Les « Métamorphoses » d’Ilka Schönbein …

llka Schönbein, est une marionnettiste , créatrice de masques et costumes, mime, comédienne, danseuse, et autrice allemande. Elle est la fondatrice du Theater Meschugge, mot qui signifie « fou » en yiddish. Celles et ceux qui l’ont approchée en 94 sur les pavés de Chalon dans la rue ou du Festival Mimos de Périgueux, ne sont pas prêts d’oublier ses « Métamorphoses »

Invitée sur le plateau de Frédéric Mitterrand, fin 1997… Ilka Schönbein, marionnettiste allemande jouant depuis des années seule dans la rue, interprète un extrait du spectacle Métamorphoses qui vient de la faire découvrir en France et la propulsera sur le devant de la scène contemporaine. Accompagné d’un chant lyrique yiddish au piano, un personnage féminin, naïf et sans âge, découvre l’enfantement et l’amour maternel.

Date de diffusion : 15 décembre 1997

Ilka Schönbein s’initie à la gestuelle eurythmique, fondée sur l’alliance entre l’esprit et le corps, dans une des écoles du spiritualiste Rudolf Steiner à Hambourg. Parallèlement, elle apprend pendant deux ans la manipulation et la construction de marionnettes à fils avec le célèbre Albrecht Roser. Après avoir participé une dizaine d’années à diverses petites compagnies allemandes, elle choisit de sillonner les routes d’Europe dans un minibus aménagé et de toucher tous les publics, dans la rue. Elle crée alors, et affine pendant des années, la tragédie burlesque « Métamorphoses », dans laquelle son personnage apparaît comme une fragile mendiante dont les partenaires émergent d’un vieux landau, d’une carcasse de parapluie ou de son propre corps. Chaque figure est intimement liée à ses mouvements et engendrée par la virtuosité d’une manipulatrice tantôt sujet tantôt objet. En 1994, le jury du festival Mimos, de Périgueux, rejoint l’enthousiasme des spectateurs en lui décernant le grand prix de la critique alors qu’elle ne fait pas partie de la sélection et joue dans le off. A partir de là, Ilka Schönbein travaille beaucoup en France. Profondément marquée par le souvenir de l’holocauste, elle a donné en 1992 à sa compagnie le nom yiddish de théâtre Meschugge, c’est à dire fou. Par la suite, le spectacle Métamorphoses sera parfois montré en salle, ou inclura momentanément un autre interprète, masculin ou féminin.

L’artiste est inclassable par sa technique – elle manipule avec ses mains, ses pieds, sa tête ou ses fesses – et par ses fonctions – elle est actrice, mime, danseuse, marionnettiste, auteur, créatrice de masques et de costumes. En 1998, elle se tourne vers les enfants et monte Le Roi grenouille, d’après La Princesse et le crapaud des frères Grimm. Malgré son succès, Ilka Schönbein ne considère jamais un spectacle comme achevé. Métamorphoses, devenu Métamorphoses des Métamorphoses, a ainsi connu cinq versions. Elle présente, en 2005, la troisième version du Roi grenouille et refaçonne Le Voyage d’hiver, créé en 2003. Sur un livret de Wilhem Müller, les vingt-quatre étapes de ce Voyage, composé par Franz Schubert, peignent le trouble amoureux dans toute son intensité, de l’extase au désespoir, à travers les compositions prodigieuses d’une marionnettiste qui, au-delà de toute pudeur et à travers de multiples masques, donne rendez-vous avec la violence de l’existence humaine.

En 2006, Chair de ma Chair s’inspire du roman Pourquoi l’enfant cuisait dans la Polenta d’Aglaja Veteranyi. C’est le récit désespéré et poétique d’une enfant de cirque, qui convoque à la fois les rapports mère – enfant, la douleur de la perte, la solitude, l’adversité, le nomadisme, et le déracinement.

Pour La Vieille et la bête, en 2010, Ilka Schönbein crée un univers toujours confondant où l’humain et l’animalité s’entremêlent dans quatre contes populaires où rôdent la vieillesse et la mort mais, pour rendre cet hommage à son père qui vient de disparaître, l’artiste s’adjoint en contrepoint la malicieuse multi-instrumentiste Alexandra Lupidi tel un Monsieur Loyal tout de fantaisie.

Evelyne Lecucq


Ilka Schönbein au Festival Mimos 1994 …

Créé en 1982, Mimos est l’un des plus grands festivals de Mime au monde. L’extrait présente Marcel Marceau, Étienne Decroux (par Thomas Leabhart et L’Ange Fou). La présence de Kazuo Ohno (Butô), d’artistes de la rue (Ilka Shonbein, Roland) ou de Philippe Genty (marionnettiste) montre bien la diversité contemporaine des Arts du Mime et du geste, que Mimos et son directeur Peter Bu ont contribué à imposer.

Date de diffusion :05 août 1994
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Le Festival Mimos se déroule tous les ans début août dans les rues, sur les places, dans les jardins, dans les parcs, dans les théâtres de la ville de Périgueux. Il est organisé par l’Odyssée, Scène Conventionnée de Périgueux pour le corps en mouvement et le Pôle Régional de ressources en Aquitaine pour le théâtre gestuel de mime.

Mimos a été créé en 1982. Ce festival est le 2ème festival de mime le plus important après celui de Londres, historiquement plus ancien. Depuis 2011, le festival porte officiellement le nom de Festival International des arts du Mime et du geste.

Depuis sa création, Mimos fut résolument tourné vers des spectacles de création contemporaine. Ne se cantonnant pas exclusivement à la pantomime traditionnelle, il s’est ouvert à de nombreux spectacles : mime contemporain, clowns et burlesques, acrobates (intégrant également des artistes du nouveau cirque), théâtre de rue, théâtre gestuel, théâtre visuel (ouvert sur les arts de la marionnette du théâtre d’objets et des nouvelles technologies), arts du mouvement (danse théâtre et danses du monde dans lesquelles la dimension gestuelle est prépondérante).

Ce festival a accompagné pour ne pas dire anticipé l’évolution du mime vers un intitulé plus large des Arts du Mime et du Geste.

Des spectacles très populaires à destination d’un large public et des nombreux touristes en visite dans la région à ce moment de l’année peuvent y côtoyer des spectacles de recherche plus exigeant. Les spectacles de théâtre de rue dans lesquelles la gestuelle est significative créent une vitrine artistique qui a pris de plus en plus d’importance au fil des années dans la vie du festival.

La dimension internationale est une caractéristique de ce festival. Elle a permis de découvrir, en plus des compagnies de recherche de l’Europe de l’Ouest, la tradition du mime et du geste des pays de l’ex-Europe de l’Est, ainsi qu’un art gestuel asiatique traditionnel ou contemporain. En 2011 par exemple, Mimos a accueilli 18 compagnies représentant 10 nationalités, 21 spectacles dont 6 inédits, 59 représentations.

Depuis de nombreuses années, Mimos s’est doté d’un festival « off » qui accueille de nombreuses jeunes compagnies. Pour celles-ci le festival off sert de tremplin pour une diffusion professionnelle.Cette partie « off » de Mimos, intitulée « Mim’off », est dotée d’un prix décerné par le public.

Le festival Mimos est très suivi par les médias nationaux voire internationaux ainsi que par les professionnels intéressés par ce genre artistique. Pendant le festival sont également organisés des expositions, des rencontres, des conférences, des ateliers et stages, pour enfants, tous publics ou professionnels.

Claire Heggen et Yves Marc


ILKA SCHÖNBEIN

Une vidéo de 19’54 » signée Mickey Kuyo pour Arte

Originaire de Darmstadt, Ilka Schönbein s’est formée à la danse eurythmique de Rudolph Steiner qui prône l’alliance de l’âme et du geste plutôt que l’effort et la technique. Puis elle a étudié avec le marionnettiste Albrecht Roser à Stuttgart.
Elle a ensuite tourné une dizaine d’années avec d’autres compagnies avant de se lancer sur les routes avec ses propres spectacles. Son spectacle « Métamorphoses » a été créé pour la rue, pour toucher tous les publics. Puis, sans abandonner la rue, Ilka Schönbein a accepté d’adapter son spectacle aux scènes de théâtre en y ajoutant un deuxième personnage. Chaque fois, Ilka Schönbein a crée une nouvelle variante – avec sa dernière partenaire elle en a même fait deux.
« Métamorphoses » devenu « Métamorphoses des Métamorphoses », a ainsi connu cinq versions dont la tonalité évoluait d’un humour acide, si typique pour l’Europe centrale, vers une vision intensément noire du monde, et l’accent passait de la marionnette au mime puis à la danse pour aboutir à un équilibre entre tous ces moyens d’expression.
Le Roi Grenouille lui a donné l’occasion de revenir au public d’enfants avec bonheur. Créée en en mai 1998, cette pièce a connu deux versions avant d’être reprise en 2005 sous le titre Roi Grenouille III. Créé en 2003, Le Voyage d’hiver s’inspire de l’œuvre de Franz Schubert et de Wilhelm Müller.

Un extrait de 3’59 » du même documentaire de Mickey Kuyo (spectacle « Métamorphoses »)