Un chaleureux meeting en soutien aux « Soulèvements de la Terre » …

Le 12 avril à la Station Gare des Mines, 45 militant-es, personnalités politiques, chercheur-ses, scientifiques, artistes participaient au meeting intitulé « Nous sommes les Soulèvements de la Terre » à l’invitation des médias indépendants Reporterre, Blast, Socialter et Terrestres. Ils et elles ont ainsi affirmé leur soutien ou leur appartenance au mouvement menacé récemment de dissolution par le Ministre de l’Intérieur…

Ils et elles ont  dénoncé les politiques répressives, racistes, anti-sociales et anti-écologiques de ce gouvernement. Un extrait vidéo de 6’40″qui en dit long sur l’ambiance particulièrement chaleureuse et combative du meeting …

Et vous pouvez revisionner la soirée complète ci dessous. ( 2H33’30 »)

Avec notamment  Geneviève Azam • Christine Poupin • Benoît Biteau • Alain Damasio • Philippe Descola • Fatou Dieng • Cyril Dion • Nicolas Girod • Julien Le Guet • Clémence Guetté • Murielle Guilbert • Coulibaly Ibrahima • Hervé Kempf • Inès Leraud • Valérie Masson-Delmotte • Corinne Morel Darleux • Paloma Moritz • Morgane Ody • Alessandro Pignocchi • Kristin Ross • Marine Tondelier • Françoise Vergès • Audrey Vernon • Philippe Vion-Dury • Emmanuel Vire • Louisa Yousfi • Le Syndicat de La Magistrature • La quadrature du net •


« La lutte ne fait que commencer » : vibrante soirée de soutien aux Soulèvements

Un article signé Hortense Chauvin dans Reporterre du 13 avril 2023 …

Quatre médias indépendants, à l’initiative de Reporterre, ont organisé une soirée festive et engagée en soutien aux Soulèvements de la Terre. Tous les invités ont prôné la défense des terres, des libertés publiques et de la justice sociale.

Où sont Les Soulèvements de la Terre ? Partout. Comment sont-ils ? Stratèges, courageux, poétiques, déterminés. Joyeux, surtout. C’est le sentiment que laisse la soirée organisée, le 12 avril, par les médias indépendants Reporterre, Socialter, Blast et la revue Terrestres, en soutien au mouvement de défense du vivant menacé de dissolution par le ministre de l’Intérieur. Pendant près de deux heures, une vingtaine de personnalités – artistes, activistes, juristes, chercheurs, paysans, députés, journalistes – se sont succédé sur l’estrade de La Station – Gare des mines, à Paris. Devant un public survolté, chacun a expliqué les raisons pour lesquelles il soutenait ce collectif. Et invité toutes et tous à se soulever, à leur tour, pour la défense des terres, des libertés publiques et de la justice sociale.

S’improvisant chauffeur de salle, l’anthropologue Philippe Descola a lancé la soirée en tentant de définir ce que sont Les Soulèvements de la Terre. Faire partie de ce collectif, a-t-il défendu, c’est s’élever contre l’inaction climatique de l’État, décriée jusqu’au sein des organes judiciaires français ; c’est s’opposer à l’accaparement des biens communs au profit d’une minorité, tel que le permettent les mégabassines ; c’est, enfin, s’élever contre l’intimidation par les forces répressives « de tous ceux qui ne pensent pas comme le gouvernement », comme ce fut le cas à Sainte-Soline. La police a en effet fait usage de milliers de grenades qui ont blessé des centaines de personnes.

Artistes, activistes, juristes, chercheurs, paysans, députés, journalistes – se sont succédé sur l’estrade de La Station – Gare des mines. © NnoMan Cadoret/ Reporterre

Le constat était partagé par le reste des intervenants, qui ont tour à tour dénoncé la servitude de l’État à l’égard des forces productivistes et la violence qu’il exerce sur les défenseurs de l’environnement, en France et dans le reste du monde.

Pas question, cependant, de s’arrêter à ce sombre constat. « Il reste de la beauté à préserver et des horizons à construire », a promis l’autrice et essayiste Corinne Morel Darleux. Au fil des prises de parole, entrecoupées de « no bassaran » entonnés avec allégresse par la salle, une toile d’espoir s’est tissée. Oui, un autre monde est possible ; un monde « où l’on ne fait plus de monoculture d’humains », a imaginé la comédienne Audrey Vernon ; un monde de paysans heureux et bien rémunérés, libérés des affres du modèle agrocapitaliste, a figuré le porte-parole de la Confédération paysanne, Nicolas Girod. Un monde où, pour reprendre les termes d’un slam vivifiant d’Alain Damasio, « la seule croissance que nous supporterons sera celle des arbres et des enfants ».

Julien Le Guet, porte-parole de Bassines non merci, et de nombreuses personnalités de gauche comme Geneviève Azam ou Adèle Haenel étaient présents. © NnoMan Cadoret/ Reporterre

Comment y parvenir ? « Il ne suffira pas d’enrayer la machine, de faire tomber le pouvoir, a soutenu l’écrivain et réalisateur Cyril Dion. Il va falloir le remplacer. » Pour cela, l’eurodéputé et paysan Benoît Biteau a suggéré d’entrer en désobéissance civile. La journaliste Inès Léraud, de « redoubler d’alliances ». Partout, ont insisté les intervenants, il faut poursuivre, renforcer et démultiplier le combat pour la préservation des communs engagé par Les Soulèvements de la Terre. Quoi qu’il advienne, la lutte ne fait « que commencer », a promis la secrétaire nationale d’Europe-Écologie Les Verts, Marine Tondelier. « On ne peut pas dissoudre un mouvement, a assuré le défenseur des droits humains et représentant des peuples autochtones Juan Pablo Gutierrez. Et de conclure, sous une une salve d’applaudissements bientôt muée en marée dansante : « Nous sommes comme l’eau. Nous sommes inarrêtables. »


« Les Soulèvements de la Terre » : Valérie Masson-Delmotte sort de sa réserve en soutien au collectif

La coprésidente du Giec a dénoncé, avec « gravité », les menaces de dissolution pesant sur le collectif écologiste « Les Soulèvements de la Terre ». Un article signé Pauline Brault paru dans Le Huffingtonpost du 13 avril 2023…

French paleoclimatologist, research director at the CEA and co-president of the IPCC since 2015, Valerie Masson-Delmotte poses for a photo session on the occasion of an event dubbed
La paléoclimatolgue et coprésidente du Giec a réagi ce mercredi 12 avril sur Twitter aux menaces de dissolution du collectif « Les Soulèvements de la Terre « J’exerce ce soir mon droit à la liberté d’expression, comme scientifique, comme citoyenne. » Dans une rare prise de position sur Twitter, la coprésidente du premier groupe de travail du Giec, Valérie Masson-Delmotte a dénoncé mercredi 12 avril au soir les menaces de dissolution qui pèsent sur « Les Soulèvements de la Terre ».

Ce collectif écologiste est en effet accusé par le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin d’être à l’origine des « actions violentes » contre les méga-bassines, survenues le 25 mars lors d’un rassemblement à Sainte-Soline, dans les Deux-Sèvres.

Le Conseil des ministres devait rendre sa décision concernant la dissolution du collectif ce jeudi 13 avril dans l’après-midi, mais le porte-parole du gouvernement Olivier Véran a annoncé que ce ne serait pas le cas. « Il n’en a pas été question ce matin en Conseil des ministres car il faut instruire le dossier avant de prononcer une dissolution. Ça prend un peu de temps », a expliqué à la presse l’ancien ministre de la Santé.

50 nuances de « gravité »

Mercredi soir, une quarantaine de personnalités politiques, d’artistes, de scientifiques, d’intellectuels et de syndicalistes se sont réunis à Paris pour prendre position contre « la violence d’État » et pour clamer la « nécessité de maintenir un champ d’espoir politique sur les questions écologiques », a fait savoir à l’AFP Benoît Feuillu, un des porte-parole des Soulèvements de la Terre.

Et parmi les personnes présentes figurait la paléoclimatologue et coprésidente du Giec, Valérie Masson-Delmotte. Après cette soirée, la chercheuse a partagé les grandes lignes du discours tenu un peu plus tôt, en appuyant son argumentaire avec des éléments présents dans le 6e cycle du rapport du Giec portant sur l’évolution du climat. « Gravité. C’est le mot que j’ai choisi pour répondre à l’invitation de Christophe Bonneuil et Philippe Descola à la soirée de réaction face à la menace de dissolution des Soulèvements de la Terre, ce soir », commence la chercheuse dans une suite de messages Twitter que vous pouvez retrouver ci-dessous.

Pourquoi « gravité », continue-t-elle ? Parce que selon l’Autorité environnementale, une entité indépendante qui évalue l’action des États en matière d’écologie, « la transition écologique n’est pas amorcée en France ». Parce qu’aussi « l’année 2022 a été tristement emblématique de l’aggravation des conséquences du changement climatique. » Ou encore parce que « nous sommes dès maintenant face à une escalade de risques, risques liés au changement climatique, qui vont frapper de plein fouet les écosystèmes et les personnes les plus vulnérables », énumère la scientifique.

« Quelle est la menace la plus grave ?  »

« Quelle est la menace la plus grave ? Est-ce la poursuite de tendances non soutenables (…) ? Ou bien est-ce cette contestation qui dérange face à l’inertie, face à l’inadéquation des réponses institutionnelles et politiques ? », s’interroge-t-elle encore dans une sortie qui tranche avec la posture de neutralité qui caractérise le travail du Giec. D’où sa précision sur le fait de s’exprimer en tant que « scientifique et citoyenne », et non pas responsable du groupement d’experts de l’ONU.

« Les mouvements sociaux pour la justice climatique, qui prennent, dans les régions rurales comme dans les centres urbains, de nouvelles formes d’actions de résistance non violente, parfois perturbatrices » sont, selon la scientifique, des catalyseurs de la transition écologique et de la prise de conscience du dérèglement climatique.

Les scientifiques du Giec, eux, évaluent et résument dans chaque rapport l’état des connaissances les plus avancées relatives au changement climatique, sans jamais émettre d’avis ni de recommandations. Et il est rare qu’ils prennent position sur les réseaux sociaux. Des députés écologistes, journalistes, agriculteurs, et climatologues ont ainsi remercié Valérie Masson-Delmotte sur Twitter pour sa prise de parole qu’ils jugent « nécessaire ».

« Ta voie (voix ?) est précieuse, fondamentale et nécessaire. Ton courage, ta détermination, ta constance éclairent le chemin qu’il nous faut urgemment emprunté. L’urgence est à la hauteur de la gravité sur laquelle tu sais nous sensibiliser », lui a notamment répondu Benoît Biteau, député écologiste au parlement européen. « Dignité, responsabilité, sagesse et noblesse des mots dans cette déclinaison de ’gravité’ (…) », a quant à lui commenté le climatologue Christophe Cassou.

Lassés que leur parole soit si peu écoutée, de nombreux scientifiques affichent désormais leur engagement sur les réseaux sociaux, mais aussi via des actions de désobéissance civile. Un collectif créé en 2020, composé de scientifiques et d’universitaires, nommé « Scientist Rebellion » opère par exemple des actions dans le monde entier pour réclamer une politique réellement efficace de protection de l’environnement.


Méga tribune internationale et grosse émotion …

« Les Soulèvements de la Terre » ont reçu un soutien qui donne un souffle tout particulier. Dans une tribune internationale parue simultanément dans 4 grand médias ( Al Jazeera, Le Monde, Brasil di Fato, Common dreams) de 4 continents, plus de 300 organisations paysannes, autochtones, écologistes, féministes, syndicales issues de 50 pays, dont l’EZLN zapatiste, le Mouvement des Sans Terre, la Convergence Globale des Luttes pour la Terre, l’Eau et les semences paysannes Ouest Afrique (CGLTE-OA), le MODATIMA au Chili, la Commission Ethnique pour la paix et la défense des droits territoriaux en Colombie, le Mouvement Ecologique pour la Mésopotamie au Kurdistan, ou la Via Campesina invitent à soutenir la lutte contre les méga-bassines et les luttes pour l’eau partout dans le monde. Elles y dénoncent aussi la répression brutale du gouvernement français et la dissolution des Soulèvements de la Terre.  « On a difficilement les mots pour expliquer ce que signifie pour nous ce geste de solidarité de mouvements majeurs qui se battent avec un telle dignité, souvent dans des conditions d’extrême adversité face à la férocité capitaliste et néo-coloniale. Nous sommes absolument certains que cette internationalisation de la lutte pour l’eau va décupler la force des gestes de résistance à venir  ! » Le texte complet de l’appel est lisible ici.


+  Lire par ailleurs sur PrendreParti à propos  du mouvement « Les Soulèvements de la Terre »…

« Écoterrorisme »: les luttes écologiques dans le viseur du ministère de l’Intérieur …

Quand le ministre de l’intérieur brandit le « terrorisme intellectuel » …

 

 

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