Construire toujours plus haut et plus près de la mer …

Urbanisation galopante des zones à risque : à vouloir construire toujours plus haut et bâtir toujours plus près de la mer ! Au Chili, à Vina del Mar dans la région de Valparaiso, le complexe résidentiel de luxe qui avait subi un premier glissement de terrain le 24 août 2023 vient d’en connaître un second ce 11 septembre. Cette fois, plus de 200 personnes ont été évacuées des quatre immeubles qui risquent désormais de glisser le long de la falaise …

Chili : Des immeubles résidentiels de luxe menacent de s’effondrer après un glissement de terrain : il s’agit du deuxième glissement de terrain au même endroit en moins d’un mois . Publié par 20 Minutes avec AFP le 

Au Chili, à Vina del Mar dans la région de Valparaiso, un complexe résidentiel de luxe menace de s’effondrer après plusieurs glissements de terrain. Le premier a eu lieu le 24 août dernier et le second ce lundi 11 septembre en raison des fortes pluies tombées la veille, selon les autorités locales.
Sur les images aériennes tournées par drone, et visibles dans la vidéo placée en tête de cet article, on voit une route totalement engloutie ainsi que la piscine du complexe à deux doigts de tomber dans le vide.

Les images montrent des immeubles, dont certains hauts de 17 étages, face à l’océan en bordure d’une falaise. Une route, située au pied de deux immeubles, côté océan, a en partie disparu à cause de l’éboulement survenu aux premières heures lundi 11 septembre. Les immeubles évacués ont été construits sur des dunes, ce qui a suscité des critiques des autorités locales et des experts. Il y a un mois, un autre glissement de terrain s’était produit à proximité.
Deux cents personnes résidant dans l’immeuble ont été évacuées lundi matin. Les autorités n’ont signalé aucun mort ni blessé. Construits sur des dunes fragilisées par le ruissellement, les bâtiments risquent désormais de glisser eux aussi le long de la falaise.

 


Déjà en 2012, des habitants avaient tenté de s’unir pour sauver le site des Dunes de Concon

 

Après avoir engagé les démarches pour la construction d’un complexe immobilier au beau milieu de l’écosystème des Dunes de Concon, l’entreprise Reñaca Concón S.A. s’est heurtée à une levée de boucliers des autochtones de la région, bien déterminés à empêcher un tel affront à la nature chilienne. Mais le 27 décembre 2011, le cauchemar a commencé : la zone protégée est désormais cernée de barrières, prête pour les travaux …

De nombreux internautes chiliens se sont ralliés à la cause des 50 habitants ayant manifesté sur les lieux du “crime”. La destruction d’un site protégé en faveur de l’édification de plus d’une vingtaine de bâtiments de luxe crée la polémique. « Les amis, je vous en prie, faites circuler : #noalcierredunar ! L’entreprise est en train de barricader la dune ! Il faut faire vite ! »

Javier Sanfeliú (@sanfeliu) lui répond : « Certains promoteurs manquent cruellement de discernement, d’éthique et de morale. Cela me met hors de moi. Soyez prêts à lutter ! » #noalcierredunar

Sur Facebook, Pablo Andrés Roldán López fait foi de son dépit : « C’est un jour de désolation. Pour la jolie région de Concon, pour le Chili..pour l’âme. La réalité est cruelle, c’est bel-et-bien l’argent qui gouverne, envers et contre tout, l’argent corrompt et manipule, l’argent est tout-puissant. Les dunes de Concon disparaissent pour laisser place à de somptueux édifices, dont seuls quelques privilégiés pourront profiter. Enfants et amants peuvent désormais renoncer aux couchers de soleil depuis les dunes. Mais Dieu merci, le Soleil n’est pas encore à vendre… »

Certains internautes ont pris la liberté de citer le nom d’acteurs politiques ayant, de près ou de loin, pris part au projet : le compte Twitter du programme politique Diffamateurs (@difamadores) indique par exemple qu’un ex-ministre y a participé. Fermeture des Dunes de Concon : à qui la faute ? Réponse : l’un des responsables se nomme Edmundo Pérez Yoma” (source : #noalcierredunar)

Le blogueur @donliebre révèle qu’un cousin du Président Sebastian Piñera a également collaboré : « Mais qui donc, se cache derrière l’avocat et représentant de la firme immobilière Reconsa ? Réponse : Herman Chadwick http://tiny.cc/q01tc” (source : #noalcierredunar)

Les manifestants sont parvenus à freiner l’avancée des travaux, mais ce n’est qu’une question de temps. Ils ont certes fait sauter une partie du grillage, mais ce n’est pas là ce qu’ils veulent. C’est simple : soit le Président renonce aux 19 hectares qu’il s’apprête à piller, soit il déclare l’écosystème comme faisant partie intégrante de la zone protégée. La dernière alternative risque cependant de poser problème, comme l’explique Elda Arteaga dans un article de Nuestro.cl : « La zone appartient à des particuliers. La seule solution pour la municipalité, est de céder des terrains de valeur comparable. »

Pour sa part, le directeur général de la Reconsa défend corps et âme le projet immobilier dans le quotidien El Mercurio de Valparaíso: « […] “le complexe sera desservi par une grande avenue bordée par un mur et/ou grillage. Ainsi, non seulement les résidents profiteront pleinement de la vue environnante, mais ils disposeront également d’un accès sécurisé depuis ladite avenue (empêchant à tout intrus de pénétrer dans les locaux).”  […] “les professionnels à qui l’on a fait appel ont minutieusement étudié le terrain, et sont désormais capables de transformer le complexe immobilier en un atout pour la région.”

L’association à but non lucratif Red Duna Libre s’était fixé comme objectif de restreindre au maximum l’urbanisation de la zone afin de protéger l’écosystème qui s’y développe, comme le montre la vidéo Salvemos las Dunas de Concón, qui explique l’importance de l’écologie, ainsi que son rôle face au secteur immobilier qui menace chaque jour davantage les mesures de protection de la nature, à l’instar du Sanctuaire de la Nature qui est passé de 55 hectares à seulement 19,5.


Lire par ailleurs sur Prendreparti à propos de l’urbanisation des Dunes de Concón …

Quand le Chili bétonne sur du sable …