Du maintien de l’ordre aux violences policières …

Dans son film “Un pays qui se tient sage”, sorti à l’automne 2020, le journaliste et lanceur d’alerte David Dufresne interroge le maintien de l’ordre en laissant parler les victimes de la répression policière qui ont émaillé le mouvement des Gilets jaunes. Analyse d’images avec un ex-journaliste touche-à-tout à l’esprit punk, qui oppose au formatage des chaînes info la pluralité des voix et des images ..

La bande annonce officielle du film de David Dufresne, produit par Le Bureau Films, distribué par Jour2Fête et soutenu par la Quinzaine des Réalisateurs Cannes 2020… Durée 1’52 »

David Dufresne raconte la police française : du maintien de l’ordre à la violence

Télérama lui a demandé de commenter, en huit images, le glissement progressif des forces de l’ordre dans la violence depuis près de quarante ans. Une vidéo de 9’40″…

 


2020 vue par David Dufresne : “Les amis de la liberté sont devenus suspects”

Par

Un article de  Mathieu Dejean paru dans Les Inrocks du 09/12/20

Son film, Un pays qui se tient sage (plus de 100 000 entrées), anticipait les débats sur le floutage des policiers. Investi dans la Coordination nationale contre la loi “sécurité globale”, David Dufresne revient sur cette année marquée par le recul des libertés.

“Un pays qui se tient sage”

Ce qui m’a extrêmement touché dans la réception d’Un pays qui se tient sage, c’est l’intérêt et la curiosité qu’il a suscités. Il y avait des gens de tous horizons, quelques personnes conservatrices, parfois même des policiers, qui venaient dans la salle et qui discutaient. Certains posent la question de la réforme de la police, d’autres celle de la fraternisation perdue et à retrouver, d’autres encore pensent l’abolition de la police… C’est beaucoup plus profond que le chantage qui consiste à faire croire que critiquer la police, c’est forcément être anti-flics.

Tout un spectre de positions et d’interrogations existe. Mais il y a aussi beaucoup de peur de la police. Des jeunes qui manifestent pour la première fois et qui sont effrayés, des gens plus âgés qui disent qu’ils n’avaient jamais vu ça auparavant. Il y a parfois aussi un brassage entre les quartiers et les centres-villes. Cela montre que le regard a changé ces dernières années. Pendant longtemps, c’était deux mondes différents.

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David Dufresne © Noor Datis/Jour 2 Fête

Aujourd’hui, à travers les violences policières, on prend conscience qu’il se passe des choses de part et d’autre du périphérique et qu’il y a plus de vases communicants qu’on ne le croyait. Cet intérêt n’est pas mystérieux pour moi, car derrière les violences policières, c’est le visage des pouvoirs qui apparaît. Le pouvoir exécutif, bien sûr, mais aussi le pouvoir législatif – on le voit singulièrement maintenant avec le projet de loi “sécurité globale” – et le pouvoir des médias. Les gens viennent au cinéma voir des images qu’ils n’ont pas vues à la télévision. Pour la première fois, ils voient une main arrachée non floutée. Le film est dans son époque …

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L’article 24 du projet de loi sur la « sécurité globale » est « en contradiction avec la liberté d’informer », alerte le réalisateur David Dufresne

Le journaliste a jugé qu’une partie du projet de loi examiné à partir de ce mardi est contraire à la Déclaration des droits de l’Homme.

Une vidéo diffusée par Franceinfo Radio France le

FRANCEINFO

David Dufresne, réalisateur du film un pays qui se tient sage sur les violences policières sorti en septembre dernier, a estimé mardi 17 novembre sur franceinfo que l’article 24 du projet de loi sur la « sécurité globale » est « en contradiction avec la liberté d’informer et surtout avec la Déclaration des droits de l’Homme de 1789 ». Cet article, examiné ce mardi à l’Assemblée nationale, vise à protéger les forces de l’ordre. Il prévoit un an de prison et 45 000 euros d’amende contre toute personne qui diffuserait le visage ou tout autre élément d’identification d’un policier en opération.

franceinfo : Qu’est-ce qui ne va pas dans cet article, selon vous ?

David Dufresne : Ce qui ne va pas, fondamentalement, c’est évidemment l’atteinte à la liberté d’informer, la liberté d’informer pour les journalistes, mais aussi pour les citoyens. C’est-à-dire que l’idée que les policiers devraient ne plus être observables, ne plus être critiquables, être sous le regard public, donc se soustraire de ça, c’est en contradiction avec la liberté d’informer et surtout avec la Déclaration des droits de l’homme de 1789, tout simplement. L’article 12 de la Déclaration des droits de L’homme, qui est un des textes constitutionnels de la France, donc c’est très sérieux, dit bien « instauration d’une force publique pour l’intérêt de tous et non de ceux qui l’emploient ». Force publique, cela veut donc dire au vu et au su de tous, c’est-à-dire que les policiers agissent en votre nom, en mon nom, au nom de tout le monde.

Les députés, porteurs de cette loi, disent qu’il ne s’agit pas d’interdire la diffusion de photos ou de vidéos de policiers ou gendarmes, mais uniquement leur caractère malveillant. Est-ce que ça vous rassure un peu ?

Non, cela ne me rassure pas. Le grand embarras autour de cet article, c’est qu’en fait, c’est extrêmement flou. C’est-à-dire que jour après jour, le discours des porteurs de la loi a évolué. Qu’est-ce que la malveillance ? La malveillance, c’est de filmer en direct ? Pendant un tournage, un policier va dire : « Là, vous êtes en train d’atteindre psychiquement, physiquement à ma personne ». C’est extrêmement flou et c’est évidemment fait exprès. Ce flou, en fait, c’est quoi ? C’est envoyer un message, celui de Gérald Darmanin, qui dit : il faut tarir la source d’images.

Selon vous, cet article est liberticide ?

Le Haut commissariat des droits de l’homme de l’ONU a rendu un rapport de sept pages cinglant contre cette loi, notamment sur cet article. Ce n’est pas rien. Ce ne sont pas des antiflics, ce ne sont pas des haineux. L’ONU dit il y a un vrai problème d’atteinte à la liberté d’opinion, d’atteinte à la liberté d’expression. « Protéger ceux qui nous protègent ». La formule fait mouche. Elle est juste. Mais la protection des policiers, c’est à partir du moment où on aura un véritable débat sur les pratiques policières. À partir du moment où l’IGPN fera vraiment son travail, où il y aura une véritable prise de conscience de la part des policiers et des syndicats de police sur le malaise qu’il y a entre la population et la police. Pas en disant à la population : « Arrêtez de filmer ».


Allo Place Beauvau

« Une mère de famille peut faire 70 heures de garde à vue simplement parce qu’elle tient un parapluie. »

Par David Dufresne, 16 décembre 2020 |

Une réponse sur “Du maintien de l’ordre aux violences policières …”

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