Le Forest Green Rovers FC inspire la planète foot en matière d’écologie …

Face au dérèglement climatique et à la dégradation de l’environnement, les clubs de foot sont attendus au tournant concernant leurs mesures écologiques. En Angleterre , le Forest Green Rovers FC, quasi-inconnu de la majorité des fans de foot a pris un tournant radical en 2010 sous l’impulsion de son président, Dale Vince. Depuis, ce club professionnel s’impose comme LA référence en matière d’écologie dans le football …

Le club de foot de Nailsworthen Angleterre n’a jamais gagné de titre sportif mais il est devenu le champion du monde en matière d’écologie. Pelouse biologique, maillots en marc de café et nourriture végan : bienvenue au Forest Green Rovers ! Une vidéo de 2’34 » signée France TV Londres en janvier 2022 …

Le futur Eco Park Stadium, stade de football, entièrement fait de bois, signé par le bureau Zaha Hadid Architects. © Courtesy of Zaha Hadid Architects, Negativ

En 2010, quand le petit club des Forest Green Rovers a été repris et transformé en modèle écologique par Dale Vince le patron d’une entreprise d’éoliennes, il faisait figure d’ovni. Aujourd’hui sa stratégie s’est avérée payante ! L’équipe inspire désormais d’autres clubs, attire les sponsors, est cité en exemple par l’ONU, améliore ses résultats sportifs…et va même s’offrir un tout nouveau stade presque entièrement en bois  !Un reportage dans les coulisses de ce club à part. avec cette vidéo de 4’40 » signée RTS Sport  en mars 2020 …


Forest Green Rovers : un modèle d’écologie dans le football

L’écologie est un sujet de plus en plus présent dans les médias, et qui commence peu à peu à faire son trou dans le sport et plus particulièrement le football. Entre le mode de vie des footballeurs, les masses financières brassées et l’éveil de conscience des supporters, les clubs voient chaque jour plus de raisons d’inclure l’écologie au sein de leur politique générale. Dans les faits, on voit de plus en plus de club développer des politiques RSE (responsabilité sociétale des entreprises) et s’engager dans des actions plus ou moins écologiques. Loin des meilleurs clubs européens, un club anglais a pris de l’avance sur tout le monde dans le domaine : le Forest Green Rovers FC.

Une histoire assez classique…

Forest Green Rovers est un club centenaire, créé en 1889 à Bailsworth (Gloucestershire) sous le nom de Nailsworth & Forest Green Rovers. Le club intègre la ligue du « Mid Gloucestershire » en 1894 et va passer une bonne partie de son vingtième siècle dans des divisions régionales. Le maillot du club va régulièrement évoluer pendant 20 ans avant de se stabiliser en 1920 : le haut sera composé de rayures verticales blanches et noires, avec un short blanc puis noir et des chaussettes qui alterneront entre le blanc, le noir et le rouge.

Tim Bernard a écrit un livre sur l’histoire de Forest Green Rovers pour les 125 ans du club, en 2014 (Crédit : Amazon)

Durant les années 80, Forest Green Rovers atteint le monde semi-professionnel anglais en intégrant la 8ème division. Après un court changement de nom (Stroud FC en 1989), le club change de dimension en remportant le titre en Southern League (D7) en 1996-1997 puis en Southern Premier Division (D6) en 1997-1998. Arrivé en cinquième division, Forest Green Rovers va échapper deux fois à la descente (en 2004-2005 et 2009-2010), en bénéficiant de situations économiques difficiles de concurrents directs pour se maintenir. Le tournant arrive justement en 2010.

… qui prend un tournant en 2010

C’est l’année que choisit Dale Vince pour reprendre le club de Forest Green Rovers, alors qu’il est président d’Ecotricity, une entreprise de vente d’énergie verte basée à dans la ville voisine de Stroud. Logiquement, dans la continuité de son entreprise principale, Dale Vince décide de mettre l’écologie au centre du fonctionnement de son club de football. Cela va impliquer de nombreux changements dans les infrastructures et le fonctionnement du club (voir plus bas).

Dale Vince, le propriétaire écolo de Forest Green Rovers depuis 2011 (Crédit : Dialogo Chino)

Sportivement, l’arrivée de Dale Vince est une bonne nouvelle. Le club s’installe dans le haut du classement de la Division 5 et atteint, dès 2015, les play-offs pour la League Two (D4), premier échelon professionnel de l’Angleterre. Après des échecs en 2014-15 et 2015-16, Forest Green Rovers s’impose en finale à Wembley en 2016-17 face à Tranmere Rovers. Le club obtient pour la première fois le statut de professionnel, et permet à Nailsworth de devenir la plus petite ville de l’histoire avec un club professionnel anglais, avec 5 800 habitants.

Le club obtient pour la première fois le statut de club professionnel avec la montée en League Two en 2017 (Crédit : BBC)

En League Two, après une première saison délicate, Forest Green Rovers s’installe durablement dans la sphère professionnelle et atteint même les play-offs en 2018-19. Cette saison, le club est parti sur d’excellentes bases. Avec 31 pts marqués en 15 matches, ils sont leader d’un championnat très long avec 3 points d’avance sur leur dauphin et la meilleure attaque. Une opportunité en or de monter un échelon supplémentaire.

Au tiers d’un championnat à 24 équipes, Forest Green Rovers est en bonne position pour la montée en League One

Une politique basée sur l’écologie

Si Forest Green Rovers a un parcours honorable dans le foot anglais, ce n’est pas la raison principale de leur notoriété. Cette dernière remonte à 2010 et le rachat du club par Dale Vince, qui a décidé d’en chambouler le fonctionnement pour en faire un club respectueux de la nature.

Le premier axe de transformation du club concerne l’alimentation et le retrait progressif de la viande. Dès l’arrivée de Dale Vince, la vente de produits issus de la viande est retirée dans l’enceinte du stade. En 2015, Forest Green Rovers devient le premier club végan du monde, retirant les produits issus des animaux du régime des joueurs et du staff. Cette transformation est validée en 2017 par une certification de The Vegan Society.

Les chefs cuisiniers de Forest Green Rovers ont développé de nombreux plats vegan pour les joueurs, le staff et la vente aux supporters (Crédit : Punchline-Gloucester.com)

Une autre action est très rapidement mise en place : le suivi des émissions de carbone du club. Dès 2011, le club intègre, dans son système de management de l’environnement, des indicateurs de mesure de l’empreinte carbone des actions du club. L’empreinte carbone représente la quantité d’émissions de gaz à effet de serre (dioxyde de carbone, méthane, etc., responsables du réchauffement climatique) des activités du club, chiffrées en tonnes de CO2 équivalent.

Dans un rapport annuel publié en ligne, cette empreinte carbone est découpée en plusieurs postes de consommation, tels que l’électricité, le gaz, l’essence ou encore les déplacements des supporters à l’extérieur. Le dernier rapport montre un vrai progrès entre la saison 2020-2021 et 2019-2020. Parmi les postes les plus émetteurs de Forest Green Rovers, on retrouve la consommation de fuel et le transport de l’équipe.

Tiré d’un rapport annuel du club, ce tableau détaille les émissions de CO2 du club en fonction de ses activités (Crédit : httpswww.fgr.co.uk)

Un symbole : le stade

Les infrastructures d’un club sont essentielles à son fonctionnement mais sont également un des postes importants de consommation, et donc d’émissions de gaz à effet de serre. C’est tout naturellement que Dale Vince a très vite entrepris des actions sur le stade de l’époque : The New Lawn. Ce dernier a été construit en 2006 pour répondre aux besoins d’un club qui montait les échelons du football anglais. Il possède plus de 5 000 places dont 2 000 assises.

Petit à petit, Forest Green Rovers a appliqué sa politique durable à ce stade, au-delà de l’abandon de la vente de produits issus des animaux. Le club se fournit et achète son électricité auprès d’Ecotricity, société possédée par Dale Vince et fournisseur d’électricité 100% verte. De plus, le club a fait installer 180 panneaux solaires pour produire une partie de son énergie, et des bornes de recharge de véhicules électriques.

Concernant la pelouse, le stade possède un système de récupération d’eau de pluie afin de l’irriguer. Cette pelouse est d’ailleurs dite durable, car cultivée sans engrais ni pesticide et certifiée bio et vegan. La pelouse est aujourd’hui tondue à l’aide d’un robot tondeur fonctionnant à l’énergie solaire appelé « MowBot ». Toutes ces actions sont, bien sûr, des premières pour le football anglais et même le football en général.

Si ces actions sont déjà louables, Dale Vince ne s’arrête pas là et obtient, début 2021, le feu vert de la Ligue anglaise pour construire un tout nouveau stade : l’Eco Park. Le stade devrait voir le jouer d’ici 2024-2025 avec une principale différence : il sera entièrement construit en bois. D’une capacité de 5 000 places, il possèdera le même type de pelouse, et sera bordé d’un parc où seront plantés 500 arbres et 2 kilomètres de haies.

Forest Green Rovers devrait inaugurer son nouveau stade en bois d’ici 2024-2025 ! (Crédit : Gazon Sport Pro H24)

Enfin, un « business park » d’environ 40 hectares devrait être mis en place afin d’accueillir des entreprises et start-up de l’économie verte. Un projet qui fait des émules puisque le club norvégien de Bodo-Glimt a très récemment validé son projet de nouveau stade en bois. Et c’est bien l’un des objectifs de Forest Green Rovers : être précurseur d’un football plus respectueux de l’environnement et entraîner dans sa course des clubs de plus en plus prestigieux, et malheureusement polluants. En 2020, le joueur d’Arsenal, Hector Bellerin, connu pour ses engagements écologiques, avait notamment annoncé devenir actionnaire du club.

Forest Green Rovers, club quasi-inconnu de la majorité des fans de foot, est un exemple pour les quelques fans intéressés par le sujet de l’écologie. C’est un club à l’histoire footballistique banale qui a pris un tournant en 2010 sous l’impulsion de Dale Vince. Depuis, Forest Green Rovers s’impose comme LA référence en matière d’écologie dans le football. Plus important encore, le club entraîne dans son sillage de plus en plus de ses compères, aussi bien en Angleterre (des clubs de Premier League s’engagent dans des politiques de réductions de leurs impacts) qu’à l’étranger, comme en Norvège. En France, le sujet intègre petit à petit les mœurs et nous invitons à suivre l’association « Football Ecologie France ». Pour que le football puisse s’adapter aux changements climatiques et montrer l’exemple.


Ces sept clubs de foot sont plus écolos que les autres, voici comment ils font

Un article signé Victor Weulersse dans Ouest France du 7 septembre 2022

Face au dérèglement climatique et à la dégradation de l’environnement, les clubs de football, au même titre que le reste de la société, sont attendus au tournant concernant leurs mesures écologiques. Certaines équipes ont déjà pris le pli depuis plusieurs années. Voici sept initiatives de clubs en faveur du développement durable.

Avec la crise énergétique actuelle et le débat sur les déplacements en jets privés qui a ressurgi, les clubs de football sont scrutés de près concernant leur empreinte carbone. Mode de transports, type d’éclairage, rénovation énergétique… Les équipes doivent s’adapter pour devenir plus « écolos ». Et certaines d’entre elles n’ont pas attendu pour prendre des initiatives. En voici sept exemples.

1. La récupération de l’eau de pluie à l’OL

Sacré « club le plus écolo de France » en 2022 par Sport Positive, une organisation non gouvernementale anglaise, l’Olympique Lyonnais a mis en place différentes actions pour être moins énergivore dans son stade. En plus d’utiliser des d’énergies renouvelables et de trier ses déchets lors de ses évènements, le club rhodanien a installé un système de récupération de l’eau de pluie. Au bord de la pelouse se trouve une cuve enterrée de 360 m3, qui permet de stocker l’eau de pluie. Celle-ci est récupérée via le toit du stade et permet d’arroser la pelouse.

2. Les panneaux solaires du stade de l’Ajax Amsterdam

Aux Pays-Bas, l’Ajax Amsterdam a aussi mis en place plusieurs initiatives au sein de son stade, la Johan Cruyff Arena. Il y existe un système de récupération de l’eau de pluie, un système de chauffage durable, les sièges sont conçus à base de canne à sucre… et 4 200 panneaux solaires (7 200 m² au total) sont présents sur le toit. Installés en 2014, ceux-ci permettent de produire 10 % de l’énergie nécessaire au fonctionnement de l’enceinte.

3. Les déplacements du Real Betis en train

En Espagne, le débat sur les déplacements des équipes en jet privé ou en train a moins lieu d’être en ce qui concerne le Real Betis, club basé à Séville. Depuis mai 2021, l’équipe andalouse a signé une convention avec la Renfe (équivalent espagnol de la SNCF) pour en faire son transporteur officiel. L’accord, prolongé pour la saison en cours, signifie que le Betis utilise le train pour la plupart de ses déplacements, au lieu de prendre l’avion. Et les Sévillans ne s’arrêtent pas là dans leur démarche écologique, puisqu’ils ont mis en place de nombreuses autres initiatives : panneaux solaires sur le toit de leur stade, maillots fabriqués en matière recyclée, interdiction des objets en plastique à usage unique dans le stade…

4. La fin des bouteilles en plastique au Havre

Alors que la Ligue 1 interdit depuis cet été la vente de bouteilles en plastique dans les stades, plus par peur des jets de bouteilles sur la pelouse que dans un souci écologique, le club du Havre a interdit les bouteilles pour son effectif et son staff depuis cette année. Une réduction de déchets qui permet l’économie de « 19 000 bouteilles plastiques », selon le club. Désormais, joueurs et membre du staff disposent de gourdes individuelles.

5. La visite d’un centre de tri au FC Lyon

Le développement durable, cela passe aussi par la sensibilisation du public. Et cela, le FC Lyon, club amateur évoluant en 7e division française, l’a bien intégré. Ayant pour ambition de « devenir le premier club écologique amateur français en 2025 », il travaille sur de nombreux axes d’amélioration : recyclage, mode d’éclairage, transports, réduction des déchets… Et, fait original, le FC Lyon organise des visites dans un centre de tri lors des stages de football de ses jeunes adhérents, pour les sensibiliser aux opérations de tri.

6. L’organisation d’une journée du développement durable à Berlin

À l’instar du FC Lyon en France, le FC Internationale Berlin, club amateur allemand, fournit de sérieux efforts sur le plan environnemental. Récompensé à plusieurs reprises pour ses engagements et ses progrès, l’équipe berlinoise veut être une source d’inspiration pour les autres. Pour cela, elle organise annuellement une journée du développement durable, en y mettant en avant ses initiatives et en sensibilisant les consciences.

7. Forest Green Rovers, le club « le plus écologique du monde »

S’il ne peut pas se targuer d’être le meilleur club du monde, puisqu’il évolue en 3e division anglaise, Forest Green Rovers peut mettre en avant son statut de club « le plus écologique du monde ». Et ce n’est pas l’équipe basée à Nailsworth qui le dit, mais la Fifa ! En effet, l’instance mondiale du football a élu cette petite formation, en raison de ses nombreuses évolutions fournies ces dernières années.

Et pour cause, depuis 2010 et son rachat par Dale Vince, président d’Ecotricity (spécialiste des éoliennes), tout est mis en place pour réduire l’empreinte carbone : cantine des joueurs et des supporters 100 % végane et locale, 180 panneaux solaires installés sur le toit du stade, robot tondeuse fonctionnant à l’énergie solaire, engrais naturel utilisé pour la pelouse à la place des produits chimiques, système de recyclage, système de récupération de l’eau de pluie, parking du stade disposant de bornes de recharge électriques, maillots fabriqués avec des matériaux recyclables…

Le projet d’Eco Park du Forest Green Rovers. (Photo : Forest Green Rovers)

Des réalisations qui lui ont permis d’avoir sa neutralité carbone certifiée en juillet 2018 par l’ONU. Ce qui fait de Forest Green Rovers le seul club à avoir obtenu ce label.

Lire aussi : Un club de foot veut construire un stade tout en bois, une première mondiale

Le prochain projet du club ? Construire un stade tout en bois, un « Eco Park », qui serait le stade le plus vert du monde. Situé dans un parc et prévu pour 2025 ou 2026, il pourra accueillir 5 000 spectateurs.