C’est inédit : à Bruxelles, dans les locaux du Parlement européen. l’eurodéputé français Pierre Larrouturou s’est lancé le 28 octobre dans une grève de la faim pour qu’une taxe sur les transactions financières soit instaurée à l’échelle de l’Union européenne, ainsi qu’un plan plus ambitieux sur le climat. « Quasi plus d’argent pour la santé et le climat, pas assez pour l’emploi ! « .. .#taxonslaspeculation
En sa qualité de « rapporteur général du budget « , il explique que le Parlement européen a 15 jours pour trouver un accord pour créer une taxe sur les transactions financières … Une vidéo de 8’07 » en compagnie notamment de Philippe Geluck , d’Arnaud Schwartz Président de France Nature Environnement …
On fonce vers le chaos social, climatique et sanitaire.
Pourtant, il y a des solutions efficaces.
Ça se joue dans les 15 prochains jours !Mme Merkel, M. Macron, qu'est ce qu'on attend pour taxer la spéculation ?
Demandons-leur sur https://t.co/xUmwe9UFv9 #TaxeSpeculation pic.twitter.com/pFiwWDBeL3
— Pierre Larrouturou (@larrouturou) October 26, 2020
Pierre Larrouturou, en grève de la faim : «Macron ne veut pas que l’UE taxe les spéculations»

L’eurodéputé français s’est lancé mercredi dans une grève de la faim pour qu’une taxe sur les transactions financières soit instaurée à l’échelle de l’Union européenne, ainsi qu’un plan plus ambitieux sur le climat.
Une grève de la faim pour alerter les citoyens et faire plier Emmanuel Macron et Angela Merkel. Voilà ce qu’a entrepris ce mercredi Pierre Larrouturou, député européen affilié au groupe des Socialistes et Démocrates (S&D). Rapporteur général du budget de l’Union, qui doit être voté dans les prochaines semaines et définir le cadre à suivre pour la période 2021-2027, il prône l’instauration d’une taxe sur les transactions financières (TTF) à partir de 2024. Une cause à laquelle il a déjà rallié la majorité des eurodéputés, et qui pourrait rapporter 50 milliards d’euros chaque année à l’Union européenne. Au cœur de ses revendications également, davantage d’argent pour le climat. Pour Libération, il revient sur ses combats.
Pourquoi avez-vous entamé une grève de la faim ?
Parce qu’on est dans un moment critique. Tous les sept ans, et seulement tous les sept ans, on négocie le budget de l’Union européenne. C’est là qu’on peut faire des réformes fiscales. C’est un système bizarre, car dans de nombreux pays, il y a chaque année la possibilité de faire des réformes fiscales. Là, pour les sept prochaines années, on va déterminer s’il y a de l’argent pour le climat, pour la santé, pour la recherche, ou encore pour les réfugiés. C’est aussi dans les semaines qui viennent que l’on va décider s’il y a un impôt sur les spéculations financières, ou sur les milliardaires. Et les négociations sont compliquées.
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Au sein de l’UE ce sont les chefs d’Etat qui ont le plus de pouvoir. Aujourd’hui, ils bloquent la négociation et espèrent que le Parlement se couche. Le seul moyen de faire pression sur Merkel et Macron, c’est que les citoyens soient au courant de l’importance de ce qu’on négocie en ce moment. On peut faire des beaux discours sur les objectifs de l’Europe sur le climat pour 2030, mais si pendant sept ans il n’y a pas d’argent pour isoler les maisons ou développer les transports en commun, c’est foutu. C’est pour ça que j’ai décidé de faire une grève de la faim : pour que les citoyens sachent ce qu’il se joue. Les médecins du Parlement sont un peu inquiets et m’obligent à un examen de santé quotidien, mais je suis solide et j’en ai déjà fait une.
Au centre de vos revendications on trouve la Taxe sur les transactions financières. Qu’est-ce que c’est ?
Quand vous et moi on fait des courses, on paye la TVA, la taxe sur la valeur ajoutée. En France la TVA normale, elle est à 20%. C’est le cas pour le téléphone avec lequel je vous parle. Pour les produits alimentaires, et ce qui est indispensable, on a mis une TVA plus faible, afin que les ménages très modestes puissent quand même manger. Mais même pour ce qui est indispensable, il faut payer 5,5% de TVA. Aujourd’hui, si vous allez sur les marchés financiers, que vous achetez des actions et des obligations, la taxe c’est 0%. Zéro. C’est quand même choquant de se dire qu’un SDF doit payer 5,5% de TVA pour contribuer au fonctionnement des services publics, mais que quelqu’un, qui souvent gagne bien sa vie, ne paye rien quand il va sur les marchés financiers. L’idée de la taxe sur les transactions financières, c’est de demander un petit effort. Chaque fois qu’on achète des actions, on payerait 0,1%, et 0,01% de taxe sur les obligations ou le trading à haute fréquence. C’est vraiment pas énorme, mais à la fin de l’année ça fait environ 50 milliards, d’après les chiffres de la Commission européenne. Cinquante milliards de plus, chaque année, sans demander un centime au citoyen. Ça fait un bon paquet d’aides pour les hôpitaux, la recherche, le climat…
Vous critiquez la position de la France sur le sujet. Pourquoi ?
Emmanuel Macron, comme certains chefs d’Etat, ne veut pas taxer les spéculations. Même le ministre autrichien des Finances, qui n’est pourtant pas vraiment de ma famille politique, il est très à droite, le dit. Il a expliqué que l’Autriche veut relancer les négociations sur la taxation des transactions financières, mais qu’avec ce que propose la France, 99% des transactions ne seraient pas taxées. Il conclut que l’Autriche se retirera des négociations si c’est le projet proposé par la France qui est gardé.
Mais de toute manière, est-ce que l’idée de voir les Vingt-Sept réussir à se mettre d’accord sur une telle taxe n’est pas utopique ?
Il n’y a pas besoin d’unanimité. L’espace Schengen a commencé avec cinq pays. Et maintenant on est vingt-six. L’unanimité, c’est une excuse paresseuse. C’est du pipeau, c’est une blague. Ce que demande le Parlement, c’est la relance d’une «coopération renforcée», en mettant une grosse carotte pour motiver un maximum de pays. Les pays qui taxeraient la spéculation n’auraient pas besoin de rembourser le plan d’urgence, voté en juillet. A l’époque, 390 milliards d’euros ont été mis sur la table, dans un budget commun que les Vingt-Sept peuvent utiliser, ce qui est très bien. Mais il faudra aussi les rembourser. Et la question est : qui va rembourser ? Par exemple, la France va gagner 40 milliards, mais devra sur trente ans rembourser 67 milliards. Comment est-ce qu’on va rembourser ces 67 milliards ? Est-ce qu’on va augmenter les impôts de monsieur et Madame tout le monde ? Est-ce qu’on va réformer les retraites ? Ou est-ce que cette taxe sur les spéculations au niveau européen va permettre de rembourser ce plan d’urgence ? La taxe sur les transactions financières, c’est la seule solution sur la table aujourd’hui pour que l’UE ait plus de ressources.
Et si aucune taxe sur les transactions financières du niveau que vous souhaitez n’est proposée le 14 décembre : y a-t-il un risque que le cadre financier pluriannuel (CFP) soit bloqué par le Parlement ?
On n’est pas aux Etats-Unis. Là-bas, s’il y a un blocage entre le Congrès et le Président, il y a un shutdown et des milliers de fonctionnaires sont foutus dehors du jour au lendemain. En Europe, ce n’est pas le cas. Si on n’arrive pas à se mettre d’accord, on va se baser sur le budget de 2020, et on continuera de financer les programmes. Mais c’est mieux d’arriver à un accord, et le Parlement européen a dit qu’il conditionnera le prochain budget pluriannuel à une avancée sur les ressources propres. Il y a eu un accord sur la taxe plastique, avec une taxe sur les plastiques non recyclés qui sera créée au 1er janvier prochain. C’est une bonne avancée. Mais ça ne représente que sept milliards par an. Et en principe, ça doit pousser à consommer moins de plastique, et donc les revenus devraient diminuer. Donc maintenant, l’enjeu c’est d’obtenir une décision cette année pour créer une TTF au 1er janvier 2024, pour augmenter le budget de 200 milliards, soit 50 milliards par an à partir de 2024.
L’eurodéputé Pierre Larrouturou entame une grève de la faim
L’eurodéputé français se mobilise à Bruxelles afin d’obtenir du Conseil de l’Union européenne une augmentation du budget pluriannuel pour le climat, la santé et l’emploi.
Par Jean-Pierre Stroobants , publié dans Le Monde du 28 octobre 2020

C’est inédit : pour alerter l’opinion sur les coupes que risquent de subir des budgets qu’il juge cruciaux, l’eurodéputé français Pierre Larrouturou a annoncé, mercredi 28 octobre, qu’il commençait une grève de la faim à Bruxelles, dans les locaux du Parlement européen.
« Jour et nuit sans manger pour dénoncer un scandale : quasi plus d’argent pour la santé et le climat, pas assez pour l’emploi ! », explique l’eurodéputé, fondateur du parti Nouvelle Donne, élu pour un premier mandat en 2019, membre du groupe des socialistes et démocrates et, surtout, rapporteur du budget pour le Parlement.
« Le chaos social, économique et sanitaire »
Débatteur infatigable au cerveau perpétuellement en ébullition, le député arpentait depuis des semaines les couloirs de toutes les institutions avec ses nombreux dossiers sous le bras. Son but : alerter sur la bataille que le Parlement mène contre les Etats membres (le Conseil) pour obtenir plus d’argent en faveur du budget 2021-2027 de l’Union européenne (UE). Ce célèbre « cadre financier pluriannuel », qui avait mobilisé les dirigeants européens pendant quatre jours en juillet et vu un douloureux compromis se dégager en fin de compte, avec un budget de 1 074 milliards d’euros et un fonds de relance de 750 milliards. Le tout assorti de coupes dans le fonds de transition équitable, la santé, la recherche, ou le programme Erasmus+.
Le Parlement européen demande 39 milliards de plus et une décision claire sur les ressources propres – des sources de financement direct du budget – que pourrait dégager l’UE. Pierre Larrouturou réclame à cor et à cri l’introduction de la célèbre taxe sur les transactions financières (TTF, ou taxe Tobin), au spectre toujours indéfini, mais qui permettrait d’après lui de rembourser le plan de relance tout en finançant la santé et une politique climatique ambitieuse. Son montant annuel pourrait atteindre 57 milliards d’euros. « Si on ne taxe pas la spéculation, le pacte vert européen est mort », dit-il, évoquant dès lors le risque d’une « planète morte » faute de courage politique. Sa grève de la faim vise surtout à souligner l’importance des deux prochaines semaines, au cours desquelles la négociation ira soit vers un accord, soit selon lui « vers le chaos social, climatique et sanitaire ».
L’eurodéputé appelle notamment le gouvernement français à clarifier une position qu’il juge ambiguë : Paris et Berlin proposent une TTF européenne, mais d’une ampleur inférieure à ce que suggérait la Commission dès 2011. M. Larrouturou, s’appuyant notamment sur un avis de l’Autriche, estime qu’« approximativement 99 % des transactions » échapperaient ainsi à la taxation.
En quarante-huit heures, près de deux millions de personnes se sont abonnées à la page Facebook sur laquelle le gréviste de la faim va débattre de ces questions.
A suivre sur PrendreParti.com,
un article daté du 14 novembre 2020 …
http://www.prendreparti.com/2020/11/14/eurodepute-en-greve-de-la-faim-depuis-18-jours/
2 réponses sur “Pierre Larrouturou en grève de la faim pour taxer la spéculation”
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