13 communes de l’Essonne accueillent en 2023 le festival « de jour//de nuit »…

Le festival « de jour // de nuit », spectacles à ciel ouvert en Essonne a été crée en 2012 par la compagnie La Constellation et la Communauté de communes de l’Arpajonnais. Depuis 2017, La Lisière, lieu de résidence de création artistique des arts en espace public en assure la coordination en étroite collaboration avec les élu.es des communes volontaires . Avec le soutien de la Région Ile de France, le Département de l’Essonne et de Cœur d’Essonne Agglomération …

Alexandre Ribeyrolles, directeur de La Lisière et Edith Bellec, conseillère municipale de Cheptainville déléguée à la culture  nous présentent l’édition 2023 du festival « de jour // de nuit » Une vidéo de 10’40 » diffusée par Radio Sensations 89.2 FM

L’art de rue s’invite dans les villes et villages d’Essonne durant dix jours .

 

 

 

Les beaux jours reviennent et avec eux la 12e édition du festival « de jour // de nuit ». L’occasion d’assister gratuitement à une dizaine de créations dans les rues de l’Essonne. Un article signé Augustin Delaporte publié dans Actu.fr du

Plus qu’un simple festival, une action concrète, voire politique. Lors de deux week-ends consécutifs, du vendredi 26 mai au dimanche 4 juin 2023, l’art investit les rues de plusieurs villes et villages de l’Essonne, et s’offre gratuitement dans le cadre de la 12e édition du festival de jour // de nuit.

Comédiens funambules et chapiteau pour le weekend de Pentecôte

Initié par la résidence de création artistique La Lisière, l’événement sera inauguré dans la soirée du 26, sous le chapiteau de la compagnie 100 Issues, qui présentera à cette occasion sa création « Bluff ! » dans le parc du château de Bruyères-le-Châtel.

 

Un spectacle faisant cohabiter deux notions qui s’opposent : le réel et la rêverie. Le lendemain, la Compagnie Juste avant l’oubli donnera un récital dans le parc de la mairie à Avrainville (17h), tandis qu’au Domaine départemental de Chamarande le Groupe Zur (Zone Utopiquement Reconstituée) succédera à Surprise musicale.

Vento, la création de Zur, est une performance qui raconte le vent avec les ombres et les forces invisibles, tel que la « la mémoire des brindilles ».

Musique, portés sur instruments et chants polyphoniques, tout cela se mêle dans le ballet « Mange la vie avec les doigts » de La Boca Abierta, dimanche 28, à Saint-Germain-lès-Arpajon (16h30).

Alors que les comédiens funambules de la Compagnie d’un Ours vous feront prendre de la hauteur à Villiers-sur-Orge avec leur spectacle « Une Pelle » (18h30).

Les comédiens funambules de la Compagnie d’un Ours sont à Villiers-sur-Orge (18h30) dimanche 28 mai 2023.
Les comédiens funambules de la Compagnie d’un Ours sont à Villiers-sur-Orge (18h30) dimanche 28 mai 2023. (©Festival de jour // de nuit facebook)

La dernière journée de ce premier week-end sera également bien remplie, puisque Les Robert et Moi seront à Fleury-Mérogis à 16 heures, puis La Cour Singulière racontera la vie de Josette, octogénaire pleine de vie échappée de son EHPAD à La Norville (16h30), et La Migration questionnera les notions de « lien, sororité et bienveillance », toujours à La Norville (18h30).

La compagnie Alta Gama sera à Arpajon (Essonne) le vendredi 2 juin 2023 dans le cadre du
La compagnie Alta Gama sera à Arpajon (Essonne) le vendredi 2 juin 2023 dans le cadre du « festival de jour // de nuit ». (©Festival de jour // de nuit facebook)

Performance de rue et théâtre de masques pour le second week-end

Des corps en mouvement d’Alta Gama se dégagera une poésie puissante, le vendredi 2 juin, à Arpajon (20h).  « Le voyage de trois corps (la femme, l’homme et le vélo) et leur dépouillement pour arriver à l’essentiel », tease-t-on du côté de l’organisation.

Le samedi 3, à Cheptainville (18h) le collectif Plateforme dévoilera sa création Identidad(s), et, dans la foulée, il sera possible de découvrir l’univers musical cosmopolite de Zibeline, toujours rue du Ponceau.

Dans la soirée, c’est un théâtre de masques, avec une marionnette géante notamment, qui est programmé à Lardy (21h30), avec la Compagnie Archibald Caramantran.

Pour le dernier jour, Les Animaux (musiciens) de la compagnie sont à Saint-Escobille en fin de matinée (11h30), tandis que Dédale de Clown sera ensuite devant la Salle Pablo Neruda à Boissy-sous-Saint-Yon à 16 heures.

Enfin, c’est le spectacle de danse « Bien Parado » de La Méandre (entre Sévillane et musique électronique) qui animera les rues de Saint-Michel-sur-Orge pour clôturer le douzième festival de jour // de nuit.


Culture et ruralité : comment La Lisière fait vivre les arts de la rue dans des villages d’Essonne

Un article paru dans Culture et Réalité du | Plein air

Organisé par la résidence de création artistique La Lisière, la douzième édition du Festival de jour // de nuit a eu lieu dans les villages d’Essonne du 26 au 29 mai et du 2 au 4 juin derniers. Retour d’expérience en deux temps : dans ce premier article, le directeur de La Lisière, Alexandre Ribeyrolles, nous explique comment cet événement participe à l’essor de l’art de rue en milieu rural.

Le spectacle « Ma Louve » de la compagnie Juste avant l’oubli. - © Juste avant l’oubli
Le spectacle « Ma Louve » de la compagnie Juste avant l’oubli. – © Juste avant l’oubli

Pourquoi avoir fait le choix d’un festival spécialement dédié aux arts de la rue dans les villages d’Essonne ?

Les arts de la rue décentrent le point de rendez-vous entre le spectateur et l’œuvre par leur capacité unique d’intégration dans l’espace public.

En tant que résidence de création artistique, il faut réfléchir à des stratégies permettant de répondre aux besoins des publics. Le festival De jour // de nuit a pour vocation de ramener la culture à proximité des habitants de ces villages. Aujourd’hui, ces communes n’ont malheureusement pas beaucoup de place pour la culture dans leurs budgets. La grande majorité des habitants des villages d’Essonne travaillent à Paris ou dans sa proche banlieue. Quand ils se rendent à des manifestations culturelles, ils doivent se déplacer dans les villes de banlieue ou dans la capitale.

Promouvoir les arts de la rue est un moyen efficace pour rapprocher la culture des habitants. Cette discipline décentre le point de rendez-vous entre le spectateur et l’œuvre artistique car il possède cette capacité unique d’intégration dans l’espace public. Plutôt que d’emmener les gens à se retrouver dans des établissements conventionnels tels qu’un théâtre, un auditorium ou encore un musée, on transforme l’espace public en lieu de culture pour venir à eux. Les arts de la rue sont également très intéressants pour l’interaction entre spectateurs et artistes. Cela favorise l’échange. Le public est plus proche de l’artiste en action.

« Mentir lo minimo » de la compagnie Alta Gama. - © Alta Gama
« Mentir lo minimo » de la compagnie Alta Gama. – © Alta Gama

Comment établissez-vous votre programmation ?

Notre programmation est le résultat d’un travail de collaboration avec les villages et leurs élus, notamment l’agglomération Cœur d’Essonne qui regroupe vingt et un villages du département. Nous pouvons réellement parler d’une invention commune car durant quatre à cinq mois, nous tenons des réunions régulières avec les élus des villages qui vont recevoir le festival. Depuis le lancement du festival De jour // de nuit il y a douze ans, notre objectif est toujours de proposer un événement itinérant qui rassemble les villages autour de la culture. Notre approche de la programmation n’est pas individualisée commune par commune, mais notre vision est celle d’une action territoriale. Lors de ces temps d’échange avec les élus, nous choisissons les formes de spectacle que nous souhaitons promouvoir dans l’ensemble des villages d’Essonne. Cette année, le festival s’est déployé dans treize communes, chacune accueillant un à trois spectacles.

 

Le festival De jour // de nuit demande aux artistes des qualités d’adaptation et de créativité.

Pendant les réunions avec les élus, nous définissons les thématiques abordées par les différentes représentations qui vont se tenir au cours du festival. Un spectacle est toujours porteur d’un discours.  Il y a une réflexion sur ce qu’il est important de dire aux habitants de la société actuelle.  Chaque année, nous proposons un festival avec une forte dimension familiale mais surtout très éclectique en une vingtaine de spectacles. Les disciplines sont nombreuses et d’une technicité pointue dans les arts de la rue. Si une famille se rend à trois ou quatre spectacles, cela est suffisant pour qu’elle ait accès à un contenu diversifié avec un objet artistique de qualité. Chaque commune s’approprie le festival à sa manière. En fonction de la programmation et des spectacles proposés, certains villages reçoivent le festival dans le même endroit, d’autres communes changent de lieu en accueillant des spectacles dans le centre-ville ou dans des parcs.

Le spectacle « Muraïe » de la compagnie Dédale de clown. - © Dédale de clown
Le spectacle « Muraïe » de la compagnie Dédale de clown. – © Dédale de clown

Comment se déroule la collaboration avec les compagnies ? 

Le rôle d’une résidence de création artistique est d’accompagner les artistes dans leur processus de croissance. Pour cela il faut leur proposer des challenges et des projets originaux. Le festival De jour // de nuit s’inscrit dans cette dynamique. C’est une expérience atypique et un défi important pour les artistes. Cet événement demande des qualités d’adaptation et de créativité. Des artistes doivent changer leur perception de l’espace public et s’approprier cet environnement comme un lieu d’expression.

Le caractère itinérant du festival nous plonge dans la réalité des communes rurales. Certains villages disposent parfois de peu de matériel ou de peu d’électricité. Les équipements ne sont pas les mêmes d’une commune à l’autre. Les compagnies qui collaborent avec nous acceptent ces conditions avec enthousiasme car il faut certes sortir de sa zone de confort, mais le contact humain avec les habitants des villages est d’une grande richesse, les expressions artistiques variant d’année en année. Par exemple, l’an dernier nous avions accordé beaucoup de place aux formes théâtrales alors que cette année les arts du cirque ont une place bien plus importante dans notre programmation.


Culture et ruralité : La Lisière, acteur du développement culturel en Essonne

Un article par dans Culture et Ruralité le | Médiation

Depuis douze ans, la résidence de création artistique La Lisière organise le festival De jour // de nuit dans les villages d’Essonne. Dans ce deuxième article d’un diptyque consacré au festival, le directeur de La Lisière, Alexandre Ribeyrolles, explique comment l’événement contribue au développement de l’activité culturelle sur ce territoire.

Le spectacle « Une pelle » de la compagnie D’un ours. - © D’un ours
Le spectacle « Une pelle » de la compagnie D’un ours. – © D’un ours

Quels sont les enjeux de l’action culturelle dans les zones rurales d’Essonne ?

Notre festival aide les collectivités à mener une politique culturelle territoriale plus efficace, notamment en redynamisant le mandat des élus à la culture.

L’Ile-de-France est l’une des régions les plus peuplées et les plus dynamiques d’Europe. Elle est réputée pour son activité économique et son paysage urbain. Pourtant, à seulement dix minutes de la banlieue urbaine en Essonne, il existe d’autres paysages avec une grande diversité d’espaces naturels et d’espaces verts. On y trouve même des zones d’activités agricole. On ne montre pas souvent le côté rural de l’Ile-de-France alors que celui-ci est très vivant et accessible. Valoriser un territoire fait partie des missions portées par un établissement culturel. Le festival De jour // de nuit ne fait pas que promouvoir les art de la rue, il emmène également les habitants à prendre conscience de la richesse de leur territoire. Il y a un enjeu autour du tourisme de proximité et un travail est fait pour révéler cette face cachée de la région et lui donner une identité culturelle et artistique.

Notre festival aide les collectivités à mener une politique culturelle territoriale plus efficace. L’enjeu est de redynamiser le mandat des élus à la culture. Être un élu n’est pas un métier à plein temps. Malgré leur engagement, les élus chargés de la culture peuvent parfois manquer de certains codes et de quelques automatismes au moment de travailler à l’avancement des différents projets dont ils sont en charge. Quand nous construisons la programmation du festival, nous réunissons régulièrement les élus pendant plusieurs mois. Lors de ces temps d’échanges, nous les aidons à mieux comprendre et à s’emparer pleinement des sujets pour lesquels ils ont un mandat.

Le troisième enjeu est la construction d’un espace public non urbain. L’art et la culture sont des outils pour construire cet espace dans les villages. L’espace public est souvent défini comme un lieu ouvert en zone urbaine. Le festival De jour // de nuit permet aux arts de la rue de s’exporter dans les villages et de parler à tout le monde dans un lieu ouvert en zone rurale. Les habitants des villages se réunissent ensemble autour de l’art et la culture qui deviennent alors leurs bien commun. Toutes les mairies et les villages recevant le festival proposent un moment de convivialité autour d’un pot, avant ou après les spectacles. Il y a une volonté commune de créer un espace de partage entre les habitants.

Le spectacle « Bluff » de la compagnie 100 Issues. - © 100 Issues.
Le spectacle « Bluff » de la compagnie 100 Issues. – © 100 Issues.

Comment parvenez-vous à garantir la gratuité du festival et comment se déroule son organisation ?

Pour développer l’activité culturelle d’une région ou d’un département, il faut savoir collaborer avec les collectivités territoriales. Nous recevons des soutiens financiers du département de l’Essonne, de l’agglomération Cœur d’Essonne et de la région Ile-de-France. Ces apports sont essentiels pour maintenir la gratuité des spectacles et prendre en charge le déploiement des équipes. L’ensemble du personnel de La Lisière est mobilisé. Nous faisons appel à deux stagiaires pour s’occuper de l’accueil des publics. Lors du festival nous embauchons temporairement trois personnes pour assurer la médiation. Le caractère itinérant de notre événement implique d’avoir une bonne équipe technique. Au niveau opérationnel, nous avons un régisseur, un directeur technique et sept à huit techniciens.

Chaque jour vingt à vingt-cinq personnes travaillent autour du festival et s’y ajoutent les artistes. Dans chaque village où le festival se déploie, plusieurs bénévoles nous apportent une aide précieuse. Par exemple, sur quinze jours, la partie catering demande à elle seule la préparation et la distribution de sept cents repas. L’implication des habitants en tant que bénévoles est un bénéfice pour nous mais également pour eux. En faisant partie de l’organisation du festival, ils contribuent au développement de l’activité culturelle dans leur territoire.

Le spectacle « Rhinocéros » d’Archibald Caramantran. - © Archibald Caramantran.
Le spectacle « Rhinocéros » d’Archibald Caramantran. – © Archibald Caramantran.

Après douze ans d’existence, quel bilan faites-vous de l’impact du festival sur le département de l’Essonne ?

Le festival a également donné naissance à une véritable communauté parmi les habitants des villages d’Essonne.

Lors de ces dernières années, le festival a contribué à l’avancement de l’action culturelle dans les villages d’Essonne par la création d’un véritable réseau d’élus et de communes ayant comme sujet commun la culture. Grâce aux réunions régulières autour de la programmation du festival, ces élus ont noué des liens forts qui leur permettent de collaborer et de mobiliser des ressources plus facilement pour développer des projets culturels. L’engagement des collectivités territoriales pour l’essor de la culture dans les villages est devenu de plus en plus important au fil des années. Par exemple pendant la crise sanitaire, lorsque la place de la culture était questionnée dans le débat public, lés élus ont pris leurs responsabilités : le festival a pu survivre et les artistes ont été payé alors qu’ils n’avaient pas joué.

Le festival a également donné naissance à une véritable communauté parmi les habitants des villages d’Essonne. Aujourd’hui, nous pouvons dire que nous bénéficions d’un public fidèle. Certains spectacles rassemblent jusqu’à cinq cents personnes. Au départ, les habitants n’allaient qu’aux représentations dans leurs villages. Au fur et à mesure des années, on voit de plus en plus de personnes se déplacer d’une commune à l’autre pour suivre le festival. Lors de cette édition 2023, nous avons vu des spectateurs faire cinq à six villages. Nous sommes également heureux de voir qu’après douze ans, le public s’est familiarisé aux arts de la rue. Aujourd’hui, le festival est un événement attendu, les spectateurs sont plus exigeants sur la qualité des spectacles.