Le Black friday, un enfer social et écologique illégal en France

En ce vendredi « black », les géants du e-commerce continuent de faire la claque, pendant que nos placards et notre planète craquent. Le Black friday, grand-messe de la surconsommation est théoriquement interdit en France mais continue son essor sur Internet. Cette année encore, les ventes se sont emballées à l’occasion de la grand-messe mondiale du shopping …

Un mort à New York écrasé par la foule en 2009 lors du Black Friday
Il était vigile d’un magasin, en a ouvert les portes et s’est fait piétiner…
Revoir cette compilation d’images de scènes d’émeutes dans les magasins aux Etats-Unis signée Andrew Lanoue . Un clip de 3’04 » signé « M.O.I Black Friday » (Version home made) …

Enfer social et écologique, le Black friday est hors-la-loi en France

Cet événement est tristement célèbre pour les scènes d’émeutes régulières entre consommateur·rices, qui s’arrachent littéralement les promotions. Mais la pandémie, qui a largement freiné le commerce physique pendant l’année 2020, a accéléré l’essor du Black friday sur Internet : cette année-là aux Etats-Unis, entre la fête de Thanksgiving (la veille) et le « Cyber monday » (le lundi suivant), 36 milliards de dollars ont été dépensés en ligne, selon Adobe. Le phénomène devrait se poursuivre cette année.Les géants du e-commerce que sont Alibaba ou Amazon se frottent les mains. L’an dernier, la firme de Jeff Bezos a réalisé plus de 20 milliards de dollars (17,74 Mds€) de chiffre d’affaires ce week-end-là (Fortune). Ce vendredi, au petit matin, des militant·es d’ANV-COP21 se sont rendu·es devant les bureaux marseillais de la CMA-CGM, géant du transport maritime, pour pointer du doigt l’impact écologique et social du Black friday et de ses champions.

Les grandes firmes du e-commerce, prises pour cibles par les militant·es d’ANV-COP21 ce vendredi © ANV-COP21

Les conditions de travail épouvantables d’Amazon, ou sa surveillance des syndicalistes et écologistes, sont désormais largement documentées, tout comme son effet néfaste sur l’emploi : en 2019, une note de l’ancien secrétaire d’État et député LREM Mounir Mahjoubi affirmait que pour chaque poste créé dans ses entrepôts, Amazon détruit entre 1,9 et 2,2 emplois au sein des commerces physiques (Le Monde).L’action d’ANV-COP21 fut aussi l’occasion de rappeler que les produits – bien physiques – du e-commerce traversent la planète sur des porte-conteneurs. Et que cette envolée a des conséquences écologiques désastreuses, avec la vente de milliards de produits neufs, gourmands en ressources et très émetteurs de CO2. Parmi les stars du « vendredi noir », les vêtements (2% des émissions mondiales – Ademe) et les équipements électroniques (le numérique est responsable de 4% des émissions).

Votée au printemps 2020, la loi antigaspillage prévoit pourtant l’interdiction « dans une publicité, de donner l’impression, par des opérations de promotion coordonnées à l’échelle nationale, que le consommateur bénéficie d’une réduction de prix comparable à celle des soldes », en-dehors des périodes de soldes définies par la loi, a rappelé l’association Zero waste France. Les promotions liées au Black friday sont donc hors-la-loi, passibles d’une peine d’emprisonnement de deux ans et d’une amende de 300 000 euros. « Le Black Friday c’est une opération promotionnelle d’ordre privé, je n’ai pas la possibilité de l’interdire », s’était défendu le ministre de l’économie, Bruno Le Maire, sur BFMTV il y a un an. Il est encore temps de se racheter.

Source : Vert, le média qui annonce la couleur


Consommation : les anti « Black Friday » rêvent d’une journée plus verte et moins consumériste

Consommation : les anti « Black Friday » rêvent d’une journée plus verte et moins consumériste
Venue des États-Unis, le « Black Friday » est une opération commerciale qui s’est diffusée à travers le monde, avec toutes ses dérives… © Crédit photo : NELSON ALMEIDA / AFP
Remplacer « Black Friday » par « Green Friday », dénoncer les arnaques des fausses promotions, boycotter Amazon : voici certaines doléances de groupes qui dénoncent le consumérisme débridé des fêtes de fin d’année.

En Amérique du Nord et en Europe, de nombreux sites de ventes en ligne et magasins vont proposer des offres promotionnelles vendredi, traditionnel coup d’envoi de la saison des achats de Noël. Les analystes du site Adobe s’attendent à des dépenses mondiales de 910 milliards de dollars sur internet entre début novembre et fin décembre, une hausse de 11 % par rapport à 2020, et ce malgré l’inflation et les perturbations de la chaîne d’approvisionnement.

Face à cette frénésie dépensière, des associations et des groupes d’internautes s’élèvent contre les excès et les absurdités de « Black Friday ».

Appel au boycott

« Il est ridicule qu’une journée soit si rentable pour les patrons alors que les travailleurs sont payés comme d’ordinaire », peut-on lire sur un populaire forum « anti-travail » (r/antiwork) de la plateforme Reddit, qui compte plus d’un million de membres.

Le groupe a vu son nombre d’abonnés, qui se font ironiquement appeler les « fainéants », grimper en flèche cet automne. Cette croissance coïncide avec le nombre record de 4,4 millions d’Américains ayant quitté leur emploi en septembre, un mouvement parfois qualifié de « Grande Démission ».

Plusieurs messages y relaient la campagne « Black Friday Blackout » (Boycotter Black Friday), qui incite les consommateurs américains à ne pas travailler et à ne surtout rien acheter vendredi.

Amazon dans le viseur

Amazon, qui a lancé sa campagne promotionnelle jeudi et génère de juteux bénéfices à cette période de l’année, concentre l’essentiel des attaques.

« Make Amazon Pay » (Faire payer Amazon), une coalition internationale d’une quarantaine d’organisations, dont Greenpeace et Oxfam, accuse le groupe de Seattle de placer les profits avant le bien-être de ses employés et soutient les salariés souhaitant manifester contre leurs conditions de travail ou se mettre en grève vendredi.

Au Royaume-Uni, la fédération représentant les détaillants indépendants (Bira) estime que 85 % de ces petits commerçants vont boycotter « Black Friday », entre autres pour protester contre des abus de position dominante du géant du commerce en ligne qui se sont accentués pendant la pandémie.

Tromperie sur la marchandise

Le groupe fondé par Jeff Bezos et des chaînes de grands magasins sont également critiqués pour des pratiques commerciales jugées malhonnêtes.

Sur internet, des consommateurs citent de nombreux exemples de produits dont le prix est gonflé quelques jours avant « Black Friday », puis abaissé le jour même pour faire croire à un rabais.

Les entreprises « peuvent rendre une promotion plus attractive en disant « seulement 499 dollars aujourd’hui au lieu de 1 299 dollars, quelle affaire ! » alors que 3 semaines avant le même produit valait littéralement 499 dollars », résume un membre du forum anti-travail de Reddit.

L’association britannique de défense des consommateurs Which ? a calculé que 99,5 % des produits soldés lors du dernier « Black Friday » chez 6 grands revendeurs (Amazon, AO, Argos, Currys, John Lewis et Richer Sounds) étaient affichés au même prix ou moins cher à d’autres périodes de l’année.

Des marques à contre-courant

« Black Friday » est également vilipendé pour son impact sur l’environnement, notamment la hausse des gaz à effet de serre causée par la surconsommation. Depuis 2018, le collectif d’associations « Green Friday », organise des opérations de sensibilisation à ces thématiques (ateliers, conférences, débats) en France et en Belgique avec le soutien de la mairie de Paris.

Le réseau « Make Friday Green Again », lancé par le groupe d’habillement FAGUO, regroupe lui 1 200 marques françaises en faveur d’une consommation « plus raisonnée », qui encouragent le recyclage, la réparation d’articles ou l’achat de produits d’occasion.

Certaines marques mènent des actions individuelles comme le fabricant français de vêtements Aigle, qui fermera plusieurs de ses enseignes vendredi et désactivera sa boutique en ligne pendant 24 heures pour la remplacer par un site de seconde main.

Le groupe américain d’articles de sport REI organise depuis 2015 l’opération #optoutside (allez vous promener) pendant « Black Friday », fermant ses magasins et incitant ses salariés à passer du temps en famille ou avec leurs amis.

Courant novembre et dans une trentaine d’enseignes aux États-Unis, la chaîne suédoise IKEA proposait aux membres de son programme familial d’échanger des meubles usagés contre des crédits à dépenser en magasin et à l’ensemble de ses clients d’acheter des produits d’occasion …


En savoir plus sur Green Friday : https://greenfriday.fr/

Voir par ailleurs sur PrendreParti

Et si le Black Friday devenait Green ?