lire aussi : Le Chili vote en faveur d’une réécriture profonde de la Constitution

Cette linguiste, qui occupe l’un des dix-sept sièges réservés aux peuples originaires, a été élue au deuxième tour en obtenant 96 voix sur les 155 de l’assemblée à l’issue d’une journée marquée par une suspension de près de trois heures, des tensions et des affrontements à l’extérieur de l’ancien parlement.

Des affrontements et des tensions

Une partie des 155 citoyens élus pour rédiger la nouvelle constitution à l’issue de plusieurs mois d’une vive contestation sociale était sortie pour exiger le retrait des forces spéciales du centre de la capitale. Des bagarres avec la police ont éclaté et une suspension avait été décidée.

Certains des élus, qui ont finalement tous pu prêter serment, avaient lancé à la rapporteuse: «Plus jamais de répression !». «Nous voulons une fête de la démocratie et non des problèmes, donc nous allons suspendre temporairement la session», avait alors annoncé la rapporteuse, Carmen Gloria Valladares, se disant «inquiète».

Affrontement entre la police et les manifestants devant le parlement, dimanche 4 juillet. REUTERS /Pablo Sanhueza

Plusieurs affrontements ont eu lieu entre des forces anti-émeutes et une poignée de civils devant l’ancien parlement.

Une assemblée hétérogène

«C’est la première fois que les citoyens ont pu élire un corps pour écrire» une Constitution, souligne auprès de l’AFP Claudio Fuentes, professeur à l’Université Diego Portales (UDP). Cette assemblée, qui va plancher sur la nouvelle Loi fondamentale pendant neuf mois minimum, douze maximum, est également paritaire. A l’issue du vote des 15 et 16 mai, les nouveaux Constituants sont apparus comme très hétérogènes. Les candidats indépendants représentent 40% des élus, au détriment des listes montées par les partis traditionnels.

Pour de nombreux analystes, cette Constituante «ressemble au Chili réel», avec des militants écologistes, des dirigeants communautaires, des avocats, des professeurs, des journalistes, des économistes, mais aussi des femmes au foyer. Les représentants des partis politiques traditionnels sont minoritaires et aucune force politique ne dispose du tiers nécessaire pour opposer son veto, les délibérations devant être approuvées aux deux tiers.

Lire encore : Au Chili, le début de la fin pour la Constitution de Pinochet

Parmi les membres de la Constituante, une vingtaine faisaient partie des Chiliens descendus dans la rue pour exprimer leur ras-le-bol lors de la fronde sociale qui a éclaté le 18 octobre 2019. Ciblant d’abord une hausse du prix du ticket de métro à Santiago, la contestation s’est vite transformée en un mouvement sans précédent contre les inégalités sociales. Face à l’ampleur des manifestations , qui ont culminé le 25 octobre 2019 avec 1,2 million de Chiliens dans la rue à Santiago, les partis politiques avaient conclu un accord historique pour un référendum sur un changement de Constitution, finalement plébiscité à 79%.

De nombreux manifestants dénonçaient le texte, voté en 1980, comme le pivot du système économique ultralibéral mis en place sous Augusto Pinochet (1973-1990) et un frein à toute réforme sociale. A l’issue de leurs travaux, la nouvelle Constitution sera soumise à un nouveau référendum en 2022. En cas de rejet, le texte actuel restera en vigueur.


Chili : une Indienne mapuche élue présidente de l’Assemblée constituante

L'universitaire mapuche Elisa Loncón a été élue présidente de l'assemblée constituante chilienne, dimanche 4 juillet 2021.
L’universitaire mapuche Elisa Loncón a été élue présidente de l’assemblée constituante chilienne, dimanche 4 juillet 2021. © Ivan Alvarado, Reuters

Le processus de rédaction de la nouvelle Constitution chilienne a démarré dans un climat tendu, dimanche, avec une suspension de la session inaugurale en raison d’affrontements avec la police devant l’ancien Parlement à Santiago. L’universitaire mapuche Elisa Loncón a ensuite été élue présidente de l’Assemblée constituante.

La session inaugurale de la nouvelle Assemblée constituante au Chili a démarré sous tension, dimanche 4 juillet, mais aussi avec la détermination de changer l’histoire du pays en élisant une Indienne mapuche comme présidente de l’Assemblée constituante.

« Cette Constituante va transformer le Chili », a lancé l’universitaire mapuche Elisa Loncón, en tenue traditionnelle, après être montée sur l’estrade et salué en mapudungun, la langue du peuple mapuche. Elle a souligné que c’était là un rêve partagé par toutes les communautés du Chili dans leur diversité, le rêve de prendre soin de la Terre Mère, d’accéder aux droits sociaux et au droit à l’eau.

Cette linguiste, qui occupe l’un des 17 sièges réservés aux peuples originaires, a été élue au deuxième tour en obtenant 96 voix sur les 155 de l’Assemblée à l’issue d’une journée marquée par une suspension de près de trois heures, des tensions et des affrontements à l’extérieur de l’ancien Parlement.

« Plus jamais de répression ! »

Une partie des 155 citoyens élus pour rédiger la nouvelle Constitution à l’issue de plusieurs mois d’une vive contestation sociale était sortie pour exiger le retrait des forces spéciales du centre de la capitale. Des bagarres avec la police ont éclaté et une suspension avait été décidée.

Certains des élus, qui ont finalement tous pu prêter serment, avaient lancé à la rapporteuse : « Plus jamais de répression ! » « Nous voulons une fête de la démocratie et non des problèmes, donc nous allons suspendre temporairement la session », avait alors annoncé Mme Valladares, se disant « inquiète ». Plusieurs affrontements ont eu lieu entre des forces anti-émeutes et une poignée de civils devant l’ancien Parlement.

Cette assemblée, qui va plancher sur la nouvelle Loi fondamentale pendant neuf mois minimum, douze maximum, est également paritaire. « C’est la première fois que les citoyens ont pu élire un corps pour écrire » une Constitution, souligne auprès de l’AFP Claudio Fuentes, professeur à l’Université Diego Portales (UDP).

Cette Constituante « ressemble au Chili réel »

À l’issue du vote des 15 et 16 mai, les nouveaux Constituants sont apparus comme très hétérogènes. Les candidats indépendants représentent 40 % des élus, au détriment des listes montées par les partis traditionnels.

Pour de nombreux analystes, cette Constituante « ressemble au Chili réel », avec des militants écologistes, des dirigeants communautaires, des avocats, des professeurs, des journalistes, des économistes, mais aussi des femmes au foyer.

Les représentants des partis politiques traditionnels sont minoritaires et aucune force politique ne dispose du tiers nécessaire pour opposer son veto, les délibérations devant être approuvées aux deux tiers.

« C’est une lumière d’espoir »

« Il y a une rupture très profonde entre la société et les institutions, une remise en question du rôle des partis politiques », analyse Marcela Rios, du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) au Chili.

Parmi les membres de la Constituante, une vingtaine faisaient partie des Chiliens descendus dans la rue pour exprimer leur ras-le-bol lors de la fronde sociale qui a éclaté le 18 octobre 2019. Ciblant d’abord une hausse du prix du ticket de métro à Santiago, la contestation s’est vite transformée en un mouvement sans précédent contre les inégalités sociales.

Face à l’ampleur des manifestations, qui ont culminé le 25 octobre 2019 avec 1,2 million de Chiliens dans la rue à Santiago, les partis politiques avaient conclu un accord historique pour un référendum sur un changement de Constitution, finalement plébiscité à 79 %.

De nombreux manifestants dénonçaient le texte, voté en 1980, comme le pivot du système économique ultralibéral mis en place sous Augusto Pinochet (1973-1990) et un frein à toute réforme sociale. « C’est une lumière d’espoir », explique à l’AFP Ingrid Villena, une avocate de 31 ans, spécialisée dans la violence contre les femmes.

À l’autre bout du spectre idéologique, la candidate de la droite conservatrice, Marcela Cubillos, ex-ministre du gouvernement du président Sebastian Piñera, engagée pour le « Non » au référendum, veut défendre le bilan de trois décennies de démocratie, « les meilleures de l’histoire du Chili ».

À l’issue de leurs travaux, la nouvelle Constitution sera soumise à un nouveau référendum en 2022. En cas de rejet, le texte actuel restera en vigueur.

Avec AFP


Ignacio Achurra aux côtés d’Elisa Loncón en ce 4 juillet historique

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