Détournement des questions sanitaires pour instaurer une société de contrôle ?

« Société de contrôle », démocratie « suspendue »… Alors que le Conseil constitutionnel a validé le passe sanitaire , des milliers d’opposants restent mobilisés en France. Pour cette quatrième journée de manifestation ce samedi 7 août, les chiffres de participation ont encore augmenté, selon le ministère de l’intérieur, ce qui est inédit en cette période estivale …

Dans un article signé Gaspard d’Allens paru le 3 août 2021 dans Reporterre, la philosophe Barbara Stiegler décrit un pays fracturé où l’on oppose deux camps, celui du bien et celui du mal …
Reporterre — Comment vivez-vous la période actuelle?

Barbara Stiegler — Difficilement. J’ai le sentiment que l’on s’enferre dans une impasse politique et sanitaire. Les décisions prises par le gouvernement depuis le 16 mars 2020 construisent un pays fracturé où l’on oppose deux camps, celui du bien et celui du mal. On construit un affrontement entre vaccinés et antivax, créant un état de sidération dans la société qui empêche de penser et d’appréhender les questions avec nuance et précision. Toute position critique vous condamne à une dissidence invivable. À un an de l’élection présidentielle, c’est extrêmement inquiétant. En renvoyant toute forme de contestation à l’extrême droite, tous les ingrédients d’une crise politique majeure sont là.

Et je ne vois pas de porte de sortie. Depuis le début de l’épidémie, le gouvernement n’a cessé de brandir des solutions miracles : le confinement d’abord, le couvre-feu, les nouveaux vaccins et maintenant le passe sanitaire. Mais cela ne fonctionne pas comme ça. En santé publique, il faut une stratégie diversifiée, une panoplie d’outils ciblés, de l’accompagnement, de la précision. Là, au contraire, les dispositifs mis en place sont extrêmement brutaux et simplistes.


En quel sens ?

Le passe sanitaire en est l’illustration. Le caractère « sanitaire » du dispositif n’est nullement démontré. Pour que la vaccination soit réellement efficace, il faudrait cibler en priorité les personnes à risque, les personnes âgées, celles et ceux qui vivent avec des facteurs de comorbidité aggravants et qui sont éloignés du système de santé. Il faudrait recueillir leur consentement éclairé, les suivre, les accompagner. Ce qui implique un ensemble d’actes de soin et non des mesures de police. Et qui suppose donc le déploiement massif de personnels de santé, eux-mêmes formés et informés des risques et des bénéfices du vaccin.

Mais le gouvernement préfère [utiliser la menace. Au lieu de cibler les populations à risque, il exerce sur l’ensemble des Français un véritable chantage. Si la menace au code QR fonctionne pour les populations les mieux insérées socialement, elle est globalement inopérante pour les publics précaires et fragiles. Le gouvernement laisse les citoyens livrés à eux-mêmes, seuls devant leurs applications numériques.

Le passe sanitaire. © E.B/Reporterre

Pourquoi le gouvernement a-t-il fait ce choix ?

Parce que, outre l’ivresse que procure l’excès de pouvoir, il refuse de revenir sur sa doctrine néolibérale. Depuis le début du quinquennat, le gouvernement démantèle les services publics et mène des politiques d’austérité qui affaiblissent l’hôpital, les services sociaux, le système éducatif. Au lieu de reconnaître ses torts et ses responsabilités, il transforme les victimes de sa propre politique — à savoir les citoyens — en coupables. Il les rend responsables de la situation présente. Il pointe leur prétendu « relâchement », insiste sur leur ignorance, leur irrationalité ou leur penchant sectaire. Depuis un an et demi, son état d’esprit n’a pas changé. Il privilégie toujours la répression, le contrôle et la mise au pas de la population. Il n’hésite pas non plus à manipuler les chiffres et à diffuser des informations fausses ou tronquées.

Lesquelles par exemple ?

Quand vous vous faites vacciner, ce qui a été mon cas, vous devez signer un formulaire de consentement. Mais c’est un consentement extorqué et pas réellement éclairé. Le formulaire ne donne pas toutes les informations, il n’évoque que des effets secondaires tout à fait bénins — des douleurs au point d’injection, des petites migraines — mais par exemple, il ne fait pas mention des risques de complications cardiaques pour les jeunes. Ça n’a pourtant rien d’anodin, les myocardites peuvent conduire à des hospitalisations et des réanimations [1]. Une politique sérieuse de santé publique impliquerait que l’on ait une discussion contradictoire et documentée sur la question de savoir s’il faut vacciner les jeunes et les mineurs [2]. La réponse n’est absolument pas certaine. Le bénéfice-risque leur est défavorable et le bénéfice collectif n’est pas avéré : il consiste uniquement en un pari sur l’immunité collective et sur l’extinction supposée des nouveaux variants.

« Promettre aux plus jeunes que nous reviendrons à une vie normale après leur vaccination est au mieux une illusion, au pire un mensonge », dit Barbara Stiegler. MaxPixel/CC0 1.0

Il faut arrêter de présenter ces deux doses de vaccin Pfizer comme une sorte de panacée. Croire que la vaccination massive de toute la population va bloquer les variants est un pari hasardeux. Les variants vont probablement continuer à entrer par les frontières, car nous ne vivons pas dans un bunker ni sur une île. Il n’est pas impossible non plus que les variants contournent la vaccination et que l’on assiste à un échappement immunitaire. Promettre aux plus jeunes que nous reviendrons à une vie normale après leur vaccination est au mieux une illusion, au pire un mensonge. Même Jean-François Delfraissy [le président du conseil scientifique] et le Comité consultatif national d’éthique (CCNE) le reconnaissent [3].


Que faudrait-il faire alors ?

Nous devons protéger en priorité les populations à risque par la vaccination et l’information. Il faut multiplier les soins précoces. Dans mon tract De la démocratie en pandémie, je rappelle que la situation que nous vivons n’est pas simplement une épidémie à diffusion mondiale, mais une « syndémie », pour reprendre l’expression de Richard Horton, le rédacteur en chef de la revue internationale de médecine The Lancet.

Le Covid-19 ne nous menace pas tous à égalité. C’est une maladie létale et dangereuse pour des publics déjà fragilisés. Elle vient révéler le tableau sanitaire négatif des pays occidentaux, avec leur population vieillissante et souffrant de polypathologies chroniques. En creux, le Covid-19 pose une question sociale et écologique. Dans les pays industrialisés, plus les inégalités augmentent, plus les maladies chroniques explosent et plus le Covid-19 flambe. Notre mode de vie est aussi, en partie, responsable de la situation actuelle avec la sédentarité, l’alimentation industrielle, le stress, l’augmentation de l’obésité et des cancers, etc.

Manifestation le 14 février à Paris pour demander une hausse des salaires et des effectifs dans le milieu hospitalier. © Mathieu Génon/Reporterre

Appelez-vous à manifester contre le passe sanitaire ?

Oui, et j’ai moi-même manifesté la semaine dernière [à Marseille, le samedi 24 juillet]. L’argument selon lequel il n’est pas question d’aller manifester aux côtés d’électeurs d’extrême droite est ici de mauvaise foi. Il n’est jamais évoqué quand il s’agit de manifester contre un attentat terroriste ou pour soutenir la police. Récemment, des membres du Parti socialiste (PS), d’Europe Écologie-Les Verts (EELV) et du Parti communiste (PCF) ont marché aux côtés du syndicat de police Alliance et à côté du Rassemblement national (RN), et cela ne leur a posé visiblement aucun problème.

« Nous vivons un point de bascule. »

Je trouve étonnant que cet argument soit évoqué maintenant, et pas dans les autres situations. Devant de telles remises en cause de nos libertés, la gauche et la société civile devraient se mobiliser dans la rue pour ne pas laisser l’extrême droite ramasser la mise. Le mouvement naissant est éruptif, spontané, hétéroclite. Il y avait toutes sortes de gens dans la manifestation à laquelle j’ai participé, une réelle diversité, un mélange de générations et de classes sociales. J’ai croisé des soignants, des professeurs, des restaurateurs, des artisans, etc. Il me paraît fondamental de les soutenir. Ce mouvement est un signe de santé démocratique dont je me réjouis.

Des soignantes à la manifestation contre le passe sanitaire à Paris, le 24 juillet 2021. © Tiphaine Blot/Reporterre

Dans quel monde nous plongent la pandémie et ce passe sanitaire ?

Nous sommes désormais dans un régime où un seul homme peut décréter de manière arbitraire les détails les plus infimes et les plus intimes de nos vies. Nous vivons un point de bascule. Depuis un an et demi, une partie des classes supérieures semble avoir renoncé au modèle démocratique. Nos dirigeants sont fascinés par le modèle chinois et son approche technosécuritaire où tout est numérisé et où les autorités distribuent des permis de citoyenneté. C’est exactement l’esprit de ce passe prétendument « sanitaire ». Un nouveau mode de gouvernement est ici testé. Les autorités détournent les questions sanitaires pour instaurer une société de contrôle extrêmement invasive dans laquelle la démocratie est suspendue à l’aide des outils numériques et d’un discours permanent sur l’urgence.

Il faut bien comprendre que le Covid-19 n’est qu’une répétition générale. Ce n’est qu’un épisode parmi d’autres de la crise écologique. Des événements similaires risquent de se reproduire à l’avenir, avec la dégradation des écosystèmes et le réchauffement climatique. Il faut donc dès maintenant les anticiper, réfléchir à la manière dont nous souhaitons les surmonter, démocratiquement et non sur un mode autoritaire. Je suis très étonnée de voir qu’Europe Écologie-Les Verts ne s’empare pas réellement du sujet. Ils devraient se positionner beaucoup plus clairement contre le passe sanitaire. La gauche et les écologistes doivent se réveiller. Il est temps que les partis qui se disent progressistes rejoignent le front de la contestation, au Parlement comme dans la rue.


Manifestations contre le passe sanitaire : les opposants ciblent Macron

Un reportage réalisé pour Médiapart par Ismaël Bine et Matthieu Suc lors de la manif du 7 aout 2021 dans les rues de Paris …

Alors que le Conseil constitutionnel a validé le passe sanitaire et que celui-ci doit entrer en vigueur lundi, des milliers d’opposants restent mobilisés en France. Pour cette quatrième journée de manifestation ce 7 août, les chiffres de participation ont encore augmenté, selon le ministère de l’intérieur, ce qui est inédit en cette période estivale. Reportage à Paris.

 

Sur une pancarte, cette devise « Toute vérité officielle est par essence un mensonge étatique du capital ». Deux jours après que le Conseil constitutionnel a validé l’extension du passe sanitaire, le ton est donné.

Pour le quatrième week-end de suite, quelque 198 manifestations se sont tenues en France ce samedi pour protester contre le passe sanitaire, voire contre la vaccination obligatoire. Le ministère de l’intérieur a dénombré « 237 000 manifestants, dont environ 17 000, à Paris ». Des chiffres qui ne font qu’augmenter de semaine en semaine, alors qu’on est en pleine période estivale. Le même ministère de l’intérieur avait recensé au moins 204 000 manifestants le 31 juillet (dont 15 000 à Paris), contre 161 000 le 24 juillet et 96 000 la semaine précédente.

Plus que le vaccin, c’est la politique du gouvernement qui a provoqué cette mobilisation. Malgré une forte présence policière, les cortèges que Mediapart a suivis à Paris se sont déroulés dans le calme. Selon le ministère de l’intérieur, 35 personnes ont été interpellées en marge de ces manifestations et sept membres des forces de l’ordre ont été déclarés « blessés légers ».

La manifestation contre le passe sanitaire, samedi 7 août 2021. © MS/Mediapart La manifestation contre le passe sanitaire, samedi 7 août 2021. © MS/Mediapart

 

Cette manifestation était un test : un samedi en plein mois d’août alors que la loi élargissant le passe sanitaire à de nouveaux lieux publics et instaure une obligation vaccinale pour les soignants, a été publiée au Journal officiel vendredi et, qu’à partir de lundi, un certificat de vaccination, un test PCR négatif au Covid-19 ou un certificat de rétablissement de la maladie sera nécessaire pour pouvoir aller au restaurant ou prendre certains transports en commun.

En fin de matinée, ils étaient déjà plusieurs centaines à braver la pluie à la sortie de métro Pont-de-Neuilly, dans les Hauts-de-Seine, le regard résolument tourné vers la capitale.

« Citoyens en colère, dites son nom », harangue un gilet jaune.
« Liberté ! », lui répond la foule.

Parmi ces Français qui exigent de pouvoir choisir de se faire vacciner ou non contre le Covid-19, et qui entendent le faire savoir dans la rue, Christine, une diététicienne des Hauts-de-Seine, costumée en statue de la Liberté. Elle brandit une pancarte sur laquelle on peut lire « Liberté, consentement libre et éclairé ».

« Ma petite personne ne compte pas, ce que je défends, c’est la liberté de choisir », explique celle qui ne préfère pas dire si elle est vaccinée ou non. « On n’utilise pas la force pour un acte médical, poursuit-elle. On ne va pas vous forcer à faire une opération chirurgicale. Je me bats contre une société qui nous imposerait par la force une injection. Ce passe sanitaire représente une forme d’exclusion du consentement. » D’où le choix de son costume pour insister sur la liberté d’un consentement qui se veut – Christine sort de son décolleté une bougie électrique allumée – « éclairé ».

Non loin de la diététicienne passent deux jeunes femmes arborant des tee-shirts sur lesquels sont dessinés des doigts d’honneur accompagnés d’un slogan « Je ne suis pas un QR code ». Des sifflets retentissent quand le cortège passe devant une pharmacie, ouverte.

La colère des manifestants se concentre sur la figure du chef de l’État. © MS/Mediapart La colère des manifestants se concentre sur la figure du chef de l’État. © MS/Mediapart

Les manifestants de ce défilé ont surtout exprimé une contestation sociale et politique cristallisée sur la personne du président de la République. Souvent avec des mots peu amènes. « Macron, ta gueule, on en veut plus », « Emmanuel Macron, espèce de con, on vient te chercher », sont régulièrement scandés.On chante les « gilets jaunes », on parle des travailleurs. Dans son mégaphone, P’tit Louis, un jeune gilet jaune, s’en prend aux « gens de BFM » qui mentiraient « depuis trois ans ». La référence aux débuts de ce mouvement populaire qui durant plusieurs mois occupait les ronds-points et manifestait les samedis revient sans cesse.

Il y a « Madeleine » (un pseudo avec ses lunettes et perruque jaunes), « Laura » (un pseudo aussi avec son gilet jaune) et Georgette : les trois amies ne cachent pas leur engagement. Elles sont gilets jaunes « depuis le 17 novembre 2018 [la première manifestation – ndlr] », clament ces retraitées en chœur. Jeudi soir, elles faisaient partie des centaines de manifestants à manifester leur colère devant le Conseil constitutionnel alors que celui-ci venait de valider le dispositif du passe sanitaire.

Alors que plus de 44 millions de Français ont reçu au moins une dose (65,9 % de la population), elles considèrent qu’Emmanuel Macron a échoué. « Il voulait monter le peuple entre vaccinés et antivax mais ça ne marche pas », tempête Georgette qui explique que beaucoup de gens participant au défilé sont vaccinés comme elle.

La conversation se concentre sur la figure du chef de l’État. « Il communique sur TikTok [le réseau social très populaire chez les jeunes – ndlr], il nous fait honte ce président en tee-shirt [dans une de ses vidéos diffusées cette semaine Emmanuel Macron apparaissait en tee-shirt – ndlr]. Il s’adresse aux ados, cherche à les convaincre mais on peut vous dire que quand on en parle à nos ados, ils se marrent ! Ils ne sont pas dupes. »

Les trois amies ne veulent pas croire que l’avis du Conseil constitutionnel mettra un frein à la contestation. « En période de grandes vacances, jamais on a vu une foule pareille », soulignent-elles.

À intervalles réguliers, les gendarmes, qui encadrent de manière très serrée le cortège, arrêtent la foule. La première fois, les manifestants entonnent une Marseillaise. À chaque fois, ils crient « Manifestation déclarée, laissez-nous passer ! » Les gendarmes les laissent toujours reprendre leur marche.

Un peu à l’écart, trois jeunes hommes.

Gabriel, Thibault et Matéo ont respectivement 22, 16 et 18 ans. Ces cousins et amis viennent de Metz et Nemours pour assister à la première manifestation de leur vie. Les parents de Matéo sont gilets jaunes et font le déplacement à Paris « un week-end sur deux ». Les jeunes gens ont voulu voir cela de leurs propres yeux. Tous les trois sont en cours de vaccination ou sur le point de le faire. « On n’a pas trop le choix, il va y avoir les cours à la rentrée… », regrette Thibault.

Matéo et Gabriel sont plus favorables au vaccin. « Ce qu’on peut critiquer, c’est plus la gestion par le gouvernement », pondère Gabriel, l’aîné, qui n’a pas été choqué par les deux premiers confinements mais a encore du mal à comprendre la pertinence d’un couvre-feu à 21 heures.

Selon certains manifestants, le passe sanitaire ferait basculer la société du côté obscur. © MS/Mediapart Selon certains manifestants, le passe sanitaire ferait basculer la société du côté obscur. © MS/Mediapart

Quelques heures plus tard et quelques kilomètres plus loin, le son d’un tambour résonne au loin, dans la rue de Rivoli, en plein cœur de Paris. Petit à petit, il se rapproche. Un slogan scandé accompagne le rythme des percussions. « Macron, Macron, ton passe, on n’en veut pas ! » Le cortège bifurque et se retrouve place du Palais-Royal juste devant le Conseil d’État, l’organe qui, entre autres, guide le gouvernement et donne son avis sur certains projets de lois, et à deux pas du Conseil constitutionnel.

Une foule de manifestants s’amasse sur la place, grande comme une moitié de terrain de foot, coincée entre Louvre et le Palais-Royal. Christophe Gibello Sacco, 53 ans, s’est mobilisé pour le troisième samedi de suite. « Je suis anti-passe sanitaire, pas anti-vaccin, abonde celui qui travaille à l’Opéra de Bastille. Je suis contre le passe sanitaire, pas contre Macron, même si je n’aime pas sa politique et que je n’ai pas voté pour lui. »

Des drapeaux corses, basques, lorrains, berbères ou arborant une fleur de lys – l’emblème des royalistes – dansent autour de lui. Ils sont agités par des manifestants déterminés. Ils témoignent des origines plurielles de la foule. « Je trouve que c’est une belle manifestation citoyenne, reprend Christophe Gibello Sacco, gilet jaune de la première heure. Des personnes de tous bords politiques se lèvent contre les dérives liberticides du gouvernement. »

Quelques pas derrière lui, un jeune homme, seul, tape dans les mains et scande des slogans anti-passe sanitaire lancés par un petit groupe qui s’est formé devant les grandes grilles du Conseil d’État.

Le jeune a 22 ans. Il a poursuivi des études de sciences et technologies de la santé et du social (ST2S). Pour l’occasion, il a revêtu sa blouse blanche. « Pendant des mois, on s’est battu pour les gens, on a fait ce que le gouvernement demandait, et là on nous impose de nous faire vacciner alors que l’on ne sait pas ce que contient le vaccin, croit savoir Fabien F, qui travaille chez Lidl en attendant de retrouver un travail dans le domaine de la santé. Je suis anti-passe sanitaire, pas anti-vaccin. Que ceux qui veulent le faire le fassent, je veux juste être libre de faire mes choix. Et je ne veux pas d’un truc qui abaisse tes défenses immunitaires. » À ce jour, aucune étude n’a montré que les vaccins contre le Covid-19 diminuaient les défenses immunitaires.

Un manifestant le samedi 7 août 2021. © IB/Mediapart Un manifestant le samedi 7 août 2021. © IB/Mediapart

Le temps d’une discussion et le petit groupe devant le Conseil d’État est devenu une large foule. Des enceintes ont été installées. Un micro passe de main en main au gré des tours de paroles. Des personnages livrent des discours mêlant fausses et vraies informations sur le vaccin, les gandes firmes pharmaceutiques, l’Europe, des propos aux relents complotistes même s’ils s’en défendent. Certains sont venus en famille, avec les enfants. D’autres sont entre copains, comme cette bande d’étudiants assise en cercle sur la place, qui discute en agitant des pancartes aux slogans antisystèmes. « Macron démission ! » se retrouve sur chacune d’entre elles.

« Regardez autour de vous il y a quand même du monde pour un mois d’août, reprend Christophe Gibello Sacco, le gilet jaune qui milite et manifeste depuis trois décennies. Moi, j’ai annulé mes vacances pour me mobiliser mais quand les gens vont revenir de vacances, la mobilisation va prendre une autre ampleur. Moi, je vous dis rendez-vous en septembre. »