Mais quel est donc ce pays …

Quel est donc de pays qui envoie ses policiers contre les pompiers ? Il n’y a plus un jour sans manifestation : ce mardi 28 janvier, se tenait à Paris une manifestation nationale des sapeurs-pompiers. Ils étaient plusieurs milliers à défiler en uniforme entre République et Nation. En plus du maintien de leur système de retraite, les pompiers professionnels réclament une hausse de la « prime de feu »…

En fin de manifestation, le reporter Taha Bouhafs de Là bas si j’y suis saisit cette image qui ressemble étrangement à celle du 15 octobre 2019 : les pompiers venus des quatre coins de la France tentent de rejoindre les bus affrétés par les syndicats pour rentrer chez eux. Mais les bus sont bloqués par une ligne de CRS. De façon prévisible, les pompiers tentent de forcer le passage, sont visés par des canons à eau, et la tension monte…

Plusieurs pompiers ont été blessés lors de la manifestation. Une vidéo filmée par la chaine russe RT montre une scène de matraquage ultra-violente intervenue plus tôt dans la journée.

15 octobre 2019 : À la fin de la manif, place de la Nation, les pompiers voulaient prendre le bus qui les raccompagnait chez eux. Ça tombe bien, les « forces de l’ordre » leur demandaient d’évacuer les lieux ! Hélas, « on » avait demandé aux gendarmes de nasser les pompiers et de gazer ces derniers s’ils avaient le malheur de protester : https://la-bas.org/la-bas-magazine/la…


Pompiers et policiers habituellement main dans la main se retrouvent face-à-face

Les images sont désolantes et en même temps disent l’étendue du malaise social qui saisit la France depuis l’élection d’Emmanuel Macron. Les pompiers ont manifesté aujourd’hui pour s’opposer à leur tour contre la réforme des retraites. Des CRS surentraînés au matraquage et au tabassage ont laissé parler tout leur « art » pour mater cette rébellion.

Deux corporations qui travaillent au quotidien main dans la main se retrouvent aujourd’hui face-à-face, voilà l’exploit du président de la république. Lorsque les pompiers et les policiers s’affrontent, on a de bonnes raisons de s’inquiéter pour la cohésion nationale car, à l’évidence, celle-ci se délite à mesure que la politique gouvernementale avance. L’exécutif au plus bas dans les sondages, un mouvement social massivement soutenu par l’opinion publique et un Conseil d’État qui se montre particulièrement critique vis-à-vis de cette réforme qui n’est en réalité qu’un recul social d’une ampleur préoccupante. Voilà l’implacable constat que refuse de faire le pouvoir.

Alors que le navire France court droit au désastre, le cap politique reste le même car les appétits financiers des fonds de pension prévalent sur la préservation du bien commun. Des policiers qui tabassent des pompiers sans retenue, cela traduit à tout le moins une société en pleine déliquescence voulue et organisée par une caste qui n’a que faire des contre-pouvoirs, de l’expression populaire et de la tradition sociale de tout un pays.

La police s’est déjà tristement illustrée ces derniers mois dans nombre de bavures qui ont fini par convaincre les Français de divorcer avec cette institution dont la mission s’est bien éloignée de celle du maintien de l’ordre. La garantie du régime spécial des policiers suffit donc à cette corporation pour exécuter sans sourciller les ordres d’une classe politique à la botte d’une finance sanguinaire.

Pas étonnant dans ces conditions que le capital sympathie mis au crédit de la police depuis les attentats de Charlie Hebdo se soit effondré. En acceptant de devenir une police politique, cette administration tourne ainsi le dos à la France, son esprit révolutionnaire et à l’impérieuse nécessité d’une émancipation sociale pour écrire une nouvelle page de l’histoire.