Une chronique d’Hervé Hamon sur la situation au Proche Orient …

D’après photo Ar Men nov 2020

« L’antisémitisme, dans ma famille, on sait ce que c’est. Mes cousins ont risqué leur vie pour planquer des Juifs toute la guerre. Alors qu’on ne vienne pas me dire que contester Netanyahu, c’est pactiser avec l’ennemi. «  Ainsi s’exprime l’écrivain Hervé Hamon  en prélude à sa chronique dominicale « Courant d’ère »  dans le Quotidien breton Le Télégramme. Elle s’intitule « Les faits » ….

« Israël-Hamas : les faits », une chronique d’Hervé Hamon dans Le Télégramme du 3 décembre 2023..

Priver les gens d’eau, de nourriture et d’énergie est un crime de guerre.
Priver les gens d’eau, de nourriture et d’énergie est un crime de guerre. (Photo Haitham Imad/EPA)

« Il n’est plus guère possible, en France, de porter un jugement objectif sur la situation au Proche-Orient, sans se faire illico taxer d’antisémitisme. Il est vrai que le chef de l’État ne nous a pas aidés à y voir clair, déclarant, un jour, que le soutien de la France à Israël est « inconditionnel », et alignant, le lendemain, les conditions de ce dernier.

Revenons aux faits. Oui, l’offensive du Hamas, le 7 octobre, est un acte terroriste, visant des civils et impliquant des crimes contre l’humanité. Oui, la coalition droite extrême-extrême droite, au pouvoir à Jérusalem, a tout fait pour torpiller les accords d’Oslo, y compris soutenir le Hamas pour affaiblir l’Autorité palestinienne. Oui, les organismes de sécurité israéliens avaient totalement dégarni la zone de Gaza, alors que maintes sources les avaient avertis d’une attaque imminente.

Oui, en dépit des accords signés et du droit international (les résolutions de l’Onu), les gouvernements israéliens ont poursuivi une politique de colonisation illégale en Cisjordanie et à Jérusalem-Est. La population israélienne dans les territoires occupés est passée de 0, en 1972, à plus de 700 000, cinquante ans plus tard. Des commandos de colons attaquent des maisons palestiniennes et tuent leurs occupants, avec la complicité de Tsahal. N’importe quelle autre nation subirait, en réponse, des sanctions. Mais la protection des États-Unis sert de parapluie. Et l’Europe, globalement, laisse faire.

Oui, Israël détient sans jugement 3 000 à 3 500 personnes, dont des mineurs, dans ses geôles. Sans jugement, et, pour certains, depuis des années.

Oui, Israël a le droit de se défendre contre le Hamas qui joue de façon détestable avec les otages. Mais pas en infligeant à la population de Gaza, bouclée dans une prison à ciel ouvert, une punition collective. À l’heure où j’écris, l’Onu a recensé 14 854 morts dont 6 150 enfants, soit plus de 40 % des victimes. Priver les gens d’eau, de nourriture et d’énergie est un crime de guerre. Un seul hôpital reste en état de fonctionner et il n’a nullement été prouvé que les centres de soin abritaient des services du Hamas – la presse internationale étant systématiquement tenue à l’écart.

Voilà où nous en sommes quand les hostilités reprennent contre les « animaux » gazaouis. Je constate, comme tant d’autres, qu’Israël, agissant ainsi, se fait l’ennemi des Juifs – qui sont mes amis. »

Hervé Hamon
pour sa chronique Le Télégramme du dimanche 3 décembre 2023,


Hervé HamonEn savoir plus sur l’écrivain Hervé Hamon qui partage sa vie entre le Chili et la Bretagne

Un reportage signé Séverine Breton pour  France3 Bretagne du

Portrait. L’écrivain et journaliste Hervé Hamon livre son « album breton »

 Il y raconte son amour de la mer, sa passion pour la navigation et son admiration pour l’Abeille Flandre et son équipage. Il était à bord du remorqueur quand l’Erika a sombré le 12 décembre 1999.

« Besoin de mer« , « Dictionnaire amoureux des îles« , « Eloge de la marée« . Ces quelques titres en disant long sur l’histoire d’amour qui unit l’écrivain-journaliste à l’océan. Hervé Hamon, né en 1946 à Saint-Brieuc dans les Côtes d’Armor partage désormais sa vie entre le Chili et la Bretagne. C ‘est là, sur la côte trégoroise qu’il se raconte.

De sa poche, il sort un compas de relèvement. « Il doit avoir 30 ou 40 ans« , dit-il. « Il faut imaginer ce qu’était la navigation alors. Il n’y avait pas de GPS, on ne savait pas où on était. Quand on s’approchait d’une côte, on regardait là dedans, on cherchait un point remarquable, le clocher d’une chapelle, un chateau d’eau. En général, on en trouvait trois et en regardant sous quel angle on les percevait, on traçait un chapeau et on pensait, on espérait qu’on était dans ce chapeau ! « 

Hervé Hamon n’a pas la nostalgie de cette manière de naviguer, « le GPS, c ‘est génial« , mais il se souvient avec tendresse de l’époque. « Quand on approchait des côtes anglaises et irlandaises et qu’il y avait de la brume, on ne savait pas du tout où on était. Il fallait s’approcher, s’approcher, s’approcher… et finalement, on trouvait le port. »

Hommage à l’Abeille Flandre

Dans la bibliothèque de l’écrivain, une maquette de l’Abeille Flandre trone en bonne place.  Le 12 décembre 1999, Hervé Hamon se trouvait à bord quand l‘Erika a fait naufrage. Il est le seul à filmer les toutes premières heures de la catastrophe. « J’avais une toute petite caméra de communion pour filmer les opérations », se souvient-il. « Les copains qui sont partis de l’Abeille et qui ont été hélitreuillés sur l’Erika, ont pris un risque non -négligeable. Ils risquaient à tout moment de voir le bateau s’enfoncer. »

« Voir un bateau couler, ce n’est jamais rien pour un marin. Je n’oublierai jamais les marins de l’Abeille qui se sont alignés et qui ne parlaient plus à ce moment là. Même si l’opération avait été un demi-usccès puisqu’on avait réussi à stopper la dérive de l’Erika, le bateau qui coule, le moment où il se renverse, c’est quelque chose que je n’oublierai pas. C’est un deuil. » 

« La mer est pour moi une sorte de cadeau immérité » conclut l’écrivain.


Voir par ailleurs sur PrendreParti  le documentaire « Chasseurs de tempête » réalisé en 98 par Hervé Hamon à bord de l’Abeille Flandre …

Le remorqueur Abeille Flandre raconté par Hervé Hamon …