Pour Carmen Castillo, la mémoire se conjugue au présent et au futur …

Carmen Castillo écrit et filme pour transmettre « la mémoire de ceux que l’on a bâillonnés, celle des luttes des générations passées, mais il s’agit d’une mémoire vivante, celle qui nourrit les combats futurs ». Invitée des récentes Rencontres Cinélatino de Toulouse, elle y a fait le point sur le changement politique et constitutionnel majeur en cours actuellement au Chili, et notamment sur le rôle des femmes ….

Carmen Castillo, auteure et réalisatrice (archive Cinélatino).
Carmen Castillo, auteure et réalisatrice (archive Cinélatino). © Laura Morsch pour Cinélatino

Réalisatrice et auteure, Carmen Castillo fait partie de la « famille » des Rencontres Cinélatino de Toulouse. Elle est venue à l’invitation du festival présenter son dernier livre Un jour d’octobre à Santiago, paru aux éditions Verdier.

Chassée du Chili en octobre 1974 alors qu’elle vivait dans la clandestinité depuis le coup d’État du 11 septembre 1973 avec son compagnon, le dirigeant du MIR, Miguel Enriquez, Carmen Castillo n’a jamais cessé de témoigner, de militer. Professeure d’histoire avant 1973, elle a travaillé auprès de l’ancien président Salvador Allende dans les pas duquel le nouveau chef de l’État Gabriel Boric a inscrit ses pas. « Comme l’avait prédit Salvador Allende il y a presque 50 ans, nous voici de nouveau, chers compatriotes, en train d’ouvrir de grandes avenues où passeront l’homme et la femme libres pour construire une société meilleure. Vive le Chili ! », a lancé le jeune chef de l’État en clôture de son allocution à la nation devant la présidence le 12 mars dernier.

Carmen Castillo écrit et filme pour transmettre la mémoire de ceux que l’on a bâillonnés, celle des luttes des générations passées, mais il s’agit d’une mémoire vivante, celle qui nourrit les combats futurs.

« Un jour d’octobre à Santiago », est d’abord paru chez Stock puis a été réédité en 1988 avec Lignes de fuite, qui raconte le premier retour à Santiago de Carmen Castillo en 1987. Les deux textes viennent d’être réédités chez Verdier. Des livres qu’il m’a été absolument nécessaire d’écrire à ce moment-là, raconte Carmen Castillo. Il s’agissait de « retisser les liens avec les morts, pour vivre tout simplement… Mais cette compagnie des morts n’est pas nostalgique ni mortifère, elle est une force ! » Le combat politique aujourd’hui est fort aussi de ces morts. « L’ange de l’histoire de Walter Benjamin est devenu l’ange de la barricade », selon Carmen Castillo, évoquant le soulèvement, la révolte d’octobre 2019 qui a ouvert la voie à la Constituante et à l’investiture de Gabriel Boric.

« La jeunesse au pouvoir aujourd’hui au Chili a la mémoire des vaincus, elle connaît nos livres et nos films », dit la réalisatrice lors de sa rencontre avec le public -nombreux- invité par les Rencontres Cinélatino et la librairie Ombres blanches de Toulouse. Et elle cite aussi les films de Patricio Guzman, qui mène un inlassable travail de mémoire et d’investigation et auquel le festival rend hommage. « Les œuvres ne changent pas le monde, elles l’éclairent autrement », écrit Jospeh Andras, dans sa belle préface au livre de Carmen Castillo. C’est une mémoire qui fait socle et ciment malgré la répression politique, le silence complice des principaux médias et le révisionnisme des manuels d’histoire.

Rencontres Cinélatino: Carmen Castillo lors de la rencontre-débat à la librairie Ombres blanches à Toulouse, le 28 mars.
Rencontres Cinélatino: Carmen Castillo lors de la rencontre-débat à la librairie Ombres blanches à Toulouse, le 28 mars. © Mathis Lenoir pour Cinelatino

Les femmes au cœur des luttes sociales…

Porteuses de cette mémoire, les femmes des quartiers populaires ont été au cœur des « protestas » des années 1983-84 et les chevilles ouvrières de la lutte pour les droits humains durant la dictature, par exemple dans les collectifs de mères de disparus ou les solidarités de quartiers qui se sont mises en place pour résister, survivre simplement face aux politiques économiques néolibérales mises en place par la dictature militaire.

Carmen Castillo nous rappelle que les jeunes filles ont été au cœur des batailles dans les années 2000 : occupation des lycées en 2006, puis dans les mobilisations lycéennes et étudiantes de 2011 pour un service public de qualité de l’éducation. Un moment où les collectifs féministes se multiplient et émergent les figures de Camila Vallejo -qui a le 3e poste au gouvernement, celui de secrétaire générale- et de Karol Cariola, maintenant députée. Même génération et proches du nouveau président Gabriel Boric qui a fait ses classes dans le même mouvement.

Des étudiantes de la conservatrice «université catholique» du Chili, à Santiago, manifestent contre les violences faites aux femmes, le 25 mai 2018.
Des étudiantes de la conservatrice «université catholique» du Chili, à Santiago, manifestent contre les violences faites aux femmes, le 25 mai 2018. REUTERS/Ivan Alvarado

Puis en 2018, il y a eu les occupations des universités par les étudiantes pour dénoncer les discriminations et violences sexistes et une grande marche à Santiago en mai. Un mouvement parti de Valdivia, dans le Sud, quand les étudiantes ont appris qu’un professeur de l’université allait simplement être muté après une accusation de harcèlement sexuel de la part d’une employée de l’établissement. Cette colère a donné sa couleur, son esthétique, sa force au large mouvement social de 2019 avec -entre autre- la performance du groupe LasTesis de Valparaiso qui a mobilisé les femmes du monde entier, rappelle Carmen Castillo.

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« La politique chilienne ne peut plus se concevoir sans la pensée et les actes des féministes, c’est impossible. Nous avons obtenu la parité à la Convention constituante et le gouvernement de Boric -avec sa parité-ne fait que rappeler ce que l’on doit aux mouvements féministes ». Et ce d’autant que les études -« que j’ai lues avant de rentrer » souligne Carmen Castillo -qui rentre tout juste du Chili où elle séjournait depuis le mois d’octobre- montrent qu’entre les deux tours, le million de votes des abstentionnistes qui a donné la victoire à Gabriel Boric était majoritairement celui de femmes jeunes, moins de trente ans, issues des milieux populaires. « Il y a une cohérence totale, un mouvement de fond et qui vient de loin ».

… et maintenant au pouvoir

Sur les 24 ministres du gouvernement de Gabriel Boric, 14 sont des femmes et elles occupent les postes régaliens de l’Intérieur, la Défense ou des Affaires étrangères. Des femmes qui ont grandi politiquement dans les luttes sociales pour certaines d’entre elles et sont devenues des figures centrales de la politique chilienne à l’image d‘Izkia Sitches médecin interne dans un hôpital public, « pendant la pandémie, toute jeune, à la tête de l’équivalent de l’Ordre des médecins, elle a sauvé le pays ». Dénonçant le système de soin chilien profondément inégalitaire, elle avait inlassablement plaidé auprès du gouvernement pour qu’il adopte une stratégie qui avait ses preuves ailleurs mêlant tests, traçabilité et isolement, multipliant les occasions pour faire de la pédagogie dans les médias et sur les réseaux sociaux… et maintenant « elle est au poste le plus difficile, celui de ministre l’Intérieur », souligne Carmen Castillo.

Autre figure emblématique de cette génération, la maire de la capitale Santiago, Iraci Hassler, élue en mai 2021, trentenaire aussi et issue également du parti communiste et militante étudiante en 2011. Dans une émission de télévision, elle a récemment remis à sa place un présentateur connu qui lui parlait avec condescendance parce que jeune et parce que femme. La vidéo est devenue virale depuis.

Autre personnalité emblématique de ce nouveau pouvoir, Maya Fernandez, fille de Beatriz et petite fille de Salvador Allende, nommée ministre de la Défense, « une personnalité, un caractère ». On peut encore citer les deux présidentes de l’Assemblée constituante, Elisa Loncon et Maria Elisa Quinteros, qui lui a succédé. Cette évolution était en germe, « il ne pouvait pas en être autrement », selon Carmen Castillo. Des femmes qui sont les héritières de celles -compagnes de lutte et de vie- évoquées par Carmen Castillo dans son livre comme Luisa, alias Lumi Videla, assassinée par la dictature militaire.

Une gauche ouverte et non dogmatique. « Des femmes de gauche, qui enrichissent la pensée de gauche en rappelant que le mot ‘égalité’ ne veut pas dire uniformité », souligne encore Carmen Castillo, ouvertes donc aux diversités sexuelles et aux revendications identitaires à l’image de  Gabriel Boric qui, lors de sa prestation de serment, a juré, selon la tradition de respecter la Constitution « devant le peuple chilien », mais en ajoutant « tous les peuples chiliens », en référence aux peuples autochtones, notamment Mapuches.

La mémoire des vaincus est l’énergie du présent

… disait Walter Benjamin, et donc du futur, explique Carmen Castillo : les luttes de libération du présent trouvent leur inspiration dans le sacrifice des générations vaincues, dans la mémoire des martyrs du passé. Ce qui se passe est majeur, « nous avons gagné », conclut Carmen Castillo, pour qui trop peu a été fait pendant les gouvernements qui ont précédé. Mais « sans romantisme », sans les flonflons de « la victoire finale », dans le contour encore flou d’une société « pas très bien dessinée ». Grâce d’abord au chantier de la nouvelle Constitution et maintenant de ce nouveau gouvernement élu démocratiquement. Elle rend hommage au nouveau président : « c’est quelqu’un qui est vulnérable, qui reconnaît qu’il ne sait pas, qu’il faudra écouter, être près des gens. » Et il aura à faire à un Parlement difficile, à de fortes oppositions, car si « le fascisme pinochétiste a été vaincu (dans les urnes), il prépare les attaques contre la Constituante ». Il faudra accompagner le travail de la Constituante, de ce gouvernement pour faire en sorte que le Chili ne soit plus ce pays « cruel » qu’elle dénonce, dans les pas de Raul Ruiz.


Cinéma: «On est vivants», la profession de foi de Carmen Castillo

Le film –  sorti le mercredi 29 avril sur les écrans français – s’ouvre sur des images des manifestations de mai 1968 et glisse sur le bureau de la réalisatrice, par ailleurs historienne et écrivain, Carmen Castillo. Des livres y sont posés, de Daniel Bensaïd, de John Berger, et des photos, celle de Miguel Enriquez, son compagnon et un des chefs du MIR chilien, mouvement d’extrême-gauche guévariste. On est à la fin des années 1960 et au début des années 1970, celles de tous les possibles pour ces jeunes qui, en France, scandaient alors « les luttes sont les mêmes à Sochaux et à Harlem, à Paris et à Phnom Penh ». Celles de tous les possibles, aussi, dans le Chili de Salvador Allende, pays d’origine de la réalisatrice – également militante du MIR – qui dans de précédents documentaires, comme Calle Santa Fé, explorait le fracas qui suivit la chute du gouvernement d’Allende et la terrible répression qui s’ensuivit.

Mais ces années-là, tant au Chili qu’en France, sont loin derrière et le « temps des certitudes » est révolu. « Quand les grandes espérances ont du plomb dans l’aile, les petites repoussent à ras de terre sur un sol dévasté, dans des résistances sans cesse recommencées et des conquêtes toujours remises en question », écrit le philosophe et militant trotskiste Daniel Bensaïd. La nostalgie de ces luttes et de cette « génération insolente » peu à peu rentrée dans le rang est improductive. « Nous qui étions pressés, poursuit Bensaïd, nous avons dû nous plier à la rude école de la patience et apprendre la lenteur de l’impatience… Changer le monde apparaît comme un but non moins urgent et nécessaire, mais autrement plus difficile que nous l’avions imaginé ».

Ses mots se déploient dans le film sur de larges et beaux plans, des toits de Paris aux douces collines du Paranà, comme pour permettre à la réflexion de prendre du champ. Comme pour prendre de la hauteur aussi, peut-être, par rapport aux difficultés des luttes quotidiennes ? Les deux récits, les textes de Daniel Bensaïd et le questionnement de la narratrice, très écrits l’un et l’autre, se font écho. Les mots sont précis, pesés, nourris des oeuvres de Victor Serge et de Mariàtegui, et de poésie, loin des dogmes incantatoires.

De nouveaux mondes possibles

Le documentaire est composé de séquences tournées entre la France et l’Amérique latine à la rencontre de gens qui refusent le « cours inéluctable du monde » et résistent pour des causes aussi élémentaires et nécessaires que le droit à la terre, au logement, à l’eau, au travail, à la reconnaissance de leurs droits et de leur culture, le droit à une meilleure vie dans leur quartier. Carmen Castillo a choisi, au gré de ses voyages et de ses rencontres, quelques unes de ces luttes. Celles qui témoignent en creux de la dureté d’un monde en quête des meilleurs profits. Celles qui racontent explicitement, cette fois, à quel point se battre collectivement peut être difficile, mais aussi structurant et même joyeux.

El Alto, banlieue pauvre de La Paz en Bolivie, un quartier qui fut au coeur de nombreuses luttes sociales
El Alto, banlieue pauvre de La Paz en Bolivie, un quartier qui fut au coeur de nombreuses luttes sociales DR

Du Chiapas à Saint-Nazaire en passant par Marseille, la Bolivie ou le Brésil, elle dresse des portraits d’hommes et de femmes qui ont remisé leur peur pour aller au front et réfléchit à ce que l’engagement veut encore dire. Le point de départ du film et des luttes « à ras de terre », c’est la révolte de janvier 1994 au Chiapas. Ces Indiens qui « sans Bible ni grand frère » se sont mis en marche totalement à contre-courant de l’histoire de la « mondialisation heureuse », alors que leur pays entrait dans le Marché commun nord-américain avec les Etats-Unis et le Canada. A l’heure, donc, du libéralisme triomphant.

Une épopée que Carmen Castillo avait racontée dans un précédent documentaire, La véridique légende du sous-commandant Marcos et qui marque comme la résurgence d’une espérance. Ces luttes « à ras de terre », ce sont aussi ces femmes boliviennes qui, à Cochabamba, se sont battues pour empêcher la privatisation de l’accès à l’eau. Elles se définissent elles-mêmes comme des « comadres que van a la guerra », des copines en guerre. Parce que dans ces batailles-là, il y a non seulement des coups à prendre mais aussi des balles. La guerre de l’eau a fait des morts et des blessés en Bolivie.

Carmen Castillo : «Les femmes de Marseille sont les héroïnes des temps contemporains»

Autres luttes et autres femmes, à Marseille cette fois. Fadela, Fatima et Karima habitent les quartiers Nord de Marseille « où le chiffon rouge des crimes et faits divers agité sous nos yeux » cache la réalité des lieux et de ceux qui les habitent. Trois femmes qui se bagarrent pour recréer des solidarités et réinventer une dignité, dans ces quartiers périphériques de la grande métropole méridionale abandonnés des pouvoirs publics. Et l’on sent dans les images une empathie très forte pour ces femmes, leur complicité et leurs rires partagés.

Ces luttes sociales permettent aussi de tisser des liens forts. Les sans-logis qui, à Paris et ailleurs, occupent des immeubles vides, et campent sur les trottoirs, racontent avec émotion et force combien leur lutte peut être une colonne vertébrale. « A leur manière, les mouvements sociaux ont toujours produit de la politique, analyse Bensaïd. Les mouvements de femmes ou de sans-papiers produisent de la politique quand ils obligent à reconsidérer la notion de citoyenneté ».

Ce n’est pas de « déchiffrer la machine » néolibérale qui intéresse la réalisatrice, mais de faire une place à ceux qui inventent de nouvelles solidarités, de nouveaux mondes possibles et parmi ces groupes, le Mouvement des sans-terre (MST) au Brésil. « Je dis à tout le monde : allez étudier les sans-terre », explique à RFI Carmen Castillo qui nous emmène sur les pas de Daniel Bensaïd toujours, dans les collines rouges du Paranà, où le MST occupe les domaines en jachère des « latifundistas » – aux cris de « ocupar, resistir, producir ! » et invente depuis trente ans de nouvelles formes d’organisation.

Une bataille sans cesse recommencée

Le documentaire interroge les différentes formes d’organisation, sociales ou politiques et leur lien avec le pouvoir. Au Brésil, Lula da Silva issu du Parti des travailleurs (PT) et des luttes populaires, est élu à la présidence en 2003 et en Bolivie, Evo Morales, Indien cultivateur de coca, arrive au pouvoir en 2005. Mais, malgré ces victoires symboliques et le chemin parcouru, beaucoup reste à faire. « Je voulais une victoire et je l’avais avec la Bolivie », explique à RFI, Carmen Castillo. Mais il faut se demander aussi « pour quoi on arrive au gouvernement, demande une jeune militante bolivienne, la discussion n’est pas finie ». « Il ne suffit pas de gagner une élection » rappelle Gégé, militant des Sans-terre et fondateur du PT. Beaucoup reste à faire, il faut savoir faire preuve d’une « lente impatience ».

« Lutter pour s’épargner la honte de ne pas avoir essayé »

Christophe était l'un des leaders de la grève à la raffinerie de Donges
Christophe était l’un des leaders de la grève à la raffinerie de Donges DR

Autre bataille exemplaire, celle des ouvriers de la raffinerie de Donges, dans l’ouest de la France. Elle s’est soldée par une défaite, mais celle-ci a un goût de victoire. « Les gens que j’ai rencontrés [dans le cadre deces luttes], je sais que ce sont des gens sur lesquels je vais pouvoir compter toute ma vie, raconte un leader syndical… Alors pour moi, c’est une vraie victoire : on a progressé, je connais plus de camarades que je n’en ai jamais connu, et la prochaine fois, ils ne nous battront pas ! » L’envie de changer le monde est souvent pressante et l’espoir d’y parvenir à court terme peut être bien mince. Mais ce qui compte, c’est de « rester fidèle à ce qu’on fut, c’est ne pas céder à l’injonction des vainqueurs, ne pas rentrer dans le rang », explique Daniel Bensaïd.

Le plus grave, conclut-il, « ce sont les défaites de l’intérieur, par abandon, par désenchantement, reniement et trahison ; les défaites sans combat qui sont d’abord et avant tout des débâcles morales ». Voilà donc un film, et des histoires, dans lesquels il ne peut y avoir de mot «Fin ».

→ Retrouvez Carmen Castillo dans l’entretien réalisé avec Julio Feo (en espagnol)

Les Indiens de Cochabamba se sont battus contre la privatisation de l'eau en Bolivie.

Carmen Castillo

Dans l’émission ‘Strophes du 15.02.1988 –

Bernard Pivot reçoit Carmen Castillo pour son récit autobiographique « Ligne de fuite ». Elle y raconte un séjour de quelques semaines qu’elle a effectué au Chili après plusieurs années d’exil en Europe. Elle parle notamment de la honte d’être une survivante, son mari et ses amis ayant été torturés et tués par les sbires du général Pinochet, de la mémoire déformée de ses compatriotes, de « la férocité des souvenirs » qui détruit tout espoir de vivre le présent, de l’accueil de sa famille, de son identité partagée entre son pays de naissance et celui qui l’a recueillie . Une vidéo INA de 14’37 » : c’est par ici …


Retrouvez Carmen Castillo en 2019 sur PrendreParti.com …

Au Chili, les multinationales possèdent tout …