Une excellente nouvelle pour Brest, Ville d’art et d’histoire est tombée à la fin du mois d’octobre 2023 : la Villa Crosnier est désormais officiellement inscrite aux Monuments historiques par le Ministère de la Culture ! Ainsi protégé et reconnu d’intérêt patrimonial, l’édifice échappera-t-il à la défiguration promise par le projet immobilier aberrant du promoteur Océanic
Un article signé Amélie Thomas publié dans Côté Brest du .
Côté nous fait visiter la maison Crosnier, fraîchement inscrite aux Monuments historiques …
La Maison Crosnier, érigée au cours Dajot, fait partie des joyaux architecturaux de la ville de Brest. La villa, de style art nouveau, a été construite en 1901 par l’architecte Sylvain Crosnier. Le bâtiment est l’un des huit immeubles rescapés de la Seconde Guerre mondiale. De nombreux impacts de balles sur sa façade témoignent de cet épisode tragique.
D’intérêt patrimonial
Depuis le mois d’octobre 2023, la maison est inscrite au titre des Monuments historiques. Ses propriétaires, la famille Taleb, avaient entamé les démarches en 2020. « On ne l’a pas fait dans un but mercantile, on souhaitait un décret officiel pour qu’elle soit protégée et reconnue d’intérêt patrimonial pour l’histoire », explique Stéphane Taleb. La demeure est désormais protégée « à l’extérieur comme à l’intérieur ».
Le Franco-Libanais réfute tout lien avec le projet, décrié, de création d’un immeuble jouxtant la villa. Le nouveau permis de construire, déposé par le groupe Océanic, a été validé en 2022. Un recours a été déposé. « Nous sommes sur un site remarquable, ce projet gâche le paysage », souffle Stéphane Taleb.
« La maison a une âme »
Stéphane et Marie Taleb, parents de cinq enfants, ont vécu cinq ans à Dubaï avant de rejoindre Brest en 2013, sur les conseils d’amis officiers dans la Marine. Ils envisageaient plutôt d’acheter un appartement, quand ils ont eu vent de la vente de la maison Crosnier. Le couple a eu le coup de cœur en la visitant. « Cette maison a une âme », confie le quadragénaire, consultant en informatique dans la finance. Les Taleb l’ont acquise en mars 2017, auprès du promoteur Jean-Pierre Palud. « Une chance », estime le Brestois. « On a eu l’équivalent d’un entretien d’embauche, se remémore-t-il en riant. M. Palud voulait que la maison reste dans son jus. » Le couple a tenu sa promesse.
Moulures, mobilier ancien…
« Il faut aimer l’ancien », sourit Stéphane Taleb, en nous faisant la visite. Ici, pas de meubles Ikea. Le mobilier est ancien. Chiné chez Emmaüs ou lors de ventes aux enchères. L’une des dernières acquisitions, une imposante armure entreposée dans l’un des salons. À ses pieds, le petit dernier de la fratrie a déposé ses jouets. La maison n’est pas un musée, la famille y vit au quotidien, à l’ère de la modernité, mais dans un cadre d’antan.
Pour le visiteur qui découvre les lieux, chaque pièce révèle de l’émerveillement. Des plafonds à caissons aux moulures, du carrelage en mosaïque, des poignées de porte d’époque, les cheminées… L’une d’elles accroche particulièrement le regard, ornée de bois et coiffée d’un grand miroir. « C’est une copie de la cheminée faite pour Guillaume II de Prusse », indique le propriétaire, féru d’histoire.
Sous les toits, au cinquième et dernier étage de la bâtisse, l’espace a été aménagé comme une coque de bateau, tout en bois. Une trappe au plancher a même été conçue pour communiquer avec l’étage inférieur. Et de la douche, les occupants peuvent admirer la rade ! C’est aussi le grand atout des lieux : la vue sur l’océan.
Un espace de lecture en projet
En 2019, la famille Taleb avait organisé des visites guidées de la villa dans le cadre des rendez-vous Brest ville d’art et d’histoire. Elle n’exclut pas de renouveler l’expérience. « Nous souhaitons partager l’histoire de la maison », avance Stéphane Taleb. Avec son épouse, il réfléchit à aménager un espace dédié à la lecture au rez-de-chaussée. Le couple aimerait y accueillir, ponctuellement, le jeune public. Les Taleb souhaiteraient également voir installée une plaque commémorative en hommage à Sylvain Crosnier et à son fils, déporté durant la guerre.
A suivre …
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