Dans la foulée de la grève de la faim à laquelle il a mis fin au bout de 18 jours , le rapporteur du budget européen Pierre Larrouturou entend poursuivre son combat pour taxer la spéculation dans l’Union européenne. Selon lui, l’accord trouvé entre le Parlement et la présidence allemande, le 10 novembre, n’est pas suffisant. Dans un entretien accordé à Ouest France, il détaille la suite de son combat pour taxer la spéculation …
Pierre Larrouturou, eurodéputé : « Payer la relance avec la réforme des retraites me scandalise »
Comment allez-vous, après cette grève de la faim ?
Je vais très bien, merci. La médecin cheffe du Parlement m’a fait parvenir son avis médical, vendredi soir, et je l’ai suivi. Ce week-end, j’ai pris du bouillon de légumes et je vais très bien.
Comment envisagez-vous la suite ?
C’est terrible de devoir en arriver à une grève de la faim pour faire entendre l’urgence d’agir. Mais le Parlement a un pouvoir très limité face aux chefs d’États, en tout cas, tant que le débat reste cantonné dans la bulle européenne et que la plupart des citoyens ne savent pas ce qui s’y joue.
En dix-huit jours, j’ai perdu 10 kg, mais j’ai gagné plus de dix millions d’alliés européens qui ont entendu parler de ce combat. Et il est soutenu par des gens très différents : des syndicats hospitaliers européens à l’Association des maires ruraux de France, en passant par Nicolas Hulot et le ministre wallon du Budget et des Finances, un libéral…
En tant que militant ? Ou député ?
On est de plus en plus nombreux à être mobilisés pour ce combat pour le climat, l’emploi et la santé. Et au Parlement aussi. Vendredi, les eurodéputés ont adopté, à 68 %, le rapport sur le financement du Green Deal, que je portais pour mon groupe (sociaux démocrates).
Ce document s’appuie sur les chiffres de la Commission européenne et dit qu’il faut 600 milliards d’euros par an pour financer une transition écologique juste pour les Européens, et que sur ces 600, le budget européen peut contribuer pour 100 milliards. Mais les dirigeants n’ont accordé que deux petits milliards de plus par an. C’est assez obscène. Pourquoi voter des rapports si les chefs d’État écoutent davantage le lobby bancaire que les scientifiques et les élus du peuple ?
Pourquoi êtes-vous arc-bouté sur une Taxe sur les transactions financières (TTF), enlisée depuis dix ans ?
D’abord parce que c’est une mesure de justice fiscale. Nous payons tous des impôts locaux et de la TVA, 5,5 % même sur la nourriture de base. Pourquoi la spéculation est taxée à 0,0 % ? Ensuite parce que l’instrument, prêt à l’emploi, est le plus efficace. Il permet de dégager 57 milliards d’euros par an de ressources supplémentaires. Il est aussi le plus juste. On ne prélève qu’un minime 0,1 % à des marchés financiers qui affichent une santé indécente : +7 %, une semaine avant l’affolement du vaccin de Pfizer.
Les États, eux, déjà endettés par la crise de 2008, vont crouler sous la dette des plans de relance à venir. Je suis scandalisé d’entendre le ministre de l’Économie Bruno Le Maire affirmer que la dette sera remboursée par des réformes, dont celle des retraites. Il y a déjà près de dix millions de pauvres, en France ! Un retraité gagne en moyenne 1 400 € ; un trader 24 000 € sans les bonus. Qui doit payer le plan de relance ? Veut-on le chaos social ?
Toutefois, les dirigeants ont accepté le principe de la TTF…
Non, hélas. Ils ont fait la « promesse » d’en rediscuter à vingt-sept, peut-être en 2025, pour une éventuelle application en 2026. Et on risque une taxe minuscule si le gouvernement français continue de refuser de taxer les produits dérivés et le trading à haute fréquence, le pire de la spéculation et les plus gros volumes.
Il existe une autre voie pour l’instaurer dès 2022 : sortir du vote à l’unanimité. avec laquelle aucun groupe humain ne peut fonctionner correctement, et miser sur la coopération renforcée entre plusieurs États. La Commission s’engage à faire de cette taxe, une nouvelle ressource pour le budget européen, si elle est adoptée par dix ou quinze pays, d’ici à 2022. La France aurait bien besoin de cet argent européen pour aider tous les Français à isoler leurs logements. C’est une des mesures de la Convention citoyenne qu’Emmanuel Macron avait promis de reprendre, sans filtre.
Le Conseil n’est-il pas, là encore, décisionnaire à l’unanimité ?
Non, c’est la beauté de la coopération renforcée à dix ou quinze pays. L’unanimité est une mauvaise excuse utilisée par ceux qui veulent bloquer les décisions. Vous croyez que nous aurions une monnaie unique s’il avait fallu l’accord unanime des vingt-huit dirigeants ? Non. Et pourtant il y a une zone euro. De même, l’espace Schengen n’est pas partagé par tous. Nous étions cinq au début, nous sommes vingt-six.
Si le Néerlandais Mark Rutte préfère taxer ses citoyens pour rembourser ses 22 milliards d’euros, qu’il s’en explique chez lui. Les autres Européens doivent se montrer plus responsables.
Avec 1 838 milliards d’euros pour les sept prochaines années, contre 960 milliards (2014-2020), même Sassoli, le président du Parlement, parle d’un budget « historique »…
Il est historique pour sauver le vieux monde ; il ne suffira pas pour inventer le nouveau. En 1929, lors d’une crise économique qui a plongé l’Europe dans la barbarie, le président américain Roosevelt, lui, a triplé le budget et taxé les millionnaires. Les banquiers ont hurlé, mais il a sauvé l’Amérique et l’Europe ensuite.
Aujourd’hui, il s’agit, à nouveau, d’éviter une flambée du chômage, et en plus, de décarboner nos activités, pour sauver la vie humaine, menacée par les effets d’une concentration exponentielle de C02 dans l’atmosphère. Les mégafeux en Californie, en Sibérie, en Australie – 440 morts ! – sont un signe d’une autonomie du dérèglement climatique. Nous avons peu de temps.
Restez-vous optimiste ?
La chancelière allemande veut un bon accord sur le climat au Conseil des 10 et 11 décembre. Elle s’y intéresse depuis longtemps ; c’est elle qui a accueilli la première conférence, la COP1, à Berlin, en 1995. Mais beaucoup de pays vont bloquer si on ne leur propose pas de solution pour financer cette ambition climat. Nous allons continuer le combat jusqu’au 11 décembre.
Pour continuer à soutenir le combat engagé par Pierre Larrouturou :
https://taxonslaspeculation.eu/home/
#TaxonsLaSpeculation
https://www.facebook.com/larrouturoupierre
Retour sur les 18 jours de sa grève de la faim …
En direct de Bruxelles, il répondait le 14 novembre aux questions de Konbini.
Écouter notamment à la minute 4′ et 14″ le point du vue d’Emmanuel Moulin qui était jusqu’au 21 octobre dernier, Directeur de Cabinet de Bruno Le Maire …
Le Parlement européen a ses habitudes : à force de ne pas voir ses débats médiatisés, il a cru que la plus grande discrétion était une vertu démocratique.
Si nous ne prenons pas les 50 milliards d’€/an sur la spéculation, il faudra soit aller les chercher ailleurs, soit renoncer à des dépenses essentielles (climat, chômage, santé…).
Un entretien vidéo de 3’05 » diffusé le 12 novembre par TV5 Monde …
Lu dans #LeCanardEnchainé
La presse ne vivant que si on l’achète, courez (muni de votre autorisation) acheter #LeCanardEnchainé …
Les écologistes et régionalistes breton.ne.s soutiennent Pierre Larrouturou …
Les écologistes et régionalistes breton.ne.s soutiennent Pierre Larrouturou dans sa grève de la faim pour que le Président Macron cesse de s’opposer à la Taxe sur les Transactions Financières
Le Parlement européen a voté à 70% une Taxe sur les Transactions Financières pour abonder un véritable budget européen. Ce vote incarne la volonté européenne d’accompagner massivement les collectivités, les entreprises et les particuliers dans leurs politiques et leurs initiatives de lutte contre le réchauffement climatique. La proposition législative est prête. Avec une taxe de seulement 0,1 % sur les actions et de 0,01 % sur les produits dérivés et les obligations, le budget européen recueillera 50 milliards d’euros supplémentaires chaque année. Pour la Bretagne comme pour toutes les autres régions européennes, cette capacité budgétaire supplémentaire ouvre la possibilité d’investir résolument dans nos filières d’avenir, de la construction bio-sourcée aux énergies renouvelables, tout en s’engageant plus fortement sur la voie de la transformation de notre modèle agricole et du renforcement de l’autonomie alimentaire de nos villes et communes rurales.
Or voici qu’à nouveau, au sein du Conseil européen, certains États font obstruction à l’adoption de cette mesure. C’est le cas du gouvernement français, soucieux de protéger ses grandes banques, et alors même que l’Allemagne est favorable à cette Taxe sur les Transactions Financières.
Pierre Larrouturou, rapporteur du budget européen, a entamé une grève de la faim pour protester contre ce blocage injustifiable d’une mesure largement souhaitée par les citoyens européens. Aujourd’hui, vendredi 6 novembre, Pierre en est à son dixième jour de grève de la faim. A son instar, nous rappelons qu’en ces temps de pauvreté accrue, il est insensé de se priver d’une telle ressource, qui redirige une infime partie des profits exorbitants de l’économie spéculative vers des investissements à long terme dans notre économie réelle, notre environnement, nos métiers d’avenir. Avec l’association Agir pour le climat auprès de qui nous avons défendu le Pacte Finance Climat européen, l’alliance des gauches écologistes bretonnes ( Alliance Ecologiste Indépendante, Bretagne écologie, Cap21, Génération écologie, Ensemble sur nos territoires, Europe écologie les verts, Nouvelle donne, Union démocratique bretonne) demandons au Président Macron et à Mme Von der Leyen, Présidente de la Commission européenne, de mettre en oeuvre la décision des députés européens. Nous souhaitons ardemment que l’acte courageux de Pierre Larrouturou ne soit pas vain.
Communiqué daté du 6 novembre 2020 :
Alliance Ecologiste Indépendante, Fabrice Le Calvez
Bretagne écologie, Marie-Pierre Rouger
Cap21, Franck Poirrier
Génération écologie, Yanick Le Moing
Ensemble sur nos territoires, René Louail
Europe écologie les verts, Emilie Roch
Nouvelle Donne, Jacques Pinchard
Union démocratique bretonne , Lydie Massard
Jacques Pinchard, référent de Nouvelle Donne en Bretagne, invité de la rédaction de RCF
Présentée par Maurice Thuriau, Clément Moutiez
Émission diffusée le 12 novembre 2020 .
Durée : 7 min
Pierre Larrouturou, fondateur du parti Nouvelle Donne et rapporteur du budget pour le Parlement européen, est en grève de la faim depuis le 28 octobre. Une action qui a pour but de protester contre le manque de budget européen pour faire face à l’urgence climatique et économique. Le Parlement européen a voté à 70 % une taxe sur les transactions financières pour augmenter l’enveloppe budgétaire en faveur du climat, mais certains États ne font pas honneur à cet engagement comme nous l’explique Jacques Pinchard, référent du parti Nouvelle Donne en Bretagne.
Un jeûne militant sur les marchés du pays de Quimperlé pour taxer les transactions financières
Article publié dans Le Télégramme Quimperlé du 13 novembre 2020
Des membres de plusieurs associations du Pays de Quimperlé lancent un jeûne militant sur les marchés en soutien au député européen Pierre Larrouturou. Ce dernier a entamé une grève de la faim à Bruxelles afin de réclamer la mise en place d’une taxe sur les transactions financières.
Des membres de plusieurs associations du pays de Quimperlé, notamment Ozactes, les Faucheurs volontaires et Attac, ont décidé de relayer localement l’action entreprise à Bruxelles par le député européen Pierre Larrouturou. Depuis le 28 octobre, il a entamé une grève de la faim au Parlement européen pour alerter l’opinion « contre les coupes prévues dans le budget de la transition écologique, la santé et la recherche . Il réclame la mise en place de la taxe sur les transactions financières qui pourrait abonder le prochain budget de l’Union européenne et financer « une politique climatique ambitieuse .
À partir de ce vendredi, et durant une semaine, des militants ont entamé un jeûne « tournant et public sur le marché de Quimperlé. Ils poursuivront leur action à l’occasion des marchés de Moëlan-sur-Mer, Riec-sur-Bélon mais aussi Trégunc et Concarneau, afin de donner un large écho aux revendications du chef de file de Nouvelle Donne.
« Actuellement, nous payons entre 5 et 20 % de taxe (TVA) sur les produits achetés alors que les puissants ne paient rien lorsqu’ils achètent leurs actions sur les marchés financiers, rappellent-ils. Le Parlement européen est, dans son ensemble, favorable à une taxe de 0,1 % sur les transactions financières. Or certains chefs d’État, dont Emmanuel Macron, rechignent à faire appliquer cette faible taxe « .
Les militants appellent à soutenir ce mouvement en signant la pétition sur le site www.taxonslaspeculation.eu
Lire par ailleurs sur PrendreParti.com …
Pierre Larrouturou en grève de la faim pour taxer la spéculation
Une réponse sur “Après une grève de la faim de 18 jours, Pierre Larrouturou continue le combat …”
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