Dans un Valparaiso pandémique et vide une femme affronte la réalité …

Nicolàs Eyzaguirre et Kevin Morizur sont heureux de nous  inviter jusqu’au 16 juin, à visionner leur dernier travail audiovisuel avec Teatro Container, lecture dramatisée en temps de pandémie dans un Valparaiso désert. ′′ Plus grand que moi ′′ de Nathalie Fillion. Agir Nury Ortego-Farré, direction artistique Stefany Duarte, réalisation et musique Lázaro Bravo. Disponible en VOD au théâtreamil. tv dans le cadre de #theatrehoy2021

« Dans un Valparaiso pandémique et vide, une femme affronte la réalité… »

Traduction de l’article paru dans La Estrella Valparaiso du jeudi 3 juin 2021 signé Claudia Carvajal R

« Plus grand que moi » est l’œuvre que la Cie Teatro Container présente dans un cycle en ligne en accès gratuit. En savoir plus par ici …

Une femme insomniaque, en plein cœur d’un rêve et qui ne distingue plus le jour de la nuit, le réel de l’imaginaire, parcourt les rues d’un Valparaiso vide, en pleine pandémie. Elle se déplace à vélo, voyage par les toits, emporte son lit en bord de mer, et se confronte à un monde en danger.

« Plus grand que moi » est le titre d’un texte dramaturgique de la française Nathalie Fillion, que la Cie Teatro Container a transformé en une proposition interdisciplinaire, qui combine les codes du théâtre et du cinéma, et qui est présentée à compter de ce vendredi4 juin comme un partie d’un cycle Théâtre d’aujourd’hui qui , pour la seconde année consécutive, est montrée en ligne et en accès gratuit.

« C’est un travail très expérimental, dans lequel nous devions tenir compte d’un format, que même s’il nous était connu, nous n’avions jamais développé. Nous ne sommes pas des cinéastes, mais nous devions entrer dans un travail cinématographique » explique Nicolàs Eyzaguirre, directeur du projet et de Teatro Container ;

« Cette femme insomniaque se questionne sur la consommation, sur l’état de la planète » Kevin Morizur

Cette aventure a débuté l’a passé, quand la Cie fut invitée à réaliser une lecture dramaturgique au festival Santiago Off. Grâce à collaboration de l’Institut Français, ils ont pu obtenir les droits du monologue de Fillion, et ils ont commencé à donner forme à cette proposition.

« A ce moment, nous pensions que nous ne voudrions pas filmer une personne en train de lire, mais que nous voulions tenter l’opportunité de faire apparaître le texte dans la ville, et ceci en concordance avec notre travail habituel qui développe le théâtre de rue, les arts en l’espace public »,

explique Nicolàs Eyzaguirre, évoquant son rôle dans la Cie comme dans le Festival Teatro Container, qui se caractérise par l’adaptation des scénarios à la géographie de Valparaiso.

« Nous avons pu connecter tout notre vécu de travail sur site, en lequel nous nous confrontons à des scénarios en prise directe et nous travaillons avec ce dont nous disposons. »

Videoclip teatral

Kevin Morizur, co directeur de la Cie, dévoile des détails sur le récit et sa protagoniste : « Kasandra est une femme française qui vit à Paris (dans le texte d’origine) et ses écrits te conduisent à une universalité de thèmes, de questions et de questionnements ressentis en cette époque, et qui est née dans les années 80. ( …)

Dans son monologue cette femme insomniaque s’interroge sur la consommation, sur l’état de la planète et confronter ses pensées avec les images d’une ville vide fut un grand apport. »

Bien que l’auteure ait écrit cette œuvre avant la pandémie, ses réflexions sont très actuelles et reflètent la crise que beaucoup affrontent aujourd’hui. «  Maintenant avec la pandémie c’est trop littéral, trop évident, mais il y a toujours eu des éclairages auparavant ; au travers de l’art l’humanité avance selon les événements parce qu’elle perçoit les changements dans son environnement. Il y a 20 ans, il y avait déjà le sentiment généralisé que nous avions atteint la fin d’une ère. Dans un interview dans les années 80 Nicanor Parra parlait déjà de la crise de la planète » signale Nicolàs Eyzaguirre.


Dans El Mercurio du 3 juin 2021 …

Une Compagnie de Valparaiso présente un monologue réalisé dans un Valparaiso désert

Traduction de l’article signé Flor Arbulù paru dans El Mercurio du 3 Juin 2021

Un Valparaiso complètement vide est la première chose qui retient l’attention dans « Plus grand que moi », adaptation au format télévisuel du monologue homonyme écrit par la française Nathalie Fillion et que la Cie de Valparaiso, Teatro Container, a réalisée.

Mais ce n’est pas tout : parce que rapidement se voit la relation entre le texte et les rues désertes, les graffitis des murs et les animaux qui peuplent la cité. Ceci pourra être vu à partir de demain vendredi, sur Teatroamil.tv, comme faisant partie du Cycle Teatro d’Aujourd’hui que la Fondation a initié il y a dix ans et qui, conséquence de la pandémie, est présenté sous la forme virtuelle.

Des croisements intéressants

Nicolàs Eyzaguirre Bravo est le directeur de cette proposition, et raconte que tout est parti d’une invitation émise par Santiago a Mil à participer aux Rencontres de Dramaturgie Européenne Contemporaine (EDEC), impulsées par l’Institut Français et le Goethe Institut entre autres organisations internationales. L’idée est de réaliser l’enregistrement d’une lecture dramatisée, et, « nous avons dit, au lieu de filmer deux acteurs ou une actrice en train de lire, nous pourrions essayer une déambulation dans la ville dans laquelle nous avons toujours travaillé » commente Eyzaguirre.

Avec cette idée en tête ils ont retenu le texte, et ensuite a débuté « le dialogue entre les lectures du texte et les lieux où les situer. Ceci fut aussi intéressant, car le texte parle de la mer, par exemple.

(…) Alors, au fur et à mesure que se déroulait le texte, nous retenions des lieux », décrit le directeur, certifiant qu’au moment déjà de débuter l’enregistrement « on avait l’inspiration, un peu, du théâtre de rue que nous faisons. Avec le ressenti que nous avons tous les éléments, et c’est ce qui fait que nous y allons ».

En responsabilité de l’enregistrement se trouvait Kevin Morizur, impliqué depuis 10 ans dans la Cie , en charge du registre des mises en scène. Nous avons l’habitude d’une cité très vivante, avec laquelle nous jouons et nous avons fait du théâtre en de multiples lieux. « Nous avions une pratique d’événements importants avec un public nombreux, alors clairement cela a été très particulier pour nous de tenter de faire passer un texte dramatique par l’œil d’une caméra et notre point de vue également en tant que direction théâtrale », affirme-t-il.

Relativement à sa propre expérience de filmer, il dit qu ‘« il y a une prise de vue bien impressionnante lorsque nous sommes au pied de El reloj Turri et effectivement, il n’y avait personne, ni aux fenêtres, ni en voiture » assurant » tous nos autres intervenants sont les mouettes, les pélicans, les chiens, les chats ». Cela nous avons pu l’apprécier une fois que nous avons visionné les images sur l’ordinateur, et nous avions une étape d’enregistrement qu’aurait souhaitée n’importe quelle production », ajoute-t-il.

«  c’est très important ce qui s’est passé ici dans les croisements avec le texte – continue Eyzaguirre Bravo-, qui parle un peu de la génération qui a grandi dans les années 90, dans une certaine inconscience de l’expansion économique illusoire, dans ce bouillonnement (…) ; toute cette inconscience qui va générer un désastre écologique d’une part, et produire, aujourd’hui c’est évident, que le monde tel que nous l’avons connu va cesser d’exister. »

« Cette sensation postapocalyptique qui domine dans notre actualité, se réaffirme de façon très forte dans cette cité vide », annote-t-il. Et il assure : » Ecouter ces textes, en même temps voir l’actrice Nury Ortego, une image d’elle à bicyclette déambulant dans la ville déserte augmente très fort ce qui est décrit dans le texte.

Dans le même temps, quelque chose que jusqu’à maintenant nous continuons de remarquer, chaque fois que nous revoyons de nouveau le travail, nous découvrons de nouvelles relations entre le texte et ce qui est écrit sur les murs », commente le directeur, qui considère que ces messages font partie du moment qui se vit, pour que ce qui est mis en scène puisse devenir avec le temps un reportage documentaire.

Pour Kevin Morizur, ce travail est « une belle proposition et un magnifique exemple d’un travail en collaboration entre un texte dramatique et notre vision de la cité, en la transférant au film. Un beau processus qui pourrait se renouveler avec d’autres dramaturgies. »

Une ponctuation dans la crise

« A ce travail nous avons donné beaucoup de temps, une vision artistique et notre professionnalisme. Mais c’est quelque chose de ponctuel, dans ce que nous sommes en train de vivre », commente Kévin Morizur se référant à l’année et demie où ils sont restés paralysés, et sans perspective de pouvoir revenir au présentiel.

«  Les signaux donnés par la Ministre, ou le pouvoir exécutif, c’est que nous ne sommes pas essentiels. Il y a quelques mois, nous pouvions émettre des permis pour pouvoir aller travailler, à ce jour nous sommes en dehors des critères d’acceptation ; pendant ce temps nous constatons l’ouverture des portes de Fantasialand, et c’est vraiment une provocation », proteste Nicolàs Eyzaguirre.

«  Nous travaillons tout le temps dans la cité, pour provoquer des rencontres et, je crois des actions que les gens apprécient ; et aujourd’hui d’autant plus que nous traversons une crise majeure de santé mentale et physique, ce sont des outils que nous pourrions utiliser pour pouvoir nous rencontrer d’une autre manière, pour pouvoir nous exprimer », ajoute-t-il.

De cette perspective, «  ils ont opté pour faire disparaître cela, et nous sommes aujourd’hui comme dans un acte de survivance, cherchant à initier de nouvelles formes, bien que nous avons déjà organisé des événements en présentiel. Par exemple, nous étions partie prenante de l’œuvre  « Techo », montage dirigé par Stefani Duarte- qui est la directrice artistique de l’oeuvre « Mas grande que yo », et qui s’est jouée depuis la toiture de la Maestranza Baron, où travaille Teatro Container.

Dans ce ressenti Kevin Morizur soutient que  « Nous avons acquis un haut niveau de professionnalisme et d’expérience théâtrale, de gestion du public, de gestion des risques. Nous avons prouvé que nous pouvons être des interlocuteurs, et parler avec les autorités », par dessus tout pour connaître les logiques de fonctionnement d’autres espaces alors que le théâtre de rue comme d’autres disciplines continuent d’être à l’arrêt.

Par là-même, ils estiment qu’être partie prenante de ce cycle de théâtre aujourd’hui c’est une « super opportunité de diffusion. C’est un travail que nous avions présenté une seule fois (…) et nous avions gardé beaucoup d’envie de pouvoir le partager », commente Nicolas Eyzaguirre, qui souligne aussi le rôle de l’Institut Français qui a géré les droits d’auteur pour pouvoir le diffuser.

«  Nous pensons que ces initiatives sont super nécessaires, et aussi que la tenue du Festival présente une ouverture, je pense que compte tenu des circonstances dans lesquelles nous sommes, nous pouvons travailler avec une mise au point plus locale, et inclure d’autres villes », finalise le directeur.

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