Le remorqueur Abeille Flandre raconté par Hervé Hamon …

De septembre 97 à juillet 98, l’écrivain Hervé Hamon laissait tomber son stylo pour filmer la vie à bord de l’Abeille Flandre, le remorqueur tous temps basé à l’époque à Brest. « Chasseurs de tempête » est un film documentaire, réalisé à l’aide d’une simple caméra numérique. On y découvre les conditions périlleuses des missions qui incombent à ces hommes de mer…

Un film de 42 mn  qui nous rappelle en cette période hivernale la violence de la mer aux abords d’Ouessant et les risques encourus par les bateaux et leurs équipages  …

La moindre erreur de pilotage, la moindre avarie, et ce peut être l’accident. Parfois, le commandant de bord -comme celui du Capraia- se laisse guider par les vents de l’inconscience, mettant son équipage en péril. Des pollutions graves menacent alors notre littoral. Tout le monde se souvient de la catastrophe de l’Amoco Cadiz, le 16 mars 1978. « Depuis 20 ans, ça ne s’est pas reproduit parce qu’une politique a été mise en place et ça, en tant que citoyen, ça m’intéresse » affirme Hervé Hamon, qui désarticule dans son reportage la structure élaborée par la Marine Nationale et la compagnie privée des Abeilles pour déjouer, grâce à l’application de la mise en demeure, la fatalité.

L’équipage de l’Abeille Flandre veille au grain 365 jours par an. « Attendre reste le moment le plus difficile pour ces marins ». Quand il faut intervenir dans les pires des conditions, alors que les navires se protègent, ils sont là les « gars » de l’Abeille : Carlos le commandant qui avoue avoir « plus d’amour pour l’équipage que pour le bateau », Jean-Paul « le cuisto », Guitou, le chef mécano, Yoyo le bosco et les autres, tous les autres et leur fichu caractère. Leur grand cœur aussi. « Un équipage, c’est une symphonie » commente l’écrivain alors que sur le pont s’activent les hommes à la manœuvre.
Hervé Hamon est devenu le 13e homme de bord, au milieu de « ses vieux garçons ». « De septembre 97 à juillet 98, je me tenais prêt à embarquer à tout moment ».
L’écrivain a rencontré des tempêtes impitoyables durant cet hiver 98 : « Une tempête, c’est comme l’au-delà, on se demande ce qu’il y a derrière ». Mais une chose est sûre, dans la tourmente, « les relations hiérarchiques sont abolies sur le bateau ». Quand un sauvetage s’effectue dans des conditions périlleuses, qui menacent à chaque instant d’ôter la vie des sauveteurs, « là, on n’est plus dans un contrat, ce n’est pas de salaires dont on parle. Pourquoi les hommes acceptent-ils de courir ce risque ? Voilà une des questions qui m’a poussée à traiter ce sujet ».
Hervé Hamon nous plonge dans la vie de ces marins, nous faisant partager dans son livre, « l’Abeille d’Ouessant », leur intimité. Sont-ils des héros ? A cette question, l’équipage rit ou sourit. Ils sont bien modestes ces hommes qui, conscients du danger, se mettent au service de la collectivité sans rechigner. La parole à Jean-Yves le cuisinier qui, tout en préparant des coquilles St-Jacques conclut sur le sujet par ces mots : « Si on considère que nous sommes des héros, soit ! » En tous cas, l’un des sauveteurs, qui ne voulait pas lire le livre, confiait à Hervé Hamon : « Je n’ai jamais pensé que je serai un jour dans un livre ». Hervé Hamon, lui, l’a imaginé.

Source : Extraits d’un article du Télégramme du 28 juillet 1999


En savoir plus sur Hervé Hamon

D’abord professeur de philosophie pendant cinq années, il démissionne de l’Éducation nationale pour se consacrer à l’écriture. Journaliste quelque temps à Politique hebdo, il amorce ensuite, avec Patrick Rotman, une carrière d’écrivain enquêteur. De cette association naissent des ouvrages qui sont couronnés de succès : Les porteurs de valises, La deuxième gauche, Tant qu’il y aura des profs, Génération, en deux tomes (Tome 1 : Les Années de rêve, Tome 2 : Les Années de poudre), Tu vois je n’ai pas oublié (biographie d’Yves Montand).

D’un commun accord, Hamon et Rotman décident de travailler en solo après 1991.

Hervé Hamon publie une enquête sur les médecins puis bifurque vers des travaux plus littéraires et personnels où la mer occupe une grande place (Besoin de mer, L’Abeille d’Ouessant, Le livre des tempêtes). Après Le vent du plaisir, essai autobiographique, il revient à l’enquête avec Tant qu’il y aura des élèves où il revisite, vingt ans après, l’enseignement secondaire public. Il est élu, en 2005, écrivain de Marine. En 2006, il quitte les éditions du Seuil auxquelles il a été fidèle pendant 23 ans et s’en explique publiquement. En 2007, il publie son premier roman, Paquebot, aux éditions du Panama, et, en 2009, il évoque la « condition provinciale » avec Toute la mer va vers la ville (Stock). Au printemps 2010, à la demande des Éditions Dialogues.fr (parutions papier et numérique confondues), il rédige douze nouvelles, La diagonale du traître.

En , il revient au roman avec Comédie musicale, évocation aigre-douce de la chasse aux sorcières, à Hollywood, dans les années 1950. En 2013, il abandonne toute activité d’éditeur, renoue avec le Seuil dont Olivier Bétourné est devenu le PDG, et publie au mois d’avril Ceux d’en haut, une saison chez les décideurs, « voyage » libre chez les grands patrons et les arbitres du jeu politique. Il donne au printemps 2015 un nouveau roman d’aventures où l’on retrouve les personnages de Paquebot : Pour l’amour du capitaine. En 2017, il publie chez Tohu Bohu (l’éditeur est Jacques Binsztok, vieux compagnon de route du Seuil) Prévert l’irréductible, Tentative d’un portrait. En 2018, à l’occasion du cinquantenaire de , il confie aux Éditions de l’observatoire un court essai dont l’humour et l’insolence ne sont guère absents : L’Esprit de Mai.

Parution récente
Le « Dictionnaire amoureux des îles » chez Plon.

Interview pour l’émission « La Grande Librairie » du 19 novembre 2020 :

« Votre mer est un milieu hostile, meurtrier, menaçant, attirant peut-être parce qu’il est tout cela. Loin de l’image un peu aseptisée des agences de voyages, ce livre nous donne envie de larguer les amarres, de voir ces îles de près et parfois on veut même s’y installer y compris dans les plus inhospitalières. Les îles sont synonymes de mystère et d’exotisme, mais aussi d’exil, de migrants, de conquête, de trésors, de pirates, de négriers, de déportés, de prisons et de liberté. Elles nous parlent d’écologie de mondialisation, de solitude mais aussi de joie. « Les îles éveillent en nous un imaginaire, mais je parle aussi des tragédies qu’elles ont vécu ou qu’elles sont en train de vivre comme à Lampedusa ou Lesbos. Il y a les changements climatiques qui les menacent également. »
En savoir plus …

Vidéo de 4’35 » à visionner par ici : https://www.youtube.com/watch?v=1d-lKhFLRsE

 

 

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