«Charlie Hebdo» : quatre ans après …

«Ce ne sont pas seulement nos histoires personnelles [qu’on oublie], c’est aussi ce qu’a signifié ce qui nous est arrivé. On a l’impression qu’on tourne le dos à ça, alors que ces phénomènes de réactions rétrogrades sont toujours présents, encore plus qu’il y a quatre ou cinq ans, a expliqué à l’AFP Riss, directeur de la rédaction et auteur de la une. Ce n’est plus uniquement une hostilité qui vient d’extrémistes religieux mais aussi d’intellectuels.»

Dans son édito coup-de-poing, Riss déclare :
« Quatre ans après, beaucoup se sont déjà lassés. Parler du 7 janvier et de Charlie . «Encore!» «C’est pas fini, vos histoires ?» «Faudrait peut-être passer à autre chose !» C’est parfois ce que nous sommes obligés d’entendre. «Tiens, je croyais qu’il avait été tué, celui-là ?» a-t-on pu même lire sur les réseaux sociaux à propos de l’un d’entre nous.
Reste que, derrière cette apparente désinvolture, on sent pointer autre chose. L’émergence de l’islamisme mais aussi la résurgence des populismes s’inscrivent dans un mouvement plus général de remise en cause des valeurs sur lesquelles se sont construites nos démocraties et qui trouvent leurs origines dans ce qu’on a coutume d’appeler «les Lumières».
Aucune des libertés dont nous bénéficions aujourd’hui n’aurait vu le jour sans ce courant philosophique qui a commencé par défier Dieu avant de faire vaciller ses serviles serviteurs que furent rois et monarques…. »
La suite de l’édito de Riss est à lire dans le N° spécial de Charlie Hebdo en vente dans les kiosques .


Dans son journal de 20H, France 2 a choisi de diffuser ce dimanche 6 janvier 2019 un sujet sur Zineb el Rhazoui, ancienne de « Charlie Hebdo » menacée de mort pour avoir affirmé que l’islam devait « se soumettre à la critique »

Quatre ans après l’attentat du 7 janvier 2015 contre « Charlie Hebdo », une journaliste qui travaillait pour le journal satirique vit encore sous protection. Zineb el Rhazoui est menacée de mort pour avoir tenu récemment des propos critiques envers l’islam. Elle a décidé de porter plainte face au déferlement de haine dont elle est victime.

C’est désormais l’une des femmes les plus protégées de France, suivie comme son ombre par ses officiers de protection, depuis que ses collègues de Charlie Hebdo ont été abattus le 7 janvier 2015. Près de quatre ans d’une vie ultra planifiée, sans place pour l’improvisation et pour l’insouciance. Zineb el Rhazoui, 36 ans, ancienne journaliste à Charlie Hebdo, est la cible permanente de menaces de mort. Elle qui était au Maroc lors de l’attentat se veut en France l’infatigable critique de l’islam intégriste, du Coran et du voile.

Les dernières menaces datent de mi-décembre, lorsqu’elle est invitée sur le plateau de CNews et qu’elle déclare ceci : « Il faut que l’islam se soumette à la critique, à l’humour, aux lois de la République, au droit français ». Dans la foulée, cette militante laïque est l’objet d’un torrent de haine qui se déverse sur les réseaux sociaux. Pour Zineb el Rhazoui, ces menaces prouvent qu’elle mène un juste combat. Selon elle, il y a un abcès à crever sur la question de l’islam en France.

En septembre dernier, elle avait par exemple déclaré que le voile faisait partie du « package idéologique menant au terrorisme ». Des propos-chocs, mais qu’elle assume. Malgré les menaces, Zineb el Rhazoui ne renoncera pas à ses discours critiques, jugés offensants par bon nombre de musulmans. C’est pour elle un combat fondamental. Un combat qu’elle continuera à mener au nom des 12 victimes de l’attentat de Charlie Hebdo.