Le confinement avive les mémoires !

Mémorial érigé par l’artiste suédoise Clara Sörnâs /  Ile de Zanzibar

La Fondation pour la Mémoire de l’Esclavage a décidé d’initier le Mois des Mémoires 2020, un programme commémoratif pour évoquer l’histoire de l’esclavage et ses héritages contemporains sur tout le territoire. Manière de célébrer autrement mais tout aussi dignement la mémoire de l’esclavage et ses abolitions en cette période de restriction des libertés due à la crise sanitaire.
« Expliquer, transmettre, partager ». C’est le programme du Mois des Mémoires proposé par la Fondation pour la Mémoire de l’Esclavage. Le confinement n’arrête pas les mémoires ! C’est notre histoire.
On commence avec cette vidéo de 1’45″…

Mémoire de l’esclavage et des abolitions : Un Mois de commémorations 2020 proposé par la Fondation pour la Mémoire de l’Esclavage

La Fondation pour la Mémoire de l’Esclavage a décidé d’initier le Mois des Mémoires 2020, un programme commémoratif pour évoquer l’histoire de l’esclavage et ses héritages contemporains sur tout le territoire. Manière de célébrer autrement mais tout aussi dignement la mémoire de l’esclavage et ses abolitions en cette période de restriction des libertés due à la crise sanitaire. – Détails –

Photos prises dans le jardin du Marché aux esclaves de Stone Town ( Île de Zanzibar)

Comment célébrer la mémoire de l’esclavage et ses abolitions en cette période de crise sanitaire où les effets de la pandémie empêchent tout rassemblement et toutes manifestations d’hommage d’envergure ? Tel a été le casse-tête de la Fondation pour la Mémoire de l’Esclavage, cette structure créée en 2019 sur les cendres du CPMHE (Comité pour la Mémoire et l’Histoire de l’Esclavage) présidée aujourd’hui par l’ancien Premier ministre Jean-Marc Ayrault, en charge de ces commémorations.

En effet, de la période du 27 avril au 10 juin se déroulent en temps normal des journées dédiées à la mémoire de l’esclavage, de la traite et de leurs abolitions, mais aussi des victimes de cette douloureuse histoire. En outre-mer, cinq des sept jours fériés existent dans cette période pour commémorer cette histoire (27 avril à Mayotte, 22 mai en Martinique, 27 mai en Guadeloupe, 28 mai à Saint-Martin et 10 juin en Guyane). Saint-Bathélémy et la Réunion célébrant l’abolition de l’esclavage respectivement le 9 octobre et le 20 décembre.

Les cérémonies officielles du 10 et du 23 mai maintenues, mais limitées

Quant aux deux journées nationales dédiées à la mémoire de l’esclavage le 10 mai et celle du 23 mai consacrée à la mémoire des victimes, les cérémonies officielles sont maintenues en appliquant les règles sanitaires imposées en la circonstance (rassemblements limité à 10 personnes et distanciation physique).

Concernant le 10 mai, la cérémonie se tiendra comme d’habitude au Jardin du Luxembourg dans une version courte mais tout de même en présence du Premier ministre, Edouard Philippe et de la ministre des outre-mer, Annick Girardin.

Une cérémonie officielle sera toutefois organisée le 10 mai dans tous les chefs- lieux de préfecture et dans chaque département d’outre-mer. Quelques villes continueront également à célébrer cette journée sous forme de dépôt de gerbe. Ainsi, à Paris, la maire de Paris déposera une gerbe au pied de la statue « Les Fers » de Driss Sans-Arciset, dans le « Jardin Solitude », place du Général Catroux, dans le 17ème arrondissement à 16 heures. Une cérémonie à « huis clos » avec un nombre limité de personnalités, dont Edouard Philippe, Annick Girardin, Jean- Marc Ayrault, et la députée de Paris, Georges Pau-Langevin et Geoffroy Boulard, maire du 17ème arrondissement,ainsi que Jacques Martial au titre d’ancien président du Mémorial ACTe, Claude Ribbe, président de l’association des Amis du général Dumas.

La journée nationale en hommage aux victimes de l’esclavage du 23 mai aura bien lieu comme par le passé à Saint-Denis mais réduite au strict minimum compte tenu des règles sanitaires à respecter.

Cependant, la Fondation pour la Mémoire de l’Esclavage ne voulait surtout pas en rester là car pour elle, l’épidémie ne doit pas empêcher « le souvenir, la réflexion et le partage ». Elle a donc décidé d’initier et d’accompagner un mois de commémorations numériques en proposant le « Mois des Mémoires 2020 ». Il s’agit d’un programme commémoratif pour « évoquer sur tout le territoire l’histoire de l’esclavage et ses héritages contemporains, culturels, sociaux et humains » en lien avec tous les acteurs qu’ils soient institutionnels ou issus de la société civile.

Un programme participatif et interactif

Ce programme se veut participatif pour retrouver quelque peu cet aspect populaire des célébrations impossible aujourd’hui à mettre en place avec 3 mots-dièse à partager tout le long du Mois des Mémoires : #cestnotrehistoire, #PaOubliye, #FME et un mot-dièse pour chaque journée nationale ou locale:
#10mai,#22mai,#23mai,#27mai,#28mai, #10juin.

Le 10 mai, une émission exceptionnelle en direct sur internet sera présentée par Claudy Siar et Bintou Simporé et réunira des dizaines d’invités, artistes pour la plupart. A cette occasion, la Fondation ouvrira ses outils numériques et mettra en ligne son film-manifeste et des vidéos #Cestnotre histoire dans lesquelles, avec Christiane Taubira, présidente de son comité de soutien, des personnalités de tous profils partageront leur expérience de la mémoire de l’esclavage.

La Culture et l’Education nationale mobilisées

Par ailleurs, durant le Mois des Mémoires, le public pourra explorer la diversité des empreintes que l’esclavage colonial a laissées sur le patrimoine, la culture et la société en suivant le mot-dièse #PatrimoineDechaines.

Enfin, avec l’aide de l’Education Nationale qui a contribué à mettre en place le concours de la Flamme de l’Egalité qui invite depuis 2015, élèves et enseignants à réaliser un projet sur l’histoire de l’esclavage et ses héritages, la FME récompensera pour la première fois les élèves lauréats à l’échelon national, mais aussi régional sur l’ensemble du territoire. Le 10 mai, le palmarès de trois classes lauréates au niveau national sera publié en ligne et le 23 mai, à l’occasion de la journée nationale en hommage aux victimes de l’esclavage, un évènement numérique valorisera leurs projets.

Bref, en dépit des contraintes, tout sera mis en œuvre pour célébrer et commémorer dignement cette mémoire de l’esclavage et ses abolitions car après tout « on construit l’avenir sur une bonne mémoire du passé ».

E.B


A Brest, la « Fête de la fraternité » qui se préparait pour ce 10 mai 2020 a du être annulée.

Il s’agissait de célébrer les 10 ans de l’association finistérienne Mémoires des Esclavages présidée par Max Relouzat et les 5 ans de l’implantation du Monument « Mémoires » au Port du Moulin Blanc. Voir ci dessous le clip de 2′ 51″ réalisé à l’occasion de cet anniversaire.

Pour un 10 mai férié, l’appel de personnalités

Dans une tribune à paraître ce 10 mai 2020 dans le JDD, une vingtaine de personnalités telles que Lilian Thuram, François Durpaire, Abd al Malik, Aïssata Seck, Harry Roselmack, Firmine Richard et Dominique Sopo demandent que le 10 mai devienne un jour férié en France métropolitaine. « Depuis 2006, le 10 mai est dans notre pays la Journée nationale des mémoires de l’esclavage, de la traite et de leurs abolitions, écrivent-ils. Mais qui le sait? Comme tout ce qui touche à notre héritage colonial, et malgré les avancées que l’on doit à la loi Taubira, cette part de notre passé reste pour beaucoup la page manquante de notre histoire. »
« La mémoire de l’esclavage ne mérite-t-elle pas un jour férié? C’est le cas dans les outre-mer, depuis 1983. Pourquoi n’est-ce pas le cas dans l’Hexagone? Il est temps que cette situation cesse. »

Voir par ailleurs sur Prendre Parti …

«Vous êtes la pépinière de l’Europe. Vous êtes l’avenir du monde !»

La Ville de Brest adhère à la Fondation nationale de la mémoire de l’esclavage

Un amer de la liberté domine le Polder du Moulin Blanc de Brest

 

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