En Espagne le spectacle continue …

Aucun résultat positif détecté après un concert-test avec 463 personnes à Barcelone … L’Espagne fait cavalier seul face aux mesures de restriction liées à la Covid-19 pour le monde culturel. Le pays tout entier propose bel et bien une vie culturelle, adaptée à la pandémie. À Barcelone comme à Madrid, en passant par Séville et Bilbao, les salles de spectacles sont toujours ouvertes et accueillent le public avec des règles sanitaires strictes à respecter …

Madrid a rouvert ses salles après la première vague de l’épidémie et ne les a pas refermées depuis.  Un reportage de 3’10 » signé C.Guttin, R.Mathé et M.Peret diffusé dans le  20H de France 2  du 6 janvier 2021

Tous les soirs depuis le mois de juin, une centaine de personnes assistent au Don Giovanni de l’opéra de Madrid (Espagne). La ville a gardé toutes ses salles de spectacle ouvertes. Pour assister au spectacle, chaque mélomane doit d’abord passer sous le détecteur de température. Tout est analysé en détail sur une tablette que Gracia Toledo, infirmière, tient entre les mains : « Si quelqu’un a plus de 37,5 degrés, une alarme se déclenche« .

Un million d’euros pour sécuriser la salle

Le masque est obligatoire, un fauteuil est laissé libre entre les spectateurs et des lumières ultraviolettes ont été installées. Conseillées par les médecins, elles permettent de nettoyer la salle après une représentation. Les acteurs sont testés toutes les semaines et doivent limiter leurs contacts sociaux au maximum. Au total, un million d’euros a été investi. Le public est rassuré. « Je me sens complètement en sécurité, j’ai le sentiment que toutes les mesures sont bien respectées, je n’ai pas hésité avant de venir« , explique une spectatrice. « Avec la réouverture des salles de spectacle dès le mois de juin, la culture a mieux résisté à Madrid que dans le reste du pays. En Espagne, le secteur culturel est l’un des plus touchés par la pandémie, avec des pertes de près d’un milliard d’euros« , rapporte la journaliste Camille Guttin depuis Madrid pour le 20 Heures du mercredi 6 janvier …

Lire aussi : L’ article de Sandrine Morel publié dans Le Monde du 23 décembre 2020 …


« Aucun résultat positif détecté après un concert-test avec 463 personnes à Barcelone … »

Cette expérience, réalisée en décembre dans le respect de mesures sanitaires strictes, confirme la possibilité d’évènements culturels en temps de pandémie.

Lors de cette étude, baptisée PRIMA-CoV, les masques étaient obligatoires, mais aucune distanciation physique n'était imposée.
Lors de cette étude, baptisée PRIMA-CoV, les masques étaient obligatoires, mais aucune distanciation physique n’était imposée. SEBASTIEN BOZON / AFP

Ce test grandeur nature pourrait bien démonter les thèses avancées par certains gouvernements, justifiant la fermeture interminable des lieux culturels. Le 12 décembre dernier, près de 500 personnes se sont rendues dans la salle de concert Apolo, à Barcelone, d’une capacité habituelle de 900 spectateurs. Sous l’impulsion du festival Primavera Sound, l’étude baptisée PRIMA-CoV a été réalisée dans le respect d’un protocole strict et s’est révélée être très concluante. En effet, aucun cas de contamination n’a par la suite été détecté.
En réalité, c’est près de 1047 personnes qui ont participé à cet essai encadré par l’hôpital universitaire allemand Trias i Pujol de Badalone et la Fondation de lutte contre le sida et les maladies infectieuses. Selon les informations du quotidien espagnol El Mundo , 463 se sont rendues au concert alors que 496 n’y ont pas participé.

Pas de distanciation physique

Pour les premiers, le concept était simple. Tous devaient, au préalable, avoir été testés négatifs au coronavirus. Une fois sur place, la ventilation était optimisée, la température de la salle surveillée, et tous les participants avaient pour obligation de porter un masque FFP2 sur nez. En revanche, si des agents de sécurité étaient mandatés de surveiller les mouvements de foules comme les files d’attente, aucune distanciation sociale n’était imposée.
Huit jours plus tard, les 1047 cobayes se sont une nouvelle fois fait tester par PCR. Et bonne nouvelle : les 463 personnes présentes lors du concert-test sont toutes revenues négatives. Par ailleurs, dans l’autre groupe, deux cas étaient positifs.

«Ces données nous donnent la force statistique pour conclure qu’il n’y a plus de risque de contagion parmi les personnes qui ont participé à un événement massif si les mesures que nous mettons en œuvre sont suivies», a soumis Boris Revollo, qui a dirigé l’essai, lors d’une conférence de presse. Une expérience qui fait réagir le monde de la culture en France, toujours dans l’obligation de maintenir les établissements fermés.

Une étude que Roselyne Bachelot «regarde avec beaucoup de soin» selon Le Parisien …

Aucun des 500 participants à un concert à Barcelone n’a été testé positif une semaine plus tard moyennant d’importantes mesures sanitaires, rapportent les auteurs.

 Une étude pointe un faible risque de contamination lors d’un concert, à condition de respecter des mesures sanitaires strictes. (Illustration)
Une étude pointe un faible risque de contamination lors d’un concert, à condition de respecter des mesures sanitaires strictes. (Illustration) AFP

8 janvier 2021

« Je regarde cette expérimentation avec beaucoup de soin». C’est par ces mots que la ministre de la Culture, Roselyne Bachelot, a commenté ce vendredi matin une étude espagnole montrant un très faible risque de contamination lors d’un concert. De quoi permettre de rouvrir dans de bonnes conditions sanitaires les cinémas et salles de spectacles, fermés au moins jusqu’à début février comme l’a annoncé Jean Castex jeudi? « On va en parler avec les professionnels (du secteur) », a assuré l’ancienne ministre de la Santé sur France Info. Une première réunion est d’ailleurs prévue dès ce vendredi après-midi.

Cette expérience espagnole, baptisée PRIMA-CoV, a été menée par la Fondation de lutte contre le sida et les maladies infectieuses et par l’hôpital universitaire allemand Trias i Pujol de Barcelone, en partenariat avec le festival de musique Primavera Sound. 1047 personnes âgées de 18 à 59 ans y ont pris part. 463 d’entre elles ont assisté à un concert qui s’est tenu le 12 décembre dans une grande salle de la cité catalane, tandis que les autres formaient le groupe témoin. Toutes ont passé un test antigénique rapide avant le concert et ont été négatives, écrivent les auteurs de l’étude dans leurs conclusions rendues publiques le 30 décembre.Les 1 047 personnes ont été de nouveau testées une semaine après le concert, par test PCR cette fois. Et là, seuls deux personnes, appartenant au groupe témoin, ont été positives. Autrement dit, aucun des participants au concert n’a été contaminé.

Masque, contrôles, ventilation…

De nombreuses mesures de sécurité sanitaire avaient bien sûr été imposées. S’il n’était pas obligatoire de respecter la distanciation physique d’au moins un mètre, il fallait porter en permanence un masque de protection N95, soit l’équivalent d’un FFP2. Celui-ci ne pouvait être retiré que pour boire un verre aux stands désignés à cet effet. Un espace pour fumeurs avait aussi été délimité, avec un nombre restreint de personnes conjointement présentes. Un système de ventilation particulièrement efficace avait été installé tandis que « des mesures ont été mises en place pour éviter les files d’attente dans les toilettes et à l’entrée et à la sortie du concert », rapportent les auteurs de l’étude. Du personnel était même chargé de contrôler ces mouvements de foule.

Toutes ces règles, n’empêchant pas de danser et de chanter, ont donc permis d’éviter totalement les contaminations. « Assister à un concert de musique organisé avec une série de mesures de sécurité n’a pas été associé à une augmentation des infections au Covid-19 », écrivent les auteurs. Mais il est encore difficile d’établir quelle disposition a été la plus efficace. Par ailleurs, les participants au concert ont été invités à remplir un questionnaire après coup. Il ressort de leurs réponses qu’ils « s’étaient comportés parfaitement normalement, sans se sentir sous la pression des contrôles de sécurité ».


Mais pendant ce temps là en France :« On est déçus à chaque nouvelle annonce » …

France Télévisions Rédaction Culture

Les cinémas, théâtres et salles de concert espéraient rouvrir ce 7 janvier. Mais le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, a douché leur espoir ce vendredi 1er janvier en annonçant que ce ne sera « pas possible » au vu du nombre de contaminations encore trop élevé. Voici quelques réactions à Paris et dans le sud-ouest de la France.

Souhait d’une date d’ouverture définitive, même lointaine

Des fauteuils qui restent désespérément vides. A Carat, en Charente, le cinéma Mégérama cumule 162 jours de fermeture depuis mars 2020. « On ne peut pas se satisfaire de cette situation qui a assez duré surtout quand on voit que l’économie tourne et que les magasins sont ouverts », s’indigne Aurélie Delage, patronne de cette salle.

Non loin du Mégérama, à Angoulême, la directrice du théâtre municipal, fatiguée de ces reports successifs, milite pour une date ferme et définitive « même si c’est au mois de février ».

Ce nouveau report est perçu comme une injustice

« On est forcément déçu à chaque annonce » s’insurge le directeur du Cinemovida à Albi. Prêt depuis le 15 décembre pour ouvrir son cinéma, Alexandre Kloeckner vit ce nouveau report comme une injustice. « Aujourd’hui, il n’y a toujours pas eu de clusters identifiés au niveau des cinémas et des théâtres » fait-il remarquer amèrement.

Un sentiment d’injustice partagé par le propriétaire du musée de la mode d’Albi qui « a reçu, en 2020, 80% de visiteurs en moins par rapport à 2019 ».

« Nous vivons de mendicité », déplore le directeur d’un petit théâtre parisien

A Paris, c’est aussi la douche froide pour les petits lieux culturels qui sont pour certains dans une situation financière critique. La crise sanitaire menace notamment la Comédie italienne, un théâtre situé dans le quartier du Montparnasse.

« Malheureusement notre statut d’association loi 1901 ne nous permet pas de bénéficier du fond de soutien au théâtre privé » explique son directeur, Attilio Maggiuli. « Nous vivons de mendicité. Des gens qui aiment la comédie italienne nous font parvenir des chèques » ajoute-t-il, dépité. Comme la Comédie italienne, beaucoup de théâtres se sont endettés, même ceux qui perçoivent des aides de l’Etat. Plus la reprise tardera, plus leur avenir sera incertain.

A suivre …


Le Canard Enchaîné du 13 janvier 2021