« Enterrer les morts et réveiller les vivants »

« Enterrer les morts et réveiller les vivants » Ce mardi 26 mai 2020, aux quatre coins de la France (Franche-Comte, Drôme, Ile de France, Nouvelle Aquitaine…) des artistes se sont déployés en douceur dans l’espace public pour un « Acte Poétique National. » Pour ensemble, le même jour, poser un acte fort : Penser ensemble l’art et la culture, avec tous les travailleur.ses de ce secteur …

La conjuration des jardins – Enterrer les morts / Réveiller les vivants
Acte poétique filmé à Besançon par Christelle Pinet
le mardi 26 mai 2020, place de la révolution. Montage : 5’20 »

A #Besançon, place de la Révolution.
Une vidéo de 16’50″ » réalisée par Média 25 …


« Enterrer les morts » et « réveiller les vivants » : spectacle surprise dans les rues de Besançon

Sur des notes de Vivaldi, un cercueil porté par quatre silhouettes vêtues de noir © S.Poirier
Sur des notes de Vivaldi, un cercueil porté par quatre silhouettes vêtues de noir © S.Poirier

« Enterrer les morts » et « réveiller les vivants »… des inscriptions portées ce mardi soir par 200 acteurs place de la Révolution à Besançon. Un spectacle surprise 2 mois et demi après le début de l’épidémie de Coronavirus.

Par Isabelle Mounier pour FR3 Bourgogne Franche Comté avec l’AFP

Les notes de Vivaldi ont résonné ce mardi 26 mai au soir dans les rues de la capitale comtoise.
Un cercueil, porté par quatre silhouettes vêtues de noir et masquées, s’est lentement avancé au centre de la Place de la révolution sous l’œil intrigué et fasciné des habitants.

© S.Poirier
© S.Poirier

Des dizaines d’acteurs, également vêtus et masqués de noir, se sont ensuite rassemblés autour du cercueil en respectant la distanciation physique, la matérialisant d’un cercle de farine blanche, symbole de l’isolement généré par le confinement.

© S.Poirier
© S.Poirier

On avait envie d’un acte politique  de se réapproprier la ville et de proposer une belle image qui rende visible le spectacle vivant
Camille du collectif « la conjuration des jardins ».

« Notre secteur est très touché nous explique Camille du collectif  « la conjuration des jardins » mais ce soir, on avait surtout envie de revendiquer la beauté, le rêve et la joie d’être ensemble. C’est un besoin d’exister, de faire rêver et de toucher.» 

Des acteurs brandissant des drapeaux portant les inscriptions « Enterrer les morts » et « Réveiller les vivants » ( allusion aux paroles « Enterrer les mots et réparer les vivants » dans la pièce du Russe Anton Tchekhov) ont ensuite couru sur la place, avant une séquence de danse.

© S.Poirier
© S.Poirier


Besançon | Culture
Les artistes existent, la preuve par l’exemple

18 h, place de la Révolution, ils sont 200 ou plus et offrent quelques minutes de poésie dans l’espace public. Les acteurs de la culture, artistes de rue ou de scène, techniciens… affirment en creux leur survie et leur volonté de trouver leur place « dans le nouveau monde ».
Un article de Catherine Chaillet paru dans L’Est Républicain du 22 mai 2020
La conjuration des jardins, quelques instants de poésie dans la ville au sortir du confinement.  Photo ER /Ludovic LAUDE
D’abord vient le cercueil sur la place presque vide, quatre porteurs en noirs, masqués et chapeautés. Un public, venu on ne sait d’où : la performance est secrète. Une femme suit le cercueil, il est posé là, sur deux tréteaux au cœur de la place. Un homme, une femme en noir le protège de rubalise qui claque en rayures orange et blanches. Haendel envahit l’espace.

Les porteurs, chapeaux sur le cœur se tiennent à distance. Ils sont des dizaines soudain qui s’approchent, et demeurent à bonne distance du mort. Droits. Immobiles. Chacun dessine autour de lui un cercle de poudre blanche. Ils sont 100, 200, moins ? Nombreux. En noir et masqués. Silencieux cette fois. Une voiture de police stationne là. Ils lèvent alors un bras vers le ciel, les masques tombent. Les silhouettes anonymes frappent leur corps, le blanc vole. Les corps semblent applaudir. Au micro, une femme entonne un lamento polonais. Des drapeaux larges claquent et passent et repassent. Face : « Enterrer les morts ». Pile : « éveiller les morts ». Un peu empruntés à Tchekhov.

Parenthèse enchantée

L’air est beau, gai et entraînant. Les silhouettes noires poudrées de blanc dansent et chantent et crient dans le cercle imparti. En silence. Des bribes de mousses et de fumées enveloppent ces acteurs de la culture que l’on entend plus. Ils existent pourtant. Le disent ici de jolie façon, en noir et blanc sur le pavé.

Entre les notes et les chorégraphies, dans les interstices d’un scénario peaufiné en catimini, le public peut entendre, s’il le veut, des revendications et des questions, des craintes et des envies. Il peut aussi se contenter de cet instant de poésie offert au débotté sur le chemin du retour du travail ou celui des courses pour le repas du soir. Parenthèse enchantée. La voiture de police s’en va. Sur le pont Battant, à peine plus loin, viendront quelques explications et la promesse dit-on d’une contravention.


Une action spontanée s’est tenue le 26 mai dans les rues de Besançon grâce à un groupe de quelque 200 comédiens, indique l’AFP. Le message du spectacle a été d’«enterrer les morts» et de «réveiller les vivants», et ce après des mois dans une situation épidémique.

Près de 200 comédiens ont donné mardi soir un spectacle surprise dans les rues de Besançon, plusieurs mois après le début de l’épidémie de coronavirus, a constaté une journaliste de l’AFP.

Sur des notes de Vivaldi, porté par quatre silhouettes vêtues de noir et munies de masques de protection sombres, un cercueil s’est avancé doucement au centre de la place de la Révolution, dans le centre de la capitale franc-comtoise, devant des passants intrigués.

Des dizaines d’autres acteurs, également vêtus et masqués de noir, se sont rassemblés autour du cercueil en respectant la distanciation physique, la matérialisant d’un cercle de farine blanche, symbole de l’isolement généré par le confinement.

Acte poétique

Des acteurs brandissant des drapeaux portant les inscriptions «Enterrer les morts» et «Réveiller les vivants» – allusion aux paroles «Enterrer les mots et réparer les vivants» dans la pièce Platonov (1923), du Russe Anton Tchekhov -, ont ensuite couru sur la place, avant une séquence de danse.

«On enterre ce qu’on vient de traverser», explique Stéphanie Ruffier, une enseignante de théâtre qui a participé à la représentation.

Selon elle, ce happening est né de «l’envie» ressentie par des acteurs et des actrices du monde du spectacle vivant, durement touché par les restrictions liées à la pandémie de coronavirus.

Certains voulaient «pleurer leurs morts», d’autres «vivre un rituel du nouveau monde», poursuit la jeune femme, mais tous se sont retrouvés pour «poser un acte poétique» dans l’espace public, a-t-elle estimé.

Une centaine de personnes, visiblement ravies, ont profité de la performance, alors qu’une patrouille de police leur demandait dans le calme d’essayer de respecter les distances de sécurité.

Catherine Chaillet pour L’Est Républicain du 22 mai 2020


Spectacle surprise à Besançon pour « réveiller les vivants »

 

Près de 200 acteurs ont donné mardi soir un spectacle surprise dans les rues de Besançon pour « enterrer les morts » et « réveiller les vivants », plusieurs mois après le début de l’épidémie de coronavirus, a constaté une journaliste de l’AFP.
Sur des notes de Vivaldi, porté par quatre silhouettes vêtues de noir et munies de masques de protection sombres, un cercueil s’est avancé doucement au centre de la place de la Révolution, dans le centre de la capitale franc-comtoise, devant des passants intrigués.

Des dizaines d’autres acteurs, également vêtus et masqués de noir, se sont rassemblés autour du cercueil en respectant la distanciation physique, la matérialisant d’un cercle de farine blanche, symbole de l’isolement généré par le confinement.

Des acteurs brandissant des drapeaux portant les inscriptions « Enterrer les morts » et « Réveiller les vivants » -allusion aux paroles « Enterrer les mots et réparer les vivants » dans la pièce « Platonov » (1923), du Russe Anton Tchekhov -, ont ensuite couru sur la place, avant une séquence de danse.

« On enterre ce qu’on vient de traverser », explique Stéphanie Ruffier, une enseignante de théâtre qui a participé à la représentation.

Selon elle, ce happening est né de « l’envie » ressentie par des acteurs et des actrices du monde du spectacle vivant, durement touché par les restrictions liées à la pandémie de coronavirus.

Certains voulaient « pleurer leurs morts », d’autres « vivre un rituel du nouveau monde », poursuit la jeune femme, mais tous se sont retrouvés pour « poser un acte poétique » dans l’espace public, a-t-elle estimé.

Une centaine de personnes, visiblement ravies, ont profité de la performance, alors qu’une patrouille de police leur demandait dans le calme d’essayer de respecter les distances de sécurité.


Enterrer les morts, réveiller les vivants…

mardi 26 mai 2020, par Dominique Villy

Le théâtre est en grand danger et ils veulent prouver qu’ils sont encore capables d’en faire.
Ils espèrent que l’événement sera couvert par la presse.
L’Oeil de Dom y était…  Toutes les photos par ici …

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Les mots de Jacques Livchine

« Tout le confinement j’étais sur la position :
Faut que tout le système théâtral s’effondre …
Et puis Christophe du Pudding a écrit une lettre remplie de sang neuf …
Il sentait que c’était le moment …

4 mai 2020
Pas question de se voir, sauf un petit zoom,
on convoque les compagnies les plus proches pour le 12 mai, lendemain du déconfinement.
12 mai 2020 :
on se dit que c’est le maquis, la résistance, il veut qu’on l’appelle sanglier 39.
On s’y croit. Réunion secrète et cachée dans un jardin au bord du Doubs.
La police rôde.
On se compte : 18. Bien cachés.
On définit les grands axes d’un acte poétique radical poétique, non annoncé, non autorisé, place de la Révolution à Besançon.
Beaucoup d’idées, qui tels les spermatozoïdes ne terminent pas leur course royale.
Faut être humble dans ces collectifs, c’est toute une ébullition, on commence par de très mauvaises idées qui finalement s’affinent.
Un petit groupe de 4 est chargé d’enrichir l’action.
19 Mai :
Nous sommes 56 dans un nouveau jardin en pente.
On se retrouve, on ne se connait pas tous.
La mort est au dessus de nos têtes.
On vient d’enterrer Danièle des manches à balais, cérémonie interdite, on a forcé les pompes funèbres à faire une halte sur le parking. Hervée de Lafond hurle sa haine :
Danièle on te rend hommage sur un parking !
Le projet prend forme : un rituel sacré, autour d’un cercueil, des musiques émouvantes. Mathilde propose la farine, on lui dit : montre voir, elle s’exécute, Catherine F. nous propose un chant funèbre polonais, elle le chante illico. On valide.
Tout le monde s’active au scénario,
on l’appellera : Enterrer les morts Réveiller les vivants.
Pourquoi pas “enterrer les Mortes. “ Enervement.
Laurent responsable des drapeaux, écrira ce qu’il veut.
26 mai 2020 : 16 H 45.
Avenue du chardonnet. Sanglier 39 a tracé le plan de bataille.
Nous sommes plus de cent, habillés en noir armés de farine.
18 H Place de la Révolution.
Tension, attente, puis quinze minutes de pure splendeur. Superbe, au delà de nos espérances.
On a tous les larmes aux yeux. L’image est incroyable, le covid-19 nous a dicté la mise en scène, nous sommes tous espacés, enfermés à l’intérieur de notre cercle de farine.
C’est une sorte de sacre du printemps, c’est unique, non ce n’est pas un happening ou un flash mob, c’est un énorme moment de théâtre, c’est un hymne à la vie, un hymne à la jeunesse.
Cela ne se raconte pas. Cela marquera les mémoires.
Nous sommes une force gigantesque, les compagnies du tiers -théâtre rassemblées, genre saxifrages, herbes sauvages qui poussent partout, capables de transpercer les pavés.
Aucun théâtre national, aucun CDN, aucune Comédie Française ne serait capable d’offrir un moment de poésie aussi fort.
Nous n’étions pas deux cents, nous étions mille, dix mille ….
Les Renseignements généraux débarquent au domicile de l’une d’entre nous : c’est qui les meneurs ?
C’est le moment où jamais de sortir l’adage franc comtois : qui c’est le chef ? et nous de répondre : nous sommes tous chefs !
Faut envoyer au Préfet nos revendications, : il n’y en a pas, on écrit :
On voulait simplement dire à nos tutelles, et aux institutions théâtrales :
nous sommes les forces créatives de la Franche Comté, nous sommes capables de produire de la beauté dans l’espace public, dans le respect des gestes barrières.
E mouvoir, rendre hommage aux morts, exprimer notre fraternité et notre envie de revivre au plus vite.
Nous sommes les conjurés des jardins.
Rien de plus.
De la grande musique, du théâtre, de la danse, de l Art.  »

“j’ai appelé les bourreaux pour en périssant mordre la crosse de leurs fusils, j’ai appelé les fléaux pour m’étouffer avec le sable, le sang”. Arthur Rimbaud

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