Les habitants de Douarnenez sont en colère. L’Abri du marin, classé monument historique, a été vendu à un promoteur immobilier et sera réaménagé en appartements de luxe. C’est l’un des emblèmes de la ville : le bâtiment veille sur le port depuis plus de 100 ans. Ce samedi 5 novembre, 600 personnes ont bravé la pluie dès midi pour dire leur colère face au futur projet immobilier de luxe …
À Douarnenez, 600 personnes se mobilisent contre la vente de l’Abri du Marin …
Douarnenez : les habitants se mobilisent contre le rachat de l’Abri du marin
L’Abri du marin est l’un des emblèmes de la ville de Douarnenez, dans le Finistère. Ce bâtiment veille sur le port depuis plus de 100 ans. Alors, pas question pour Yuna Le Braz de voir cet édifice, classé monument historique, transformé en neuf appartements de luxe. Car l’ancienne propriétaire, une avocate parisienne, a cédé son bien à un promoteur immobilier. Aujourd’hui, les habitants se mobilisent pour contester le projet et sauver ce petit bout d’histoire.
Un lieu populaire et festif pour les marins
Au début du XXe siècle, ce monument rose est un refuge pour les marins. Un lieu populaire où ils pouvaient s’instruire et jouer aux cartes. Il a été construit par Jacques de Thézac, un amoureux de la mer. En Bretagne, il existe quinze abris du marin de ce type. À ce jour, la plupart ont été réhabilités.
La fin d’une ère qui désole Pierre Iwens, arrière-petit-fils du créateur des abris du marin. L’éventuelle transformation de celui de Douarnenez l’affecte plus que quiconque. « C’est le plus grand des abris du marin. Il risque d’être défiguré et de perdre son âme (…) je trouve ça dommage », rapporte-t-il. À Douarnenez, une manifestation est prévue ce samedi pour protester contre le projet immobilier.
À Douarnenez, « l’Abri du Marin est la goutte d’eau sur un sujet déjà tendu »
Un article de Rodolphe Pochet dans Le Télégramme du 02 novembre 2022
« DouarnVendez, la grande braderie » : c’est le nom du rassemblement qui sera organisé samedi 5 novembre à Douarnenez, contre le projet immobilier à l’Abri du Marin, et plus largement sur la question du logement.
« La journée de samedi n’a pas pour seule vocation de dire que nous sommes contre un projet, mais d’affirmer ce que nous voulons pour l’avenir de Douarnenez : cette manifestation du 5 novembre n’est pas une fin en soi mais le début de quelque chose. » Erwan Moalic fait partie du collectif qui organise le rassemblement prévu samedi 5 novembre, devant l’Abri du Marin, pour dénoncer le projet du groupe bordelais Cir veut y développer.
« Mais plus largement, pour évoquer les difficultés de logement des familles, des saisonniers, l’accueil des familles avec enfants, bref poser les questions et les solutions pour garder une ville vivante », assure Yuna Le Braz, autre membre du collectif. « L’Abri du Marin n’est que la goutte d’eau sur un sujet déjà tendu », note Max.
« L’occasion de pointer l’inaction de la municipalité »
Les pistes législatives et réglementaires, comme le classement en zone tendue ou les choix de municipalité comme Saint-Malo contre les locations de courte durée, seront également évoquées samedi. Pour nommer cette manifestation à venir, ses organisateurs ont détourné la marque promotionnelle de la Ville, « DouarnVenez », pour en faire un slogan : « DouarnVendez, la grande braderie ».
« Nous allons profiter de ce moment pour faire une cartographie ce tous les lieux à vocation commune, comme une salle sportive ou une colonie de vacances, qui ont été cédés au privé des dernières années », souligne Thomas. « Ce sera aussi l’occasion de pointer l’inaction de la municipalité dans ce domaine, qui fait preuve de cynisme en disant qu’il n’existe pas de solutions », ajoute encore Julot.
Le collectif l’assure : depuis la réunion préparatoire au rassemblement, le 25 octobre, la parole s’ouvre sur le manque de logements en ville. Comme le cas de ces stagiaires des Ateliers de l’Enfer, contraints de dormir dans leur camion, « alors que l’on s’apprête à recevoir à Douarnenez 40 étudiants supplémentaires en BTS audiovisuel », pointe Yuna Le Braz.
Le collectif organisateur appelle les participants à se retrouver samedi, à 12 h, devant l’Abri du Marin. Des prises de parole feront le point sur les différents mouvements existant en Bretagne sur cette question du logement, les avancées législatives, ou encore les pistes explorées localement.
Un « banc des ran-ouenn »
Ani entend aussi aborder la question de la défiscalisation, permise par l’inscription de l’Abri du Marin aux Monuments historiques. Frédéric Tanter abordera la question de ces abris et leur devenir, tandis que des images anciennes du bâtiment seront projetées. Des sardines et des cornets de légumes frits seront proposés.
« Et puisque Mme Poitevin dit que nous faisons que « ran-ouenner » (radoter voire râler, en Douarneniste) sur ces sujets, nous allons mettre en place un banc des ran-ouenn à l’image de celui du port », précise Yuna Le Braz. « Car ce ton humoristique, ça au moins, nous l’avons encore », souligne-t-elle. « À défaut de logement à l’année », glisse son voisin.
A propos de la situation du logement à Douarnenez, lire par ailleurs sur PrendreParti …