Le Jour du dépassement de la Terre …

C’est une date fatidique, symbole de la pression exercée par les humains sur la planète. Cette année, le « jour du dépassement de la Terre », qui marque le jour où l’humanité a consommé toutes les ressources que les écosystèmes peuvent produire en une année, devrait tomber ce 22 août 2020 ! L’occasion de voir ou revoir le documentaire « L’urgence de ralentir » réalisé par Philippe Borrel en 2014 …

Ce recul, qui constitue un « renversement historique » par rapport à la tendance à long terme d’augmentation de l’empreinte écologique mondiale, s’explique par les mesures de confinement qui ont été mises en place à travers le monde en réponse à la pandémie de Covid-19. Ces calculs présentent toutefois de fortes incertitudes.« Cela montre que des changements importants et rapides sont possibles. Mais cette réduction de notre empreinte écologique est imposée et non voulue, et comme elle ne s’accompagne pas d’un changement systémique dans nos modes de production et de consommation, elle ne va pas durer », juge Mathis Wackernagel, le président du Global Footprint Network.


Coronavirus : le « jour du dépassement » a reculé de trois semaines avec la baisse des abattages forestiers

L’ONG Global Footprint Network calcule chaque année la date théorique à partir de laquelle l’humanité a épuisé les ressources naturelles produites par la planète en un an. Cette date a été fixée au 22 août en 2020, contre le 29 juillet en 2019.

Une image aérienne de la déforestation en Amazonie, le 23 août 2019 dans la région de Porto Velho (Brésil).
Une image aérienne de la déforestation en Amazonie, le 23 août 2019 dans la région de Porto Velho (Brésil). (CARL DE SOUZA / AFP)

Comme chaque année, l’ONG Global Footprint Network a calculé la date du « jour de dépassement » de la Terre, c’est-à-dire le moment à partir duquel l’humanité a utilisé toutes les ressources que la planète peut renouveler pendant l’année. Cette fois, le think-tank a fixé cette date au 22 août (en anglais), soit trois semaines plus tard qu’en 2019 (29 juillet) et à une valeur équivalente à celle de 2004. Une fois n’est pas coutume, cette journée symbolique où le monde entre en « déficit écologique » arrive donc plus tard que les années précédentes, souligne l’ONG, vendredi 5 juin.

    
     (GLOBAL FOOTPRINT NETWORK)

Ce résultat à contre-courant est la conséquence directe des mesures sanitaires mises en œuvre pour lutter contre l’épidémie de Covid-19, selon les auteurs de l’étude. Global Footprint Network cite notamment la diminution « de la récolte de bois et des émissions de CO2 provenant de la combustion de combustibles fossiles » pour justifier cette amélioration. « Même si la construction s’est poursuivie pendant la pandémie, souligne l’ONG, l’industrie forestière a anticipé une baisse de la demande à venir et a donc rapidement réduit les taux d’abattage des arbres. »

L’ONG réclame un « revirement écologique planifié »

Pour calculer ce « jour du dépassement », Global Footprint Network agrège les « divers types d’utilisation des surfaces biologiquement productives par toutes les communautés humaines » : nourriture, bois, fibres, absorption du carbone et infrastructures. Cet agrégat permet de livrer un indicateur et de dégager une évolution de la situation au fil des ans. La date du 22 août cache d’ailleurs de nombreuses disparités. Ainsi, le « jour du dépassement » serait en réalité fixé au 11 février avec les seules données qataries, mais au 18 décembre avec les données indonésiennes. Pour la France, ce jour serait le 14 mai.

   
    (GLOBAL FOOTPRINT NETWORK)

Cette « contraction soudaine de l’empreinte écologique d’une année à l’autre » n’est pas satisfaisante, ajoute toutefois l’ONG, car elle résulte d’une catastrophe mondiale plutôt que d’un « revirement planifié ». En d’autres termes, c’est aux décideurs politiques de mettre en œuvre un « principe de régénération » pérenne, et non à un virus de forcer les choses. Global Footprint Network estime que la pandémie a d’ailleurs montré que les gouvernements étaient capables d’agir rapidement, « tant en termes de politiques publiques que de dépenses, lorsqu’ils placent la vie humaine au-dessus de tout ».

L’ONG réclame donc un effort concerté pour mettre en place de réelles politiques de développement durables, en insistant sur l’évolution négative de son indicateur. Elle estime aujourd’hui que l’humanité utilise 60% de plus que ce qui peut être renouvelé – « autant que si nous vivions sur 1,6 planète ». Comme le montre cette image animée, cette situation tend à se détériorer d’année en année depuis la fin des années 1970, quand le monde est entré en « déficit écologique ».


Voir ou revoir en cette occasion le documentaire « L’urgence de ralentir » réalisé par Philippe Borrel en 2014 …

Aux quatre coins de la planète des citoyens refusent de se soumettre aux diktats de l’urgence et de l’immédiateté, pour redonner sens au temps. En Europe, aux États-Unis, en Amérique Latine ou encore en Inde, Philippe Borrel est allé à la découverte d’initiatives, individuelles et collectives, qui proposent des alternatives basées sur d’autres paradigmes…
La bande annonce (Durée 1’50 »)

Le documentaire intégral de Philippe Borrel rediffusé par Arte le 27 mai 2020. (Durée : 1h25mn)