« Stade Brestois, Coupe d‘Europe ! ». Un refrain repris à tue-tête par la Bretagne entière… Le mardi 26 novembre 2024 à Barcelone, près de 4 000 Brestoises et Brestois encourageaient les Ti Zefs face à l’ogre espagnol. 50 M€ de budget annuel côté brestois, 850 côté Barça : l’incroyable épopée des Rouge et Blanc en Ligue des champions bouscule l’arithmétique et l’ordre établi. Sacré pied de nez au foot business …
La belle histoire française », « le foot n’est pas réservé qu’aux riches »… Le Stade Brestois « redonne foi » aux amoureux du football …
Alors qu’il va disputer le plus grand match de son histoire à Barcelone, le Stade Brestois jouit d’une popularité sans frontière ni précédent. Un capital sympathie né de son parcours et de son profil atypique. Nous sommes en 2024 après J.C. et un village peuplé d’irréductibles Gaulois résiste encore et toujours aux assauts du foot business. Si elle est caricaturale, la formule souligne en quoi le Stade Brestois séduit, lui, ce « petit » club de Ligue 1, aujourd’hui assis à la table des plus grands. À commencer par celle d’un Real Madrid aux quinze Ligue des champions qu’il affrontera fin janvier…
Pour y parvenir, le club breton ne s’est pourtant appuyé que sur son jeu, déroulé par un collectif sans star, et élaboré par un organigramme duquel aucune tête ne dépasse. Un club unanimement reconnu comme « sain » dans un environnement qui l’est souvent moins.
Pour l’AFP, « Brest, aujourd’hui, c’est un gros club »
Fort de son inoubliable parcours, la saison dernière, le Stade Brestois intéresse bien au-delà des frontières de la Bretagne depuis un moment déjà. Des grands médias nationaux, du Figaro à Libération en passant par TF1 ou Le Parisien, à certains des plus grands noms de la presse étrangère (The guardian, Marca, La gazzetta dello sport…), nombreux sont ceux qui se sont fait l’écho des exploits du capitaine Brendan Chardonnet, lui, le « petit gars du coin », et des siens, désireux d’en savoir plus cette potion magique à l’origine de tant de miracles à la pointe de l’Armorique. La recette est pourtant simple : « En arrivant ici, j’ai découvert un club où le président préside, le directeur dirige et où l’entraîneur entraîne. Cela peut paraître bête à dire mais cette normalité n’a plus nécessairement cours dans le football d’aujourd’hui et elle est très appréciable », résumait, dès l’an dernier, le druide Éric Roy, élevé au rang de « King » par ses supporters.
L’histoire de Brest résonne chez tous les gens qui aiment le foot et qui se disent : « Voilà, cette fois, c’est Brest. Mais ça pourrait être peut-être mon équipe à moi, mon équipe de cœur ».
Comme par miracle, l’alignement des planètes né de cette alchimie s’est prolongé, cette saison, en Ligue des champions, compétition où il n’a a priori rien à faire, générant un enthousiasme dépassant largement les contours de la métropole du bout du monde. « Il est évident que Brest plaît par son côté sympathique, iconoclaste, rafraîchissant, inédit et sans complexe », indique Frédéric Happe, journaliste à l’AFP. Avant de poursuivre : « Pour nous, Brest, aujourd’hui, c’est un gros club. On le traite comme tel et on le mesure aussi au nombre important de reprises de nos photos et de nos articles les soirs de match ».
« Il y a une âme dans cette équipe »
À la question « Brest a-t-il gagné le cœur des Français ? », Laurent Paganelli, lui, le consultant de Canal + haut en couleur, s’étant pris d’affection pour le club breton, répond sans détour : « C’est obligé de par ce que le club dégage. Grâce à eux, on commence à remettre le football au centre du débat. Dans cette société où on met l’individu au-dessus de tout, là, on parle d’équipe, de Brest, des Bretons. C’est génial pour la France entière et tous les supporters ».
Thomas Sénécal, son patron au service des sports du groupe Canal +, diffuseur de la Ligue des champions, n’en dit pas moins. « Sur Canal, on est admiratifs de ce parcours qui est aussi extraordinaire qu’inattendu. Je pense que tout le monde s’identifie à cette équipe, à ses puissantes valeurs de combativité et d’humilité ». Résultat ? « Nos consultants veulent tous aller commenter Brest, parce que c’est la sensation ! Une très belle aventure avec une touche singulière, aussi : ne pas jouer les matchs à Brest mais à Guingamp ajoute encore à de côté héroïque, épique. Il y a une âme dans cette équipe. »
« L’aventure brestoise imprime et fascine »
Illustration concrète de l’attractivité exercée par la petite production gauloise devenue blockbuster, remake de « David contre Goliath » ? Les près de 700 000 téléspectateurs réunis devant Brest-Leverkusen, pourtant programmé à 18 h 45 sur Canal + Foot. « Une excellente audience », assure Sénécal, comparable à celle que peuvent générer des affiches prestigieuses diffusées en « prime time » sur la chaîne cryptée principale, « qui montre à quel point l’aventure brestoise imprime et fascine ».
Lionel Dangoumau, directeur de la rédaction de L’Équipe, abonde. « On voit bien que ce parcours incroyable intéresse et pas seulement dans l’Ouest. L’histoire de Brest résonne chez tous les gens qui aiment le foot et qui se disent : « Voilà, cette fois, c’est Brest. Mais ça pourrait être peut-être mon équipe à moi, mon équipe de cœur ». Ça redonne un peu foi à tous les amateurs de foot », assure-t-il. Après le succès du SB29 à Prague, le plus grand quotidien sportif de France avait fait le choix éditorial, fort, de mettre en « Une » et d’ouvrir son journal sur Brest, au détriment du PSG qui jouait pourtant à la même heure. Un choix « naturel » pour Dangoumau. « On a privilégié la belle histoire française, d’autant plus que c’est une victoire qui donne quasiment à Brest l’assurance de disputer les barrages. Pour nous, c’était suffisamment fort pour que ce soit la Une, plutôt que la défaite du PSG, bien moins réjouissante. »
De même, quand Jérôme Rothen indique que son émission quotidienne sur RMC « ne peut pas passer à côté d’une telle épopée », Clément Gavard, rédacteur en chef du site So Foot, assure que le parcours brestois « donne envie d’écrire dessus, avec ce côté réconfortant rappelant que le foot n’est pas réservé qu’aux riches et aux puissants ».
S’ils ne sont pas à l’abri que le ciel leur tombe sur la tête, ce mardi à Barcelone, les Brestois ont donc déjà frappé très fort. « Grosbarnum » et consorts le savent bien. Par Toutatis !
3 000 Brestoises et Brestois gravissent en chantant les 3 km qui séparent la Plaça d’Espanya du Stade Olympique …
Stade Brestois.La fierté de partager « des émotions que les supporters n’auraient jamais imaginées »
Malgré la défaite contre le FC Barcelone, mardi soir en Ligue des champions, les acteurs du Stade Brestois se réjouissaient de l’important déplacement de leurs supporters en Catalogne. Entre reconnaissance et fierté.
Evidemment, il y a la défaite sèche et sans appel. Mais ce déplacement historique à Barcelone restera dans les mémoires des supporters du Stade Brestois. Ils se souviendront du match : de la qualité technique exceptionnelle des joueurs du Barça, des tracas pour entrer dans le stade à cause d’une organisation défaillante, mais aussi et surtout d’avoir porté haut les couleurs du club finistérien dans les rues de la capitale catalane dans un cortège chantant et bon enfant.
« Une fierté d’amener nos supporters dans un stade comme ça »
Oui, ce match restera dans la légende, un doux souvenir dont on parlera longtemps dans les rades de Brest. « C’est extraordinaire, c’est le côté positif de notre aventure, on fait vivre des aventures et des émotions que les supporters n’auraient peut-être jamais imaginé quelques mois avant, souligne Éric Roy. Il faut rester lucide, savoir se rappeler d’où on vient. C’était exceptionnel de jouer ici contre le Barça. »
Les joueurs en ont bien conscience, ils n’ont pas oublié en zone mixte de remercier ces milliers de Ti-Zefs que le vent de la passion a amenés jusque dans la cité de Gaudi. « C’est une très grande fierté, ils étaient plus que 3 000, s’extasie le capitaine Brendan Chardonnet. On a vu toutes les vidéos dans les rues de Barcelone, ça fait plaisir, on sait qu’ils nous suivent, qu’ils nous soutiennent. On l’a vu à la fin du match, ils chantent quand même. On veut leur procurer des émotions, c’est chose faite. Ils auraient préféré qu’on gagne évidemment, on sent qu’il y a un engouement incroyable et c’est une fierté pour nous, car il y a nos familles et nos amis aussi. Ça reste une fierté de pouvoir les amener dans un stade comme ça. »
Dans le parcage, malgré les messages désobligeants de l’UEFA demandant aux supporters de s’asseoir, ils ont poussé jusqu’au bout. « On les a entendus depuis le terrain. C’était très agréable que tout ce monde soit là pour nous soutenir, nous représenter. C’est fantastique », ajoute de son côté Marco Bizot.
« C’est extraordinaire », « On veut leur procurer des émotions », le Stade Brestois remercie ses supporters après le match à Barcelone
Malgré la défaite logique encaissée face au FC Barcelone en Ligue des champions (3-0), mardi, Éric Roy, Brendan Chardonnet et Mathias Pereira Lage ont tenu à remercier leurs supporters, présents en nombre dans la capitale catalane.
Au-delà de la défaite concédée sur la pelouse de Barcelone (3-0) en Ligue des champions, le Stade Brestois a vécu une soirée inoubliable, le plus grand déplacement de l’histoire du club. Pour les joueurs déjà, mais aussi pour les supporters. « C’est extraordinaire. Le positif de notre aventure, c’est qu’on fait vivre des émotions et des choses que les supporters n’auraient jamais imaginées quelques mois auparavant. Il faut aussi rester lucide. Se souvenir d’où on vient. C’était une aventure exceptionnelle de venir jouer ici contre le Barça », savourait Éric Roy, l’entraîneur de Brest, après la rencontre.
« C’est une fierté de pouvoir les emmener dans un tel stade »
Et ce n’est pas la nette domination catalane, ni les trois buts encaissés, qui allaient nuire à l’effervescence brestoise, mardi. Ils étaient 2 850 dans le parcage, certains s’étaient même retrouvés parmi les supporters barcelonais mais tous ont donné de la voix pendant 90 minutes, aussi bien à 0-0 qu’à 3-0. « On a vu toutes les vidéos dans les rues de Barcelone, ça fait plaisir. On sait qu’ils nous soutiennent. À la fin du match, ils chantent quand même s’ils auraient préféré qu’on gagne. On veut leur procurer des émotions, c’est chose faite. On sent qu’il y a un engouement incroyable. Il y a nos familles et nos amis aussi. C’est une fierté de pouvoir les emmener dans un tel stade », expliquait Brendan Chardonnet, le capitaine brestois, ému après le coup de sifflet final à Montjuïc.
« Quand on rentre dans le stade, qu’on n’entend qu’eux, forcément on est fiers d’être un petit peu breton. Même si ce n’est pas par le sang, on est quand même breton par le maillot que l’on porte, ajoutait Mathias Pereira Lage, auteur d’une belle entrée face au Barça. Je suis très heureux qu’ils aient fait le déplacement. Agréablement surpris qu’ils soient aussi nombreux, je tiens à les remercier. » Si l’exploit n’a pas eu lieu sur le terrain, le moment vécu à Barcelone restera dans les mémoires où la communion du Stade Brestois avec ses supporters aura rarement été aussi belle.
On en parle jusque dans la presse chilienne !