Maître de la kora, le Malien Ballaké Sissoko accuse les douanes américaines d’avoir détruit son instrument lors des fouilles de sécurité à l’aéroport. Ce 4 février, de retour d’une tournée aux États-Unis, il a eu une très désagréable surprise en ouvrant la caisse dans laquelle il fait voyager son instrument. Sa kora, instrument traditionnel à cordes avait été méticuleusement démontée …
La Kora est un instrument de musique à cordes traditionnel d’Afrique de l’Ouest, sorte de harpe-luth constituée d’une demi-calebasse recouverte d’une peau d’animal, d’un long manche en bois cylindrique (la hampe), le long duquel sont fixées 21 cordes (nombre qui peut varier d’une Kora à l’autre). On en joue avec le pouce et l’index de chaque main.
Un extrait vidéo de 4’11 » …
Mali : la kora du musicien Ballaké Sissoko rentre en pièces détachées des Etats-Unis
Le virtuose malien qui a retrouvé un mot d’excuse de l’autorité de sécurité des transports américaine, la TSA, accuse les douaniers américains qui démentent.
Qui a brisé la kora de l’artiste malien Ballaké Sissoko ? Mardi 4 février, en rentrant chez lui à Paris après une tournée de deux semaines aux Etats-Unis, l’artiste malien Ballaké Sissoko a constaté que sa kora était en morceaux et raconte avoir avec retrouvé un mot des douaniers américains s’excusant des « inconvénients causés par la vérification des bagages ».
« Le col a été enlevé. Les cordes, le chevalet et tout le système d’amplification du son, délicat et complexe, ont été démontés. La kora est en morceaux », dénonce un communiqué publié sur la page Facebook de l’artiste. Ce message précise que « même si tous les composants qui ont été démontés étaient intacts, il faudrait des semaines avant qu’une kora de ce calibre puisse retrouver son état de résonance antérieur. » Corinne Serres, sa manageuse, raconte au Monde Afrique : « Le choc a été énorme pour lui. Il dit que c’est comme un divorce forcé, il ne peut plus en jouer, la rupture est définitive. »
Fabriqué dans le respect de la tradition mandingue, cet instrument traditionnel des pays d’Afrique de l’ouest compte vingt et une cordes et est constitué d’une calebasse recouverte de peau de vache prolongeant un manche en palissandre. Un modèle sur mesure qui a coûté plus de 5 000 euros.
La Transportation Security Administration, TSA, qui réalise les contrôles, nie en bloc dans un courriel envoyé au Guardian être l’auteur de ce démontage. « Il est très regrettable que l’instrument de M. Sissoko ait été endommagé pendant le transport. Toutefois, après un examen approfondi de la demande, il a été déterminé que la TSA n’a pas ouvert l’étui de l’instrument parce qu’il n’a pas déclenché d’alarme lors du contrôle de la présence éventuelle d’explosifs ».
« Une honte »
Une réponse qui agace Corinne Serres. « C’est une honte et un mensonge que nous voulons éclaircir. Ce n’est pas un accident de transport. Nous allons déposer une réclamation en bonne et due forme »
De son côté, la productrice Lucy Durán, ethnomusicienne de formation, qui s’aligne sur la version du virtuose de la kora, s’interroge sur la portée culturelle de ce geste. « Les douanes américaines auraient-elles osé démanteler un Stradivarius ? Auraient-elles fait une telle chose à un musicien blanc jouant d’un instrument classique ? »
Pour elle, « il s’agit d’un acte d’agression triste et non provoqué, qui reflète le type d’ignorance culturelle et de racisme qui s’installe dans de nombreuses régions du monde et qui met en danger les meilleurs musiciens d’Afrique et d’ailleurs ». Dans son élan, elle ose même un parallèle qui ne plaira pas à tous en estimant qu’« au Mali, les djihadistes menacent de détruire les instruments de musique, de couper les langues des chanteurs et de réduire au silence le grand patrimoine musical malien. Et pourtant, ironiquement, ce sont les douanes américaines qui, à leur manière, ont réussi à le faire. »
En attendant que la lumière soit faite, Ballaké Sissko, lui, ne pourra pas poursuivre les sessions d’enregistrement de son prochain album qui devaient avoir lieu cette semaine. « Sa nouvelle kora devrait arriver le 27 février, veille de son prochain concert. Il en aura beaucoup en mars. C’est très tendu car la kora ne sonne pas instantanément, il faut la travailler un certain temps », confie Mme Serres. Ballaké Sissoko, héritier des griots d’Afrique de l’Ouest, qui a joué avec Sting, Ludovico Einaudi, Ross Daly ou Jordi Savall devra donc patienter encore un peu avant de pouvoir composer à nouveau sur une harpe mandingue flambant neuve.
La kora de Ballaké Sissoko a-t-elle été détruite par la douane américaine ?
Le musicien malien Ballaké Sissoko accuse l’administration américaine d’avoir détruit sa kora, un instrument traditionnel dont il est l’un des plus grands interprètes.
MUSIQUE – C’est en rentrant d’une tournée de deux semaines aux États-Unis avec son groupe 3MA, un trio innovant et unique qui réunit des instruments à cordes du Mali, du Maroc et de Madagascar, que l’artiste Ballaké Sissoko a constaté les dégâts subis sur son instrument. Il a en effet récupéré sa kora totalement détruite et inutilisable.
Aussitôt l’interprète de renommée internationale a décidé, mercredi 5 février, de publier un post sur Facebook qui est écrit par la productrice de musique britannique Lucy Durán. Il y accuse la douane américaine d’avoir brisé son instrument.
La kora est un instrument traditionnel pouvant avoir jusqu’à 32 cordes et que l’on retrouve dans toute l’Afrique de l’ouest. La légende voudrait que la première était l’instrument personnel d’une femme-génie qui vivait dans les grottes de Missirikoro au Mali. Impressionné et ému par la musique de l’instrument, un grand chef de guerre du XIIIe siècle du nom de Tiramakhan Traore, décida d’en déposséder la femme.
On peut constater sur la publication l’état de l’instrument qui avait voyagé en soute dans un étui en dur et la note laissée par l’Administration de la sécurité des transports américaine en espagnol. Cette dernière indique précisément que son bagage a fait l’objet d’une inspection.
Une kora unique faite sur mesure
Toutefois, s’il est courant que les valises fassent l’objet de fouille par la douane, la kora de l’artiste a été faite sur mesure ce qui pose un problème majeur. “La kora est un instrument fragile, artisanal, et celle de Ballaké est faite sur mesure. C’est un élément essentiel de son son si spécial”, rappelle la productrice. En clair, démonter ce genre d’instrument revient à le détruire.
“C’est énervant parce que pour moi, c’est un sabotage. On ne peut pas en avoir plusieurs. Pour moi, ma kora, c’est ma vie. Tu le connais par cœur. Je n’ai pas les mots. C’est la première personne de ma famille. Tout ce que je suis en train de faire, c’est grâce à lui. C’est comme un divorce forcé”, précise l’artiste malien.
La douane américaine perçue comme raciste
Dans le communiqué, la productrice Lucy Durán va aussi jusqu’à dénoncer un problème plus large: celui du racisme dans l’administration américaine. “Auraient-ils osé faire une telle chose à un musicien blanc jouant d’un instrument classique? Qu’est-ce que cela nous apprend sur l’attitude de l’administration à l’égard des musiciens africains? C’est un acte d’agression triste et non provoqué, qui reflète le type d’ignorance culturelle et de racisme qui s’installe dans de nombreuses régions du monde et qui met en danger les meilleurs musiciens d’Afrique et d’ailleurs”, accuse-t-elle.
Ce n’est pas la première fois que la douane américaine fait l’objet d’un scandale ou de critiques sur son caractère raciste. En 2017, Ibtihaj Muhammad, une athlète américaine voilée avec accusé la douane de l’avoir bloquée plusieurs heures.