La famille Schroeck-Le Leuch jongle pour l’amitié franco-allemande

Dans la famille Schroeck-Le Leuch, il y a Caroline, la mère, Gilles, le père, et les deux filles Gwendoline et Gwenaël. Les arts du cirque, c’est toute leur vie. Un pied à Berlin, l’autre dans le Morbihan où ils encadrent chaque été, un échange entre jeunes franco-allemands. L’histoire peu banale d’un gars de Plouhinec devenu, au sortir d’un long couloir de petits boulots, chauffeur de poids lourd pour un cirque allemand …

Entre Plouhinec et Berlin, ils jonglent pour l’amitié franco-allemande

Un article signé Sophie Prévost dans Le Télégramme du 3 août 2020
Dans la famille Schroeck-Le Leuch, il y a Caroline, la mère, Gilles, le père, et les deux filles Gwendoline et Gwenaël. Les arts du cirque, c’est toute leur vie. Un pied à Berlin, l’autre à Plouhinec, ils encadrent chaque été un échange entre jeunes franco-allemands. La Covid-19 a mis à mal l’édition bretonne 2020.

Famille Gilles Le Leuch
De gauche à droite : Gilles Le Leuch, Gwendoline et Gwenaël et Caroline Schroeck, un pied à Berlin, l’autre à Plouhinec depuis toujours. (Le Télégramme / Sophie Prévost)

Prenez d’abord Gilles, 58 ans. Natif de Nestellic, en Plouhinec (Morbihan), ce fils d’un marin de commerce a fait le grand écart, loin de sa Bretagne natale. Gilles Le Leuch manie désormais aussi bien la langue allemande que le diabolo, avec lequel il jongle depuis 30 ans. À ses côtés, sa femme Caroline Schroeck, 54 ans, chatouille le français avec l’accent de Düsseldorf. Son truc à elle : la souplesse de la corde et du tissu aérien. Gwendoline, leur fille aînée de 23 ans, enseigne et se produit désormais au hula-hoop en Allemagne. La petite dernière de 16 ans, Gwenaël, donne dans le diabolo, comme papa. Le tout forme une « Schroeckleloecks Familie », qui vit et respire arts du cirque, depuis la rencontre de Gilles et Caroline, en 1987. « On a dû annuler l’échange franco-allemand à cause du coronavirus. C’est partie remise pour Plouhinec l’été prochain »

À demeure à Plouhinec

Au début du confinement, en mars 2020, Gilles, Caroline et Gwendoline sortaient de 600 représentations Outre-Rhin de leur « Grand Hôtel », un spectacle choral mêlant théâtre, art clownesque et acrobaties, « de ceux popularisés par un Patrick Sébastien en France », commente le couple franco-allemand. Le coronavirus a évidemment stoppé toute activité. On retrouve la famille au complet, ce 27 juillet 2020 à Plouhinec. Dans la maison de famille de Gilles Le Leuch. « Celle où j’ai grandi avec ma sœur et mes parents et où nous espérons nous installer définitivement avec Caroline, dans les années qui viennent ». Le portique d’entraînement trône dans le jardin. Même sans spectacle, c’est entraînement obligatoire tous les jours.

Gilles Le Leuch en pleine répétition, lors de l’échange franco-allemand, en juillet 2019, à Berlin.
Gilles Le Leuch en pleine répétition, lors de l’échange franco-allemand, en juillet 2019, à Berlin. (Photo : DR)

Où sont les jeunes ?

Il y a deux ans à pareille époque, 20 jeunes Allemands et Français répétaient un spectacle de fin de séjour à Nestellic. Parmi eux, certains se sont retrouvés en août 2019 pour dix jours d’un nouvel échange à Berlin. Le groupe, en partie renouvelé, devait de nouveau vivre l’expérience de la co-production estivale made in Schroeckleloecks, à partir de ce 24 juillet 2020. « On a bien entendu annulé, à cause de la Covid-19. On espère remettre ça en Bretagne en juillet 2020 ». Le premier échange a démarré en 2014. « Tout est parti d’une fête familiale pour mes 50 ans à Plouhinec, raconte Gilles Le Leuch. On avait fait une longue table, ça parlait français et allemand, l’ambiance était tellement chouette qu’on a eu envie de prolonger cette rencontre. On donnait déjà des cours de jonglage et de trapèze. Alors un échange franco-allemand artistique avec des jeunes, pourquoi pas ? L’Ofaj (Office franco-allemand pour la jeunesse) nous a suivis. Le tout premier groupe a été constitué avec des Bretons proches de la famille et les copines de Gwendoline à Berlin. Et nous voilà ! »

« J’avais l’impression d’être maladroit. Et pourtant je me suis mis au jonglage »

« J’ai dompté ma peur »

« C’est le cirque Krone qui nous a réunis, rembobine Gilles Le Leuch. Lui était chauffeur et comptait démissionner. « J’ai changé d’avis quand j’ai vu la jolie jeune femme passer à vélo. C’était Caroline. J’ai bien fait d’attendre un peu… ». Voilà le Breton, pas encore germanophone, mettant le cap sur Berlin avec sa dulcinée, six mois avant la chute du Mur. En 1990, ils s’inscrivent pour trois ans dans une école de cirque. À 24 et 27 ans. « J’avais l’impression d’être maladroit, et pourtant je me suis mis au jonglage », raconte Gilles. De danseuse, Caroline est, elle, devenue acrobate aérienne. « Ce n’était pas mon premier choix. J’ai dû apprendre à dompter ma peur ». Après la naissance de Gwendoline, en 1997, le couple, baladant alors son « Cirq’enflex », a passé pour la première fois cinq mois en Bretagne. « On a eu une résidence et une tournée grâce au Fourneau à Brest, termine le couple. Ils nous ont fait revenir en 2000. C’est une expérience inoubliable ».


Le grand saut dans le monde du cirque

Un portrait de Gilles Le Leuch signé Jean Luc Germain paru dans  Le Télégramme de Brest du 30 avril 1997 lors de l’accueil de Cirqu’enflex sur le Parc à Chaînes …
Originaire de Plouhinec (56), Gilles Le Leuch a quitté le Morbihan voici dix ans. Au sortir d’un long couloir de petits boulots, il est devenu chauffeur de poids lourd au cirque allemand Krone. Aujourd’hui le plaisir de la piste a donné un sens à sa vie. Copropriétaire du chapiteau de Cirqu’enflex, il prépare à Brest une nouvelle création. « J’ai été barman, monteur en chambre froide, marin et surtout chômeur, beaucoup. Ce n’est pas facile de quitter le petit village où on a grandi. Ailleurs ça paraît toujours mieux, j’ai souvent essayé sans succès ».Et puis un jour de 1986, Gilles Le Leuch, enfant de Plouhinec, répond à une petite annonce pour devenir chauffeur de poids lourd au cirque allemand Krone, l’un des derniers chapiteaux mastodontes d’Europe. Au début de l’année suivante, le grand saut est fait. Le Breton arrive à Munich avec 50 centimes en poche et pas un mot d’allemand en tête. Il n’a surtout jamais conduit de camion. Premiers pas dans les airs « Le premier voyage vers Karlsruhe a été fantastique. Je transportais les mâts et j’ai pris conscience de ma place dans cette microsociété qu’est le cirque. En même temps le mythe de la grande famille en prend un sacré coup. On mangeait peu, on était mal payés et il ne restait pas beaucoup de temps pour soi », explique-t-il.L’idée de voler de ses propres ailes fait déjà son chemin. Un an plus tard, avec sa femme, danseuse chez Krone, il demande à un marchand berlinois d’articles de jonglage s’il connaît une bonne école de cirque. « C’est au coin de la rue à gauche, au deuxième étage ». La réponse le surprend encore, mais c’était vrai. Gilles Le Leuch y apprend les rudiments du diabolo et fait ses premiers « pas » dans les airs, malgré un très grave accident et trois interventions chirurgicales.Au médecin qui l’opère il dit « réparez moi ça vite, car je commence bientôt ma formation d’acrobate ». Un chapiteau en copropriété La foi dans son destin artistique a déjà gagné. Il a beau « tout rater » lors de sa première prestation publique au Caméléon, un « Variété » (music-hall à l’ancienne) enfiévré par la chute du mur de Berlin, il sait désormais que sa vie et le cirque ne feront plus qu’un. Au début des années 90, il croise la route de Cirqu’enflex et bâtit le projet d’un cirque collectif, avec chapiteau en copropriété et prise de risque commune.
L’esprit qui y souffle, surréaliste et iconoclaste, fait surgir les angoisses et la banalité quotidiennes sur la piste et connaît le succès en Allemagne, en Suisse, en Belgique, au festival des arts de la rue d’Aurillac. La vie sur scène « Quand le spectacle et la vie sont aussi liés, on met forcément la vie sur scène. Ce que nous proposons n’est pas seulement une technique, c’est nous. Chacun injecte son vécu dans sa discipline pour raconter l’histoire de trois couples en quête de communication, entre eux, avec les spectateurs et leur époque », résume Gilles Le Leuch.
Son accent, un peu traînant, vaguement germanique, trahit une lente mutation. « Je ne suis pas allemand, mais je ne suis plus breton. J’aime la vie itinérante que j’ai choisie. Mais malgré les voyages, je ne pensais pas avoir autant besoin de revenir. Quel bonheur d’être ici, dix ans après mon départ ».
Jean-Luc GermainAprès quatre mois de résidence à Brest, Cirqu’en flex donna neuf représentations de « Zoom », sa dernière création, sur le port de commerce. Du 30 avril au 10 mai 1997. En savoir plus sur la résidence c’est par là …


A retrouver en ligne par ici …


Gilles et son diabolo croqués par un ami sculpteur …


Le numéro de diabolo d’ANTOINE  ( Programm « Youkali » im Friedrichsbau Variete en 2012)


Plouhinec. Un huitième échange franco-allemand pour s’adonner aux arts du cirque

Dans le cadre d’un partenariat entre la famille Schroeck-Le Leuch et le festival du Chant de L’Eucalyptus, un spectacle d’acrobaties aura lieu le vendredi 22 juillet 2022. Un article publié dans l’Ouest-France du

Un échange franco-allemand à Plouhinec tourné vers les arts du cirque.
Un échange franco-allemand à Plouhinec tourné vers les arts du cirque. | OUEST-FRANCE

Cette rencontre composée d’adolescents berlinois et bretons, est subventionnée depuis le début par l’office franco-allemand de la jeunesse. Pendant une dizaine de jours, les jeunes des deux nationalités vivront, discuteront, mangeront et s’entraîneront ensemble aux arts du cirque.

L’échange franco-allemand

Dès le début de la rencontre, des heures seront consacrées à la préparation du spectacle, supervisé par une metteuse en scène, en partageant un moment de découverte ludique des arts du cirque. La représentation finale aura pour thème les déchets, le gaspillage et les regards croisés sur la vision de l’écologie en France et en Allemagne.

Une famille à l’initiative de cet échange

Dans la famille Schroeck-Le Leuch, il y a Caroline, la mère, Gilles, le père, et les deux filles, Gwendoline et Gwenaël. Les arts du cirque, c’est toute leur vie. Un pied à Berlin, l’autre à Plouhinec (Morbihan), ils encadrent, chaque été, un échange entre jeunes franco-allemands.
Gilles, natif de Nestellic à Plouhinec, fils d’un marin de commerce, a fait le grand écart, loin de sa Bretagne natale, et manie désormais aussi bien la langue allemande que le diabolo, avec lequel il jongle depuis trente ans.
En mars 2020, toute la famille sortait de 600 représentations d’un spectacle choral mêlant théâtre, art clownesque et acrobaties.

Le festival du Chant de l’Eucalyptus partenaire.

Les organisateurs du festival ont accueilli cette proposition de partenariat avec intérêt.
Car au-delà du projet culturel et musical, le festival du Chant de l’Eucalyptus, qui aura lieu le 22 et 23 juillet 2022, c’est aussi un projet associatif avec des centaines de bénévoles et de nombreux partenaires, partageant les mêmes valeurs : l’ouverture sur le monde, la défense de la culture sous toutes ses formes, la protection de l’environnement, la valorisation de la jeunesse et de ses talents.

Les jeunes artistes présenteront leur spectacle acrobatique au public le vendredi 22 juillet 2022 dans une clairière à proximité immédiate du festival de 16 h 30 à 17 h 30 au pied d’un majestueux Eucalyptus. Accès libre.